Le marché de gros de Rennes
Mars 1977, ouverture du marché de gros, rue de Lorient
Dans l'obscurité d'un petit matin de mars 1977, ouvre le marché de gros bien éclairé, en bordure de la rue de Lorient. C'était une réalisation de la chambre de commerce et d'industrie de Rennes qui, en accord avec la ville de Rennes, voulait doter l'agglomération et, plus largement la région, d'un équipement public de qualité et facile d'accès, à la place du marché qui se tenait en plein centre de la ville, aux alentours de la place Honoré Commeurec, dans les rues avoisinant les Halles centrales avec sa cour intérieure.
C'est sur un terrain de 2,5 ha, concédé par la Ville de Rennes, que fut réalisé ce marché tant attendu. Une voie de desserte ferroviaire raccordée à la voie ferrée Rennes-Brest permettait même l'accès de wagons au marché. Plus de 50 etmaraîchers pouvaient y déballer leurs produits en avant des deux halles de fruits et légumes et, le nombre dépassant les emplacements, il avait fallu tirer au sort les maraîchers élus et les emplacemenst. Les activités ont évolué depuis cette époque : disparus les maraîchers, résultat des centrales d'achat des grandes surfaces, et disparue la desserte ferroviaire, la SNCF n'ayant pas suivi le transport par fer.
Un marché de gros à échelle humaine
Le marché est composé de deux halles de fruits et légumes face à face et, côté ouest, une troisième halle se dresse dans la nuit, celle de la poissonnerie où les ventes se font vers minuit. Les commerçants fixes ou les itinérants des marchés locaux viennent faire leur marché à eux, à l'image du colossal Rungis en région parisienne. Chaque commerçant rassemble les cagettes et palettes de produits qu'il va vendre en boutique ou sur les marchés locaux : halles centrales et marchés de quartier, dans les heures à venir. Trois sociétés phares : Subéry Claude et fils, { fruits et légumes), Bio Rennes (produits issus de l'agriculture biologique] et la Criée Rennaise { produits de la mer ]. Sur 6 000 m², arrivent chaque année environ 25 000 tonnes de marchandises et en repartent, ventilées dans la région rennaise : fruits, légumes, produits bio et poissons et crustacés.
Des clients lève-tôt
Dans les halles des fruits et légumes 80% des transactions se font très avant 8 h car les commerçants repartent en camion pour ensuite préparer leurs étals sur les marchés ou dans leur boutique mais les premiers arrivent à 3 h pour trouver les meilleurs produits. Au pas de course, devant la halle, pas loin de son camion, chaque commerçant regroupe les cagettes qu'il va acheter. Du coup, premier sur place... premier servi. Le MIR de Rennes a une particularité : les palettes et cageots de raisins, poireaux, aubergines, tomates, choux, pommes, poires... sont en libre-service Le commerçant observe et sélectionne les meilleurs produits, rapport qualité prix. Couteau dans une main, diable ou chariot dans l'autre, il épluche une clémentine, arrivée d'Espagne ou de Corse, en avale un quartier et se sert de quelques cagettes pour son marché. Le grossiste facture, carnet et crayon en main. Les camions à charger sont à quelques mètres. [1]
« Le prix attire la clientèle, la qualité seule la retient » affiche-t-on au marché de gros
Privatisation
Le marché de gros de Rennes est un ancien marché d’intérêt régional (MIR) qui a été privatisé en 2014, considérant qu’il ne fournissait qu’une faible part des fruits et légumes consommés dans la métropole rennaise. En 2015 le marché comptait 250 acheteurs pour environ 25 000 tonnes de marchandises à l’année. Le site est loué à la société Subéry qui l’exploite avec un bon réseau de distribution pour les fruits et légumes et les produits de la mer. Cette société est bien implantée en Bretagne mais aussi dans les pays de la Loire avec sa filiale "Vivy Fruits" implantée sur la station fruitière de Vivy. La zone de l’ancien MIR rassemble toujours un certain nombre de grossistes, d’entrepôts frigorifiques et de transporteurs, mais aussi des industries agro-alimentaires pour les produits à base de viande. [3]
Anecdote : la licence IV et l'entrée du café !
Le marché de gros est construit à cheval sur la commune de rennes et celle de Vezin-le-Coquet et comme un café-bar-restaurant devait être disponible pour vendeurs et acheteurs, il fallait quand même disposer d'une licence IV de boissons, rare licence à trouver et acheter dans l'une des deux communes dont la frontière zigzagait sur l'emprise du marché. On trouva une licence transférable mais il fallut, en conséquence, déplacer l'entrée principale du café-débit de boissons sur la commune d'achat de la licence.

