Seigneurie de la Prévalaye

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Gravure d'un dessin de L. Thérond[1]

La seigneurie de la Prévalaye était un des domaines nobles de la périphérie de Rennes avant la Révolution. Le château, situé un peu à l'ouest de la ville, a été détruit en 1944. Les terres s'étendaient à l'alentour, au sud de Rennes, et disséminées dans plusieurs paroisses voisines.

Le terroir était connu comme à l'origine du beurre de la Prévalaye, devenu le label d'une production caractéristique du département, commercialisé sur l'ensemble du pays, voire au-delà. Dès 1759, les savants locaux se sont intéressés aux raisons de sa qualité, en commençant pas un inventaire de la flore des prairies du site.

Les audiences de la juridiction se tenaient, avec celles de bien d'autres, dans le bâtiment du Présidial de Rennes.

Seigneurs et Dames

Pierre Bernardin Tierry de la Prévalaye

Un document du 16 octobre 1784, concernant le fief de la Plainchardière en Saint Sauveur des Landes[2], donne les propriétaires de la seigneurie tels qu'ils se présentaient alors, tous enfants de Pierre Bernardin Tierry de la Prevallaye :


« Messire Pierre Dimat Tierry de la Prevallaye, chevallier de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, lieutenant des vesseaux du roy au departement de Brest, ainé heritier principal et noble, haut et puissant seigneur Messire Charles Corneille Placide Tierry de la Prevallaye, frere puiné, capitaine de cavallerie au régiment royal Lorainne, haute et puissante Dame Hyacinthe Genevieve Tierry, epouse de Messire Philippe André Pantin, chevallier seigneur de la Guere, ancien capitaine au regiment de Royal dragons, laditte dame autorisée de justice par arret de la cour du parlement de Bretagne du quatorze juin mil sept cent quatre vingt deux, pour les causes mentionnées [...] puissante Dame Monique Madelaine Tierry de la Prevallaye, encore mineure d'age, epouse et autorisée de h. et p. sr. Messire Pelage de Coniac, chevallier seigneur Dalineuc, son epoux, les tous enfans de h. p. sr. Messire Pierre Bernardin Tierry de la Prevallaye, chevallier, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint Louis, chef d'escadre des armées navalles de sa majesté, ancien directeur des ports et arsenaux de Brest, et de haute et puissante Dame Marie Jeanne Genevieve de Robien [hôtel rue Corbin en 1757], epouse dudit seigneur de la Prevallaye, heritiers en indivis tant de ladite Dame de la Prevallaye leur mere que de haute et puissante dame Marie Anne Genevieve de Brilhac, leur ayeulle, epouse en premieres noces de haut et puissant seigneur Messire André de Robien, conseiller au parlement de Bretagne, et decedée veuve en secondes noces de haut et puissant seigneur Messire Jean François de Coniac, aussi conseiller au parlement de Bretagne, et qu'ils tiennent sous la mouvance proche et roturiere de leur seigneurie de Taunut, au fief vulgairement nommé le fief de la Plainchardiere... »

— Fonds de famille des Archives départementales
Origine : Cote 2 Et 12 - Archives d'Ille-et-Vilainelicence

Le 16 mars 1722, Florent Treluyer et Louise Galeran, concernant la Lande Bougan et autres pièces de terre de la Prévalaye, rendent aveu à Dame Catherine Renée Desnoë, Dame Comtesse de Chalain, dame proprietaire de la seigneurie de la Prevalais Matignon à Rennes.

Pierre de Thierry, seigneur de la Prévalaye

En 1674, Jeanne Avril, veuve de Pierre de Thierry, seigneur de la Prévalaye, conseiller au parlement, partage le mobilier de la communauté avec ses enfants, particulièrement avec François (principal héritier, seigneur de la Prévalaye, conseiller au parlement), Pierre (Sieur de Sainte Foy), Hyacinthe Morice et Anne, quatre autres filles étant religieuses[3][4] sur la base de l'inventaire après décès du 12 mai dernier, s'élevant à 8301 livres[5].


Le château et sa chapelle

1792

Le 21 août 1792, est dressé un Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye, laissée à la garde du jardinier, sous l'oeil probablement du nommé Mallecot, dit receveur, le titre de procureur fiscal[6] étant depuis peu très mal porté (Les droits seigneuriaux sont abolis depuis deux ans exactement.)[7].

Ce document est plus intéressant pour la description des lieux que pour le mobilier, celui-ci étant d'une acquisition très récente. En complément, le long et précis mémoire du serrurier donne les noms de pièces, plus prosaïquement désignées dans l'inventaire :

  • le Salon Blanc,
  • la Chambre à coucher de Madame,
  • la Chambre des Bains,
  • la Chambre de Henry Quatre.

Il y est aussi particulièrement question d'une croisée du garde mangé ; de la lingerie au dessus de la cuisine ; du cabinette de Monsieur ; et d'une porte quil donne sur la tesrasse aux haux de l'escalié neufe.

Le mobilier paraît abondant et de qualité, par exemple des toilettes en acajou. La réserve de vin et les tables de jeu ne donnent pas davantage l'idée d'une vie austère. Il s'agit d'un inventaire assez sommaire, mais, en divers points, il est remarqué des cartes et autres matériels qui n'étonnent pas entre les mains d'un officier de marine. Il est possible que les nombreux lits en métal soit également en rapport avec cette carrière.

Liste des pièces :

  • Dans la cuisine... Dans une grande chambre basse à côté de la cuisine... Une armoire dans laquelle sont plusieurs lits en fer demontés... sur une des armoires, un piège à loup en fer...
  • Dans un petit cellier... Dans une petite chambre plus elevée que le cellier...
  • Dans une autre chambre basse donnant sur le jardin...
  • Dans une autre salle à cheminée de marbre donnant sur le jardin... ("salle basse")
  • Dans la salle de compagnie... deux tables de jeu à tapis verds... une table de tric-trac, une pendule... (15 fauteuils et un sofa, un métier à broderie)... Dans le sallon à manger... un poele en tole...
  • Un petit cabinet de travail... Dans l'escalier... Dans une chambre sur la cour... Un petit cabinet de bibliothèque garni de livres... Dans le vestibule de la chambre et du cabinet...
  • Dans une grande chambre... un poele à compartiments... Un cabinet noir rempli de divers meubles. Dans une chambre à coté...
  • Dans un petit cabinet... Dans une chambre tapissée... Dans un cabinet de toilette à coté de la chambre, une toilette avec ses ustensiles... Dans un petit cabinet...
  • Dans une chambre à coucher tapissée en indienne, trois lits d'indienne en fer, dont deux garnis de leurs rideaux pareils...
  • Dans un cabinet de toilette à coté, une toilette en bois d'acajou avec ses ustensiles, deux bonheurs du jour à table de marbre et sept tiroirs...
  • Dans une autre chambre donnant sur le jardin tapissée en Perse, un lit en fer garni de rideaux pareils à la tapisserie...
  • Dans un cabinet à côté... Dans un petit cabinet... Dans une mansarde... Dans un grenier à coté... Dans un autre grenier très vaste, soixante quatre bois de fauteuils et de chaises... Dans une autre grenier, beaucoup de graine d'oignon.
  • Descendus dans une cave, trois caisses renfermant du vin de Bordeaux... [fin d'inventaire : réservant de référer au directoire sur les mesures à prendre pour la garde d'une quantité considerable de vins et liqueurs] ... Dans une autre cave...
  • Dans un grenier au dessus de l'office, environ trois milliers de foins et paille et quelques planches.
  • Dans l'ecurie... Le long de l'ecurie, environ quatre cordes de bois. Dans la remise, deux voitures dont le gardien a declaré que l'une appartenait à l'aisné, l'autre au cadet, soixante pacquets de bled, trois gerbes de froment, une grande quantité de chanvre. ... une autre remise ouverte dans laquelle est un charriot couvert.
  • Au-dessus de la remise, une chambre où loge le gardien... Deux chambres au-dessus d'une des remises...
  • Dans la chapelle, sur l'autel, une soutane, une aube, un missel et autres decorations... six chaises à accoudoir...
  • Dans une serre... une grande quantité de divers oignons de fleurs que le jardinier a declaré lui appartenir, environ trois boisseaux de pois...
  • Dans une salle de plein pied à la salle de compagnie, un feu complet neuf, doré et bronzé, deux statues de bronze sur un pied d'estal doré portant des bras de cheminée en or moulu... (22 fauteuils et 6 chaises)...
  • Dans un cabinet... Dans un autre cabinet au bout du précédent... Dans une chambre à coucher donnant sur le jardin... Dans un petit cabinet donnant aussi sur le jardin...

La première page rappelle le contexte de cet inventaire : ... parlant à Joseph Mahé qui nous a dit etre gardien de la maison, nous lui avons donné lecture de notre commission ... en lui declarant que les Srs Thierry de la Prévalais aîné et cadet, étant tous deux employés dans le Tableau de la Municipalité de Rennes comme emigrés, ou du moins comme n'ayant pas de residence actuelle dans l'etendue du département, notre devoir est de rapporter l'etat sommaire de leur mobilier ...

Le surlendemain, 23 août, le gardien fait revenir les intéressés pour délivrer le chien enfermé dans le sallon à manger qui pourrait y enrager et mourir de faim.

1674

Extrait du partage...

  • J'ay pris du consentement de mon fils ayné tous les meubles qui sont à nostre logis de Renne, suivant et au prie du dit invantere, à la reserve de la robe rouge, du tric trac et du reveil, et ausy à la reserve de la veselle d'argent que nous partagerons par moitié toutefois et quand il me plaira ; laquelle moitié ce monte à la somme de [963 livres]...
  • De plus, je me retiens sur les meubles qui sont à la Prevalaye, seux de la chambre sur l'office et dans la tour à costé ... savoir la tante de tapicerie de l'histoire d'Ester, contenant huit pieces, la garniture du lit et le pavillon jaune, les deus tapis de mesme, la table, les tabourets, les sept chese et leurs garniture, le charlit et la couchette, deus canette, le matela, les troye traversiers, les petites hermoire, les grande vielle, les deus bahuts ; de plus un petit cabinet de Flandre couver de cuir rouge, deus dousenne de serviette de lice deuvre, deus grande nape et deus petite de mesme, troye travers de table ausy deuvre, une grande nape de toille blanche et une autre plus moienne, troye travers de table ausy de toille blanche, une dousenne de petite nape neuve et quatre dousenne de serviette de mesme toille de brin ; ce linge est oustre celuy de Renne que je retiens ausy suivant le dit invantere, le carosse et les deux cavalle, les bestios qui sont par Chatel sur la metairie des Bougriere, et pour troye cent livres sur le lieu de la Fontenaille ... [2987 livres]
  • 1007 livres de froment rouge, seigle, avoine, paumelle, blé noir, vin et cidre, bois, boeuf et lard, "cuir apresté pour le service de la maison.

Métairies et revenus

Une bonne partie des revenus d'une seigneurie vient des fermages de ses métairies et des rentes que versent annuellement les exploitants de pièces de terres plus ou moins éloignées et isolées. Par exemple Le champ Monnoyer ou des Monnoyeurs, contenant un journal et demy dix cordes, joignant du bout d'orient au chemin du Bas Sauzay, du costé vers midy à terre de la demoiselle Amyot, du bout d'occident et costé du nord à terre de Philipe Guyot, estimé comme devant la somme de neuf livres ... [est] tenu prochement en roture ... de la juridiction de la Prevalais Matignon à Rennes à charge de vingt deniers monnois de rente feodalle et obeissance à l'usement du fief. selon le partage en cinq lots de la succession de Julienne Angelique Lemesle, femme de François Cherel, avocat au parlement, le 3 octobre 1771. Cette rente de 9 livres fait partie de ce que reçoit le second lot pour un total de 61 livres (revenu annuel)[8] [9].

Une partie des ressources avait été affectée à la fondation d'une chapellenie, entre Cleunay et le château, à l'abandon en 1733.

Un recensement sommaire des métairies est fourni lors de la rédaction, le 21 août 1792, de l' Etat sommaire du mobilier trouvé à la maison de la Prévalaye[10] : ... combien il y a de metairies affermées dependantes de la terre de la Prevalaye ; a repondu qu'il y en a huit, savoir la Tellais en Chartres, dont il ignore le nom du fermier actuel ; les Bougriais dont est fermier le nommé Marion ; la Planche dont est fermier le nommé Brossais ; la Vieuville en Toussaint dont est fermier la Veuve Galbrun ; la Taupinais en St. Jacques dont est fermier François Galbrun ; Sainte-Foix en Toussaint dont est fermier le nommé Outin ; le Cherbet dont est fermier Guillaume Panaget ... la Bouquenais en St. Jacques dont est fermier le nommé Chubaire, ajoutant que M. Thierry n'a aucune terre de retenue[11], ni grains ni bestiaux.

Revenus en 1674

Extrait du partage...

  • Il nous estoit du, lors du deses de mon mary, tant par le Sieur de la Rasinaye, fermier de la Roche Monbourcher, que le meteier de Fontenaille, celuy de Sainte Foy, de la Vieuville, de la Planche, des Bougrieres, de Lecherbet, du closier de la closerie de la Prevalaye, du fermier du moulin, celuy du Chastel, celuy de la pree de Servigné, de la rante sur le domaine du roy à Renne, de la ferme du petit logis de Renne, que par Maturin Hudin et François Judeaux sy devant meteiers, la somme de [9075 livres] et pour les rantes de fié et baliages la somme de neuf cent trante et sis livre quatorze sous ; oustre encore estait du pour les petits gages du semestre dernier à deffunct Mr. de la Prevalaye, et pour son comeux [contentieux ?] des espices et rapors, et pour des bougies, la somme de [945 livres]
  • soit un total de 12896 livres, y compris des ventes ou rentrées de foin et de blé noir notamment : nous avons eu cette anée des foins, tous frais deduis, pour la somme de mil frans, sans comprendre seux quy ont esté logés à la Prevalaye.

Passif... Le partage comporte deux pages de calculs et de répartition de la charge de la communauté ... soient 46000 livres d'argent emprunté et en arerages de la dite somme et pantions due aux Couets et à la Fontaine Saint Martin, la somme de [5897 livres ; et 2620 livres] pour reste de partie de marchans, que gages des serviteurs et autres. Les dettes de la succession mobilière seraient de 4495 livres.

Emprunts :

  • avant le mariage : 2000 francs à Mademoiselle de La Lande Bouan ; 4800 livres à Monsieur de La Forest.
  • pendant l'existence de la communauté : 3000 livres dues à Madame l'abbesse de Saint Sulpice ; 3500 livres à Madame la prieure de la Fontaine Saint Martin ; 3000 francs à Mr. Baudry ; 2000 livres à Mr. Davy ; 1600 livres à Madame Dreux ; 3200 livres à Mademoiselle Balan ; 2000 francs à Mr. Fouquet, procureur au parlement ; 3200 livres à Mr. Nivet ; 1500 livres à Mademoiselle Noblat. Soit 23000 livres. [Plus loin] 8600 livres à Madame Dreux ; 4800 livres à Mr. de La Vileblanc ; 8000 francs à Mr. Descartes Querleau ; seise cent frans dus à Tousainct, pour le logis que nous avions aquis de la paroisse. Soit 23000 livres.
  • depuis la mort et inventaire : 7000 francs à Mr. Dreux ; 1600 livres aux religieuses de Notre Dame de Charité de Dieu au service des filles pénitentes ; 1600 livres à Mademoiselle de la Benardaye ; 2400 livres à Madame de La Guibourgere.

La mouvance dans la ville

1647

Selon une déclaration du 15 octobre 1647, environ 90 maisons de Rennes relevaient de la seigneurie : maisons ou leurs emplacements, tels que ceux des maisons abattues pour les besoins du cimetière Saint-Germain (art. 19) : Declaration que fournist à Messieurs les Commissaires deputtéz de sa Majesté pour la reformation des fiefs et domainne de Rennes, Guilleaume Destoc, procureur fiscal de la jurediction de la Prevallaye Matignon aud. Rennes, des hommes et subjects, maisons et herittages qui tiennent rellement et prochemant de lad. jurediction de la Prevallaye Matignon à Rennes et aux fiefs qui en depandent dans le resort de la ville et aux forbourgs dud. Rennes, à la scavance et cognoissance dud. Destoc ony non protestant y augmenter ou diminuer en cas qu'il cy trouverait erreur ou obmission.
Et premier
Les fiefs de Matignon de ce qu'ils relevent devant lad. ville et forbourgs, les choses cy apres declarées, sçavoir : [marge : Matignon en Closné]
Près le carefour de Toussainct [3 maisons]
Unne maison sittuée pres led. carefour de Toussainct où pendait cy devant pour enseigne la Tour d'Orléans. Avec autres petitte maison annexée en icelle tirant vers la ruelle des Volliers...
...
Rue Vasselot : 11 - Rue Saint-Germain : 1 - Vau Saint Germain : 10
Angle Rue d'Orléans - rue de la Basse Baudrairie : 9
Rue Haute : 1 - Rue Basse Baudrairie : 3 - Rue Haute : 22 - Rue Basse : 7
Angle rue Trisgetin - rue de la Lettrie : 3
Porches Champdollent : 2 - Rue Saint-Thomas : 4 - Rue de Champsdolent : 4
La Gauretaye : 3 - Rue de la Croix Rocheran : 7...

Le logis de la rue Vasselot

Fin de la déclaration de 1647 : 79 - Idem tient et pocede led. seig. de la Prevallaye en son privé nom, unne maison sittuée pres la rue Vasselot, du costé vers midy d'icelle, consistant en un para[m]bas et allées, deux chambres haultes au premier et segond estaige ; quantitté de court et jardin au derriere en l'androit de lad. maison ; aveq une petitte maison sittuée de lad. court servant d'escurye joignant icelle clozees à autre maison quantitté de cour jardin apartenante aud. seig., tenue prochement de la jurediction de la vicomté de Rennes, lad. maison tenue prochement du Roy notre sire soubz son domainne de Rennes, à charge de six sols monnoye de rante obeissance.

Extrait du partage de 1674... Mon fils ayné, tant pour luy que ces puinés me donne le logis dans lequel nous demeurons à Rennes, dans lequel il poura ausy demeurer et ocuper la salle basse, le petit cabinet à costé, la chambre au segond estage sur la dite salle et le cabinet à costé, le cabinet du milieu du degré demeurant commeun ausy bien que la chambre des valets et l'escurie, le surplus de la maison me restant pour mon service.... Pour finir l'arrangement, le fils assure une rente de mille livres à sa mèrepour l'assurance de quoy, il me done à jouir des à presant la metairie de la Vieuville, avec ces dependance ; l'erbe à faire foin de la prée de Sainte Foy, des Grands Prés et de la listre du Pré Hindré. Il devra aussi une rente de 500 livres à chacun de ses frères et 400 livres à sa soeur, ayant contribué à la charge de celle-ci autrement.

Après l'incendie

1738

En 1738, les lettres patentes du roy du 14 janvier confirment la répartition des mouvances du Roy et de celles des differents Seigneurs, dans la partie incendiée de la Ville de Rennes, plus précisément homologuent le procès-verbal dressé en 1737 par le Sieur Claude du Pont Seigneur d'Oville, commissaire de la réformation. Outre le domaine royal, treize seigneuries sont concernées par les destructions de 1720 : celle de la Prévalaye compte pour 355 toises de façade [692 mètres], seconde seigneurie laïque après la vicomté de Rennes et ses 522 toises, mais mineure relativement aux trois principales seigneuries ecclésiastiques (Chapitre : 1084 ; Saint-Georges : 1079 ; Saint-Melaine : 1017). Pour un total de 5107 toises, la mouvance de la Prévalaye représente 7%.

François de Thierry s'investit beaucoup en déclarations pour la préservation de la mouvance, discutant beaucoup de points et soutenant les contestations qui naissent au voisinage d'autres seigneuries, telle que celle concernant la maison de la Callande avec l'abbaye Saint-Georges.

Durant la Révolution

Inscriptions sur les listes des émigrés

Absents du département, le seigneur de la Prévalaye et ses frère et soeurs voient certaines de leurs métairies mises sous séquestre, ce qui les oblige à en demander l'annulation, en particulier au motif qu'ils n'ont pas quitté le pays.

En 1792, Pierre Dimas Thierry demande aux autorités main-levée du séquestre de la métairie de la Thêlaye près le bourg de Saint Jacques de la Lande et cependant en la paroisse de Chartres, sous le district de Bain, justifiant demeurer à Valenciennes, pays de son épouse, où ils se sont rendus, les médecins pretendant que pour donner plus d'effets aux remedes, il convenait que la malade se fut rendue dans son pays natal (pièce signée Mallecot). Cette requête est soutenue par sa soeur, femme Coniac, et une réponse favorable est donnée le 12 novembre 1792, avec retrait de la liste des émigrés, après diverses vérifications et décisions intermédiaires. Il apparaît qu'il est à Avesnes (après Bouchain dans le Nord) d'avril 1792 au 16 juillet 1793 ; à Rennes depuis le 27 août 1793 jusqu'à l'an 8 (floréal).

En floréal an 4, Reine Guillemette Lauglé [Reine Pelagie Piccault, veuve de Joseph Augustin Lauglée de la Guillardiere], femme de Charles Placide Corneille Tierri, [capitaine au régiment cy-devant royal Lorraine, qui réside à Renne entre octobre 1791 et le 13 janvier 1792], présumé émigré, obtient main-levée du séquestre des deux fermes des Fontaines, en Saint-M'Hervé (vers Vitré), dont elle a hérité de Gilone Seré de la Sibonière en 1783.

De même, Hyacinthe Genevieve Thierry Prévalaye [née le 26 janvier 1748], femme de Philippe André Pantin de la Guerre, depuis 1774, présente une requête au district de Rennes, disant que "de son mariage, il n'est issu qu'une fille nommée [Marie] Adelaide Pantin de la Guerre, [née le 29 octobre 1775] [étant à Paris en l'an 5 et 6], femme de [Louis Jean François] Pantin de Landemont ... renfermé dans la maison de Charenton pres Paris", et demandant main levée du séquestre apposé sur les métairies du Haut et Bas Tenu [Tanut], prairie et moulin de Teillay, en Saint Sauveur des Landes, dont elle a hérité selon un partage du 3 septembre 1787 passé devant les notaires de Paris. Demande rejetée le 7 germinal an 6 comme présente sur la liste des émigrés (mais des certificats le démentent). Exemplaire rédigé par la Femme Coniac, sa soeur.

Procédures

Les incertitudes et troubles de la période n'empêchent pas des procédures de suivre leur cours, et en provoquent d'autres. L'inventaire de 1792 est suivi ou accompagné d'événements affectant la seigneurie.

  1. ... parlant à Joseph Mahé qui nous a dit etre gardien de la maison, nous lui avons donné lecture de notre commission ... en lui declarant que les Srs Thierry de la Prévalais aîné et cadet, étant tous deux employés dans le Tableau de la Municipalité de Rennes comme emigrés, ou du moins comme n'ayant pas de residence actuelle dans l'etendue du département, notre devoir est de rapporter l'etat sommaire de leur mobilier ...
  2. Sommé de nous déclarer ce que sont devenus la batterie de cuisine, les dedans de lits et l'argenterie qui devaient naturellement se trouver dans cette maison n'agueres occupée ; a repondu qu'à la mort de M. Thierry pere, tous les meubles et effets de la maison ont été venus ; que ceux qui la garnissent actuellement sont neufs et ont été achetés par l'ainé qui, lorsqu'il est venu passer quelque temps à sa terre, a été obligé d'emprunter une batterie de cuisine et des dedans de lits qui ont été rendus ; qu'à l'égard de l'argenterie, il l'emporte toujours avec lui partout où il va fixer sa residence.
  3. Le 14 octobre 1793, le calice avec sa paterne, et autres effets de culte, le fusil à deux coups, la cloche du clocher de la chapelle, etc. sont saisis. Début an 2, 44 moutons et deux brebis sont vendus aux enchères vu l'impossibilité où se trouvaient les bouchers de faire l'approvisionnement de la ville et des troupes qui y sejournent ; à raison de 25 livres chaque, et 12 livres les brebis. Dans l'inventaire, il était question de trente sept têtes tant de moutons que brebis ["originaires du Bery"] dont huit sont vendus à la Ve. Bigot qui lui en a payé le prix à raison de quatorze livres chaque, prix dont il s'est dessaisi entre les mains de Mr. Mallecot receveur [de la seigneurie].[12].
  4. Il n'y a que Prevalaye, ancien officier de dragons, qui soit emigré ; l'officier de marine auquel appartient la terre de la Prevalaye est actuellement detenu à la maison d'arret, dite la Trinité, et ce n'est pas pour cause d'emigration : les creanciers doivent donc se pourvoir directement vers lui. (selon une note sans date).

Ainsi, les créanciers ne manquent de faire valoir leurs créances, et est tenu un registre des déclarations des créanciers des émigrés :

  • 22 novembre 1792, le Citoyen Portier, serrurier à Rennes, se dit créancier des Sieur et Dame de la Prévalais d'une somme de 955 livres, restant de 2008 livres (long et détaillé mémoire dont le 9 avril : Fait et fournit un fairre à répasser du linge - 11 livres.).
  • Même date : Mathurin Portal, maître menuisier, rue de la Mayenne : 454 livres restant de 3462 livres. Son mémoire recense - mois par mois - pas moins de 512 journées à 1,5 livre entre octobre 1790 et décembre 1791 !
  • Jean Jacques Bués, relieur à Rennes, porteur d'une créance de 9 livres pour son travail sur quatre ouvrages.

Voir aussi

Notes

  • Un état sommaire ou inventaire sommaire est le rapport d'une démarche de fouille visuelle des lieux et de tous les contenants (armoires, coffres, grands récipients) ; sans finalité autre que de satisfaire une curiosité de nature un peu policière, y compris la protection contre le vol. Seuls les objets et meubles d'un minimum d'importance sont enregistrés, et ici, dans ce contexte politique, sont repérées et signalées des armoiries et l'absence de l'argenterie. L'inventaire sommaire demande beaucoup moins de temps que l'inventaire de type notarié et a fortiori que le prisage par lequel un expert (au moins) inventorie méthodiquement chaque objet, aussi minime soit-il, en principe sans omission, en le décrivant au moins dans son degré d'usure et donc de valeur en cas de vente publique ou de partage.

Références

  1. De Paris à Rennes, par Auguste Moutié, collection des guides Joanne. Hachette et Cie éd. -1879
  2. Paroisse des environs de Fougères.
  3. Il en est du par mon fils ayné, tant pour ces deux tiers que pour ce qu'il est tenu à cause de la succession de ces quatre soeurs religieuse, la somme de [3853 livres]. Si bien que sans les dettes, les trois cadets ne recevraient que 290 livres chacun, mais 1958 livres de participation aux dettes pour chacun des sept cadets. Suit un développement sur l'arrangement pour le bien et entretenir l'union de la famille. Intervient également 4200 livres employées pour les expéditions de l'office, et 2200 livres payées pour le rachat de la terre ; ledit office d'une valeur de cent mille francs.
  4. Et par bienveillance que j'ay pour mon fils ayné, oustre cette moitié des detes, je me charge encore et m'oblige de paier ma vie durant [240 livres] de rante due aux Couets [Carmel de Nantes] pour les pantions viageres de Madame de La Motte Raoul, tante de mon deffunct mary, et de Madame de La Prevalaye, ma belle soeur, toute deus religieuse au dit monastere, et la somme de deus cent livre de rante due à Madame la prieure de la Fontaine Saint Martin [diocèse du Mans] pour la pantion viagère de ma fille aynée quy y est religieuse.
  5. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 16 J 1. Le partage est signé par Jeanne Avril et par François et Pierre.
  6. Le 8 mai 1781, le Sieur Chereil de la Riviere écrit à "Monsieur Malecot, procureur fiscal de la vicomté de Rennes, rue Saint-Louis près le séminaire", à propos d'un droit de passage dans le cimetière de Saint Hélier, qui lui serait accordé par le général. Cote 16 J 2.
  7. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074.
  8. Cette pièce de terre semble se situer au sud de Rennes. Source : Enquêtes civiles du Présidial de Rennes, Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2B 492.
  9. Ce revenu estimé de 9 livres (ou 180 sols) est donc à réduire très légèrement, précisément d'un sol et huit deniers dus au seigneur (un sol valant douze deniers.)
  10. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 1Q 1074.
  11. Terre de retenue : terre qui n'est pas louée et est exploitée par lui-même au moyen de journaliers.
  12. Avant la Révolution, à la campagne, un mouton valait autour de cinq livres.