« Seigneurie de la Prévalaye » : différence entre les versions

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==Le château et sa chapelle==
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===1792===
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Le 21 août 1792, est dressé un ''Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye'', plus ou moins abandonnée par ses occupants<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074</ref>.
Le 21 août [[1792]], est dressé un ''Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye'', laissée à la garde du jardinier, sous l'oeil probablement du nommé Mallecot, dit receveur, le titre de ''procureur fiscal'' étant depuis peu très mal porté (Les droits seigneuriaux sont abolis depuis deux ans exactement.)<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074.</ref>.


Ce document est plus intéressant pour la description des lieux que pour le mobilier, celui-ci étant d'une acquisition très récente. En complément, le long et précis mémoire du serrurier donne les noms de pièces, plus prosaïquement désignées dans l'inventaire :  
Ce document est plus intéressant pour la description des lieux que pour le mobilier, celui-ci étant d'une acquisition très récente. En complément, le long et précis mémoire du serrurier donne les noms de pièces, plus prosaïquement désignées dans l'inventaire :  
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Il y est aussi particulièrement question d'une ''croisée du garde mangé'' ; de la ''lingerie au dessus de la cuisine'' ; du ''cabinette de Monsieur'' ; et d'une ''porte quil donne sur la tesrasse aux haux de l'escalié neufe''.
Il y est aussi particulièrement question d'une ''croisée du garde mangé'' ; de la ''lingerie au dessus de la cuisine'' ; du ''cabinette de Monsieur'' ; et d'une ''porte quil donne sur la tesrasse aux haux de l'escalié neufe''.


Le mobilier paraît abondant et de qualité, par exemple des toilettes en acajou. La réserve de vin et les tables de jeu ne donnent pas davantage l'idée d'une vie austère. Il s'agit d'un inventaire assez sommaire, mais, en divers points, il est remarqué des cartes et autres matériels qui n'étonnent pas entre les mains d'un officier de marine. Il est possible que le nombre de lits en métal soit également en rapport avec cette carrière.
Le mobilier paraît abondant et de qualité, par exemple des toilettes en acajou. La réserve de vin et les tables de jeu ne donnent pas davantage l'idée d'une vie austère. Il s'agit d'un inventaire assez sommaire, mais, en divers points, il est remarqué des cartes et autres matériels qui n'étonnent pas entre les mains d'un officier de marine. Il est possible que les nombreux lits en métal soit également en rapport avec cette carrière.


Liste des pièces :
Liste des pièces :
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*Dans une autre chambre donnant sur le jardin tapissée en Perse, un lit en fer garni de rideaux pareils à la tapisserie...
*Dans une autre chambre donnant sur le jardin tapissée en Perse, un lit en fer garni de rideaux pareils à la tapisserie...
*Dans un cabinet à côté... Dans un petit cabinet... Dans une mansarde... Dans un grenier à coté... Dans un autre grenier très vaste, soixante quatre bois de fauteuils et de chaises... Dans une autre grenier, beaucoup de graine d'oignon.
*Dans un cabinet à côté... Dans un petit cabinet... Dans une mansarde... Dans un grenier à coté... Dans un autre grenier très vaste, soixante quatre bois de fauteuils et de chaises... Dans une autre grenier, beaucoup de graine d'oignon.
*Descendus dans une cave, trois caisses renfermant du vin de Bordeaux... [fin d'inventaire : "réservant de référer au directoire sur les mesures à prendre pour la garde d'une quantité considerable de vins et liqueurs"]... Dans une autre cave...
*Descendus dans une cave, trois caisses renfermant du vin de Bordeaux... [fin d'inventaire : ''réservant de référer au directoire sur les mesures à prendre pour la garde d'une quantité considerable de vins et liqueurs''] ... Dans une autre cave...
*Dans un grenier au dessus de l'office, environ trois milliers de foins et paille et quelques planches.
*Dans un grenier au dessus de l'office, environ trois milliers de foins et paille et quelques planches.
*Dans l'ecurie... Le long de l'ecurie, environ quatre cordes de bois. Dans la remise, deux voitures dont le gardien a declaré que l'une appartenait à l'aisné, l'autre au cadet, soixante pacquets de bled, trois gerbes de froment, une grande quantité de chanvre. ... une autre remise ouverte dans laquelle est un charriot couvert.
*Dans l'ecurie... Le long de l'ecurie, environ quatre cordes de bois. Dans la remise, deux voitures dont le gardien a declaré que l'une appartenait à l'aisné, l'autre au cadet, soixante pacquets de bled, trois gerbes de froment, une grande quantité de chanvre. ... une autre remise ouverte dans laquelle est un charriot couvert.
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==Métairies et revenus==
==Métairies et revenus==


Une bonne partie des revenus d'une seigneurie vient des fermages de ses métairies et des rentes que versent annuellement les exploitants de pièces de terres plus ou moins éloignées et isolées. Par exemple ''Le champ Monnoyer ou des Monnoyeurs, contenant un journal et demy dix cordes, joignant du bout d'orient au chemin du Bas Sauzay, du costé vers midy à terre de la demoiselle Amyot, du bout d'occident et costé du nord à terre de Philipe Guyot, estimé comme devant la somme de neuf livres ... [est] tenu prochement en roture ... de la '''juridiction de la Prevalais Matignon''' à Rennes à charge de vingt deniers monnois de rente feodalle et obeissance à l'usement du fief.'' selon le partage en cinq lots de la succession de Julienne Angelique Lemesle, femme de François Cherel, avocat au parlement, le 3 octobre [[1771]]. Cette rente de 9 livres fait partie de ce que reçoit le second lot pour un total de 61 livres (revenu annuel)<ref>Cette pièce de terre semble se situer au sud de Rennes. Source : Enquêtes civiles du [[Présidial de Rennes]], Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2B 492.</ref> <ref>Ce revenu estimé de 9 livres (ou 180 sols) est donc à réduire très légèrement, précisément d'un sol et huit deniers dus au seigneur (un sol valant douze deniers.) </ref>.
Une bonne partie des revenus d'une seigneurie vient des fermages de ses métairies et des rentes que versent annuellement les exploitants de pièces de terres plus ou moins éloignées et isolées. Par exemple ''Le champ Monnoyer ou des Monnoyeurs, contenant un journal et demy dix cordes, joignant du bout d'orient au chemin du Bas Sauzay, du costé vers midy à terre de la demoiselle Amyot, du bout d'occident et costé du nord à terre de Philipe Guyot, estimé comme devant la somme de neuf livres ... [est] tenu prochement en roture ... de la '''juridiction de la Prevalais Matignon''' à Rennes à charge de vingt deniers monnois de rente feodalle et obeissance à l'usement du fief.'' selon le partage en cinq lots de la succession de Julienne Angelique Lemesle, femme de François Cherel, avocat au parlement, le 3 octobre [[1771]]. Cette rente de 9 livres fait partie de ce que reçoit le second lot pour un total de 61 livres (revenu annuel)<ref>Cette pièce de terre semble se situer au sud de Rennes. Source : Enquêtes civiles du [[Présidial de Rennes]], Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2B 492.</ref> <ref>Ce revenu estimé de 9 livres (ou 180 sols) est donc à réduire très légèrement, précisément d'un sol et huit deniers dus au seigneur (un sol valant douze deniers.)</ref>.


Une partie des ressources avait été affectée à la fondation d'une [[chapellenie de la Prévalaye|chapellenie]], entre [[Cleunay]] et le château, à l'abandon en [[1733]].
Une partie des ressources avait été affectée à la fondation d'une [[chapellenie de la Prévalaye|chapellenie]], entre [[Cleunay]] et le château, à l'abandon en [[1733]].


Un recensement sommaire des métairies est fourni lors de la rédaction, le 21 août 1792, de l' ''Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye''<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074</ref> : ''... combien il y a de metairies affermées dependantes de la terre de la Prevalaye ; a repondu qu'il y en a huit, savoir la <u>Tellais</u> en [[Chartres]], dont il ignore le nom du fermier actuel ; les [[les Bougrières|Bougriais]] dont est fermier le nommé Marion ; la <u>Planche</u> dont est fermier le nommé Brossais ; la [[Vieuville]] en Toussaint dont est fermier la Veuve Galbrun ; la [[Taupinais]] en [[Saint-Jacques-de-la-Lande|St. Jacques]] dont est fermier François Galbrun ; [[métairie de Sainte-Foix|Sainte-Foix]] en Toussaint dont est fermier le nommé Outin ; le <u>Cherbet</u> dont est fermier Guillaume Panaget ... la [[Bouquenais]] en St. Jacques dont est fermier le nommé Chubaire, ajoutant que M. Thierry n'a aucune terre de retenue<ref>Terre de retenue : terre exploitée par lui-même au moyen de journaliers</ref>, ni grains ni bestiaux.''
Un recensement sommaire des métairies est fourni lors de la rédaction, le 21 août 1792, de l' ''Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye''<ref>Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074</ref> : ''... combien il y a de metairies affermées dependantes de la terre de la Prevalaye ; a repondu qu'il y en a huit, savoir la <u>Tellais</u> en [[Chartres]], dont il ignore le nom du fermier actuel ; les [[les Bougrières|Bougriais]] dont est fermier le nommé Marion ; la <u>Planche</u> dont est fermier le nommé Brossais ; la [[Vieuville]] en Toussaint dont est fermier la Veuve Galbrun ; la [[Taupinais]] en [[Saint-Jacques-de-la-Lande|St. Jacques]] dont est fermier François Galbrun ; [[métairie de Sainte-Foy|Sainte-Foix]] en Toussaint dont est fermier le nommé Outin ; le <u>Cherbet</u> dont est fermier Guillaume Panaget ... la [[Bouquenais]] en St. Jacques dont est fermier le nommé Chubaire, ajoutant que M. Thierry n'a aucune terre de retenue<ref>Terre de retenue : terre qui n'est pas louée et est exploitée par lui-même au moyen de journaliers.</ref>, ni grains ni bestiaux.''


==Durant la Révolution==
==Durant la Révolution==
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Absents du département, le seigneur de la Prévalaye et ses frère et soeurs voient certaines de leurs métairies mises sous séquestre, ce qui les oblige à en demander l'annulation, en particulier au motif qu'ils n'ont pas quitté le pays.
Absents du département, le seigneur de la Prévalaye et ses frère et soeurs voient certaines de leurs métairies mises sous séquestre, ce qui les oblige à en demander l'annulation, en particulier au motif qu'ils n'ont pas quitté le pays.


En [[1792]], Pierre Dimas Thierry demande main-levée du séquestre de la ''métairie de la Thêlaye près le bourg de Saint Jacques de la Lande et cependant en la paroisse de Chartres'', sous le district de Bain, justifiant demeurer à Valenciennes, pays de son épouse, où ils se sont rendus, les médecins ''pretendant que pour donner plus d'effets aux remedes, il convenait que la malade se fut rendue dans son pays natal'' (pièce signée Mallecot). Cette requête est soutenue par sa soeur, femme Coniac, et une réponse favorable est donnée le 12 novembre 1792, avec retrait de la liste des émigrés, après diverses vérifications et décisions intermédiaires. Il apparaît qu'il est à Avesnes (après Bouchain dans le Nord) d'avril 1792 au 16 juillet 1793 ; à Rennes depuis le 27 août 1793 jusqu'à l'[[an 8]] (floréal).
En [[1792]], Pierre Dimas Thierry demande aux autorités main-levée du séquestre de la ''métairie de la Thêlaye près le bourg de Saint Jacques de la Lande et cependant en la paroisse de Chartres'', sous le district de Bain, justifiant demeurer à Valenciennes, pays de son épouse, où ils se sont rendus, les médecins ''pretendant que pour donner plus d'effets aux remedes, il convenait que la malade se fut rendue dans son pays natal'' (pièce signée Mallecot). Cette requête est soutenue par sa soeur, femme Coniac, et une réponse favorable est donnée le 12 novembre 1792, avec retrait de la liste des émigrés, après diverses vérifications et décisions intermédiaires. Il apparaît qu'il est à Avesnes (après Bouchain dans le Nord) d'avril 1792 au 16 juillet 1793 ; à Rennes depuis le 27 août 1793 jusqu'à l'[[an 8]] (floréal).


En floréal [[an 4]], Reine Guillemette Lauglé [Reine Pelagie Piccault, veuve de Joseph Augustin Lauglée de la Guillardiere], femme de Charles Placide Corneille Tierri, [capitaine au régiment cy-devant royal Lorraine, qui réside à Renne entre octobre 1791 et le 13 janvier 1792], présumé émigré, obtient main-levée du séquestre des deux fermes des Fontaines, en Saint-M'Hervé (vers Vitré), dont elle a hérité de Gilone Seré de la Sibonière en [[1783]].
En floréal [[an 4]], Reine Guillemette Lauglé [Reine Pelagie Piccault, veuve de Joseph Augustin Lauglée de la Guillardiere], femme de Charles Placide Corneille Tierri, [capitaine au régiment cy-devant royal Lorraine, qui réside à Renne entre octobre 1791 et le 13 janvier 1792], présumé émigré, obtient main-levée du séquestre des deux fermes des Fontaines, en Saint-M'Hervé (vers Vitré), dont elle a hérité de Gilone Seré de la Sibonière en [[1783]].
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==Voir aussi==
==Voir aussi==
* [[La Prévalaye de mémoires d'hommes]].
* [[La Prévalaye de mémoires d'hommes]].
* [[Borade]] - [[Les Bougrières|Métairie des Bougrières]] - [[Lillion]] - [[Métairie de la Maltière]].
* [[Borade]] - [[Les Bougrières|Métairie des Bougrières]] - [[Lillion]] - [[Métairie de la Maltière]] - [[Métairie de Sainte-Foy]].
* [[Chapellenie de la Prévalaye]].
* [[Chapellenie de la Prévalaye]].



Version du 29 décembre 2017 à 17:33

La seigneurie de la Prévalaye était un des domaines nobles de la périphérie de Rennes avant la Révolution. Le château, situé un peu à l'ouest de la ville, a été détruit en 1944. Les terres s'étendaient à l'alentour, au sud de Rennes, et disséminées dans plusieurs paroisses voisines.

Le terroir était connu comme celui du beurre de la Prévalaye, très réputé.

Les audiences de la juridiction se tenaient, avec celles de bien d'autres, dans le bâtiment du Présidial de Rennes.

Le château et sa chapelle

1792

Le 21 août 1792, est dressé un Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye, laissée à la garde du jardinier, sous l'oeil probablement du nommé Mallecot, dit receveur, le titre de procureur fiscal étant depuis peu très mal porté (Les droits seigneuriaux sont abolis depuis deux ans exactement.)[1].

Ce document est plus intéressant pour la description des lieux que pour le mobilier, celui-ci étant d'une acquisition très récente. En complément, le long et précis mémoire du serrurier donne les noms de pièces, plus prosaïquement désignées dans l'inventaire :

  • le Salon blanc,
  • la Chambre à coucher de Madame,
  • la Chambre des Bains,
  • la Chambre de Henry Quatre.

Il y est aussi particulièrement question d'une croisée du garde mangé ; de la lingerie au dessus de la cuisine ; du cabinette de Monsieur ; et d'une porte quil donne sur la tesrasse aux haux de l'escalié neufe.

Le mobilier paraît abondant et de qualité, par exemple des toilettes en acajou. La réserve de vin et les tables de jeu ne donnent pas davantage l'idée d'une vie austère. Il s'agit d'un inventaire assez sommaire, mais, en divers points, il est remarqué des cartes et autres matériels qui n'étonnent pas entre les mains d'un officier de marine. Il est possible que les nombreux lits en métal soit également en rapport avec cette carrière.

Liste des pièces :

  • Dans la cuisine... Dans une grande chambre basse à côté de la cuisine... Une armoire dans laquelle sont plusieurs lits en fer demontés... sur une des armoires, un piège à loup en fer...
  • Dans un petit cellier... Dans une petite chambre plus elevée que le cellier...
  • Dans une autre chambre basse donnant sur le jardin...
  • Dans une autre salle à cheminée de marbre donnant sur le jardin... ("salle basse")
  • Dans la salle de compagnie... deux tables de jeu à tapis verds... une table de tric-trac, une pendule... (15 fauteuils et un sofa, un métier à broderie)... Dans le sallon à manger... un poele en tole...
  • Un petit cabinet de travail... Dans l'escalier... Dans une chambre sur la cour... Un petit cabinet de bibliothèque garni de livres... Dans le vestibule de la chambre et du cabinet...
  • Dans une grande chambre... un poele à compartiments... Un cabinet noir rempli de divers meubles. Dans une chambre à coté...
  • Dans un petit cabinet... Dans une chambre tapissée... Dans un cabinet de toilette à coté de la chambre, une toilette avec ses ustensiles... Dans un petit cabinet...
  • Dans une chambre à coucher tapissée en indienne, trois lits d'indienne en fer, dont deux garnis de leurs rideaux pareils...
  • Dans un cabinet de toilette à coté, une toilette en bois d'acajou avec ses ustensiles, deux bonheurs du jour à table de marbre et sept tiroirs...
  • Dans une autre chambre donnant sur le jardin tapissée en Perse, un lit en fer garni de rideaux pareils à la tapisserie...
  • Dans un cabinet à côté... Dans un petit cabinet... Dans une mansarde... Dans un grenier à coté... Dans un autre grenier très vaste, soixante quatre bois de fauteuils et de chaises... Dans une autre grenier, beaucoup de graine d'oignon.
  • Descendus dans une cave, trois caisses renfermant du vin de Bordeaux... [fin d'inventaire : réservant de référer au directoire sur les mesures à prendre pour la garde d'une quantité considerable de vins et liqueurs] ... Dans une autre cave...
  • Dans un grenier au dessus de l'office, environ trois milliers de foins et paille et quelques planches.
  • Dans l'ecurie... Le long de l'ecurie, environ quatre cordes de bois. Dans la remise, deux voitures dont le gardien a declaré que l'une appartenait à l'aisné, l'autre au cadet, soixante pacquets de bled, trois gerbes de froment, une grande quantité de chanvre. ... une autre remise ouverte dans laquelle est un charriot couvert.
  • Au-dessus de la remise, une chambre où loge le gardien... Deux chambres au-dessus d'une des remises...
  • Dans la chapelle, sur l'autel, une soutane, une aube, un missel et autres decorations... six chaises à accoudoir...
  • Dans une serre... une grande quantité de divers oignons de fleurs que le jardinier a declaré lui appartenir, environ trois boisseaux de pois...
  • Dans une salle de plein pied à la salle de compagnie, un feu complet neuf, doré et bronzé, deux statues de bronze sur un pied d'estal doré portant des bras de cheminée en or moulu... (22 fauteuils et 6 chaises)...
  • Dans un cabinet... Dans un autre cabinet au bout du précédent... Dans une chambre à coucher donnant sur le jardin... Dans un petit cabinet donnant aussi sur le jardin...

La première page rappelle le contexte de cet inventaire : ... parlant à Joseph Mahé qui nous a dit etre gardien de la maison, nous lui avons donné lecture de notre commission ... en lui declarant que les Srs Thierry de la Prévalais aîné et cadet, étant tous deux employés dans le Tableau de la Municipalité de Rennes comme emigrés, ou du moins comme n'ayant pas de residence actuelle dans l'etendue du département, notre devoir est de rapporter l'etat sommaire de leur mobilier ...

Le surlendemain, 23 août, le gardien fait revenir les intéressés pour délivrer le chien enfermé dans le sallon à manger qui pourrait y enrager et mourir de faim.

Seigneurs et Dames

Un document du 16 octobre 1784, concernant le fief de la Plainchardière en Saint Sauveur des Landes[2], donne les propriétaires de la seigneurie tels qu'ils se présentaient alors, tous enfants de Pierre Bernardin Tierry de la Prevallaye :


« Messire Pierre Dimat Tierry de la Prevallaye, chevallier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, lieutenant des vesseaux du roy au departement de Brest, ainé heritier principal et noble, haut et puissant seigneur Messire Charles Corneille Placide Tierry de la Prevallaye, frere puiné, capitaine de cavallerie au régiment royal Lorainne, haute et puissante Dame Hyacinthe Genevieve Tierry, epouse de Messire Philippe André Pantin, chevallier seigneur de la Guere, ancien capitaine au regiment de Royal dragons, laditte dame autorisée de justice par arret de la cour du parlement de Bretagne du quatorze juin mil sept cent quatre vingt deux, pour les causes mentionnées [...] puissante Dame Monique Madelaine Tierry de la Prevallaye, encore mineure d'age, epouse et autorisée de h. et p. sr. Messire Pelage de Coniac, chevallier seigneur Dalineuc, son epoux, les tous enfans de h. p. sr. Messire Pierre Bernardin Tierry de la Prevallaye, chevallier, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, chef d'escadre des armées navalles de sa majesté, ancien directeur des ports et arsenaux de Brest, et de haute et puissante Dame Marie Jeanne Genevieve de Robien [hôtel rue Corbin en 1757], epouse dudit seigneur de la Prevallaye, heritiers en indivis tant de ladite Dame de la Prevallaye leur mere que de haute et puissante dame Marie Anne Genevieve de Brilhac, leur ayeulle, epouse en premieres noces de haut et puissant seigneur Messire André de Robien, conseiller au parlement de Bretagne, et decedée veuve en secondes noces de haut et puissant seigneur Messire Jean François de Coniac, aussi conseiller au parlement de Bretagne, et qu'ils tiennent sous la mouvance proche et roturiere de leur seigneurie de Taunut, au fief vulgairement nommé le fief de la Plainchardiere... »

— Fonds de famille des Archives départementales
Origine : Cote 2 Et 12 - Archives d'Ille-et-Vilainelicence

Le 16 mars 1722, Florent Treluyer et Louise Galeran, concernant la Lande Bougan et autres pièces de terre de la Prévalaye, rendent aveu à Dame Catherine Renée Desnoë, Dame Comtesse de Chalain, dame proprietaire de la seigneurie de la Prevalais Matignon à Rennes.

Métairies et revenus

Une bonne partie des revenus d'une seigneurie vient des fermages de ses métairies et des rentes que versent annuellement les exploitants de pièces de terres plus ou moins éloignées et isolées. Par exemple Le champ Monnoyer ou des Monnoyeurs, contenant un journal et demy dix cordes, joignant du bout d'orient au chemin du Bas Sauzay, du costé vers midy à terre de la demoiselle Amyot, du bout d'occident et costé du nord à terre de Philipe Guyot, estimé comme devant la somme de neuf livres ... [est] tenu prochement en roture ... de la juridiction de la Prevalais Matignon à Rennes à charge de vingt deniers monnois de rente feodalle et obeissance à l'usement du fief. selon le partage en cinq lots de la succession de Julienne Angelique Lemesle, femme de François Cherel, avocat au parlement, le 3 octobre 1771. Cette rente de 9 livres fait partie de ce que reçoit le second lot pour un total de 61 livres (revenu annuel)[3] [4].

Une partie des ressources avait été affectée à la fondation d'une chapellenie, entre Cleunay et le château, à l'abandon en 1733.

Un recensement sommaire des métairies est fourni lors de la rédaction, le 21 août 1792, de l' Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye[5] : ... combien il y a de metairies affermées dependantes de la terre de la Prevalaye ; a repondu qu'il y en a huit, savoir la Tellais en Chartres, dont il ignore le nom du fermier actuel ; les Bougriais dont est fermier le nommé Marion ; la Planche dont est fermier le nommé Brossais ; la Vieuville en Toussaint dont est fermier la Veuve Galbrun ; la Taupinais en St. Jacques dont est fermier François Galbrun ; Sainte-Foix en Toussaint dont est fermier le nommé Outin ; le Cherbet dont est fermier Guillaume Panaget ... la Bouquenais en St. Jacques dont est fermier le nommé Chubaire, ajoutant que M. Thierry n'a aucune terre de retenue[6], ni grains ni bestiaux.

Durant la Révolution

Inscriptions sur les listes des émigrés

Absents du département, le seigneur de la Prévalaye et ses frère et soeurs voient certaines de leurs métairies mises sous séquestre, ce qui les oblige à en demander l'annulation, en particulier au motif qu'ils n'ont pas quitté le pays.

En 1792, Pierre Dimas Thierry demande aux autorités main-levée du séquestre de la métairie de la Thêlaye près le bourg de Saint Jacques de la Lande et cependant en la paroisse de Chartres, sous le district de Bain, justifiant demeurer à Valenciennes, pays de son épouse, où ils se sont rendus, les médecins pretendant que pour donner plus d'effets aux remedes, il convenait que la malade se fut rendue dans son pays natal (pièce signée Mallecot). Cette requête est soutenue par sa soeur, femme Coniac, et une réponse favorable est donnée le 12 novembre 1792, avec retrait de la liste des émigrés, après diverses vérifications et décisions intermédiaires. Il apparaît qu'il est à Avesnes (après Bouchain dans le Nord) d'avril 1792 au 16 juillet 1793 ; à Rennes depuis le 27 août 1793 jusqu'à l'an 8 (floréal).

En floréal an 4, Reine Guillemette Lauglé [Reine Pelagie Piccault, veuve de Joseph Augustin Lauglée de la Guillardiere], femme de Charles Placide Corneille Tierri, [capitaine au régiment cy-devant royal Lorraine, qui réside à Renne entre octobre 1791 et le 13 janvier 1792], présumé émigré, obtient main-levée du séquestre des deux fermes des Fontaines, en Saint-M'Hervé (vers Vitré), dont elle a hérité de Gilone Seré de la Sibonière en 1783.

De même, Hyacinthe Genevieve Thierry Prévalaye [née le 26 janvier 1748], femme de Philippe André Pantin de la Guerre, depuis 1774, présente une requête au district de Rennes, disant que "de son mariage, il n'est issu qu'une fille nommée [Marie] Adelaide Pantin de la Guerre, [née le 29 octobre 1775] [étant à Paris en l'an 5 et 6], femme de [Louis Jean François] Pantin de Landemont ... renfermé dans la maison de Charenton pres Paris", et demandant main levée du séquestre apposé sur les métairies du Haut et Bas Tenu [Tanut], prairie et moulin de Teillay, en Saint Sauveur des Landes, dont elle a hérité selon un partage du 3 septembre 1787 passé devant les notaires de Paris. Demande rejetée le 7 germinal an 6 comme présente sur la liste des émigrés (mais des certificats le démentent). Exemplaire rédigé par la Femme Coniac, sa soeur.

Procédures

Les incertitudes et troubles de la période n'empêchent pas des procédures de suivre leur cours, et en provoquent d'autres. L'inventaire de 1792 est suivi ou accompagné d'événements affectant la seigneurie.

  1. ... parlant à Joseph Mahé qui nous a dit etre gardien de la maison, nous lui avons donné lecture de notre commission ... en lui declarant que les Srs Thierry de la Prévalais aîné et cadet, étant tous deux employés dans le Tableau de la Municipalité de Rennes comme emigrés, ou du moins comme n'ayant pas de residence actuelle dans l'etendue du département, notre devoir est de rapporter l'etat sommaire de leur mobilier ...
  2. Sommé de nous déclarer ce que sont devenus la batterie de cuisine, les dedans de lits et l'argenterie qui devaient naturellement se trouver dans cette maison n'agueres occupée ; a repondu qu'à la mort de M. Thierry pere, tous les meubles et effets de la maison ont été venus ; que ceux qui la garnissent actuellement sont neufs et ont été achetés par l'ainé qui, lorsqu'il est venu passer quelque temps à sa terre, a été obligé d'emprunter une batterie de cuisine et des dedans de lits qui ont été rendus ; qu'à l'égard de l'argenterie, il l'emporte toujours avec lui partout où il va fixer sa residence.
  3. Le 14 octobre 1793, le calice avec sa paterne, et autres effets de culte, le fusil à deux coups, la cloche du clocher de la chapelle, etc. sont saisis. Début an 2, 44 moutons et deux brebis sont vendus aux enchères vu l'impossibilité où se trouvaient les bouchers de faire l'approvisionnement de la ville et des troupes qui y sejournent ; à raison de 25 livres chaque, et 12 livres les brebis. Dans l'inventaire, il était question de trente sept têtes tant de moutons que brebis ["originaires du Bery"] dont huit sont vendus à la Ve. Bigot qui lui en a payé le prix à raison de quatorze livres chaque, prix dont il s'est dessaisi entre les mains de Mr. Mallecot receveur [de la seigneurie].[7].
  4. Il n'y a que Prevalaye, ancien officier de dragons, qui soit emigré ; l'officier de marine auquel appartient la terre de la Prevalaye est actuellement detenu à la maison d'arret, dite la Trinité, et ce n'est pas pour cause d'emigration : les creanciers doivent donc se pourvoir directement vers lui. (selon une note sans date).

Ainsi, les créanciers ne manquent de faire valoir leurs créances, et est tenu un registre des déclarations des créanciers des émigrés :

  • 22 novembre 1792, le Citoyen Portier, serrurier à Rennes, se dit créancier des Sieur et Dame de la Prévalais d'une somme de 955 livres, restant de 2008 livres (long et détaillé mémoire dont le 9 avril : Fait et fournit un fairre à répasser du linge - 11 livres.).
  • Même date : Mathurin Portal, maître menuisier, rue de la Mayenne : 454 livres restant de 3462 livres. Son mémoire recense - mois par mois - pas moins de 512 journées à 1,5 livre entre octobre 1790 et décembre 1791 !
  • Jean Jacques Bués, relieur à Rennes, porteur d'une créance de 9 livres pour son travail sur quatre ouvrages.

Voir aussi

Notes et références

  1. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074.
  2. Paroisse des environs de Fougères.
  3. Cette pièce de terre semble se situer au sud de Rennes. Source : Enquêtes civiles du Présidial de Rennes, Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2B 492.
  4. Ce revenu estimé de 9 livres (ou 180 sols) est donc à réduire très légèrement, précisément d'un sol et huit deniers dus au seigneur (un sol valant douze deniers.)
  5. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074
  6. Terre de retenue : terre qui n'est pas louée et est exploitée par lui-même au moyen de journaliers.
  7. Avant la Révolution, à la campagne, un mouton valait autour de cinq livres.