Rue du Champ Dolent

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La rue du Champ Dolent est une toute petite rue coudée, en prolongement de la rue de la Parcheminerie, entre la rue Jean-Denis Lanjuinais et la rue Poullain Duparc, avec des degrés pour la liaison. Elle est le tronçon restant de cette rue alors beaucoup plus longue mais démolie dans les années 50 du 19e siècle, lors de l'établissement de voies nouvelles entre les nouveaux quais et l'ancienne promenade des remparts devenue boulevard de la Liberté. À son extrémité se trouvait une tour et une porte éponymes donnant sur un bras du fleuve, là où aboutit la rue Poullain-Duparc à la place de Bretagne.

Le plan de Rennes en 1842, quelques années avant le congrès scientifique de France tenu à Rennes[1]

Elle franchissait le ruisseau de Brecé et les immeubles, côté nord, avaient les pieds dans l'eau du ruisseau de Joculé. Elle est mentionnée dès le début du 12e siècle avec ce nom qui provient de sa destination : quartier de la corporation des bouchers et "chaircutiers", on y a tué les animaux destinés aux halles et marchés de la ville jusqu'en 1855, année d'ouverture d'un abattoir public, d'où ce qualificatif de "dolent" : plaintif, car y retentissaient les cris des bêtes destinées à la boucherie [2]. Lors des abattages, on y tendait des chaînes aux deux extrémités, par mesure de précaution[3].

En 1904, de vieux Rennais se souvenaient que le vendredi, jour de la tuerie, les barrières en bois placées aux deux extrémités du Champ-Dolent étaient fermées et que seules pouvaient pénétrer les familles des bouchers. Les animaux étaient étendus, immolés par le couteau, lavés dans le ruisseau qui coulait au milieu et, dépecés, étaient suspendus aux devantures des maisons[4].

Lors du 16e congrès scientifique de France, tenu à Rennes en septembre 1849, M. Toulmouche,* dans le cadre d'un tableau terrifiant de l'hygiène et de la mortalité à Rennes, s'attache plus particulièrement à l'état de cette rue qu'il nomme "rue de la Boucherie", surnom qui devait lui être donné par les Rennais à l'époque. On lit dans sa communication du 4 septembre intitulée: "La canalisation des rivières dans l'intérieur des villes et l'ouverture de rues plus spacieuses ont-elles une influence marquée sur la santé et sur le chiffre de la mortalité des habitants ?"

"... pour celle de la Boucherie, il se joint à son vice de niveau, beaucoup trop bas par rapport à celui des eaux de la Vilaine, les inconvénients résultants de séjour d'une partie du sang des animaux qu'on y tue, de leurs excréments et des eaux qui ont servi à laver leurs intestins, dans les interstices d'un pavé en très-mauvais état. Ces matières s'y putréfient, en partie, surtout pendant l'été, et répandent dans l'air une odeur infecte. Il faut aussi noter l'existence dans cette rue et dans celle de la Parcheminerie, qui est très-voisine, d'un assez grand nombre d'araidonneries, ( ? ) de tanneries, de porcheries et de boyauderies." [5]

Note

* Adolpe Toulmouche (1798-1876) : docteur-médecin renommé, professeur-adjoint à l’École de médecine de Rennes et archéologue. On lui doit une Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes et une Recherche sur l'hygiène et la mortalité de la ville de Rennes. Une rue de Rennes[6] lui a été attribuée.

Références

  1. Album breton-Souvenirs de Rennes. Landais impr
  2. Les rues de Rennes, notices historiques et archéologiques, par Lucien Decombe. Le Roy, éditeur - 1892
  3. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat, lib. Larcher- 1911
  4. Rennes capitale de la Bretagne, par Ad. Orain, revu et complété par E. Rivière, Bahon-Rault éd. - 1925
  5. Actes du Congrès scientifique national, 16e session, Rennes septembre 1849. à Paris chez Derache, rue du Boulay 7 - juin 1850
  6. rue Toulmouche

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