« Carrier à Rennes » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
171 octets ajoutés ,  14 septembre 2018
aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 8 : Ligne 8 :


Carrier s'était fait précéder à Rennes, en juillet et août, du policier Pierre-Hervé Rousseville, ancien prêtre. Le 26 août, logeant chez Louel, auteur du ''Journal'' de la ci-devant Bretagne et associé de Vatar, Rousseville déclare  que "les patriotes toujours sous le couteau et sans cesse exposés aux insultes des canonniers (NB: ''aristocrates de la garde nationale'') et autres fédéralistes, attendent avec la plus grande impatience les députés Carrier et Pocholle..."
Carrier s'était fait précéder à Rennes, en juillet et août, du policier Pierre-Hervé Rousseville, ancien prêtre. Le 26 août, logeant chez Louel, auteur du ''Journal'' de la ci-devant Bretagne et associé de Vatar, Rousseville déclare  que "les patriotes toujours sous le couteau et sans cesse exposés aux insultes des canonniers (NB: ''aristocrates de la garde nationale'') et autres fédéralistes, attendent avec la plus grande impatience les députés Carrier et Pocholle..."
Jean-Baptiste Carrier, 37 ans, représentant de la Convention en mission, arrive à Rennes le 1er septembre 1793, après avoir passé huit jours à Saint-Malo où il a préparé le terrain pour le terrible Jean-Baptiste Le Carpentier qui y prendra son poste le 15 décembre<ref> ''La Terreur à Port-Malo'', par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine,t. CVIII, pp 141 à 152 - 2004.</ref>. Carrier se présente à Rennes "investi de la mission de faire arrêter les ex-députés fugitifs et de rétablir l'harmonie civique dans les départements de la ci-devant Bretagne..." dit-il. Il demande à Saint-Malo neuf compagnies de soldats qui n'arrivent que le 8 septembre. Pour son séjour, qui sera court (un mois et une semaine), selon la règle établie par la Convention, il est descendu, accompagné de son secrétaire Poupinet (!) ex-ecclésiastique, à l'ancien hôtel de Montluc, bien national, baptisé hôtel de la Montagne ainsi que la rue où il se trouve, [[rue Saint-Georges]] (actuellement presbytère au n° 15).
Jean-Baptiste Carrier, 37 ans, représentant de la Convention en mission, arrive à Rennes le 1er septembre 1793, après avoir passé huit jours à Saint-Malo où il a préparé le terrain pour le terrible Jean-Baptiste Le Carpentier qui y prendra son poste le 15 décembre<ref> ''La Terreur à Port-Malo'', par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine,t. CVIII, pp 141 à 152 - 2004.</ref>. Carrier se présente à Rennes "investi de la mission de faire arrêter les ex-députés fugitifs et de rétablir l'harmonie civique dans les départements de la ci-devant Bretagne..." dit-il. Il demande à Saint-Malo neuf compagnies de soldats qui n'arrivent que le 8 septembre. Pour son séjour, qui sera court (un mois et une semaine), selon la règle établie par la Convention, il est descendu, accompagné de son secrétaire Poupinet (!) ex-ecclésiastique, à l'ancien hôtel de Montluc, bien national, baptisé hôtel de la Montagne ainsi que la rue où il se trouve, [[rue Saint-Georges]] (actuellement presbytère au n° 15). l est suivi de citoyens qui l'acclament.
" ''Rennes a été la ville sur laquelle toutes celles de la ci-devant bretagne ont modelé leur conduite politique. Il faut donc que là se porte le grand coup de l'organisation civique et la punition des traîtres'' " expliquera Carrier. Le but est de purger la ville de ses éléments girondins et fédéralistes qui avaient voulu lancer, via Caen, une force départementale contre Paris. rentré à Paris  Rousseville envoie son rapport le 5 septembre avec des listes : quinze Rennais bons à être guillotinés, quinze autres à déporter comme incorrigibles, sept à ôter vite de la place (dont l'évêque Le Coz "récalcitrant à la loi sur le costume et fanatisant les campagnes..." et à tous ces mauvais citoyens il ajoute tous les membres des corps constitués, à quelques exceptions près. Puis suit une liste de dix patriotes à porter aux premières places (dont [[Joseph Blin]], dit Blin jeune, directeur de la poste aux lettres) et une autre de douze à placer. Voici un bon programme pour Carrier en matière de personnes à traiter. Et pourtant il se plaindra qu'il lui aura fallu près de huit jours pour choisir les patriotes appelés à remplir les fonctions administratives, tant les bons principes ne sont pas appliqués par la population, les sans-culotte mis à part.
" ''Rennes a été la ville sur laquelle toutes celles de la ci-devant bretagne ont modelé leur conduite politique. Il faut donc que là se porte le grand coup de l'organisation civique et la punition des traîtres'' " expliquera Carrier. Le but est de purger la ville de ses éléments girondins et fédéralistes qui avaient voulu lancer, via Caen, une force départementale contre Paris. rentré à Paris  Rousseville envoie son rapport le 5 septembre avec des listes : quinze Rennais bons à être guillotinés, quinze autres à déporter comme incorrigibles, sept à ôter vite de la place (dont l'évêque Le Coz "récalcitrant à la loi sur le costume et fanatisant les campagnes..." et à tous ces mauvais citoyens il ajoute tous les membres des corps constitués, à quelques exceptions près. Puis suit une liste de dix patriotes à porter aux premières places (dont [[Joseph Blin]], dit Blin jeune, directeur de la poste aux lettres) et une autre de douze à placer. Voici un bon programme pour Carrier en matière de personnes à traiter. Et pourtant il se plaindra qu'il lui aura fallu près de huit jours pour choisir les patriotes appelés à remplir les fonctions administratives, tant les bons principes ne sont pas appliqués par la population, les sans-culotte mis à part.


==Un Carrier populaire==
==Un Carrier populaire==


Feignant d'ignorer les autorités constituées, Carrier renvoya une délégation municipale qui, lui remettant une lettre du ministre de la justice, Gohier, annonçant la prise de Toulon par les Anglais, venait s'entendre avec lui  pour établir les mesures recommandées contre les étrangers.  <ref> ''Histoire de Rennes,'' p.460, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845 </ref>  Il se présenta d'abord aux sections et à la société populaire naguère dissoute par les Girondins. Unanimement applaudi car il vitupère aristocrates, Girondins et Fédéralistes, il fut reconduit chez lui par une foule chantante et, le lendemain, le proconsul au long nez et au fort accent auvergnat fit l'apologie des Montagnards. Il ne va vraiment agir qu'après l'arrivée des troupes de Saint-Malo. Le dimanche 8 septembre se déroule sur le Champ de Mai ([[Champ de Mars]]) une revue de la garnison et de la garde nationale et  il s'en prend publiquement à une compagnie des canonniers de la garde qu'il estimait avoir été en contre-révolution ouverte (n'avaient-ils pas, en apprenant la mort de Marat, organisé une parodie de cérémonie funèbre dont la ville s'était divertie !) et ils seront tous envoyés à Douai, orthographe figurant dans l'ordre de Carrier pour Doué, ville au pouvoir des Vendéens à laquelle il les destinait. Il fera arrêter plus tard le commandant qui avait fui. La cérémonie se termine par la plantation d'un arbre de la liberté sur la place de l’Égalité [[place du Parlement de Bretagne]] et on jette dans un bûcher un portrait de Louis XVI et divers attributs du "despotisme". On danse jusqu'à l'aurore, des citoyennes ornées de guirlandes et de feuilles de chêne lui offrent une couronne civique et l'une d'elles chante un couplet à la gloire de la Montagne. Le lendemain, il présente son collègue [[Pocholle]] à la société populaire. Le 30 septembre, encourageant le mariage des ministres du culte, il est témoin avec Pocholle au mariage d'un prêtre, suivi d'une fête populaire avec banquet.
Feignant d'ignorer les autorités constituées, Carrier renvoya une délégation municipale qui, lui remettant une lettre du ministre de la justice, Gohier, annonçant la prise de Toulon par les Anglais, venait s'entendre avec lui  pour établir les mesures recommandées contre les étrangers.  <ref> ''Histoire de Rennes,'' p.460, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845 </ref>  Il se présenta d'abord aux sections et à la société populaire naguère dissoute par les Girondins. Unanimement applaudi car il vitupère aristocrates, Girondins et Fédéralistes, il fut reconduit chez lui par une foule chantante et, le lendemain, le proconsul au long nez et au fort accent auvergnat fit l'apologie des Montagnards. Il ne va vraiment agir qu'après l'arrivée des troupes de Saint-Malo. Le dimanche 8 septembre, il assiste, l'écharpe tricolore en bandoulière,  sur le Champ de Mai ([[Champ de Mars]]) à une revue de la garnison et de la garde nationale et  il s'en prend publiquement à une compagnie des canonniers de la garde qu'il estimait avoir été en contre-révolution ouverte (n'avaient-ils pas, en apprenant la mort de Marat, organisé une parodie de cérémonie funèbre dont la ville s'était divertie !) et ils seront tous envoyés à Douai, orthographe figurant dans l'ordre de Carrier pour Doué, ville au pouvoir des Vendéens à laquelle il les destinait. Il fera arrêter plus tard le commandant qui avait fui. La cérémonie se termine par la plantation d'un arbre de la liberté sur la place de l’Égalité [[place du Parlement de Bretagne]] où il a été accompagné par des citoyens et des membres de la société populaire  et on jette dans un bûcher un portrait de Louis XVI et divers attributs du "despotisme". On danse jusqu'à l'aurore, des citoyennes ornées de guirlandes et de feuilles de chêne lui offrent une couronne civique et l'une d'elles chante un couplet à la gloire de la Montagne. Le lendemain, il présente son collègue [[Pocholle]] à la société populaire. Le 30 septembre, encourageant le mariage des ministres du culte, il est témoin avec Pocholle au mariage d'un prêtre, suivi d'une fête populaire avec banquet.


==Coups de balai au département, au district et à la municipalité==
==Coups de balai au département, au district et à la municipalité==
24 089

modifications

Menu de navigation