Amazones au Musée des beaux-arts de Rennes
Les Amazones représentent une collection de chefs d’œuvre d'une valeur inestimable pour le Musée des beaux-arts de Rennes. Gardiennes d'un patrimoine millénaire, les Amazones forment un pont entre le passé et le présent, entre les racines antiques et leur éclatante ouverture sur le monde. Cette collection inédite tend ainsi à favoriser le dialogue entre les peuples, à valoriser l'histoire de l'humanité.
La cité antique de Pétra en Jordanie comporte des tombeaux nabatéens où sont représentées des Amazones. Sur le plan diplomatique, Les Amazones valorisent un écosystème culturel innovant grâce au lancement le 2 octobre 2025 de la villa culturelle Hegra qui vient de rejoindre le réseau des " villas " qui font rayonner la France partout dans le monde depuis le XVIe siècle : à Rome la Villa Médicis, à Madrid la Casa de Velazquez, à Kyoto la Villa Kujoyama, mais aussi la Villa Albertine à travers les États-Unis[1].
Quatre mois après son déplacement à Rennes pour évoquer la Réserve diplomatique citoyenne à Rennes, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a rappelé : "Hegra : deux syllabes qui portent en elles l'éclat du soleil et la mémoire du désert. Dans un temps où soufflent les vents contraires de l'individualisme, de la violence et du repli, la culture est une boussole. Elle nous aide à orienter nos pas quand les mirages nous égarent. Elle traduit la complexité de l'être humain, la puissance de son imagination et sa force de création."[2]
Composition des œuvres dans les collections du musées des beaux-arts de Rennes
L'œuvre la plus importante est une scène de combat d'amazones (un dessin).
Il est également possible de retrouver quelques autres dessins.
Il existe aussi une série de gravures de Claude Vignon où apparaît la Reine des Amazones, Penthésilée.
Un matrimoine inscrit au patrimoine mondiale de l'Unesco
Les rangées serrées d'innombrables tombes creusées dans le rocher évoquant les influences architecturales des Assyriens aux réalisations hellénistiques monumentales, offrent un témoignage exceptionnel sur la civilisation nabatéenne aujourd'hui disparue et qui s'est illustrée du IVe siècle avant J.-C. au ler siècle après J.-C.
Il y a plus d’un siècle, les pères dominicains Antonin Jaussen et Raphaël Savignac entreprenaient un voyage archéologique en Arabie pour explorer et approfondir d'autres sites majeurs de la civilisation nabatéenne, en particulier Hegra, le site funéraire construit par les Nabatéens au 1er siècle, au cœur de l'immense site archéologique d'Al-Ula, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Ces sites archéologiques témoignent de la rencontre d’influences décoratives et architecturales variées (assyrienne, égyptienne, phénicienne, hellénistique), ainsi que de la présence épigraphique de plusieurs langues anciennes (lihyanite, thamudique, nabatéen, grec, latin).
La cité antique de Pétra en Jordanie comporte des tombeaux nabatéens où sont représentées des Amazones.
Postérité après l'Antiquité
Dernière grande reine des Amazones, Penthésilée a plus marqué les esprits à travers les siècles que ses consœurs, sa gloire égalant plus discrètement celle d’Achille. Le coup de foudre du vainqueur pour sa vaincue finit par avoir raison de lui. Il est conquis sentimentalement par elle, qui devient dans son cœur le pendant féminin de Patrocle.
Mythe
Penthésilée, reine des Amazones, est la fille d'Arès et d'Otréré. Selon le premier chant de la Suite d'Homère de Quintus de Smyrne, elle serait la sœur de la reine Hippolyte. Ce qui pose un problème de chronologie, étant donné qu'Hippolyte, selon la tradition, a combattu Héraclès ou Thésée : elle est donc plus âgée d'une ou deux générations. Robert Graves note cependant que les mythes concernant Hippolyte sont suffisamment variés pour qu'ils puissent concerner plusieurs femmes partageant le même nom.
Les traditions ne s'accordent pas sur le motif pour lequel elle vient, après la mort d'Hector, aider les Troyens. Selon Hellanicos (fr. 19 Jacoby) et Lysias, cités par Jean Tzétzès (Posthomerica, 14-19), elle est poussée par son amour du combat. Selon Diodore de Sicile, Quintus de Smyrne et Apollodore, elle vient se faire purifier par Priam, après la mort accidentelle d'Hippolyte, tuée d'une flèche au cours d'une partie de chasse au cerf. Elle cherchait aussi à s'éloigner de sa patrie, harcelée par la vengeance des terribles Euménides. Cette dernière version peut surprendre, puisque le roi troyen avait combattu contre les Amazones aux côtés des Phrygiens (Iliade, III, 188-189). Dictys de Crète (Éphéméride de la guerre de Troie, livre III)[2], hésite entre deux hypothèses : elle était guidée soit par l'appât du gain, soit par le désir d'acquérir de la gloire dans les combats.
Penthésilée arrive à Troie avec douze autres Amazones, dont Quintus donne la liste (I, 42–47). Aucun nom ne se retrouve dans un autre catalogue, à l'exception de celui d'Hippothoé :
- Clonié, tuée par Podarcès ;
- Polémousa, tuée par Achille ;
- Dérinoé, tuée par Ajax fils d'Oïlée ;
- Évandré, tuée par Mérion ;
- Antandré, tuée par Achille ;
- Brémousa, tuée par Idoménée ;
- Hippothoé, tuée par Achille ;
- Harmothoé, tuée par Achille ;
- Alcibié, tuée par Diomède ;
- Antibroté, tuée par Achille ;
- Dérimachéia, tuée par Diomède ;
- Thermodossa, tuée par Mérion.
Penthésilée se distingue par ses nombreux exploits devant la ville assiégée, puis succombe lors d'un combat contre Achille. Celui-ci tombe amoureux d'elle en la voyant mourir. Thersite se moque alors de cette passion, assimilée à de la faiblesse, mais Achille le tue. Diomède, parent de Thersite, jette alors le corps de l'Amazone dans le Scamandre, par vengeance. Selon d'autres versions, Achille enterre son corps sur les rives du Scamandre.
Quintus de Smyrne nous apprend que les Troyens, en son honneur et celui de son dieu protecteur Arès, sont allés chercher sa dépouille auprès des Grecs et lui accordent une crémation pleine d'égards envers son rang. On dresse un grand bûcher, haut et large, puis on éteint les flammes avec du vin tandis que ses os sont parfumés. Ils sont déposés dans une urne scellée avec la graisse d'une génisse immolée parmi les troupeaux qui paissent sur les montagnes de l'Ida. Les Troyens placent enfin l'urne, le cheval et les armes de l'Amazone dans le tertre érigé pour leur ancien roi, le Grand Laomédon, qui se trouve près des murailles épaisses. Les corps des compagnes d'armes de Penthésilée sont aussi placés à ses côtés[3].
Cependant, tous les auteurs ne s'accordent pas sur l'identité de son meurtrier, comme le souligne Nicolas Louis Achaintre dans une note de sa traduction de l'Éphéméride de la guerre de Troie[4]. Par exemple, Lycophron, Quintus de Smyrne, Jean Tzétzès, Eustathe de Thessalonique et Servius s'accordent à dire que Penthésilée fut tuée par Achille. Seul Darès dit qu'elle mourut de la main de Pyrrhus (Néoptolème).
La mythologie attribue à Penthésilée au moins un fils, nommé Caÿstros, et un petit-fils, Éphésos.
Le projet archéologique Al-Ula va t-il retrouver la mémoire des Amazones de la civilisation nabatéenne ?
Comme le rappelle la genèse du Programme Jaussen & Savignac de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, il y a plus d’un siècle, Antonin Jaussen et Raphaël Savignac[3], deux prêtres dominicains de l’École biblique de Jérusalem (aujourd’hui École biblique et archéologique française de Jérusalem), entreprenaient un voyage scientifique en Arabie saoudite et découvraient les sites de Hégra (Madâ’in Sâlih) et de Dadan, dans l’oasis d’al-Ula. Leurs relevés des grands tombeaux rupestres nabatéens qui font la célébrité de la région restent d’une extraordinaire actualité, même si depuis lors, de nombreuses missions archéologiques se sont déployées en Arabie et dans l’oasis. La célébration en 2022 des vingt ans de collaboration archéologique franco-saoudienne est l’occasion de manifester la forte et dynamique présence française dans cet Orient mystérieux qui prépare à accueillir un thème majeur “Foresight for Tomorrow” (Prévoyance pour demain) à l’occasion de l’Exposition universelle de 2030.