« Occupation - Libération - Vezin le Coquet » : différence entre les versions

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Durant l’occupation le café Pécoil sera perquisitionné deux fois par les Allemands avec en prime une visite musclée de la milice. La grange de Pierre Fourché, celle des petits bals si prisés des Vezinois, jouxte le café Pécoil. C’est un endroit pratique pour cacher des résistants l’espace d’une nuit, à l’insu du propriétaire qui habite en haut du bourg. Pour ce type d’action, il est vital de n’avoir que peu de témoins. Les Allemands reniflent néanmoins autour et dans le café Pécoil, jusqu'à le perquisitionner. Ils sont venus en pleine nuit, obligeant les demoiselles Pécoil à se lever alors qu’elles rechignent à quitter leur lit. Au terme de la visite rien d’inquiétant n’est trouvé, pas même les drapeaux du front populaire, les documents qui s’y attachent et les tracts qui sont bien cachés dans le grenier. Sans doute cherchaient-ils uniquement des hommes.
Durant l’occupation le café Pécoil sera perquisitionné deux fois par les Allemands avec en prime une visite musclée de la milice. La grange de Pierre Fourché, celle des petits bals si prisés des Vezinois, jouxte le café Pécoil. C’est un endroit pratique pour cacher des résistants l’espace d’une nuit, à l’insu du propriétaire qui habite en haut du bourg. Pour ce type d’action, il est vital de n’avoir que peu de témoins. Les Allemands reniflent néanmoins autour et dans le café Pécoil, jusqu'à le perquisitionner. Ils sont venus en pleine nuit, obligeant les demoiselles Pécoil à se lever alors qu’elles rechignent à quitter leur lit. Au terme de la visite rien d’inquiétant n’est trouvé, pas même les drapeaux du front populaire, les documents qui s’y attachent et les tracts qui sont bien cachés dans le grenier. Sans doute cherchaient-ils uniquement des hommes.


Madeleine est maintenant en âge de travailler. Elle a été embauchée à la papeterie de Bretagne route de Lorient. Même si le travail est parfois pénible, elle tient le coup. Elle s’y fait des camarades. Il y a Maria qui est conductrice de machine. Odette, Paulette, Simone et  Yvette Le Moigne ''(Heureuse de quitter cet emploi devenu pour elle trop fatiguant)'', Denise Daugan, Louisette Guillot toujours ''« aussi diable »'', Henriette Monnier, Denise Leroy, Paulette ''(qui a quitté la papeterie pour être placée en ferme, où elle fait la cuisine et tire les vaches)''. Ne pas oublier, Maitre Lecointre ''(qui mettait parfois des heures en bas)''. En juillet 1944 Papa Jules informe ces dames et demoiselles que les congés payés ne seront pas attribués à celles qui ne sont pas venues rejoindre leur poste de travail après le débarquement. Hem ! Il y a de la résistance dans l’air !!!
Madeleine est maintenant en âge de travailler. Elle a été embauchée à la papeterie de Bretagne route de Lorient. Même si le travail est parfois pénible, elle tient le coup. Elle s’y fait des camarades. Il y a Maria qui est conductrice de machine. Odette, Paulette, Simone et  Yvette Le Moigne ''(Heureuse de quitter cet emploi devenu pour elle trop fatiguant)'', Denise Daugan, Louisette Guillot toujours ''« aussi diable »'', Henriette Monnier, Denise Leroy, Paulette ''(qui a quitté la papeterie pour être placée en ferme, où elle fait la cuisine et tire les vaches)''. Ne pas oublier, Maître Lecointre ''(qui mettait parfois des heures en bas)''. En juillet 1944 Papa Jules informe ces dames et demoiselles que les congés payés ne seront pas attribués à celles qui ne sont pas venues rejoindre leur poste de travail après le débarquement. Hem ! Il y a de la résistance dans l’air !!!




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Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, une fois faits prisonniers, ne seront pas envoyés en Allemagne, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent auprès de leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.
Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, ne seront pas envoyés en Allemagne après avoir été faits prisonniers, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent auprès de leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.


En 1941, à Rennes, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à Rennes. Ils sont organisés pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires . Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.
En 1941, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à Rennes. Ils sont organisés, pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires. Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.


L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse.
L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse.
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C’est la Libération ! Mot magique qui marquera pour longtemps une période heureuse de notre histoire. Ainsi, en ce mois d’août 1944, le café Épicerie Pécoil, reçoit chaleureusement, après quatre années d’attente, une clientèle à qui Madeleine ne fera pas le coup de la patte de cochon. Des consignes émanant du QG US sont données, aux milliers de GIs au repos pour deux semaines dans de nombreux camps créés pour la circonstance autour de Vezin, de ne pas fréquenter les cafés. Pourtant malgré cela, le café épicerie Pécoil, sans probablement faire exception, reçoit régulièrement la visite de quelques militaires. Le Capitaine Tessier qui parle couramment le français fait partie des habitués, il est cantonné au château de la Glestière. Il s’est autoproclamé neveu du propriétaire du château, puisque celui-ci se nomme tout comme lui TESSIER. Viennent tout aussi régulièrement Carl E. JOHNSON, Robert D. RANDOLPH, Russell LEWIS tous de la Chemical Company 60th et 64th, le Pvt Tony CASTELL 458th AAA AW et aussi Steven (Steve).
C’est la Libération ! Mot magique qui marquera pour longtemps une période heureuse de notre histoire. Ainsi, en ce mois d’août 1944, le café Épicerie Pécoil, reçoit chaleureusement, après quatre années d’attente, une clientèle à qui Madeleine ne fera pas le coup de la patte de cochon. Des consignes émanant du QG US sont données, aux milliers de GIs au repos pour deux semaines dans de nombreux camps créés pour la circonstance autour de Vezin, de ne pas fréquenter les cafés. Pourtant malgré cela, le café épicerie Pécoil, sans probablement faire exception, reçoit régulièrement la visite de quelques militaires. Le Capitaine Tessier qui parle couramment le français fait partie des habitués, il est cantonné au château de la Glestière. Il s’est autoproclamé neveu du propriétaire du château, puisque celui-ci se nomme tout comme lui TESSIER. Viennent tout aussi régulièrement Carl E. JOHNSON, Robert D. RANDOLPH, Russell LEWIS tous de la Chemical Company 60th et 64th, le Pvt Tony CASTELL 458th AAA AW et aussi Steven (Steve).


Outre le repos dont ils ont grandement besoin après leur dure campagne qu’ils ont menée en Normandie, des spectacles sont organisés pour distraire cet effectif très important de militaires. Madeleine est invitée à celui notamment donné au bas du champ de Lebastard. Je me rappelle y être aussi présent auprès de mon copain de la Canon Company du 13th Rgt Inf. Même si nous ne saisissons peu sinon rien des conversations qui sont échangées sur le grand podium dressé en contrebas du pré, qui présente presque la forme d’un amphithéâtre, nous apprécions chansons et musique aux rythmes nouveaux. C’est l’occasion aussi pour les GIs de distribuer des friandises aux spectateurs civils présents. Le spectacle est ouvert à tous. Qu’elle est belle cette liberté nouvellement retrouvée en compagnie de sympathiques amis.
Outre le repos dont ils ont grandement besoin après leur dure campagne qu’ils ont menée en Normandie, des spectacles sont organisés pour distraire cet effectif très important de militaires. Madeleine est invitée à celui notamment donné au bas du champ de Lebastard. Je me rappelle y être aussi présent auprès de mon copain de la Canon Company du 13th Rgt Inf. Même si nous ne saisissons peu, sinon rien des conversations qui sont échangées sur le grand podium dressé en contrebas du pré, qui présente presque la forme d’un amphithéâtre, nous apprécions chansons et musique aux rythmes nouveaux. C’est l’occasion aussi pour les GIs de distribuer des friandises aux spectateurs civils présents. Le spectacle est ouvert à tous. Qu’elle est belle cette liberté nouvellement retrouvée en compagnie de sympathiques amis.


Musique, chansons et théâtre ne suffisent pas complètement au repos du guerrier. La présentation sur les planches de telles distractions n’exerce pas l’effet suffisant pour calmer ou modérer les ardeurs de tous ces jeunes militaires. Il manque l’ingrédient principal, l’indispensable récréation, celle de jeunes femmes. On note alors, qu’à Vezin, entre le café Bigot et la demeure de madame Bouget la couturière, s’est miraculeusement créé un lieu où d’aimables représentantes de la gent féminine, venues de Rennes, s’exercent contre rétribution, à redonner du courage à nos libérateurs pour leurs prochaines campagnes. Comme déjà précisé dans une des chroniques vezinoises, ce lieu n’a rien de légal, il n’est indiqué sur aucun plan, aussi les militaires qui ont connaissance de son existence sans en connaitre le lieu, errent la nuit dans le village en frappant à de nombreuses portes ou volets. Excédé par leurs continuelles visites nocturnes, le beau-père de Madeleine, un soir, leur verse sur la tète depuis l’étage, le contenu d’un pot de chambre déjà bien visité.
Musique, chansons et théâtre ne suffisent pas complètement au repos du guerrier. La présentation sur les planches de telles distractions n’exerce pas l’effet suffisant pour calmer ou modérer les ardeurs de tous ces jeunes militaires. Il manque l’ingrédient principal, l’indispensable récréation, celle de jeunes femmes. On note alors, qu’à Vezin, entre le café Bigot et la demeure de madame Bouget la couturière, s’est miraculeusement créé un lieu où d’aimables représentantes de la gent féminine, venues de Rennes, s’exercent contre rétribution, à redonner du courage à nos libérateurs pour leurs prochaines campagnes. Comme déjà précisé dans une des chroniques vezinoises, ce lieu n’a rien de légal, il n’est indiqué sur aucun plan, aussi les militaires qui ont connaissance de son existence sans en connaitre le lieu, errent la nuit dans le village en frappant à de nombreuses portes ou volets. Excédé par leurs continuelles visites nocturnes, le beau-père de Madeleine, un soir, leur verse sur la tète depuis l’étage, le contenu d’un pot de chambre déjà bien visité.


Madeleine et Henriette refusent de mettre brusquement fin aux sympathiques contacts qu’elles ont établis avec quelques soldats devenus des amis. Leur départ est bien triste pour beaucoup d’entre nous, un grand vide se crée soudain dans notre petit village. Elles font promettre à leurs amis de leur écrire et promettent, elles aussi,, de ne pas les laisser sans leur  envoyer de leurs nouvelles. C’est ainsi que s’établit une correspondance entre les deux sœurs Pécoil et leurs camarades de la 60th et 64th Chemical Company. Certes ce ne fut pas une correspondance suivie mais par exemple Carl E.Johnson adressa à Madeleine plusieurs courriers.
Madeleine et Henriette refusent de mettre brusquement fin aux sympathiques contacts qu’elles ont établis avec quelques soldats devenus des amis. Leur départ est bien triste pour beaucoup d’entre nous, un grand vide se crée soudain dans notre petit village. Elles font promettre à leurs amis de leur écrire et promettent, elles aussi, de ne pas les laisser sans leur  envoyer de leurs nouvelles. C’est ainsi que s’établit une correspondance entre les deux sœurs Pécoil et leurs camarades de la 60th et 64th Chemical Company. Certes ce ne fut pas une correspondance suivie mais par exemple Carl E.Johnson adressa à Madeleine plusieurs courriers.


- '''Sur celui du 3 Novembre 1944''' : ''Il informe qu’il est en Hollande, qu’il « travaille » beaucoup et surtout la nuit. Dans le froid qu’il rencontre, il rêve à un bon feu de cheminée chez lui, aux USA. Que Robert (Randolph) est au lit après avoir reçu la lettre d’Henriette – Que Steve ne travaille pas aujourd'hui, il est au quartier Général. Il transmet ses salutations à toute la famille et la remercie pour leur chaleureux accueil à Vezin-le-Coquet.
- '''Sur celui du 3 Novembre 1944''' : ''Il informe qu’il est en Hollande, qu’il « travaille » beaucoup et surtout la nuit. Dans le froid qu’il rencontre, il rêve à un bon feu de cheminée chez lui, aux USA. Que Robert (Randolph) est au lit après avoir reçu la lettre d’Henriette – Que Steve ne travaille pas aujourd'hui, il est au quartier Général. Il transmet ses salutations à toute la famille et la remercie pour leur chaleureux accueil à Vezin-le-Coquet.
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