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Plusieurs voyages pour adultes sont organisés en Dordogne, en Espagne et en Alsace, ainsi que des sorties culturelles locales. À partir de 2013, au local rennais de l'association, Nabih Aftim, joueur de bridge expérimenté, propose des initiations à ce jeu, ce qui ouvre à un nouveau public. En 2018, la rencontre avec La Voix Sociale & éditions permet d’envisager une restauration de l’activité de Sésame, dans le cadre d’un partenariat proposant l’articulation de deux démarches de construction sociale : l’apprentissage par le loisir avec Sésame, et la professionnalisation de projet pour l’autonomie avec La Voix Sociale & éditions. Cette nouvelle dynamique prend le nom de « La Sèv » (La Sensibilité à l'ère de la valorisation).
Plusieurs voyages pour adultes sont organisés en Dordogne, en Espagne et en Alsace, ainsi que des sorties culturelles locales. À partir de 2013, au local rennais de l'association, Nabih Aftim, joueur de bridge expérimenté, propose des initiations à ce jeu, ce qui ouvre à un nouveau public. En 2018, la rencontre avec La Voix Sociale & éditions permet d’envisager une restauration de l’activité de Sésame, dans le cadre d’un partenariat proposant l’articulation de deux démarches de construction sociale : l’apprentissage par le loisir avec Sésame, et la professionnalisation de projet pour l’autonomie avec La Voix Sociale & éditions. Cette nouvelle dynamique prend le nom de « La Sèv » (La Sensibilité à l'ère de la valorisation).
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Version du 10 janvier 2021 à 16:11

Sésame est une association loi 1901, active dans le développement des activités de loisirs pour les personnes en situation de handicap, d'empêchement et d'isolement en France. Fondée en 1983 à Rennes, elle a organisé de nombreux voyages en France et à l'étranger, et proposé des activités très variées autant culturelles que sportives, souvent en partenariat avec des établissements tels que les IME ou les foyers d'hébergement[1].

Sésame a défendu une conception de l'apprentissage de l'autonomie par les loisirs et le voyage, ainsi que par le dialogue entre tous les acteurs : individus, familles, établissements médicaux ou d'accompagnement, collectivités, État.

Depuis 2014, elle continue de proposer sorties culturelles et loisirs, à un rythme moins soutenu, et sans la spécificité handicap qui a longtemps fait son identité.

La fondation de Sésame

L’histoire de Sésame commence lorsque, au début des années 80, Nabih Aftim, d'origine syrienne mais déjà inscrit dans la société française par son expérience en tant qu'animateur puis directeur de colonies de vacances[1], dirige pour la première fois un séjour pour jeunes en situation de handicap mental. C'est un déclic qui va déterminer la suite de sa vie : « Les contacts avec des handicapés sont francs, sans détour. On découvre à la fois ses forces et ses faiblesses. »[1] Après cette expérience, il rassemble une équipe d’accompagnateurs et de psychologues pour encadrer des séjours de personnes en situation de handicap. Avec Marie France Larher et Gilles Budet, ils créent ensemble l'association Sésame en 1983 à Rennes, avec l'objectif d'organiser des activités de loisirs et des séjours de vacances pour ces publics[1] qui à l'époque ont très peu de possibilités et d'encadrements dans ce sens. A Rennes il n'existe alors aucune structure de ce type.

L'autonomie par le voyage et les loisirs

Leur intention est d' « initier les personnes à l'autonomie par le voyage »[2] et les loisirs. Les séjours, les activités permettent aux participants de sortir de l'isolement, d'élargir leur monde, de communiquer, de découvrir la danse, la guitare, la sculpture, la cuisine, l'équitation...[3]. Sésame est plus qu'un organisateur, c'est un lieu de rencontre, les participants se retrouvent de séjour en activité, de tissent des liens dans la communauté qui se crée[4]. Ainsi, le loisir n'est pas considéré comme une manière d'occuper son temps mais comme une éducation à la vie : « Il faut permettre aux handicapés de prendre conscience de ce qu'ils sont capables de faire. Il faut les aider à acquérir leur indépendance. D'ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à loger seuls en ville. », dit Nabih Aftim[1]. Cela passe par des expériences formatrices, une meilleure perception de son environnement, par oser le contact avec les autres malgré sa différence, au risque du rejet ou de l'indifférence, mais avec aussi la possibilités des contacts positifs qui font avancer[5].

Sésame commence par proposer des séjours à Cauterets et à St Lunaire[2], et année après année élargit son offre avec un véritable catalogue de destinations en France et même à l'étranger[2]. Tout au long de l'histoire de Sésame, les séjours resteront très bon marché avec pourtant des groupes restreints afin de favoriser les relations dans le groupe et la qualité d'encadrement (6-7 participants maximum pour 2 accompagnateurs).

Les propositions sont adaptées aux participants : « Certains séjours s'adressent à des personnes relativement autonomes. Pour les autres, nous choisissons des destinations plus proches afin que les familles puissent nous rendre visite », expliquait en 1993 Marc Menez, administrateur de Sésame[2]. Les voyages, pour enfants ou adultes, ont lieu l'été et connaissent un réel succès, avec des participants venus de toute la France . Le restant de l'année, de multiples activités sont proposées au local de l'association à Rennes ou ailleurs : peinture, musique, activités sportives, week-ends en gîte rural, balades en péniche, sorties au Mont Saint Michel...[1]

Pendant l'été 1991, à titre d'exemple, un groupe d'adolescents et de jeunes adultes séjourne à Lorient durant le Festival interceltique. En plus des tâches quotidiennes, ils sortent en ville et se mêlent à la fête, proposent de petits spectacles de rues animés de chansons folk ou chants de marins... Une expérience fondamentale et sans consensualité, car les passants accueillent diversement ces concerts[5]. Sésame assume ainsi la dimension de la rencontre avec le monde extérieur et le public, essentielle pour l'autonomie. « Nous voulons les sortir du milieu médico-pédagogique. » (Nabih Aftim)[4]. Ces expériences d'apprentissage se font d'ailleurs dans une continuité au fil des années : en 1990, c'est un musicien africain qui était venu initier les participants à la percussion[5].

Des partenariats avec les structures médicales et d'accueil

Dès le départ, Sésame souhaite construire avec les autres acteurs. C'est par l'intermédiaire des organismes de tutelle ou des hôpitaux que Sésame accueille ses premiers participants. Mais aussi par des événements de sensibilisation comme la Quinzaine d'information sur la maladie mentale à Rennes. Grâce à cette dynamique, une centaine de personnes en situation de handicap sont bientôt adhérentes. La demande croissante exige un fort engagement bénévole, pour une association qui s'est lancée sans mise de fond et sans subvention. Sésame accueille volontiers des parents et amis de participants, d'autant plus que si les relations avec les établissements sont bien établies, la sensibilisation des familles est plus complexe[1]. À partir de 1986, les enfants sont pris en charge également[1]. Pour tenir la structure, Nabih Aftim met de côté ses études de biologie pour s'y consacrer entièrement en devenant directeur de Sésame qui est en mesure de dégager un salaire à mi-temps. Son rôle est important à Sésame, parce qu'il en est à l'initiative, mais aussi de par son origine syrienne, il a donc dû lui aussi s'intégrer pour devenir un citoyen français à part entière. Il apporte en même temps le regard d'une autre culture, ce qui lui donne un bagage original : par exemple, alors qu'il n'a pas de pratique religieuse, il a cependant suivi en Syrie des études de théologie, ce qui lui donne un regard transversal sur les réalités sociales. En 1984, un statut d'objecteur de conscience est créé, c'est ainsi que Christian Sanlis vient prêter main-forte à Nabih Aftim. Plusieurs jeunes passés par ce statut (plus tard renommé service civique) demeureront des acteurs importants de l’association[1]. Le dispositif des contrats aidés permet à d'autres d'être rémunérés pour leur engagement.

Sésame reste pendant un temps à la recherche d'un local et doit se contenter de l'appartement d'un de ses membres[1], avant que la Ville de Rennes lui octroie un local en partage rue Papu. En 1988, l'association déménage à la Maison associative de la santé.

Sésame établit des partenariats avec les foyers d’hébergement et les instituts médico-éducatifs (IME) : Le Baudrier à St Sulpice la Forêt, La Vaunoise à L'Hermitage, La Petite école à St Grégoire, Le Regard à Villejean, IME de Bain de Bretagne, Les Enfants au pays (autisme). À partir de 1985, chaque mercredi pendant près de 30 ans, les animateurs de Sésame viennent renforcer l’équipe de l’IME Le Baudrier. Ce partenariat offre un espace de formation et de première professionnalisation rémunérée à de nombreux jeunes dont le projet est de devenir éducateur. Au fil des années, Sésame intervient de façon régulière dans la plupart des établissements du bassin rennais.

Au-delà du champ sectoriel du handicap, Sésame s'ouvre à des collaborations originales, comme en avril 1993 lorsqu'elle soutient l'initiative d'étudiants en BTS action commerciale avec une journée de rencontre lycéens-handicapés : au programme, activités manuelles et sportives puis soirée dansante.[2]

Inscription dans la réflexion au niveau national

L’association souhaite construire avec les autres acteurs : en lien avec l’Adapei, l’UNAFAM, le Collectif handicapés de la Ville de Rennes, Sésame prend part à la réflexion au niveau national et à l’évolution de la législation. Elle organise des événements pour favoriser les échanges entre les personnes en situation de handicap, leurs familles, des professionnels du loisir, des éducateurs, des psychologues, des psychiatres... Comme par exemple, en 1989 une exposition à la Maison associative de la santé avec un débat public pour connaître les besoins des uns et des autres. En tout quatre jours d'échanges autour de l'enjeu des loisirs pour les personnes en situation de handicap[4].

En 1990, le secteur des loisirs s'adressant aux personnes en situation de handicap s'officialise avec la notion de « loisir adapté » (sourcer). A cette époque, Nabih Aftim prend position pour une approche du handicap centrée sur l'apprentissage de l'autonomie, et l’équipe de Sésame propose un dispositif qui s’adresse aux jeunes adultes en attente d’un accueil en établissement. Le but est d’œuvrer à l’autonomie de la personne par le croisement des quatre ressources que sont : la personne, la famille, l’association, l’Ėtat. Le projet est baptisé « Quatre Quarts ». Du fait d’un changement législatif, il est modifié et Sésame met en place le « Projet individuel de loisir » : c’est la personne accompagnée qui définit l’orientation de son activité de loisir, qui devient ainsi un appui pour l’apprentissage de l’autonomie.

Du handicap à l'isolement

Au tournant des années 2000, Sésame s’adapte à des changements législatifs et réglementaires qui rendent plus complexe l’organisation des séjours, notamment la fin du statut d’objecteur de conscience. L’association se consacre prioritairement aux interventions dans les établissements d’accueil.

En 2012 un nouveau président est élu, André Plain, et en 2014 les statuts sont modifiés, la spécification handicap n’est pas maintenue du fait des difficultés réglementaires, mais Sésame ne ferme pas la porte au personnes empêchées, notamment toutes les personnes isolées et rencontrant des difficultés pour sortir de chez elles.

Plusieurs voyages pour adultes sont organisés en Dordogne, en Espagne et en Alsace, ainsi que des sorties culturelles locales. À partir de 2013, au local rennais de l'association, Nabih Aftim, joueur de bridge expérimenté, propose des initiations à ce jeu, ce qui ouvre à un nouveau public. En 2018, la rencontre avec La Voix Sociale & éditions permet d’envisager une restauration de l’activité de Sésame, dans le cadre d’un partenariat proposant l’articulation de deux démarches de construction sociale : l’apprentissage par le loisir avec Sésame, et la professionnalisation de projet pour l’autonomie avec La Voix Sociale & éditions. Cette nouvelle dynamique prend le nom de « La Sèv » (La Sensibilité à l'ère de la valorisation).

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 et 1,9 « L'association Sésame ouvre la porte des loisirs aux handicapés mentaux », Ouest France, 1986.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 « Sésame, la clef des vacances », Ouest France, 17 avril 1993.
  3. «  Sésame ouvre le voyage aux handicapés mentaux », Ouest France, 11 mai 1993.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 « Les loisirs pour gommer les différences », Ouest France, novembre 1989.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 « Cinq semaines d'expérience pour les Sésame de Rennes », Ouest France, 10-11 août 1991.