« Rennes et le breton » : différence entre les versions

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=== Histoire générale du breton ===
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Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le ?<sup>e</sup> siècle » (avec ? généralement inférieur au V<sup>e</sup> voire au X<sup>e</sup> siècle).
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).


[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]
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| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte en breton.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref>
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref>
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| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne  
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Quand bien même on assimile le breton moderne à son parent le vieux breton, celui-ci n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes.
Quand bien même on assimile le breton moderne à son parent le vieux breton, celui-ci n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes.


[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]


En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.


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[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]
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Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l'exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.


On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.


La langue bretonne a donc longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. Cela commencera à s’inverser au XIX<sup>e</sup> siècle. Sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur Joseph Loth qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 <ref>Voir la page [[Square Loth]].</ref> ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.


=== De nos jours ===
=== De nos jours ===

Version du 15 août 2012 à 15:20

Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.

Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la langue bretonne à Rennes que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».

Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.

Éléments généraux

Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.

La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.

Histoire générale du breton

Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le Xe siècle » (ou toute autre date reculée).

Recul des langues bretonnes vers l’ouest.

Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.

langues époque localisation (voir carte ci-contre)
vieux breton du IXe[1] siècle au XIe siècle à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes[2]
moyen breton du XIIe siècle au XVIe siècle Basse-Bretagne
breton moderne depuis le XVIIe siècle Basse-Bretagne actuelle

Strictement parlant, le vieux breton n’est pas du breton. Les deux langues ne sont d’ailleurs que très difficilement inter-compréhensibles. Il est donc anachronique de mentionner le breton avant le XVIIe siècle.

Quand bien même on assimile le breton moderne à son parent le vieux breton, celui-ci n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Rennes.

Communes terminant en « -ac » en France.

En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.

Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIXe siècle.

 

Histoire du breton à Rennes

De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme Gros-Malhon ou Quineleu.

Porte Ty Nevez Croguen.

Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes[3]. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses gwerzioù (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes[4].

On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, Charles Mannay, l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.

Au XIXe siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur Joseph Loth qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier Ty Nevez Croguen (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la maison neuve de la coquille) situé au 5 rue du général Maurice Guillaudot et construit par et pour Frédéric Jobbé-Duval en 1880 [5].

De nos jours

Dans l’enseignement

Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.

Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé[6]. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon[7]), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco[8]) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz[9]). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au collège Anne de Bretagne et au lycée Jean Macé ainsi que dans l’enseignement catholique au collège Saint-Hélier.

Effectifs des différentes écoles
Année Niveau Diwan (depuis 1978) Div Yezh Dihun
2011-2012 Maternelle 128 116 120
Primaire 124
Collège 0 83 10
Lycée 0 32 0
Total 128 355 130

Engagement politique

Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par Martial Gabillard, conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival Yaouank et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).

Rennes adhère à la charte Ya d’ar brezhoneg (Oui au breton) le 24 janvier 2008. Bruz fait de même le 1er octobre 2011.

Références

  1. Certains font remonter le vieux breton au Ve siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (Xe siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.
  2. Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.
  3. Voir par exemple la page Rue Descartes.
  4. Livret et CD de l’exposition temporaire Rennes en chansons (éditions Dastum, novembre 2010)
  5. Fiche de Ty Nevez Croguen sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.
  6. Enseignement du breton sur le site de l’Académie de Rennes.
  7. Site de l’école Diwan de Rennes
  8. Site de l’association Dihun bro Roazhon
  9. Site de Div Yezh Bro Roazhon.com

Voir aussi