Rue Joséphine Baker

La rue Joséphine Baker est située dans le quartier Francisco-Ferrer – Landry - Poterie. Elle est axée sud-ouest - nord-est, partant de la rive est de l'avenue Georges-Henri Rivière et aboutissant sur la rive ouest de l'avenue du Haut Sancé. Elle a été ainsi nommée par délibération du 29 mars 2021 prise par le conseil municipal de la Ville de Rennes.

La Ville de Rennes a voulu rendre hommage à

Joséphine Baker

(1906 - 1975)

Chanteuse et meneuse de revue, grande artiste américaine du 20e siècle qui fut aussi une résistante en France. Elle est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021.

 
Josephine Baker 1950

Une jeunesse américaine difficile

Freda, Joséphine Mac Donald est née le 3 juin 1906, à Saint-Louis, dans l'État du Missouri, aux États-Unis. Sa mère Carrie Mac Donald est une danseuse métisse noir amérindienne et son père Eddie Carson est un musicien de rue, d'origines espagnoles, ensemble ils ont monté un numéro de chant et de danse. Eddie abandonne sa famille alors de Freda dite Joséphine n'a qu'un an. Sa mère, Carrie Mac Donald se remarie à un ouvrier et va avoir trois autres enfants qu'elle élève avec sévérité. Vivant dans la plus grande pauvreté, dans des logements insalubres, la mère fait des lessives pour faire vivre sa famille.

À 8 ans, Joséphine alterne école et travail de domestique dans une famille blanche aisée. Dès son plus jeune âge, elle apprend à danser à l'école de la rue. Dès 10 ans, elle remporte un concours de danse en réalisant des chorégraphies à la mode dans le milieu du jazz. À 13 ans, elle connait de nombreux pas de danse et particulièrement la "danses des jambes en caoutchouc", qu'elle continuera à danser plus tard. En 1920, Joséphine est mariée à Willie Wells, un ouvrier fondeur désargenté. Très rapidement, elle s'enfuit et divorce. Elle rejoint un trio de musiciens de rues, dans Saint-Louis, qui est ensuite engagé dans une troupe en tournée, afin d'animer les entractes. Joséphine monte pour la première fois sur une scène. Mais en raison de son âge et de sa maigreur, le directeur l'emploi comme habilleuse.

Lors d'un passage de la troupe à Philadelphie, elle rencontre un garçon qui travaille chez Pullman, William Howard Baker, avec qui elle se marie pour la seconde fois. Dans une salle de Philadelphie, elle remplace sur scène une danseuse blessée et elle joue d'une manière comique. Elle est une fois de plus remarquée, particulièrement par les créateurs de spectacles Eubie Blake et Noble Sissle mais son âge reste toujours un obstacle. Joséphine Baker   décide d'aller tenter sa chance à New-York. Elle obtient une place, mais là encore d'habilleuse. Elle assiste à tous les spectacles et connait par cœur toutes les chansons et les danses. Si bien que lorsqu'une des filles de la troupe tombe malade, c'est elle qui est toute désignée pour la remplacer. Sur scène, elle est déchainée, elle louche, elle grimace et fait rire le publique. Sa prestation est remarquée Sissle et Blake lui donnent sa chance et elle finit par faire son numéro toute seule. À l'été 1922, elle part avec la troupe pour une tournée à travers l'Amérique. Désormais, elle gagne bien sa vie. En 1923, elle divorce et garde le nom de Baker. Et en 1924, elle intègre le nouveau spectacle de Sissle et Blake "The Chocolate Dandies", puis elle se produit dans un cabaret à Broadway.

Une consécration parisienne

À Paris, le Théâtre des Champs Élysées qui a été inauguré en 1912 est en grandes difficultés. Il faut trouver un spectacle différent. Suite à une exposition d'art nègre au Musée des Arts Décoratifs   on propose aux nouveaux propriétaires d'y présenter un spectacle uniquement avec des Noirs. Une Américaine de passage à Paris, qui a eu l'occasion de voir des spectacles dans son pays, où on danse le charleston, qui n'est alors pas connue en France. Elle se propose d'aller faire un recrutement aux États-Unis. Le 22 septembre 1925, une troupe de vingt-cinq artistes noirs arrivent au port de Cherbourg. Parmi eux se trouvent Joséphine Baker et un certain Sidney Bechet  . Le 2 octobre 1925, le tout Paris est là pour assister à la première de "la Revue Nègre". Elle devient l'évènement artistique de l'année, même si pour certains c'est un scandale. La France découvre le Jazz et la musique noire. Joséphine de son côté est conquise par la France et surtout par Paris.

Après une centaine de spectacles en France et une tournée à l'étranger, Joséphine Baker entre au Théâtre des Folies Bergères où elle a obtenu un premier rôle. Elle engage comme secrétaire un certain Georges Simenon  , avec qui elle a une relation. Dans les années 1930, elle se consacre tout particulièrement à la chanson et va conquérir le tout Paris avec sa chanson "J'ai deux amours", composée par Vincent Scotto  . Maintenant qu'elle est riche, Joséphine n'oublie pas d'où elle vient et fait preuve d'une grande générosité, particulièrement en faisant des dons à des œuvres caritatives, aux hôpitaux, aux écoles et aux enfants. Elle ouvre son propre cabaret, "Chez Joséphine". Elle est très convoitée, fréquente des personnalités, pose pour Picasso... Des rôles lui sont proposés au cinéma, dont un avec Jean Gabin. En Novembre 1937, elle obtient la nationalité française en épousant, à Crèvecœur-le-Grand (Oise), le jeune raffineur Jean Lion. Le couple s'installe au château des Milandes en Dordogne. Mais ils divorcent en 1938.

Artiste engagée

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker est contactée par le Service des renseignements de l'Armée Française, le 2e Bureau, qui souhaite recruter des personnes dont leur profession permette de se déplacer librement et de pouvoir récolter des informations. Avec Maurice Chevalier  , elle va chanter sur la ligne Maginot   pour soutenir le moral des troupes. Devenue agent de renseignement et plus particulièrement espionne, chaque soir, elle côtoie des chefs d'État, des ministres, des diplomates auprès de qui elle récolte de précieux renseignements. Auprès de l'attaché militaire italien, elle obtient des informations sur les interventions de Mussolini. Elle fait de même auprès de l'ambassadeur du Japon. Dans le château des Milandes, elle accueille réfugiés, aviateurs, résistants… Elle y fait installer un puissant récepteur radio dans la grosse tour du château.

Afin de pouvoir passer des frontières sans difficultés, Jacques Abtey, un chef des renseignements, devient "secrétaire" de Joséphine Baker et la suit dans ses déplacements. Elle transporte des renseignements secrets en les inscrivant à l'encre sympathique (invisible) sur ses partitions. En juin 1941, Joséphine tombe gravement malade, à Casablanca et est hospitalisée jusqu'à la fin 1942. À sa sortie, elle reprend les tournées et devient même un objet de propagande pour la cause du général de Gaulle, qu'elle rencontre à Alger au printemps 1943. En mai 1943, Joséphine Baker signe un contrat d'engagement dans l'armée de l'Air française et devient sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires.

Après la libération de Paris, en août 1944, elle revient en France. Elle se déplace vêtue de son uniforme et poursuivie par les journalistes. Elle va désormais donner des spectacles pour l'armée et dans les hôpitaux. Comme chef d'orchestre elle a pris Jo Bouillon. En 1946, elle retombe malade et c'est sur son lit d'hôpital que le gendre du général de Gaulle, le colonel de Boissieu l'a décore de la croix de la Résistance.

Elle achète le château des Milandes et décide de rénover ce bâtiment du XVe siècle. En 1947, elle épouse son chef d'orchestre, Jo Bouillon. Elle va mettre en œuvre un projet qui lui tient à cœur, adopter des enfants de races et de nationalités différentes. Elle va adopter onze enfants de toutes origines et qu'elle appelle sa "tribu arc-en-ciel". En 1957, le couple divorce. Pour financer ses projets, elle refait des spectacles en France et à l'étranger, tout particulièrement aux États-Unis. Où contrairement à plusieurs tentatives précédentes elle a du succès, mais elle est victime des ségrégations raciales. En 1963, Joséphine Baker retourne au États-Unis pour soutenir le mouvement des droits civiques de Martin Luther King et participe à la Marche sur Washington. Elle y prononce un discours, revêtue de son uniforme orné de ses décorations.

En juin 1964, Joséphine Baker est ruinée et poursuivit par le fisc, le château des Milandes, doit-être vendu aux enchères. Brigitte Bardot émue par cette situation lance un appel aux Français mais finalement en 1968, le château est vendu, un dixième de sa valeur. Joséphine Baker est de nouveau hospitalisée quelques temps. Jean-Claude Brialy   vient à son secours et lui propose de se produire dans son cabaret.

La princesse Grace de Monaco   amie et compatriote de la chanteuse lui offre un logement à Roquebrune pour le reste de sa vie. Régulièrement, Joséphine Baker est invitée à Monaco où elle participe à des spectacles de charité.

En mars 1975, elle remonte sur scène à l'Olympia et fait une petite tournée en Europe. Au lendemain d'une représentation, dans son appartement parisien, le 10 avril 1975, Joséphine Baker est victime d'une attaque cérébrale. Transportée dans le coma à l'hôpital, elle décède le 12 avril 1975, à l'âge de 68 ans. Lors de ses funérailles, elle reçoit les honneurs militaires et après une cérémonie à l'église de la Madeleine, à Paris, Joséphine Baker est inhumée au cimetière de Monaco.

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Quartier 7 : Francisco Ferrer – Landry – Poterie