Radio Rennes - Bretagne
Après l'armistice du 22 juin 1940, les émetteurs de Rennes (Thourie et Alma) passèrent sous contrôle allemand. Radio Rennes -PTT (Ondes Moyennes : 288,6 m - 120 kW)
cesse ses émissions 5 juillet conformément à la convention d'armistice mais diffusa A partir du 1er novembre 1940, Radio Rennes reprend des émissions locales en décrochage de Radio Paris. Ce sera la seule station régionale autorisée dans la zone Nord, mais sous contrôle des Allemands. L'émetteur de Rennes Thourie fut le seul en zone occupée à obtenir un décrochage régional pour des émissions spécifiques. Les Rennais purent en écouter la première diffusion le 1er novembre 1940, sur onde moyenne 288 m.
Ils écoutaient aussi Radio-Paris que Pierre Dac, sur les ondes de la BBC - que les Rennais écoutaient, poste de T.S.F. en sourdine - stigmatisera en chantant ("Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand...") mais ils auront droit, le 1er juin 1941 à la causerie du Dr Friedrich, alias Sonderführer Dambmann, qui portera sur "L'Angleterre et l'Europe" et fustigera, pendant un quart d'heure, le refus de l'Angleterre d'intégrer la Nouvelle Europe et de vouloir la Révolution socialiste, les deux bien sûr à la sauce nazie.
Les principaux mouvements autonomistes bretons de l'époque, nourrissant un fort sentiment anti français, antijuif et antianglais, leurs idées en phase avec celles du national socialisme servaient la propagande nazie. Leo Weisgerber, professeur de linguistique en Allemagne et spécialiste des langues celtes, fut chargé de diriger Radio Rennes Bretagne, entouré de François Elies (Abeozen) et Louis Nemo (Roparz Hemon), qui pouvaient ainsi s'exprimer enfin en breton à la radio où cette langue avait été totalement absente.
Roparz Hemon fut l'animateur de cette antenne où l'on parlera breton mais aussi français. Pour la première fois la langue bretonne pouvait être régulièrement entendue à la radio, les œuvres des auteurs dramatiques et compositeurs bretons, gallois et irlandais les plus célèbres purent être diffusées. Leo Weisgerber favorise ensuite la création de l’Institut celtique dont Roparz Hemon devient le directeur. Hemon parut se situer plutôt sur un plan culturel et intellectuel que politique mais il s'avéra qu'il était immatriculé SR 780 au Sicherheitsdienst de Rennes (Gestapo) : "S" pour Sicherheit, et "R" pour Rennes.[1] Il quittera Rennes pour l'Allemagne en août 1944. Lorsque l'Allemagne sera à son tour envahie, il sera livré aux Français et condamné à l'indignité nationale pour collaboration. Il terminera sa vie en exil à Dublin.
Les installations et émetteurs de Rennes Bretagne furent détruits par les Allemands avant leur départ[2].