Marguerite Cochard (1833-1898)

Marguerite Cochard est une ménagère blanchisseuse et lavandière née le 9 février 1833 et décédée le 12 février 1898, source d'inspiration artistique au XXe et XXe siècle pour scénariser la faune et la flore des rivières et des marais, à l'image de la dolomède des marais, une araignée rennaise capable de marcher sur l'eau.

Les Blanchisseuses (Degas)
Ancien lavoir de Chézy, menaçant ruine au bord de l'Ille

Il est le mère de Jean Baptiste Chanvril (1861-1917), fondateur de la Maison Chanvril qui fut une importante demeure de marchands de toiles située dans le centre historique de Rennes.

Et grand-mère de Marguerite Chanvril, orpheline à 16 ans et co-fondatrice des Industries Probiomer et du syndical avicole des oeufs extra-frais datés du premier jour vendus jusqu'aux halles de Paris, La Belle Poule.

La fin de sa vie est marquée par l'âge d'or des impressionnistes. Vers 1870-1872, Edgar Degas réalise une huile sur toile de petit format représentant deux visages féminins tournés l'un vers l'autre, le regard vers le bas. L'une des figures se tenant le menton et la coiffe de l'autre pouvant être comprise comme un bandage, elle a pu être interprétée comme le portrait de deux lavandières victimes de douleurs à la bouche et elle figure ainsi dans le catalogue raisonné de l'œuvre de l'artiste dressé par Paul-André Lemoisne.

A la fin du XXe et au début du XXIe siècles, la faune et la flore des marais et rivières réapparaissent comme une source d'inspiration pour différents artistes contemporains : Veronica Ryan (Arrangement in Layer, Stacking Up Moments, 2016-19, oeuvre exposée au Tate Modern de Londres[1]), Louise Bourgeois et Alice Aycock à la Hayward Gallery[2] mais aussi Barbara Hepworth.

Interprétation dans les arts au XXe et XXIe siècles

Serpentine Arts Technologies, modèle de métamorphose d'un lac artificiel de onze hectares situé à Hyde Park à Londres en Angleterre

 
"Maman", araignée de Louise Bourgeois - Bilbao
 
Serpentine Gallery Pavilion 2013
 
Maman, de Louise Bourgeois, devant le Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa

Future Art Ecosystems[3] est un projet visant à construire une infrastructure culturelle du XXIe siècle. Il est possible d'y participer en rejoignant un groupe Telegram, en participant à différents appels communautaires et en s'abonnant à la newsletter « art x advanced tech »[4].

Dans ce cadre, des recherches se sont concentrées sur la R&D créative, un format unique qui intègre l'expérimentation artistique, l'innovation technologique et les collaborations intersectorielles. Plus de 60 artistes, technologues, chercheurs et dirigeants d'organisations issus des secteurs de la culture, de la technologie ont été consultés. Leurs contributions ont permis d'élaborer un argumentaire expliquant pourquoi et comment le travail de R&D créative doit être amplifié et soutenu[5].

L'inspiration de Louise Bourgeois, plasticienne française installée à New York

Les insignes de chevalier de la Légion d'honneur lui sont remis le 21 septembre 2008 à New York par Nicolas Sarkozy, président de la République française, en présence de Carla Bruni et Jack Lang.

"Maman"[6] représente une araignée monumentale, d'environ 10 m de hauteur pour autant de large. Son abdomen et son thorax sont, dans la plupart des versions, en bronze. Sous son corps, elle comporte un sac contenant vingt-six œufs en marbre. Les extrémités des huit pattes de l'araignée sont les seuls points de contact de la sculpture avec le sol, et les pattes s'élancent ensuite presque à la verticale, avant d'obliquer sous l'horizontale pour rejoindre le reste du corps de l'animal. Les visiteurs peuvent entrer dans l'œuvre car celle-ci est publique et ouverte.

La sculpture est commandée à Louise Bourgeois pour sa participation inaugurale aux Unilever Series en 1999, et exposée dans le vaste Turbine Hall de la Tate Modern à Londres, Royaume-Uni.

L'artiste a réalisé plusieurs sculptures d'araignées : cet animal occupe une place importante dans l'œuvre de Louise Bourgeois dans les années 1990.

Maman reprend le thème de l'araignée que Bourgeois avait déjà contemplé dans un petit dessin à l'encre et au charbon en 1947.

"Maman" une référence à la force de la mère de Bourgeois qui inclut des métaphores de filage, tissage, soin et protection

L'œuvre fait référence à la force de la mère de Bourgeois et inclut des métaphores de filage, tissage, soin et protection. La mère de Louise Bourgeois, Joséphine Bourgeois, réparait des tapisseries dans l'atelier de restauration textile de son mari à Paris. Louise Bourgeois a perdu sa mère à 21 ans et, quelques jours plus tard, a tenté de mettre fin à ses jours en se jetant dans la Bièvre devant son père (qui l'a secourue). Selon les propres termes de l'artiste : « L'araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Comme une araignée, ma mère était une tisserande. Ma famille était dans le métier de la restauration de tapisserie et ma mère avait la charge de l'atelier. Comme les araignées, ma mère était très intelligente. Les araignées sont des présences amicales qui dévorent les moustiques. Nous savons que les moustiques propagent les maladies et sont donc indésirables. Par conséquent, les araignées sont bénéfiques et protectrices, comme ma mère. »

L'association du titre Maman avec la représentation d'une araignée

L'association du titre Maman avec la représentation d'une araignée peut sembler contradictoire : le mot « maman » évoque la douceur, la protection, la tendresse, la bienveillance alors que la structure en métal ainsi que la couleur sombre de la sculpture renvoient une image de froideur et de dureté. La hauteur gigantesque de la statue s'oppose également à la figure traditionnelle de la mère.

L'araignée est aussi un animal utile, puisqu'elle dévore les moustiques et les insectes nuisibles

Dans l'imaginaire collectif, l'araignée est perçue comme un animal laid, dangereux, monstrueux et prédateur. Elle provoque des phobies chez de nombreuses personnes. En réalité, l'araignée est aussi un animal utile, puisqu'elle dévore les moustiques et les insectes nuisibles. Les pattes sont graciles et semblent posées en équilibre : elles montrent la vulnérabilité du sujet représenté.

Les pattes de l'animal peuvent faire penser à des arcs gothiques et évoquent chez le spectateur une cage ou un terrier protégeant le sac rempli d'œufs.

Métaphore de la dolomède des marais, une maman attentive capable de marcher sur l'eau

La dolomède des marais est assez répandue en France et en Europe mais elle se raréfie du fait de la disparition de son biotope : les marécages où l’eau reste en permanence[7].

Biotope de la dolomède des marais dans le pays de Rennes

Cette espèce est très répandue en France, de nos jours rare à de nombreux autres endroits, elle vit exclusivement sur les rives d’eaux stagnantes ou à courant où l’écoulement est laminaire. On peut voir les araignées adultes généralement de mai à août.

L’espèce colonise des milieux humides variés avec de l’eau libre au moins au printemps pour la reproduction et parfois un couvert forestier, mais les jeunes peuvent s’éloigner de ces milieux d’origine.

Que mange la dolomède des marais ?

Araignée-pêcheuse, la dolomède des marais reste normalement à proximité immédiate de l’eau. Elle est capable de marcher sur l’eau et de plonger.

La dolomède chasse des proies terrestres telles des odonates, des diptères ou d’autres insectes et aussi des proies aquatiques, telles des petits poissons, de petits batraciens, des têtards ou de jeunes tritons. Ses proies sont parfois bien plus grandes qu’elle.

Elle détecte ses proies aquatiques en restant à la surface de l’eau et n’hésite pas à pénétrer dans l’eau pour les capturer. Elle peut aussi s’y réfugier en cas de danger. L’araignée peut s’immerger dans l’eau sans se noyer.

Reproduction de la dolomède des marais

Vers la fin du printemps le mâle parade longuement en bougeant les pattes antérieures devant la femelle jusqu’à ce qu’elle accepte l’accouplement. Deux à trois semaines après l’accouplement, la femelle commence à tisser des cocons verdâtres jusqu’à la quatrième semaine dans lesquels elle entoure les œufs. Elle porte les cocons avec elle pendant quelques semaines et les installe dans une toile pouponnière lorsque les jeunes araignées sont prêtes à éclore. Les jeunes restent quelques jours dans la pouponnière. Les araignées enfants sont surveillées avec soin par leur mère durant leurs premières semaines de vie. Elles se dispersent ensuite dans les milieux proches, parfois assez haut dans la végétation, où elles commencent à chasser.

Elles n’atteignent leur maturité sexuelle qu’au bout de deux ans.

Divers biologie

La dolomède, ou araignée radeau, possède la capacité de « marcher » sur l’eau (comme de nombreuses araignées). En effet, la résultante de la force de la cohésion de l’eau (l’ensemble des liaisons hydrogène établies entre les molécules permet cette cohésion) est supérieure à la force appliquée par l’araignée sur la surface de l’eau.

Elle court ainsi sur l’eau, plonge pour la fuite ou la capture des proies, tout en restant attachée à la végétation semi-submergée (tapis flottants, petits hélophytes, sphaignes) par les pattes arrières.

Lavoir du boulevard de Chézy : dernier héritage des blanchisseuses lavandières

 
Laveuses au bord du canal ( en arrière, le clocher de l'église du vieux Saint-Etienne

Ce lavoir est le témoin des bâtiments construits à façon en matériaux durables dans la tradition du bâti de pays de l'époque (Murs en terre - charpente bois). Ils permettent d'être à l'abri des intempéries et offrent un plus avec des équipements tels que des chaudières à bois, indispensables pour qui veut faire bouillir son linge à l'eau de javel ainsi que de multiples accessoires.

Un construction qui remonte à 1880

Construit en 1880, l’ouvrage appartenait à la famille Briand. Il est constitué de deux étages. Au rez-de-chaussée, les blanchisseuses s’installaient sur une marche au bord de l’eau avec battoirs, planches à laver, brosses et savon, et elles étendaient leur linge sur des fils, à l'étage sous le toit d'ardoises. Le lavoir est composé de 2 niveaux : le premier pour le lavage avec des degrés donnant accès à l'eau, le second pour le séchage. Cet arrivoir est le dernier représentant, sur l'Ille, des nombreux lavoirs installés dans ce quartier au 19e siècle et 20e siècle. L'îlot, en aval du pont Saint-Martin, ne fut aménagé que dans la seconde moitié du 19e siècle.

Les propriétaires louent les emplacements et proposent différents services. Le lavoir accueille les employées des blanchisseries, des laveuses indépendantes qui travaillent "au paquet" et des ménagères. La location de l'emplacement sur la contremarche est obligatoire, que ce soit à la demi-journée, à la journée ou plus; son prix s'établissait dans les années 1930 entre 0,50F et 1,25F. Moyennant paiement, il était aussi possible de disposer de planches à laver, des boîtes à laver (les laveuses s'y agenouillent pour se protéger de l'eau), des brosses, de la lessive, de l'eau de javel, du savon et finalement un métrage sur le fil à linge pour le séchage. Trois foyers de briques contenant les chaudières en fonte étaient encore visibles jusqu'à il y a peu.

Les exploitants proposaient dans l'atelier perpendiculaire, les équipements et instruments nécessaires au blanchissage et au repassage car l'ensemble de ces tâches forment un tout. Il conserve encore les foyers qui alimentaient les chaudières où l'on bouillait l'eau. La blanchisserie Briand est attenante au lavoir. Chez les Briand, un atelier de fabrication d'ustensiles en bois (baquets cerclés, épingles à linge) vient en complément et fournit du travail aux hommes de la famille. Avant sa mort, en 1919, M. Briand est à la tête d'une quinzaine d'ouvriers. Pour conserver ou augmenter leur clientèle, toutes ces entreprises artisanales comptent sur leur réputation : linge livré propre et sans pertes ou dommages d'aucune sorte. On aime également citer les clients prestigieux. La fréquentation connaît des pointes en hiver et au printemps.

Un lavoir et des laveuses

« Les laveuses du quai d'Ille-et-Rance - Êtes-vous passés, chers lecteurs, le long de ce beau canal ombragé, qui n'a qu'un défaut, c'est de côtoyer une eau noire et bourbeuse ? Si oui, vous n'avez pas été sans jeter un coup d'œil sur les laveuses qui, près du pont Legraverend, s'installent tous les jours à laver leur linge à côté de chaudières fantastiques, qui ont l'air de préparer des philtres magiques.

A vrai dire, ces laveuses - elles nous permettront de le dire sans méchanceté - ont-elles mêmes l'air de jouer leur rôle dans une comédie de sorcellerie. Les jupes retroussées jusqu'à la taille, les jambes serrées dans des guêtres de cuir, la tête protégée par un chapeau de paille aux larges bords, elles sont effrayantes à voir. Et quand leur battoir, en gestes rythmés, tombe sur le linge étendu le long de la vieille rivière, on croit voir une de ces lavandières chantées par Botrel, ces lavandières, qui tout en accomplissant leur besogne répandent autour d'elles des maléfices.

Je suis resté hier longtemps à les regarder, sans mauvaise pensée à leur égard, et je me suis attiré au bout de quelques minutes d'étranges invectives. Si elles avaient pu sauter le fossé qui me séparait d'elles, il est probable que j'eusse été forcé de défendre ma vie. Je me suis retiré, mais l'une d'elles a eu le temps de me jeter un de ces regards terribles venant de ce que nos ancêtres appelaient le mauvais œil. Et je tremble de rater ma chronique. C'est terrible « le mauvais œil » à notre époque de superstitions, de calculs astrologiques, de somnambules et de spirites. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 9 janvier 1902 • Recueilli par Manu35 • 2018licence