Des Rennais abritent le futur commissaire régional de la République

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Du boulevard Volney à la rue La Fayette

Bd Volney, n° 4, demeure clandestine de Le Gorgeu du 19 mai au 2 août 1944 chez les Leray

2 août 1944, 11 heures. Le beau-frère de Julien Garnier, l'ancien dreyfusard Francis Leray, 75 ans, chargé de cours d'italien à la faculté des Lettres et pionnier de l'enseignement des langues vivantes à Rennes, et son épouse Yvonne [1], en rentrant de dîner, le 1er août, avaient trouvé leur maison, n° 4 boulevard Volney, endommagée par une bombe. La police allemande venait de repérer ce domicile où ils abritaient, depuis le 19 mai, Victor Le Gorgeu venu de Crosnières, dans la Sarthe qui avait pu ainsi être en rapport avec Henri Fréville. [2], Yves Milon,Victor Janton, l'abbé Chéruel [3]. [4] Les deux sinistrés - qui avaient déjà abrité en septembre 1943 une juive, Marthe Braunschweig - arrivent avec leur ravitaillement chez M. Garnier, 77 ans, cardiaque, au n°1, rue La Fayette et lui demandent l’hospitalité ainsi que pour leur locataire, un Monsieur Le Guillou. Cet homme d’une grande simplicité de comportement se révèle être le Dr Le Gorgeu. M. Garnier va le traiter en hôte familier avant qu’il puisse assumer sa charge. Ils attendent l’après- midi en vain, d’heure en heure, l’arrivée des Américains. M. Le Gorgeu [5] va coucher sur le divan du salon, enveloppé dans une couverture ; il veut être prêt à se rendre à la préfecture. [6] C'est ce 2 août que Janton, revenu à bicyclette de Paris la veille, a remis à Le Gorgeu le papier officiel l'accréditant comme commissaire de la République pour la Bretagne, papier qu'il exhibera ôté d'une de ses chaussures, le 4 août à la préfecture. Dans ses mémoires - qui sont un journal - M. Garnier s'abstient de mentionner cette visite.

Julien Garnier
Cornut-Gentille et Le Gorgeu le 4 août 1944

Un nouvel hôte, rue Lafayette et l'attente

Le 3 août, M. Garnier se lève d’assez bonne heure et fait une toilette rapide mais des agents de liaison annoncent un retard « faute de ravitaillement en essence pour les blindés.» Des obus tombent sur la ville, notamment au laboratoire de géologie et Rue d'Estrées. Il reste peu d’Allemands mais on en voit sur les jardins de la Vilaine entrain de poser des mines. Le Gorgeu déplore ce retard car il a été reconnu par plusieurs personnes et sa position pourrait devenir dangereuse. L’agent Le Vigan vient rue La Fayette et [7] assure que les Américains arriveront dans l’après-midi mais celle-ci se passe et les Américains n’arrivent toujours pas cependant qu’arrive vers 17h30 un « jeune homme portant beau, malgré 80 km à bicyclette et deux années de maquis. C’est M. Cornut-Gentille, le futur préfet d’Ille-et-Vilaine, qui a trouvé l'adresse de M. Garnier épinglée sur la porte de la maison du boulevard Volney. Il est tout joyeux d’arriver à Rennes avant les Américains. Introduit auprès de M. Le Gorgeu, la première chose qu’il demande, c’est un verre d’eau. M. Garnier lui offre un verre de cidre ; il en boit plusieurs. « C’est un monsieur distingué avec des allures déjà administratives. » Il avait trouvé une chambre place Sainte-Anne mais préfère rester. Ces messieurs – qui attendent toujours qu’on vienne les chercher- dînent sur place d’un repas pour sept convives, plus abondant en hors-d’œuvre qu’en plat de résistance et vont dormir sur le canapé du salon. Des bruits d’explosion et de mitraillade parviennent. Le Vigan survient et apprend que les Allemands ont encore quelques forces dans le faubourg de Fougères et le quartier Jeanne-d’Arc.

Enfin, le 4 août, 9 heures

Rue La Fayette, n° 1, porte de la retraite de Le Gorgeu du 2 au 4 août 1944 chez M. Garnier

Le 4 août, vers 3 heures du matin, tout le monde descend à la cave abri et on entend des explosions plus fortes et plus nombreuses, le sud de la mairie est endommagé et les glaces du magasin À La Fée tombent. Vers 5 heures les explosions du côté de la poste sont assourdissantes et provoquent une poussière dans l’abri. Puis c’est le calme. La radio anglaise annonce que Rennes a été libérée. « Nous sommes bien surpris de nous savoir délivrés et nous n'en croyons pas nos oreilles car si nous ne voyons pas d'Allemands dans les rues, nous n'apercevons pas encore un Américain », remarque M. Garnier. Vers 9 heures, une foule descend la rue Le Bastard et se dirige vers la mairie. La figure barbouillée de savon, M. Garnier annonce l’arrivée des Américains aux officiels qui venaient de terminer leur petit déjeuner mais il s'agissait de précurseurs : Jean Marin [8] et des officiers de la Résistance se rendant à l’hôtel-de-ville. M. Garnier termine sa toilette mais quand il descend, MM. Le Gorgeu et Cornut-Gentille sont partis prendre leur P.C. à la préfecture. C'est la libération de Rennes

Références

  1. Ambroisine Garnier-Leray
  2. La presse bretonne dans la tourmente, p. 85,88. Henri Fréville. Plon - 1979
  3. Abbé Jules Chéruel, professeur de philosophie à Saint-Brieuc, membre du mouvement « Défense de la France »
  4. Note de M. Le Gorgeu sur son activité.https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1b/Le_Gorgeu_Victor_M%C3%A9moire_proposition_Rosette_11_Juillet_1946.pdf
  5. Victor Le Gorgeu
  6. Mémoires de Julien Garnier, tapuscrit de Yves Garnier, son petit-fils
  7. Pierre Herbart
  8. rue Jean Marin