« Chronique vezinoise sous l'occupation n°01 » : différence entre les versions

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Chaque matin il faut déplier et ranger une partie des lits pour faire de la place dans la pièce et les réinstaller le soir pour la nuit. Par suite d’une promiscuité qu’ils subissent en permanence la vie de nos parents pendant ces cinq années n'a pas été facile. Pour nous, surtout les trois derniers enfants, nous sommes heureux et indifférents  à ce problème majeur. Cette époque est celle du plus grand bonheur de notre vie. Nous en avons reparlé encore et encore
Chaque matin il faut déplier et ranger une partie des lits pour faire de la place dans la pièce et les réinstaller le soir pour la nuit. Par suite d’une promiscuité qu’ils subissent en permanence la vie de nos parents pendant ces cinq années n'a pas été facile. Pour nous, surtout les trois derniers enfants, nous sommes heureux et indifférents  à ce problème majeur. Cette époque est celle du plus grand bonheur de notre vie. Nous en avons reparlé encore et encore


Mes aînés lient rapidement connaissance avec d’autres enfants du village. J’ai toujours entendu dire à la maison  que l’accueil des gens de Vezin-le-Coquet avait été sympathique, cordial à notre égard. On peut comprendre que la propriétaire de la salle du café, madame Bigot, lésée d’une partie de son lieu de commerce, occupée par cette famille nombreuse, peut ne pas être satisfaite. Elle ne nous le fait toutefois pas sentir. Je me souviens du goût de la  pistache qu’elle me donne quand parfois elle discute avec ma mère sur la pas de la porte du café. Le geste large qu’elle exécute au-dessus du comptoir quand elle plonge une main dans un grand et profond bocal afin de saisir et d’extraire le joli bonbon noir. Geste que je surveille dans le détail en attendant la suite. J’adore les pistaches, le seul bonbon de l’époque dont je me souvienne et pour cause. Il a fallu attendre l’arrivée des Américains pour rattraper, assez largement d’ailleurs, le temps perdu. Sous l’occupation l’absence de confiseries était pour nous totale ou presque. Une confiserie ne doit pas uniquement être bonne mais aussi être jolie à regarder, enviée, le goût s’en trouve alors renforcé, j’étais déjà un connaisseur ou tout simplement un enfant.
Mes aînés lient rapidement connaissance avec d’autres enfants du village. J’ai toujours entendu dire à la maison  que l’accueil des gens de Vezin-le-Coquet avait été sympathique, cordial à notre égard. On peut comprendre que la propriétaire de la salle du café, madame Bigot, lésée d’une partie de son lieu de commerce, occupée par cette famille nombreuse, peut ne pas être satisfaite. Elle ne nous le fait toutefois pas sentir. Je me souviens du goût de la  pistache qu’elle me donne quand parfois elle discute avec ma mère sur la pas de la porte du café. Le geste large qu’elle exécute au-dessus du comptoir quand elle plonge une main dans un grand et profond bocal afin de saisir et d’extraire le joli bonbon noir. Geste que je surveille dans le détail en attendant la suite. J’adore les pistaches, le seul bonbon de l’époque dont je me souvienne et pour cause. Il a fallu attendre l’arrivée des Américains pour rattraper, assez largement d’ailleurs, le temps perdu. Sous l’occupation l’absence de confiseries était pour moi totale ou presque. Une confiserie ne doit pas uniquement être bonne mais aussi être jolie à regarder, enviée, le goût s’en trouve alors renforcé, j’étais déjà un connaisseur ou tout simplement un enfant.


Albert Gilmet
Albert Gilmet
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