Yves Milon

Yves Milon naît le 9 janvier 1897 à Guingamp Wikipedia-logo-v2.svg. Il s’inscrit comme étudiant à la faculté de médecine de Rennes pour reprendre la pharmacie paternelle.

Mobilisé, il est cité à l’ordre de la division le 26 novembre 1917 et est décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent à Verdun. Blessé grièvement et intoxiqué à l’ypérite dans la Somme, il est hospitalisé jusqu’en 1919.

De retour à Rennes, il décide de ne pas reprendre ses études de médecine et s’inscrit en géologie. Grâce à deux certificats de licence obtenus en 1915, il devient préparateur en août 1919. En 1927, il devient chargé de cours. En avril 1928, il soutient sa thèse de doctorat et, en 1930, il est nommé professeur de géologie à l’université de Rennes : à 33 ans, il est alors le plus jeune de France. Il occupera cette chaire 38 ans. En 1940, il devient doyen de la Faculté des sciences, poste qu’il occupe jusqu’en 1949 (il avait décliné en 1941 le poste de recteur, par refus de se compromettre avec le régime de Vichy). Il fait construire un Institut de géologie en 1938, près du Thabor, qu'il fait décorer de fresques de Mathurin Méheut et d'Yvonne Jean-Haffen, bâtiment actuellement occupé par la présidence de l’université de Rennes I et dont les toiles seront déplacées au campus de Beaulieu[1].

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Autorisation donnée à Yves Milon en 1942 d'aller de la gare de Rennes à son domicile

Un doyen résistant

Après sa démobilisation en 1940, il entre dans le Réseau Johnny, où il devient P2. Expert régional chargé des questions d’adduction d’eau, il sillonne la région, y compris dans sa zone littorale interdite où il constate les réalisations du Mur de l'Atlantique et il transmet des renseignements aux services britanniques. L’institut de géologie devient également une base importante de la Résistance : il sert à la fois de lieu de réunions clandestines et de cache d’armes.

qui dort sous des explosifs

Milon, doyen de la Faculté des Sciences, s'était opposé aux tentatives de l’occupant d’organiser des cours ou des conférences à l’Université, dans un but évident de propagande. Expulsés de leur maison par les Allemands, Milon et sa famille finirent par s’installer dans les sous-sols de l’Institut de géologie en 1944, dormant… sous des caisses d’explosifs en attente à l’étage au-dessus, au milieu des collections minéralogiques, d'une instruction de Londres pour être utilisées. Ces explosifs avaient été transportés d’Angleterre par un sous-marin, puis transférés en mer sur des bateaux de pêche. Un des pêcheurs les acheminait petit à petit par le train jusqu’à la gare de Rennes, où l’attendait le Doyen Milon :

Une Allemande, la tête sur un sac d'explosifs

« J’allais l’accueillir à la gare et remplissais d’explosifs mon sac à dos de géologue. Au cours de l’un de ces passages dans le grand hall de la gare, ayant déposé mon sac, bien chargé, au pied d’un pilier, et m’étant écarté un moment pour acheter un journal, j’eus la surprise de voir une Allemande en uniforme, allongée sur le sol, la tête sur mon sac ! Elle ne se doutait pas de la nature du contenu du « rücksac » dont je lui demandais poliment (en allemand) de me laisser reprendre possession ! »

Le mot d’ordre pour leur utilisation vint début juin et Milon transmit ces curieux échantillons géologiques aux équipes des FTP chargées de faire sauter les voies ferrées reliant la Bretagne à la Normandie, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944[2].

Otage puis maire de Rennes

Emmené comme otage le 7 juin au matin avec 19 Rennais à la prison Jacques Cartier puis dans la baraque 14 du camp Margueritte, qui détiendra ainsi 75 personnalités bretonnes arrêtées par les Allemands au lendemain du débarquement en Normandie, il n’a pas été inquiété au titre de ses activités de résistant. La libération des otages fut échelonnée: vingt et un d'entre eux, dont Yves Milon, au bout de huit jours le 14 juin, puis à des dates diverses pour un ou deux isolés, enfin pour un groupe de douze, le 4 juillet. Les autres "détenus d’honneur" furent libérés le soir du 1er août grâce à l'initiative de Emile Morice, professeur agrégé d'allemand au Lycée de garçons de Rennes[3].

À la libération de Rennes, il est nommé président de la délégation spéciale et s’installe à la mairie de Rennes dès son occupation par la Résistance qui évince René Patay le 3 août 1944 et accueille les libérateurs. Il est élu maire lors des élections de 1945 à la tête d’une liste de large rassemblement qui comporte des personnalités de divers partis politiques.

Le nouveau conseil municipal s’attache à la reconstruction de la ville durement touchée par la guerre, mais Yves Milon cherche aussi à assurer le développement de Rennes au-delà de la reconstruction. Il fait appel à des urbanistes, qui ont été nommés officiellement par le ministère, et un plan d’urbanisme est adopté dès 1946 par le conseil municipal prévoyant d’importants équipements comme la cité administrative, la maison de la radio et la faculté des sciences.

Lors des élections municipales de 1947, il est réélu sous le sigle nouveau du RPF, bien que sa liste n'ait obtenu que 16 des 37 sièges du conseil municipal vu la montée en puissance du MRP, plus centriste, sur lequel Milon doit s’appuyer au cours de son deuxième mandat pendant lequel d'importants travaux sont réalisés : 650 logements entre 1947 et 1952, le quartier neuf programmé autour du parc de Maurepas , des terrains réservés pour le développement de lycées à Bréquigny et aux Gayeulles.

Il ne se représente pas aux élections municipales de 1953 ; François Château, déjà maire de 1935 à 1944, qui mène la liste soutenue par le RPF, est cependant battu par une liste d’alliance entre le MRP et la SFIO menée par Henri Fréville.

Yves Milon se retire de la vie politique et se consacre à ses travaux de géologie. Il continue à enseigner jusqu’en décembre 1968. Il meurt le 22 août 1987, âgé de 90 ans.

Références

  1. http://www.dinosauria.org/blog/2012/10/15/rennes-nid-despions-mathurin-meheut-et-les-diplodocus/
  2. Yves Milon. De la Résistance à la mairie de Rennes, par Yves Rannou. Éditions Apogée - 2006
  3. allée Professeur Emile Morice

Lien interne