Église paroissiale de l'Hermitage

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Propriété publique, l’église paroissiale Notre-Dame de la Purification de l’Hermitage est inscrite aux Monuments Historiques partiellement en 1946.

A l’origine, sans doute dédiée à Saint-Avit, elle sera ensuite sous le patronage de la Sainte Vierge au jour de la Purification. Elle a subi tout au long des siècles multitude de modifications qui font de l’édifice une représentation de l’histoire de l’architecture religieuse : romane, gothique, néo-gothique et néo-classicisme. Elle est l’image de la richesse culturelle de notre région, carrefour des connaissances et modèles extérieurs. Patrimoine religieux et culturel : elle est chargée d’histoire…


VIe siècle : Saint-Avit, moine fondateur de la paroisse

Cette statue de bois polychrome (chêne peint) sans datation précise représente le saint ermite, fondateur de la paroisse. A l’Hermitage, comme pour une grande partie des villages bretons, le nom de la paroisse porte le souvenir du passage de ces moines qui du Ve au VIIe siècle s’installèrent pour évangéliser ces terres empreintes de culture celte. Ce contemporain de St Melaine (VIe siècle) s’est installé vraisemblablement près de la source, rue du lavoir, pour y exercer ses dons de guérisseur. Il est représenté ici en habit d’évêque avec à ses pieds un nourrisson. Il occupe cette place dans l’église depuis 1960, sur une console provenant d’un morceau de l’ancienne croix du lieu-dit « le calvaire ».


XIe siècle : un édifice est bâti pour honorer le saint puis la Sainte Vierge

D’abord lieu de pèlerinage, peu à peu les fidèles s’établiront au plus près de leur saint : une maison, puis deux et c’est ainsi que naît un hameau, un village…

En 1035 la paroisse est acquise par l’Evêque de Rennes pour les Chanoines de la cathédrale sous le règne d’Alain III. La partie la plus ancienne de l’église (Abside et Chœur) est romane, construite au XIe siècle. Elle est représentative de la vague de reconstruction des modestes édifices, à une époque de renouveau économique et monastique. Les vestiges de l’oratoire (petite chapelle) de la période romane sont caractérisés par la forme demi-circulaire (Chœur et actuelle sacristie) percée d’une meurtrière au nord (et de deux petites fenêtres au sud).

La nef et la chapelle latérale sud ont été reconstruites au XVIe siècle. L’église ne prendra sa forme de croix latine actuelle qu’après les travaux du XIXe siècle. Pourvue d’un clocher-porche de style néo-gothique en pierres de Montfort elle est orientée Est-Ouest, de façon à ce que le soleil, qui se lève côté chœur et se couche sur la grande porte, inonde tout au long de la journée le vaisseau, le chœur, et les vestiges historiques de mille facettes colorées par les grands vitraux de l’atelier Rault.


XV et XVIe siècles : les seigneurs s’approprient les lieux sacrés

Le monument est parsemé de signes héraldiques et empreintes historiques. Les seigneurs de la commune y sont fortement représentés. Dans la chapelle sud dite de Méjusseaume : enfeu et blasons des différents châtelains. Sur les écussons de pierre ou de granit des seigneurs du Margat et Du Boberil (nef, abside et arcs). Comme ici sur l’une des dalles funéraires placées tout autour du chœur. Ou même gravées sur les poutres transversales (sautoir, croix de St Louis, Fleurs de lys, Hermines…).


XIXe siècle : Pointeau donne à l’église sa forme de croix

A partir de 1825 de nombreux travaux de restauration et d’agrandissement sont effectués. L’architecte Pointeau démolit d’abord l’arc triomphal et tout en conservant son plan d’origine aménage le chœur et la nef. En face de la chapelle sud, il n’existait qu’un petit renfoncement (dite chapelle du Margat) qui est agrandi pour créer l’actuelle chapelle nord. Cette chapelle et le chœur sont parés de retables de bois polychrome de style néo-classique (mouvement artistique de style Empire qui prône le retour à l’antiquité gréco–romaine sous l’influence des découvertes archéologiques : colonnes, motifs gréco-romains, couleurs froides rehaussées d’or, d’ornements guerriers, palmettes…). Pour le retable du chœur de l’église de l’Hermitage c’est un vert qui prédomine sur un ocre jaune doré illuminé de l’œuvre de Logerot « La présentation de la Nativité » entourée de deux toiles néo-classiques représentant l’Annonciation.

L’église de l’Hermitage n’a pas échappé aux "curés bâtisseurs" de la seconde moitié du XIXe siècle.


Fin du XIXe et XXe siècle : Et les cloches sonnent sonnent…

Sur les plans de Charles Langlois, l’entrepreneur Peschard construit le clocher et le prolongement de la nef (l’entrée principale, le porche) et donc la base de la croix entre 1864 et 1867 dans un esprit néo-gothique : et la boucle est bouclée, tout le patrimoine architectural religieux est ainsi représenté.

Ce clocher, accueille 3 cloches : Jeanne-Charlotte Marguerite, la plus petite en bronze née en 1777, Marie-Olivier De l’Hermitage baryton de presque 200 ans et quelques 550 kilogrammes et la petite dernière Anne-Marie Françoise fondue en 1956. (Le beffroi va prochainement faire l’objet d’une restauration : les poutres d’assises placées dans les murs et supportant l’ensemble du beffroi et des cloches sont très abîmées et ne pourront bientôt plus supporter les 1350 kilogrammes des cloches en volée.)


XXIe siècle : découverte des fresques… retour dans le passé

Découvertes très récemment, les fresques viennent d’être restaurées (elles sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 2002). On y distingue sous la niche ocre rose deux médaillons représentant des bustes féminins portés par des anges. Sur la gauche 8 silhouettes : saints ou prélats encadrés de colonnes : l’un deux représente Saint Armel (son nom est visible sur le cartouche au-dessus de son buste : il est représenté avec un dragon à ses pieds). A l’extrême gauche ce qui semble être une représentation de la mort. Cette partie de fresque présente des similitudes avec celle de la chapelle Kermaria de Plouha (Côtes d’Armor) qui exprime l’angoisse devant la mort, caractéristique de la fin du Moyen Age (dans un style rustique de la fin du XVe siècle). Elles recouvrent presque la totalité du mur Est de la chapelle Sud dite de Méjusseaume à la gauche de l’enfeu des seigneurs. Elles pourraient dater pour partie de la reconstruction de la chapelle au XVIe siècle pour la partie gauche représentant les Saints, puis XVIIe pour les médaillons, la niche et la croix de consécration au-dessus des saints et enfin au XIXe (recouvrement total des fresques et faux appareillage de pierre autour de la niche).

L’église de l’Hermitage n’a donc pas révélé tous ses secrets. L’histoire n’est pas figée.


Texte de Marie-Pierre Texier, conseillère municipale déléguée au patrimoine, initialement publié dans le journal municipal L'Hermitageois

Géolocalisation

8.125560°, -1.816940°

Sources

  • Le patrimoine des communes d’Ille et Vilaine, Flohic 2000
  • Inventaire «  Indicateur du Patrimoine 1996 »
  • Patrimoine religieux en Bretagne, sous la direction de J. Charpy
  • Bretagne - Ille et vilaine, Xavier. Ferrieu et O.Gallard Gal’Art Edition
  • L’Hermitage, Histoire et petite histoire d’une commune, A. Vallée Le Pevedic (chez l’auteur)
  • Le canton de Mordelles en cartes postales et photos anciennes M. Renoult- éd. Danclau
  • Encyclopédie de l’histoire de l’art, Hachette
  • Encyclopédie des symboles, livre de Poche