« Siège de Rennes en 1357 : combats singuliers et amabilités » : différence entre les versions

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Le siège de Rennes en 1356 et [[1357]] par le duc de Lancastre fut l'occasion de diverses aventures cocasses ou étonnantes dans ce contexte, telle l'histoire de la truie qui rapporta gros de lard aux Rennais devant les [[Portes Mordelaises]]. Le chroniqueur{{w|Jean Froissart}}rapporte ainsi le combat singulier entre un jeune bachelier, '''(* 1)''' messire {{w|Bertrand Du Guesclin}}, et le chevalier anglais messire d'Agworth, le protocole du combat ayant été fixé à trois coups de fer de lance, trois de hache et trois de dague; les deux chevaliers se comportèrent très vaillamment, observés par ceux du dedans et ceux du dehors et s'en tirèrent sans dommage.
Le siège de Rennes en 1356 et [[1357]] par le duc de Lancastre fut l'occasion de diverses aventures cocasses ou étonnantes dans ce contexte, telle l'histoire de la truie qui rapporta gros de lard aux Rennais devant les [[Portes Mordelaises]]. Le chroniqueur {{w|Jean Froissart}} rapporte ainsi le combat singulier entre un jeune bachelier, '''(* 1)''' messire {{w|Bertrand Du Guesclin}}, et le chevalier anglais messire d'Agworth, le protocole du combat ayant été fixé à trois coups de fer de lance, trois de hache et trois de dague; les deux chevaliers se comportèrent très vaillamment, observés par ceux du dedans et ceux du dehors et s'en tirèrent sans dommage.


Un autre combat est révélateur des moeurs de l'époque : les gens d'armes tant anglais que bretons de la comtesse de Montfort, partis d'Hennebont, avaient bien brûlé et saccagé la région avant de mettre le siège devant Rennes, mais on pouvait aussi faire assaut de courtoisie après assaut d'armes et sauvagerie.
Un autre combat est révélateur des moeurs de l'époque : les gens d'armes tant anglais que bretons de la comtesse de Montfort, partis d'Hennebont, avaient bien brûlé et saccagé la région avant de mettre le siège devant Rennes, mais on pouvait aussi faire assaut de courtoisie après assaut d'armes et sauvagerie.
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Froissart rapporte ainsi qu'un chevalier anglais, Jean Bolton, ayant pris six perdrix en chassant à l'épervier, était venu à cheval, armé de toutes pièces, perdrix à la main, criant devant les barrières de la cité qu'il voulait parler à Bertrand Du Guesclin. Olivier de Mauny, se trouvant sur la porte de la ville à observer l'armée anglaise, lui demanda s'il voulait donner ou vendre ses perdrix aux dames enfermées dans la ville. L'Anglais lui ayant répondu que s'il venait marchander au plus près pour combattre, lui serait son marchand, Olivier descendit dans les fossés, armé de toutes pièces, sauf jambières et gantelets, et nagea jusqu'à son marchand qui l'attendait de l'autre côté.
Froissart rapporte ainsi qu'un chevalier anglais, Jean Bolton, ayant pris six perdrix en chassant à l'épervier, était venu à cheval, armé de toutes pièces, perdrix à la main, criant devant les barrières de la cité qu'il voulait parler à Bertrand Du Guesclin. Olivier de Mauny, se trouvant sur la porte de la ville à observer l'armée anglaise, lui demanda s'il voulait donner ou vendre ses perdrix aux dames enfermées dans la ville. L'Anglais lui ayant répondu que s'il venait marchander au plus près pour combattre, lui serait son marchand, Olivier descendit dans les fossés, armé de toutes pièces, sauf jambières et gantelets, et nagea jusqu'à son marchand qui l'attendait de l'autre côté.


Ils se combattirent vaillamment, non loin du duc de Lancastre qui interdit toute intervention et Olivier de Mauny l'ayant emporté sur Jean de Bolton rudement blessé, il ramena son marchand et les perdrix dans la cité en retraversant les fossés et les présenta aux dames qui le reçurent très joyeusement et l'honorèrent grandement. Mais Olivier, blessé aussi, voulant trouver des herbes pour guérir ses plaies, proposa à son prisonnier de le libérer pour obtenir un sauf-conduit du duc de Lancastre en sa faveur afin de trouver ces herbes mais qu'il reviendrait se constituer prisonnier en cas d'échec de cette démarche. Jean de Bolton étant revenu avec le sauf-conduit, ils quittèrent ensemble Rennes et se rendirent au camp du duc de Lancastre admiratif du noble coeur d'Olivier de Mauny qui avait ainsi libéré un prisonnier dont la rançon aurait pu être de "dis mille moutons d'or".'''( * 2)''' Accueilli et soigné au camp du duc, Olivier, guéri, "''s'en revint en la cité de Rennes où il fut reçu joyeusement de tous grands et petits et des dames auxquelles il conta moult de ses nouvelles, et par espécial à son cousin Bertran du Guesclin conte-t-il comment il avoit exploité; et s'entrefirent grand'joie''..." <ref> ''Les chroniques de sire Jean Froissart'' Livre I-Partie II- chapitre LVII : ''Comment le duc de Lancastre assiègea la cité de Rennes; et comment messire Bertran du Guesclin se combattit à messire Nicolas d'Angorne devant la dite cité; et comment messire Olivier de Mauny combattit et prit messire Jean Bolleten''.</ref>
Ils se combattirent vaillamment, non loin du duc de Lancastre qui interdit toute intervention et Olivier de Mauny l'ayant emporté sur Jean de Bolton rudement blessé, il ramena son marchand et les perdrix dans la cité en retraversant les fossés et les présenta aux dames qui le reçurent très joyeusement et l'honorèrent grandement. Mais Olivier, blessé aussi, voulant trouver des herbes pour guérir ses plaies, proposa à son prisonnier de le libérer pour obtenir un sauf-conduit du duc de Lancastre en sa faveur afin de trouver ces herbes mais qu'il reviendrait se constituer prisonnier en cas d'échec de cette démarche. Jean de Bolton étant revenu avec le sauf-conduit, ils quittèrent ensemble Rennes et se rendirent au camp du duc de Lancastre admiratif du noble coeur d'Olivier de Mauny qui avait ainsi libéré un prisonnier dont la rançon aurait pu être de "dis mille moutons d'or".'''( * 2)''' Accueilli et soigné au camp du duc, Olivier, guéri, "''s'en revint en la cité de Rennes où il fut reçu joyeusement de tous grands et petits et des dames auxquelles il conta moult de ses nouvelles, et par espécial à son cousin Bertran du Guesclin conte-t-il comment il avoit exploité; et s'entrefirent grand'joie''..." <ref> ''Les chroniques de sire Jehan Froissart'' Livre I-Partie II- chapitre LVII : ''Comment le duc de Lancastre assiègea la cité de Rennes; et comment messire Bertran du Guesclin se combattit à messire Nicolas d'Angorne devant la dite cité; et comment messire Olivier de Mauny combattit et prit messire Jean Bolleten''.</ref>


==notes==
==notes==


'''* 1''' ''bachelier'' : juene gentilhomme qui, aspirant à être chevalier, sert sous la bannière d'un autre pour apprendre le métier des armes.
'''* 1''' ''bachelier'' : jeune gentilhomme qui, aspirant à être chevalier, sert sous la bannière d'un autre pour apprendre le métier des armes.


'''* 2''' ''mouton d'or'' : monnaie d'or médiévale sur lesquelles est représenté un agneau pascal; il existait des moutone "à la grande laine" et des moutons "à la petite laine". Ces pièces frappées sous saint Louis eurent cours jusque sous le règne de Charles VII
'''* 2''' ''mouton d'or'' : monnaie d'or médiévale sur lesquelles est représenté un agneau pascal; il existait des moutons "à la grande laine" et des moutons "à la petite laine". Ces pièces frappées sous saint Louis eurent cours jusque sous le règne de Charles VII


==références==
==références==
<references/>
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Version actuelle datée du 15 octobre 2015 à 10:28


Le siège de Rennes en 1356 et 1357 par le duc de Lancastre fut l'occasion de diverses aventures cocasses ou étonnantes dans ce contexte, telle l'histoire de la truie qui rapporta gros de lard aux Rennais devant les Portes Mordelaises. Le chroniqueur Jean Froissart Wikipedia-logo-v2.svg rapporte ainsi le combat singulier entre un jeune bachelier, (* 1) messire Bertrand Du Guesclin Wikipedia-logo-v2.svg, et le chevalier anglais messire d'Agworth, le protocole du combat ayant été fixé à trois coups de fer de lance, trois de hache et trois de dague; les deux chevaliers se comportèrent très vaillamment, observés par ceux du dedans et ceux du dehors et s'en tirèrent sans dommage.

Un autre combat est révélateur des moeurs de l'époque : les gens d'armes tant anglais que bretons de la comtesse de Montfort, partis d'Hennebont, avaient bien brûlé et saccagé la région avant de mettre le siège devant Rennes, mais on pouvait aussi faire assaut de courtoisie après assaut d'armes et sauvagerie.

Froissart rapporte ainsi qu'un chevalier anglais, Jean Bolton, ayant pris six perdrix en chassant à l'épervier, était venu à cheval, armé de toutes pièces, perdrix à la main, criant devant les barrières de la cité qu'il voulait parler à Bertrand Du Guesclin. Olivier de Mauny, se trouvant sur la porte de la ville à observer l'armée anglaise, lui demanda s'il voulait donner ou vendre ses perdrix aux dames enfermées dans la ville. L'Anglais lui ayant répondu que s'il venait marchander au plus près pour combattre, lui serait son marchand, Olivier descendit dans les fossés, armé de toutes pièces, sauf jambières et gantelets, et nagea jusqu'à son marchand qui l'attendait de l'autre côté.

Ils se combattirent vaillamment, non loin du duc de Lancastre qui interdit toute intervention et Olivier de Mauny l'ayant emporté sur Jean de Bolton rudement blessé, il ramena son marchand et les perdrix dans la cité en retraversant les fossés et les présenta aux dames qui le reçurent très joyeusement et l'honorèrent grandement. Mais Olivier, blessé aussi, voulant trouver des herbes pour guérir ses plaies, proposa à son prisonnier de le libérer pour obtenir un sauf-conduit du duc de Lancastre en sa faveur afin de trouver ces herbes mais qu'il reviendrait se constituer prisonnier en cas d'échec de cette démarche. Jean de Bolton étant revenu avec le sauf-conduit, ils quittèrent ensemble Rennes et se rendirent au camp du duc de Lancastre admiratif du noble coeur d'Olivier de Mauny qui avait ainsi libéré un prisonnier dont la rançon aurait pu être de "dis mille moutons d'or".( * 2) Accueilli et soigné au camp du duc, Olivier, guéri, "s'en revint en la cité de Rennes où il fut reçu joyeusement de tous grands et petits et des dames auxquelles il conta moult de ses nouvelles, et par espécial à son cousin Bertran du Guesclin conte-t-il comment il avoit exploité; et s'entrefirent grand'joie..." [1]

notes

* 1 bachelier : jeune gentilhomme qui, aspirant à être chevalier, sert sous la bannière d'un autre pour apprendre le métier des armes.

* 2 mouton d'or : monnaie d'or médiévale sur lesquelles est représenté un agneau pascal; il existait des moutons "à la grande laine" et des moutons "à la petite laine". Ces pièces frappées sous saint Louis eurent cours jusque sous le règne de Charles VII

références

  1. Les chroniques de sire Jehan Froissart Livre I-Partie II- chapitre LVII : Comment le duc de Lancastre assiègea la cité de Rennes; et comment messire Bertran du Guesclin se combattit à messire Nicolas d'Angorne devant la dite cité; et comment messire Olivier de Mauny combattit et prit messire Jean Bolleten.