« Maison du peuple, salle de la Cité » : différence entre les versions

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(Ajout de l'épisode de l'occupation de la salle de la Cité lors de la contestation de la ''réforme des retraites'' en 2023)
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=== De la liberté de réunion à la première bourse du travail ===
=== De la liberté de réunion à la première bourse du travail ===
En
En 1863, la chambre syndicale ouvrière - antérieure au syndicat - voit le jour. Les ouvriers d’une même profession peuvent désormais se regrouper librement, avant la création des unions locales en 1864 . Avec l'adoption en 1884 de la loi Waldek-Rousseau, légalisant la création des syndicats, les structures locales de défense des intérêts ouvriers se  
<nowiki> </nowiki>1863, la chambre syndicale ouvrière - antérieure au syndicat - voit le  
jour. Les ouvriers d’une même profession peuvent désormais se regrouper  
librement, avant la création des unions locales en 1864 . Avec  
l'adoption en 1884 de la loi Waldek-Rousseau, légalisant la création des
<nowiki> </nowiki>syndicats, les structures locales de défense des intérêts ouvriers se  
multiplient.
multiplient.
En 1887, elles se regroupent dans un même lieu : la  
 
première bourse du travail est créée à Paris. Les autorités municipales  
En 1887, elles se regroupent dans un même lieu : la première bourse du travail est créée à Paris. Les autorités municipales soutiennent généralement les bourses du travail. Revers de la médaille, un contrôle est exercé sur elles, limitant leur autonomie.
soutiennent généralement les bourses du travail. Revers de la médaille,  
un contrôle est exercé sur elles, limitant leur autonomie.


== 1891 ==
== 1891 ==
[[Fichier:7F16 placement gratuit zoom.jpg|thumb|Papier en-tête de la bourse du Travail, 1904. Archives de Rennes, 7 F 16|300x300px]]
[[Fichier:7F16 placement gratuit zoom.jpg|thumb|Papier en-tête de la bourse du Travail, 1904. Archives de Rennes, 7 F 16|300x300px]]
=== Vers l'ouverture d'une bourse du travail à Rennes ===
=== Vers l'ouverture d'une bourse du travail à Rennes ===
Après
Après un premier refus, la municipalité rennaise accorde aux organisations ouvrières l’ouverture d’une bourse du travail, suite à une pétition à l’initiative des chambres syndicales et au soutien des conseillers municipaux ouvriers.
<nowiki> </nowiki>un premier refus, la municipalité rennaise accorde aux organisations  
ouvrières l’ouverture d’une bourse du travail, suite à une pétition à  
l’initiative des chambres syndicales et au soutien des conseillers  
municipaux ouvriers.


Troisième en Bretagne après Nantes et  
Troisième en Bretagne après Nantes et Saint-Nazaire en 1892, la bourse du travail de Rennes est créée en avril1893, six ans après celle de Paris.
Saint-Nazaire en 1892, la bourse du travail de Rennes est créée en avril
En plus de ses missions syndicales, elle crée un bureau de placement des ouvriers. Deux mille personnes sont placées par an. Puis, elle devient un foyer culturel très actif.
<nowiki> </nowiki>1893, six ans après celle de Paris.
En plus de ses missions  
syndicales, elle crée un bureau de placement des ouvriers. Deux mille  
personnes sont placées par an. Puis, elle devient un foyer culturel très
<nowiki> </nowiki>actif.


== 1893 ==
== 1893 ==
[[Fichier:Bourse du travail 1893.jpeg|thumb|Projet d'installation de la bourse du travail à l'hôtel de Guerry, rue Gambetta, plan du 1er étage par J-B. Martenot]]
[[Fichier:Bourse du travail 1893.jpeg|thumb|Projet d'installation de la bourse du travail à l'hôtel de Guerry, rue Gambetta, plan du 1er étage par J-B. Martenot]]
=== Un local pour la bourse de Rennes ===
=== Un local pour la bourse de Rennes ===
<nowiki> </nowiki>4 février 1893. Archives de Rennes, 2 Fi 6324.|200x200px]]
4 février 1893. Archives de Rennes, 2 Fi 6324.|200x200px]]
Après
Après une étude de restauration de l’hôtel de Guerry, conçu par l’architecte Jean-Baptiste Martenot, le projet, jugé trop coûteux, est abandonné. La  
<nowiki> </nowiki>une étude de restauration de l’hôtel de Guerry, conçu par l’architecte Jean-Baptiste Martenot, le projet, jugé trop coûteux, est abandonné. La  
bourse s’installe alors dans l’ancien café central, [[Place du Champ-Jacquet]], ce qui n'empêche pas les patrons de pétitionner pour sa  
bourse s’installe alors dans l’ancien café central, [[Place du Champ-Jacquet]], ce qui n'empêche pas les patrons de pétitionner pour sa  
fermeture.
fermeture.
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=== Création de la CGT ===
=== Création de la CGT ===
[[Fichier:Label CGT.jpeg|thumb|Projet de sculpture symbolisant la CGT, futur décor de la Maison du peuple, s. d. Archives de Rennes, 6 W 33.|left]]La Confédération générale du travail est officiellement créée au congrès
[[Fichier:Label CGT.jpeg|thumb|Projet de sculpture symbolisant la CGT, futur décor de la Maison du peuple, s. d. Archives de Rennes, 6 W 33.|left]]La Confédération générale du travail est officiellement créée au congrès de Limoges, le 23 septembre 1895. Elle participe amplement au développement des bourses du travail, avec lesquelles elle fusionne en 1902.
<nowiki> </nowiki>de Limoges, le 23 septembre 1895. Elle participe amplement au  
développement des bourses du travail, avec lesquelles elle fusionne en  
1902.


== 1906 ==
== 1906 ==
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=== Soutien aux Fougerais en grève ===
=== Soutien aux Fougerais en grève ===
À<nowiki> </nowiki>Fougères, le 13 novembre 1906, une grève générale des chaussoniers  
ÀFougères, le 13 novembre 1906, une grève générale des chaussoniers  
déclenche un conflit qui va durer trois mois. En solidarité, la bourse  
déclenche un conflit qui va durer trois mois. En solidarité, la bourse  
du travail de Rennes décide de soutenir les grévistes fougerais. Elle  
du travail de Rennes décide de soutenir les grévistes fougerais. Elle  
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=== Création d’une clinique ===
=== Création d’une clinique ===
Le
Le
<nowiki> </nowiki>23 novembre 1907, le conseil municipal entreprend des travaux  
23 novembre 1907, le conseil municipal entreprend des travaux  
d’aménagements pour installer une clinique à la bourse du travail de  
d’aménagements pour installer une clinique à la bourse du travail de  
Rennes. Elle est la première à ouvrir des consultations médicales  
Rennes. Elle est la première à ouvrir des consultations médicales  
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de Rennes pour l'acquisition d'un terrain, rue Saint-Louis, 1911.  
de Rennes pour l'acquisition d'un terrain, rue Saint-Louis, 1911.  
Archives de Rennes, 1 M 211.]]Les
Archives de Rennes, 1 M 211.]]Les
<nowiki> </nowiki>syndicats forment une société civile (SCI) et fondent la Maison du  
syndicats forment une société civile (SCI) et fondent la Maison du  
peuple. Objectif : devenir propriétaire et s’affranchir du pouvoir  
peuple. Objectif : devenir propriétaire et s’affranchir du pouvoir  
municipal. La SCI rachète à la Ville des terrains et un bâtiment, rue  
municipal. La SCI rachète à la Ville des terrains et un bâtiment, rue  
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=== Installation provisoire rue Saint-Louis ===
=== Installation provisoire rue Saint-Louis ===
En
En
<nowiki> </nowiki>1918, un hangar, pour la Maison du peuple, est enfin édifié dans  
1918, un hangar, pour la Maison du peuple, est enfin édifié dans  
l’attente d’un projet de construction. Il abrite une salle de réunion  
l’attente d’un projet de construction. Il abrite une salle de réunion  
provisoire d’une capacité d’accueil de 500 personnes et permet aux  
provisoire d’une capacité d’accueil de 500 personnes et permet aux  
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=== Fondation de la Maison du peuple ===
=== Fondation de la Maison du peuple ===
Pour
Pour
<nowiki> </nowiki>Jean Janvier, maire de Rennes, dans une délibération du 15 décembre  
Jean Janvier, maire de Rennes, dans une délibération du 15 décembre  
1919, « la classe ouvrière s’est trop bien comportée pendant la guerre…  
1919, « la classe ouvrière s’est trop bien comportée pendant la guerre…  
pour qu’à son tour le conseil municipal ne lui témoigne… son très vif  
pour qu’à son tour le conseil municipal ne lui témoigne… son très vif  
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=== Des sièges métalliques supplémentaires ===
=== Des sièges métalliques supplémentaires ===
Les
Les
<nowiki> </nowiki>500 places assises sont déjà insuffisantes et une nouvelle commande est
500 places assises sont déjà insuffisantes et une nouvelle commande est
<nowiki> </nowiki>effectuée. « La salle de réunion est exempte de luxe ; néanmoins, elle  
effectuée. « La salle de réunion est exempte de luxe ; néanmoins, elle  
présente de l’élégance et du confortable. Les sièges métalliques, outre  
présente de l’élégance et du confortable. Les sièges métalliques, outre  
qu’ils contribueraient à l’aspect agréable de cette salle, offriraient  
qu’ils contribueraient à l’aspect agréable de cette salle, offriraient  
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=== La fresque de Camille Godet ===
=== La fresque de Camille Godet ===
Pour
Pour
<nowiki> </nowiki>le décor de la salle, une fresque est commandée au peintre Camille  
le décor de la salle, une fresque est commandée au peintre Camille  
Godet, <ref>[[ allée Camille Godet]]</ref> auteur de la fresque du Panthéon rennais et élève d'[[Emmanuel Le Ray]]. L’artiste  
Godet, <ref>[[ allée Camille Godet]]</ref> auteur de la fresque du Panthéon rennais et élève d'[[Emmanuel Le Ray]]. L’artiste  
réalise Le travail, une grande frise décorative qui évoque les  
réalise Le travail, une grande frise décorative qui évoque les  
différents corps de métiers du bâtiment. Il représente également le  
différents corps de métiers du bâtiment. Il représente également le  
maire Jean Janvier, entrepreneur, sur un chantier. La fresque de Godet orne
maire Jean Janvier, entrepreneur, sur un chantier. La fresque de Godet orne
<nowiki> </nowiki>les côtés et les retours vers la scène et le promenoir de la salle.
les côtés et les retours vers la scène et le promenoir de la salle.
<gallery>
<gallery>
Fichier:fonds_phototheque_levasseur_02.jpg |La fresque "Le Travail" réalisée par Camille Godet, clichés Dominique Levasseur / Ville de Rennes - Rennes - Métropole, 1997.
Fichier:fonds_phototheque_levasseur_02.jpg |La fresque "Le Travail" réalisée par Camille Godet, clichés Dominique Levasseur / Ville de Rennes - Rennes - Métropole, 1997.
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=== Création d'un dispensaire ===
=== Création d'un dispensaire ===
En
En
<nowiki> </nowiki>1926 est créé un dispensaire : une salle d'attente, une salle de  
1926 est créé un dispensaire : une salle d'attente, une salle de  
pansements, un cabinet de consultations, un cabinet de déshabilloir sont
pansements, un cabinet de consultations, un cabinet de déshabilloir sont
<nowiki> </nowiki>aménagés. « En effet, si les ouvriers trouvent déjà dans leur "Maison"  
aménagés. « En effet, si les ouvriers trouvent déjà dans leur "Maison"  
un certain confort, tant pour la tenue de leurs réunions qu'au pont de  
un certain confort, tant pour la tenue de leurs réunions qu'au pont de  
vue des cours techniques qui leur sont donnés, de la lecture, des  
vue des cours techniques qui leur sont donnés, de la lecture, des  
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=== Développement des activités socio-culturelles ===
=== Développement des activités socio-culturelles ===
Une
Une
<nowiki> </nowiki>troupe de théâtre, une chorale, soutenue par le syndicat des musiciens  
troupe de théâtre, une chorale, soutenue par le syndicat des musiciens  
et un cinéma du peuple sont les activités culturelles fortes proposées  
et un cinéma du peuple sont les activités culturelles fortes proposées  
dans la Maison du peuple. Jusque dans les années trente, elle accueille  
dans la Maison du peuple. Jusque dans les années trente, elle accueille  
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=== Cinéma à l'affiche ===
=== Cinéma à l'affiche ===
Lors
Lors
<nowiki> </nowiki>de la construction de la Maison du peuple, Emmanuel Le Ray a porté une  
de la construction de la Maison du peuple, Emmanuel Le Ray a porté une  
attention particulière à réaliser une cabine de projection de cinéma  
attention particulière à réaliser une cabine de projection de cinéma  
répondant aux normes de sécurité. Dès 1925, les syndicats organisent des
répondant aux normes de sécurité. Dès 1925, les syndicats organisent des
<nowiki> </nowiki>séances deux fois par semaine. Après 1933, sa gestion est confiée à des
séances deux fois par semaine. Après 1933, sa gestion est confiée à des
<nowiki> </nowiki>exploitants successifs. Le Carillon prend alors toute sa place dans le  
exploitants successifs. Le Carillon prend alors toute sa place dans le  
paysage cinématographique rennais. Il change de nom en 1942 pour Le  
paysage cinématographique rennais. Il change de nom en 1942 pour Le  
Celtic ; il est classé dans la catégorie art et essai, et cinéma militant.
Celtic ; il est classé dans la catégorie art et essai, et cinéma militant.
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|281x281px]]
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En
En
<nowiki> </nowiki>1936, le mouvement de revendications de la classe ouvrière a gagné  
1936, le mouvement de revendications de la classe ouvrière a gagné  
Rennes : Prisunic, les chemiseries Strauss, le bâtiment, l’Economique,  
Rennes : Prisunic, les chemiseries Strauss, le bâtiment, l’Economique,  
les Nouvelles Galeries… Même dans les entreprises habituellement peu  
les Nouvelles Galeries… Même dans les entreprises habituellement peu  
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spectaculaires comme la semaine de 40 heures et le droit à deux semaines
spectaculaires comme la semaine de 40 heures et le droit à deux semaines


<nowiki> </nowiki>de congés payés pour tous les salariés.<gallery>
de congés payés pour tous les salariés.<gallery>
Fichier:7F54 rapport commisssaire.jpg |  Rapport du commissaire de police sur une réunion tenue en 1936 à la Maison du peuple sur des négociations entre syndiqués du Bâtiment et l'Union patronale, 1936. Archives de Rennes, 7 F 54.
Fichier:7F54 rapport commisssaire.jpg |  Rapport du commissaire de police sur une réunion tenue en 1936 à la Maison du peuple sur des négociations entre syndiqués du Bâtiment et l'Union patronale, 1936. Archives de Rennes, 7 F 54.
Fichier:7F54 rapport commisssaire 02.jpg | Rapport du commissaire de police sur une réunion tenue en 1936 à la Maison du peuple sur des négociations entre syndiqués du Bâtiment et l'Union patronale, 1936. Archives de Rennes, 7 F 54.
Fichier:7F54 rapport commisssaire 02.jpg | Rapport du commissaire de police sur une réunion tenue en 1936 à la Maison du peuple sur des négociations entre syndiqués du Bâtiment et l'Union patronale, 1936. Archives de Rennes, 7 F 54.
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Rennes, 1 M 211.]]
Rennes, 1 M 211.]]
Un
Un
<nowiki> </nowiki>bâtiment en prolongement de la salle des fêtes et un autre en bordure  
bâtiment en prolongement de la salle des fêtes et un autre en bordure  
de la rue Saint-Louis sont construits sur les plan de l'architecte Yves  
de la rue Saint-Louis sont construits sur les plan de l'architecte Yves  
Le Moine. Les nouveaux locaux, essentiellement à usage de bureaux, sont  
Le Moine. Les nouveaux locaux, essentiellement à usage de bureaux, sont  
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=== Des activités foisonnantes ===
=== Des activités foisonnantes ===
A
A
<nowiki> </nowiki>partir de 1964, la Ville récupère sa gestion et en fait une « maison  
partir de 1964, la Ville récupère sa gestion et en fait une « maison  
commune servant à toutes les associations. » Les agendas de location des
commune servant à toutes les associations. » Les agendas de location des
<nowiki> </nowiki>salles, de l’époque, attestent de son caractère polyvalent : club des  
salles, de l’époque, attestent de son caractère polyvalent : club des  
joyeux loisirs, Union des vieux de France, Témoins de Jéhovah…<gallery>
joyeux loisirs, Union des vieux de France, Témoins de Jéhovah…<gallery>
Fichier:1482w32 01.jpg | Liste des organismes utilisateurs de la Salle de la Cité, [vers 1974]. Archives de Rennes, 1482 W 32.
Fichier:1482w32 01.jpg | Liste des organismes utilisateurs de la Salle de la Cité, [vers 1974]. Archives de Rennes, 1482 W 32.
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=== Du café théâtre à la Comédie de l'Ouest ===
=== Du café théâtre à la Comédie de l'Ouest ===
En
En
<nowiki> </nowiki>1946, la salle de réunion est aménagée en café théâtre. Y sont  
1946, la salle de réunion est aménagée en café théâtre. Y sont  
programmées les fameuses tournées Barrett, le Théâtre populaire de  
programmées les fameuses tournées Barrett, le Théâtre populaire de  
Bretagne, et surtout, de 1965 à 1968, la Comédie de l’Ouest, actrice  
Bretagne, et surtout, de 1965 à 1968, la Comédie de l’Ouest, actrice  
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=== Les luttes sociales continuent ===
=== Les luttes sociales continuent ===
En
En
<nowiki> </nowiki>plus d'être toujours le siège social de l'Union départementale de la  
plus d'être toujours le siège social de l'Union départementale de la  
CGT, la salle de la Cité est le théâtre d'évènements sociaux importants  
CGT, la salle de la Cité est le théâtre d'évènements sociaux importants  
pour la ville de Rennes, à l'instar de la projection, illégale, du  
pour la ville de Rennes, à l'instar de la projection, illégale, du  
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=== De nouveaux usages culturels ===
=== De nouveaux usages culturels ===
Facilité
Facilité
<nowiki> </nowiki>par le départ de la Comédie de l'Ouest, la salle de la Cité, devient un
par le départ de la Comédie de l'Ouest, la salle de la Cité, devient un
<nowiki> </nowiki>lieu culturel où se croisent le spectacle vivant, la musique, les arts  
lieu culturel où se croisent le spectacle vivant, la musique, les arts  
plastiques… et qui entend toucher tous les publics. Elle est la première
plastiques… et qui entend toucher tous les publics. Elle est la première
<nowiki> </nowiki>du genre à Rennes.<br>
du genre à Rennes.<br>
L’émergence de la musique actuelle et  
L’émergence de la musique actuelle et  
l’organisation de concerts engendrent parfois des débordements,  
l’organisation de concerts engendrent parfois des débordements,  
notamment lors de l'organisation de ce concert le mardi 5 mars 1974,  
notamment lors de l'organisation de ce concert le mardi 5 mars 1974,  
organisé par Opaline.
organisé par Opaline.
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== 1979 ==
== 1979 ==
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organisée par l'association Terrapin, festival de musiques actuelles à  
organisée par l'association Terrapin, festival de musiques actuelles à  
la renommée bientôt internationale. [http://http://www.memoires-de-trans.com/annee/1979/ Voir la programmation 1979]
la renommée bientôt internationale. [http://http://www.memoires-de-trans.com/annee/1979/ Voir la programmation 1979]
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== 1986 ==
== 1986 ==
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circonstances mal éclaircies à ce jour. La version plus insolite relate  
circonstances mal éclaircies à ce jour. La version plus insolite relate  
un décollement des plaques qui recouvraient la fresque dans l'atmosphère
un décollement des plaques qui recouvraient la fresque dans l'atmosphère
<nowiki> </nowiki>humide et étouffante de la salle bondée d'un concert des Berruriers  
humide et étouffante de la salle bondée d'un concert des Berruriers  
noirs en 1986. Restaurée et valorisée en 1994, elle est classée monument
noirs en 1986. Restaurée et valorisée en 1994, elle est classée monument
<nowiki> </nowiki>historique le 6 mai 1997.
historique le 6 mai 1997.
[https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rnc9409220539/les-fresques-cachees-de-la-salle-de-la-cite Voir la vidéo « Les fresques cachées de la salle de la Cité » (01:07 mn - 15 septembre 1994)]
[https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rnc9409220539/les-fresques-cachees-de-la-salle-de-la-cite Voir la vidéo « Les fresques cachées de la salle de la Cité » (01:07 mn - 15 septembre 1994)]


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En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail (loi El Khomri), la [[Salle_de_la_Cité|salle de la Cité]] est occupée à deux reprises pendant par de nombreux militants et de nouveau baptisée [[Maison_du_peuple,_salle_de_la_Cité|« Maison du Peuple »]] qui visent à en faire ''« le point de fixation de la convergence des luttes »'' selon leur porte-parole .  
En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail (loi El Khomri), la [[Salle_de_la_Cité|salle de la Cité]] est occupée à deux reprises pendant par de nombreux militants et de nouveau baptisée [[Maison_du_peuple,_salle_de_la_Cité|« Maison du Peuple »]] qui visent à en faire ''« le point de fixation de la convergence des luttes »'' selon leur porte-parole .  


La première occupation a lieu le 1er mai 2016 <ref>[https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/retro-en-2016-quand-la-salle-de-la-cite-etait-occupee-pendant-15-jours-a-rennes-6d67daf4-a891-11ed-aeeb-69381795ad8f « En 2016, quand la salle de la Cité était occupée pendant 15 jours à Rennes » (Article Ouest France - 09 février 2023)]</ref>. Ce jour-là, un groupe d'environ 500 manifestants, après avoir occupé brièvement le cinéma Gaumont, ils s’étaient dirigés vers la salle de la rue Saint-Louis, où devait se tenir, déjà, un rendez-vous intersyndical qui fut finalement annulé.
La première occupation a lieu le 1er mai 2016 <ref>[https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/retro-en-2016-quand-la-salle-de-la-cite-etait-occupee-pendant-15-jours-a-rennes-6d67daf4-a891-11ed-aeeb-69381795ad8f ''« En 2016, quand la salle de la Cité était occupée pendant 15 jours à Rennes »'' (Article Ouest France - 09 février 2023)]</ref>. Ce jour-là, un groupe d'environ 500 manifestants, après avoir occupé brièvement le cinéma Gaumont, ils s’étaient dirigés vers la salle de la rue Saint-Louis, où devait se tenir, déjà, un rendez-vous intersyndical qui fut finalement annulé.


La Ville de Rennes - propriétaire des lieux - et la Préfecture renonçaient à envoyer les forces de l’ordre. La mairie proposait plutôt une ''« convention d’occupation »'' pour une semaine… Cette occupation durera 15 jours, rythmés par des assemblées générales, des débats, des concerts... et des ateliers de confection de banderoles pour les manifestations toujours en cours contre le loi Travail.
La Ville de Rennes - propriétaire des lieux - et la Préfecture renonçaient à envoyer les forces de l’ordre. La mairie proposait plutôt une ''« convention d’occupation »'' pour une semaine… Cette occupation durera 15 jours, rythmés par des assemblées générales, des débats, des concerts... et des ateliers de confection de banderoles pour les manifestations toujours en cours contre le loi Travail.


Lieu devenu incontrôlé selon les autorités, l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer la salle est décidée. À 6 h du matin le vendredi 13 mai, la police et une unité du Raid intervenaient...
Lieu devenu incontrôlé selon les autorités, l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer la salle est décidée. À 6 h du matin le vendredi 13 mai, l'opération commence : la police aidé des pompiers venus avec une nacelle pour évacuer les derniers irréductibles réfugiés sur le toit... et une unité du {{w|Recherche,_assistance,_intervention,_dissuasion|RAID}}...


=== Seconde occupation des lieux lors de la contestation de la ''loi Travail'' ===
=== Seconde occupation des lieux lors de la contestation de la ''loi Travail'' ===
Une seconde intrusion a lieu deux semaine plus tard le 27 mai <ref>[https://www.letelegramme.fr/finistere/rennes-la-salle-de-la-cite-de-nouveau-occupee-28-05-2016-11084694.php « La Salle de la Cité de nouveau occupée » (Article Le Télégramme - 28 mai 2016)]</ref>. Cette seconde occupation cependant ne durera que deux nuits et une journée jusqu'à l'intervention d'envergure des forces de l'ordre le 29 mai.  
Une seconde intrusion a lieu deux semaine plus tard le 27 mai <ref>[https://www.letelegramme.fr/finistere/rennes-la-salle-de-la-cite-de-nouveau-occupee-28-05-2016-11084694.php ''« La Salle de la Cité de nouveau occupée »'' (Article Le Télégramme - 28 mai 2016)]</ref>. Cette seconde occupation cependant ne durera que deux nuits et une journée jusqu'à l'intervention d'envergure des forces de l'ordre le 29 mai.  


Elle s’était soldée par de nombreuses dégradations malgré une convention d’occupation temporaire signée avec Solidaires 35 et une procédure judiciaire avait été lancée par la Ville de Rennes. Après une longue bataille devant le tribunal administratif, le syndicat était finalement condamné en 2018 à payer une amende 6600 €.
Elle s’était soldée par de nombreuses dégradations malgré une convention d’occupation temporaire signée avec Solidaires 35 et une procédure judiciaire avait été lancée par la Ville de Rennes. Après une longue bataille devant le tribunal administratif, le syndicat était finalement condamné en 2018 à payer une amende 6600 €.
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[[Fichier:Rennes-Salle-de-la-Cite-Fevrier-2021.jpg|thumb|600px|center|La « Salle de la Cité » rénovée en février 2021]]
[[Fichier:Rennes-Salle-de-la-Cite-Fevrier-2021.jpg|thumb|600px|center|La « Salle de la Cité » rénovée en février 2021]]


== 2023 ==


<br>
=== Nouvelle occupation des lieux lors de la contestation de la ''Réforme des retraites'' ===
L'histoire se répète... Le mercredi 08 février 2023 en début de soirée, un groupe de manifestants est venu interrompre un meeting de la Nupes<ref>[https://www.letelegramme.fr/bretagne/les-etudiants-de-rennes-2-prennent-le-controle-de-la-salle-de-la-cite-dans-le-centre-ville-08-02-2023-13275687.php ''« Des étudiants de Rennes 2 investissent la salle de la Cité : la Ville demande son évacuation »'' (Article Le Télégramme - 08 février 2023)]</ref> en réaction au projet de réforme des retraites en cours et en profite pour prendre possession des lieux <ref>[https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/salle-de-la-cite-premiere-nuit-d-occupation-pour-les-etudiants-de-rennes-2-en-images-09-02-2023-13275724.php ''« Salle de la Cité : première nuit d’occupation pour les étudiants de Rennes 2 »'' (Article Le Télégramme - 09 février 2023)]</ref>.
 
Cette fois-ci, comme il fallait s'y attendre, les occupants seront évacués dès le lendemain matin : 26 personnes sont interpellés dont six mineurs - pour certains des lycéens qui étaient venus soutenir la mobilisation étudiante - et d'autres désignés comme appartenant à la ''mouvance d'ultra-gauche''.
 
Dans un communiqué officiel, différentes forces politiques ont déclaré :
 
''« Nous condamnons l’occupation et les dégradations déjà commises à la salle de la Cité et expliquent "regretter" ce mode d’action qui ne permet pas de convaincre davantage de personnes et d’élargir la mobilisation contre la réforme des retraites. »''
 
[[Nathalie Appéré]], maire de la ville de Rennes déclarera après l'évacuation du jeudi 09 février 2023 :
 
''« La salle de la Cité est un élément majeur du patrimoine et de l'histoire de notre ville. Elle venait de retrouver tout son lustre, après d'importants travaux de rénovation. Aujourd'hui, c'est un sentiment de colère qui domine. »''


== Références et articles cités ==
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Version du 18 mars 2023 à 17:26

Salle de réunion, façade sur la cour par E. Le Ray, 1919. Archives de Rennes, 2 Fi 4966

Ce lieu est empreint d’histoires syndicales et d’événements culturels : témoin des avancées sociales, de la solidarité, du partage et de l’ouverture à la culture. Il est le berceau des Trans Musicales, des combats syndicaux et politiques. Un lieu auxquels les Rennais sont fortement attachés. Jusqu’à fin 2013, l’édifice, rue Saint-Louis, est composé de plusieurs corps de bâtiments : un premier le long de la rue Saint-Louis et un second dans la cour, dont la façade postérieure donne sur la rue d'Échange. Textes : Danièle Guégan et Violaine Poubanne.

1863 - 1887

De la liberté de réunion à la première bourse du travail

En 1863, la chambre syndicale ouvrière - antérieure au syndicat - voit le jour. Les ouvriers d’une même profession peuvent désormais se regrouper librement, avant la création des unions locales en 1864 . Avec l'adoption en 1884 de la loi Waldek-Rousseau, légalisant la création des syndicats, les structures locales de défense des intérêts ouvriers se multiplient.

En 1887, elles se regroupent dans un même lieu : la première bourse du travail est créée à Paris. Les autorités municipales soutiennent généralement les bourses du travail. Revers de la médaille, un contrôle est exercé sur elles, limitant leur autonomie.

1891

Papier en-tête de la bourse du Travail, 1904. Archives de Rennes, 7 F 16

Vers l'ouverture d'une bourse du travail à Rennes

Après un premier refus, la municipalité rennaise accorde aux organisations ouvrières l’ouverture d’une bourse du travail, suite à une pétition à l’initiative des chambres syndicales et au soutien des conseillers municipaux ouvriers.

Troisième en Bretagne après Nantes et Saint-Nazaire en 1892, la bourse du travail de Rennes est créée en avril1893, six ans après celle de Paris. En plus de ses missions syndicales, elle crée un bureau de placement des ouvriers. Deux mille personnes sont placées par an. Puis, elle devient un foyer culturel très actif.

1893

Projet d'installation de la bourse du travail à l'hôtel de Guerry, rue Gambetta, plan du 1er étage par J-B. Martenot

Un local pour la bourse de Rennes

4 février 1893. Archives de Rennes, 2 Fi 6324.|200x200px]] Après une étude de restauration de l’hôtel de Guerry, conçu par l’architecte Jean-Baptiste Martenot, le projet, jugé trop coûteux, est abandonné. La bourse s’installe alors dans l’ancien café central, Place du Champ-Jacquet, ce qui n'empêche pas les patrons de pétitionner pour sa fermeture.

1895

Création de la CGT

Projet de sculpture symbolisant la CGT, futur décor de la Maison du peuple, s. d. Archives de Rennes, 6 W 33.

La Confédération générale du travail est officiellement créée au congrès de Limoges, le 23 septembre 1895. Elle participe amplement au développement des bourses du travail, avec lesquelles elle fusionne en 1902.

1906

Accueil des petits Fougerais pendant les grèves de Fougères, devant la bourse du travail, place du Champ Jacquet (et non Leperdit), 1906. Archives de Rennes, 44 Z 183, don Glorot.

Soutien aux Fougerais en grève

ÀFougères, le 13 novembre 1906, une grève générale des chaussoniers déclenche un conflit qui va durer trois mois. En solidarité, la bourse du travail de Rennes décide de soutenir les grévistes fougerais. Elle lance un appel aux familles pour accueillir les enfants des grévistes, le temps de la grève. Le 9 décembre, un premier convoi de 160 enfants

arrive à Rennes au milieu d’une foule enthousiaste.

1907

Délibération du conseil municipal du 23 novembre 1907 autorisant l'aménagement d'une clinique dans les locaux de la bourse du travail. Archives de Rennes, 7 F 19.

Création d’une clinique

Le 23 novembre 1907, le conseil municipal entreprend des travaux d’aménagements pour installer une clinique à la bourse du travail de Rennes. Elle est la première à ouvrir des consultations médicales gratuites au sein d’une clinique syndicale. Une organisation de lutte contre l’alcoolisme y est créée. Son slogan : « Prolétariat debout contre l’alcool ».


1909

Déménagement de la Bourse

Les locaux deviennent trop étroits et inadaptés. La bourse est alors transférée de manière « absolument provisoire » dans l’ancien couvent des Carmes, rue Hoche – qui abrite l’actuelle école européenne supérieure d’art de Bretagne. Du provisoire qui dure neuf ans.

1911

Les syndicats s'organisent pour la création d'une Maison du peuple

Demande de la nouvelle société civile de la Maison du peuple à la Ville de Rennes pour l'acquisition d'un terrain, rue Saint-Louis, 1911. Archives de Rennes, 1 M 211.

Les

syndicats forment une société civile (SCI) et fondent la Maison du peuple. Objectif : devenir propriétaire et s’affranchir du pouvoir municipal. La SCI rachète à la Ville des terrains et un bâtiment, rue Saint-Louis, pour accueillir la bourse du travail dont les membres ne cessent de croître : 31 syndicats et 5 000 syndiqués.

1918

Installation provisoire rue Saint-Louis

En 1918, un hangar, pour la Maison du peuple, est enfin édifié dans l’attente d’un projet de construction. Il abrite une salle de réunion provisoire d’une capacité d’accueil de 500 personnes et permet aux syndiqués d'avoir un endroit bien à eux.

Projet sur calque réalisé par Emmanuel Le Ray d'une plaque ornant le hangar provisoire de la Maison du peuple, rue Saint-Louis, 1918. Archives de Rennes, 1 M 213.















1919

Fondation de la Maison du peuple

Pour Jean Janvier, maire de Rennes, dans une délibération du 15 décembre 1919, « la classe ouvrière s’est trop bien comportée pendant la guerre… pour qu’à son tour le conseil municipal ne lui témoigne… son très vif intérêt et j’ajouterais sa pleine confiance. » Le principe de construction d’une salle de réunion pouvant accueillir 1 600 personnes dont 500 assises est voté. Emmanuel Le Ray, architecte municipal, élabore les plans.

1924

Projet du plan du système d'assemblage des rangées de fauteuils, 1924. Archives de Rennes, 2 Fi 4993.

Des sièges métalliques supplémentaires

Les 500 places assises sont déjà insuffisantes et une nouvelle commande est effectuée. « La salle de réunion est exempte de luxe ; néanmoins, elle présente de l’élégance et du confortable. Les sièges métalliques, outre qu’ils contribueraient à l’aspect agréable de cette salle, offriraient encore l’avantage de la solidité », argumente le maire, en réaction aux critiques de la piscine Saint-Georges, jugée trop coûteuse. Ernest Chéreau, secrétaire général de l'Union départementale, est nommé gérant de la Maison du peuple en 1924.

1925

La fresque de Camille Godet

Pour le décor de la salle, une fresque est commandée au peintre Camille Godet, [1] auteur de la fresque du Panthéon rennais et élève d'Emmanuel Le Ray. L’artiste réalise Le travail, une grande frise décorative qui évoque les différents corps de métiers du bâtiment. Il représente également le maire Jean Janvier, entrepreneur, sur un chantier. La fresque de Godet orne les côtés et les retours vers la scène et le promenoir de la salle.

avril 1925

La Maison du peuple tout juste achevée, 1925. Cliché Emmanuel Le Ray, Archives de Rennes, 10 Fi 48, don Borius.
L'Ouest-Éclair du 19 avril 1925, Gallica – BnF.

Inauguration de la Maison du peuple

Le 19 avril 1925, la Maison du peuple est inaugurée en présence de Léon Jouhaux, secrétaire confédéral de la CGT.

















1926

Plan du dispensaire de la Maison du peuple, par Emmanuel Le Ray, 1926. Archives de Rennes, 2 Fi 4994.

Création d'un dispensaire

En 1926 est créé un dispensaire : une salle d'attente, une salle de pansements, un cabinet de consultations, un cabinet de déshabilloir sont aménagés. « En effet, si les ouvriers trouvent déjà dans leur "Maison" un certain confort, tant pour la tenue de leurs réunions qu'au pont de vue des cours techniques qui leur sont donnés, de la lecture, des spectacles et des récréations, il semble qu'en ce qui concerne l'hygiène, l'absence du dispensaire soit une lacune que nous devons combler » justifient les conseillers municipaux dans leur délibération du 30 juillet. Plus de 2 000 consultations gratuites sont recensées par an.







1930

Papier en-tête de l'Union locale de la CGT siégeant à la Maison du peuple et faisant apparaitre les multiples activités proposées en 1930. Archives de Rennes, 1 M 209.

Développement des activités socio-culturelles

Une troupe de théâtre, une chorale, soutenue par le syndicat des musiciens et un cinéma du peuple sont les activités culturelles fortes proposées dans la Maison du peuple. Jusque dans les années trente, elle accueille aussi des conférences, des débats, des spectacles scolaires, amateurs...













1933

Publicités pour des cinémas rennais, dont Le Carillon dans L'Ouest-Éclair du 18 janvier 1938, Gallica - BnF.

Cinéma à l'affiche

Lors de la construction de la Maison du peuple, Emmanuel Le Ray a porté une attention particulière à réaliser une cabine de projection de cinéma répondant aux normes de sécurité. Dès 1925, les syndicats organisent des séances deux fois par semaine. Après 1933, sa gestion est confiée à des exploitants successifs. Le Carillon prend alors toute sa place dans le paysage cinématographique rennais. Il change de nom en 1942 pour Le Celtic ; il est classé dans la catégorie art et essai, et cinéma militant.













1936

Le Front populaire

L'Ouest-Éclair du 19 juin 1936, Gallica - BnF.

En 1936, le mouvement de revendications de la classe ouvrière a gagné Rennes : Prisunic, les chemiseries Strauss, le bâtiment, l’Economique, les Nouvelles Galeries… Même dans les entreprises habituellement peu touchées par le mouvement syndical, des grèves sont déclenchées. La Maison du peuple est au cœur du mouvement. Elle voit affluer les ouvriers. Les cahiers de revendications y sont rédigés et de grandes réunions syndicales s’y déroulent. Quand certains conflits se prolongent d’autres, sont rapidement réglés. Les avancées sociales sont spectaculaires comme la semaine de 40 heures et le droit à deux semaines

de congés payés pour tous les salariés.

1938

L'Ouest-Éclair du 4 juillet 1938, Gallica - BnF.

Agrandissement de la Maison du peuple

Demande auprès du maire de Rennes de l'Union locale des confédérés de Rennes pour l'agrandissement de la Maison du peuple, 1930. Archives de Rennes, 1 M 211.

Un bâtiment en prolongement de la salle des fêtes et un autre en bordure de la rue Saint-Louis sont construits sur les plan de l'architecte Yves Le Moine. Les nouveaux locaux, essentiellement à usage de bureaux, sont inaugurés le 3 juillet, en présence de Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT. Une grande fête populaire est organisée au parc du Thabor.

















1964

Des activités foisonnantes

A partir de 1964, la Ville récupère sa gestion et en fait une « maison commune servant à toutes les associations. » Les agendas de location des salles, de l’époque, attestent de son caractère polyvalent : club des

joyeux loisirs, Union des vieux de France, Témoins de Jéhovah…

1965

Du café théâtre à la Comédie de l'Ouest

En 1946, la salle de réunion est aménagée en café théâtre. Y sont programmées les fameuses tournées Barrett, le Théâtre populaire de Bretagne, et surtout, de 1965 à 1968, la Comédie de l’Ouest, actrice importante de l’activité théâtrale. La municipalité, souhaitant accroître le dynamisme culturel de la ville, met la salle à disposition de l’association la Maison de la culture, en attendant son installation dans le nouveau bâtiment rue Saint-Hélier. La Maison du peuple est en 1965 officiellement rebaptisée salle de la Cité. Voir la vidéo « Ouverture de la Maison de la Culture de Rennes »

1974

L'affiche du documentaire Histoires d'A, collection M. Issartel.

Les luttes sociales continuent

En plus d'être toujours le siège social de l'Union départementale de la CGT, la salle de la Cité est le théâtre d'évènements sociaux importants pour la ville de Rennes, à l'instar de la projection, illégale, du documentaire Histoires d'A, réalisé par Marielle Issartel et Charles Belmont le 17 avril 1974. Cette projection marque un moment symbolique dans les luttes féministes rennaises pour la libéralisation de l'avortement.

Papier à en-tête de la CGT, 1972. Archives de Rennes, 41 Z 284.













1974

Affiche du concert de PNP organisé par Opaline, 1974. Archives de Rennes, 1482 W 32.

De nouveaux usages culturels

Facilité par le départ de la Comédie de l'Ouest, la salle de la Cité, devient un lieu culturel où se croisent le spectacle vivant, la musique, les arts plastiques… et qui entend toucher tous les publics. Elle est la première du genre à Rennes.
L’émergence de la musique actuelle et l’organisation de concerts engendrent parfois des débordements, notamment lors de l'organisation de ce concert le mardi 5 mars 1974, organisé par Opaline.




1979

Le berceau des Trans Musicales

Affiche de la première édition des Trans Musicales réalisée par Pierre Fablet, 1979. Coll. ATM.

Les 14 et 15 juin 1979 marquent la première édition des Trans Musicales, organisée par l'association Terrapin, festival de musiques actuelles à la renommée bientôt internationale. Voir la programmation 1979




1986

Affiche des 8e Rencontres des Trans Musicales réalisée par Paul Antonietti. Archives de Rennes, 9 Fi 16.

La salle de la Cité devient le lieu de la musique actuelle

L'association Terrapin devient l'association des Trans Musicales en 1985. Le festival prend alors une envergure internationale et se produit dans divers lieux à Rennes (UBU, salle omnisports,...). La salle de la Cité reste toujours au cœur de la programmation de ce festival et demeure un lieu incontournable pour les nouvelles formes d'expression musicale, pouvant accueillir 1 200 personnes lors des concerts. Voir la programmation 1986



1997

Une re-découverte

La réapparition de la fresque de Camille Godet s'est déroulée dans des circonstances mal éclaircies à ce jour. La version plus insolite relate un décollement des plaques qui recouvraient la fresque dans l'atmosphère humide et étouffante de la salle bondée d'un concert des Berruriers noirs en 1986. Restaurée et valorisée en 1994, elle est classée monument historique le 6 mai 1997. Voir la vidéo « Les fresques cachées de la salle de la Cité » (01:07 mn - 15 septembre 1994)

1998

Page de titre d'un rapport réalisé par l'association des Trans Musicales sur le devenir de la salle de la Cité, 1998. Archives de Rennes, 1769 W 11.

Un avenir incertain

L’organisation de concerts décline progressivement : l’interdiction de vente d’alcool et la non-conformité de la salle y contribuent, ainsi qu'une cohabitation parfois difficile avec les activités syndicales de la CGT.

En 1998, l'association des Trans Musicales propose un projet de transformation du lieu en pôle de "Musique Actuelle" qui consacrerait la place emblématique de la Salle de la Cité dans la vie culturelle et musicale de Rennes.

Ce projet de restructuration un temps soutenu par la municipalité ne verra toutefois pas le jour.











2013

Destruction de la Maison du peuple

La Salle de la Cite en travaux - Février en 2013

L'Union départementale de la CGT, dernier occupant, quitte la Maison du peuple en 2011.

Le bâtiment que l'Union occupait est démoli en janvier/février 2013 pour faire place à un projet de maison de quartier et d'une crèche.

Cette rénovation s'inscrit dans un contexte plus large qui verra la transformation de tout le quartier englobant la Place Sainte-Anne avec la transformation du couvent des Jacobins et l'arrivée de la seconde ligne de métro à l'horizon 2020.





2014

Réouverture de la salle de la Cité

L'activité culturelle et sociale reprend mais plus en soirée. Un projet de valorisation de la fresque de Camille Godet [2] est en cours.

2016

Première occupation des lieux lors de la contestation de la loi Travail

Occupation de a Salle de la Cite en travaux - 14 mai 2016

En 2016, lors du mouvement contre la loi Travail (loi El Khomri), la salle de la Cité est occupée à deux reprises pendant par de nombreux militants et de nouveau baptisée « Maison du Peuple » qui visent à en faire « le point de fixation de la convergence des luttes » selon leur porte-parole .

La première occupation a lieu le 1er mai 2016 [3]. Ce jour-là, un groupe d'environ 500 manifestants, après avoir occupé brièvement le cinéma Gaumont, ils s’étaient dirigés vers la salle de la rue Saint-Louis, où devait se tenir, déjà, un rendez-vous intersyndical qui fut finalement annulé.

La Ville de Rennes - propriétaire des lieux - et la Préfecture renonçaient à envoyer les forces de l’ordre. La mairie proposait plutôt une « convention d’occupation » pour une semaine… Cette occupation durera 15 jours, rythmés par des assemblées générales, des débats, des concerts... et des ateliers de confection de banderoles pour les manifestations toujours en cours contre le loi Travail.

Lieu devenu incontrôlé selon les autorités, l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer la salle est décidée. À 6 h du matin le vendredi 13 mai, l'opération commence : la police aidé des pompiers venus avec une nacelle pour évacuer les derniers irréductibles réfugiés sur le toit... et une unité du RAID Wikipedia-logo-v2.svg...

Seconde occupation des lieux lors de la contestation de la loi Travail

Une seconde intrusion a lieu deux semaine plus tard le 27 mai [4]. Cette seconde occupation cependant ne durera que deux nuits et une journée jusqu'à l'intervention d'envergure des forces de l'ordre le 29 mai.

Elle s’était soldée par de nombreuses dégradations malgré une convention d’occupation temporaire signée avec Solidaires 35 et une procédure judiciaire avait été lancée par la Ville de Rennes. Après une longue bataille devant le tribunal administratif, le syndicat était finalement condamné en 2018 à payer une amende 6600 €.

2020

Fin de la rénovation et reprise des activités

Fin 2020, après une rénovation qui a coûté 1,7 million d'euros, elle est désormais prête pour reprendre ses activités[5].

La « Salle de la Cité » rénovée en février 2021

2023

Nouvelle occupation des lieux lors de la contestation de la Réforme des retraites

L'histoire se répète... Le mercredi 08 février 2023 en début de soirée, un groupe de manifestants est venu interrompre un meeting de la Nupes[6] en réaction au projet de réforme des retraites en cours et en profite pour prendre possession des lieux [7].

Cette fois-ci, comme il fallait s'y attendre, les occupants seront évacués dès le lendemain matin : 26 personnes sont interpellés dont six mineurs - pour certains des lycéens qui étaient venus soutenir la mobilisation étudiante - et d'autres désignés comme appartenant à la mouvance d'ultra-gauche.

Dans un communiqué officiel, différentes forces politiques ont déclaré :

« Nous condamnons l’occupation et les dégradations déjà commises à la salle de la Cité et expliquent "regretter" ce mode d’action qui ne permet pas de convaincre davantage de personnes et d’élargir la mobilisation contre la réforme des retraites. »

Nathalie Appéré, maire de la ville de Rennes déclarera après l'évacuation du jeudi 09 février 2023 :

« La salle de la Cité est un élément majeur du patrimoine et de l'histoire de notre ville. Elle venait de retrouver tout son lustre, après d'importants travaux de rénovation. Aujourd'hui, c'est un sentiment de colère qui domine. »

Références et articles cités