« Printemps 1940, ça douille à l'arsenal de Rennes » : différence entre les versions

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Il est arrivé dans les Ardennes en ce début novembre. Les allocations, l'arsenal et l'application scolaire d'Yves, voire sa santé, reviennent à plusieurs reprises ensuite : ''Il doit y avoir beaucoup de monde à travailler à l'arsenal... Tout ceux qui sont mobilisables ; on va leur retenir sur leur salaire ; ils ont encore bien de la veine d'être là... Tu me dis qu'ils y en a beaucoup qui lessent leurs travail ; s'en doute qu'ils trouvent que cela est trop dure, et surtout pour celle qui sont loing ; et c'est peut être mal sain ce cuivre. Il faut bien te laver les mains... Tu aurais encore mieu fait de rester à faire ton petit bouleau... Je vois, ma pauvre petite femme que tu es bien fatiguer et que tu as l'air de perdre courage... Si vous ne faite que 8 h vous gagneré moin, mais vous aurez moin de mal... '' Le 14 novembre, il se défend des rumeurs d'une fin prochaine : ''Je n'y crois pas car ce sera une guerre longue. Tout est prévu pour cela.'' ajoutant le 22 (Saint-Fergeux) : ''si j'ai du courage et que je prends gout à la vie, c'est pour toi ma petite Anna, car plus je suis long plus je t'aime, car on se doute bien que l'on est içi pour des années. On n'a pas fini dans voir...''.
Il est arrivé dans les Ardennes en ce début novembre. Les allocations, l'arsenal et l'application scolaire d'Yves, voire sa santé, reviennent à plusieurs reprises ensuite : ''Il doit y avoir beaucoup de monde à travailler à l'arsenal... Tout ceux qui sont mobilisables ; on va leur retenir sur leur salaire ; ils ont encore bien de la veine d'être là... Tu me dis qu'ils y en a beaucoup qui lessent leurs travail ; s'en doute qu'ils trouvent que cela est trop dure, et surtout pour celle qui sont loing ; et c'est peut être mal sain ce cuivre. Il faut bien te laver les mains... Tu aurais encore mieu fait de rester à faire ton petit bouleau... Je vois, ma pauvre petite femme que tu es bien fatiguer et que tu as l'air de perdre courage... Si vous ne faite que 8 h vous gagneré moin, mais vous aurez moin de mal... '' Le 14 novembre, il se défend des rumeurs d'une fin prochaine : ''Je n'y crois pas car ce sera une guerre longue. Tout est prévu pour cela.'' ajoutant le 22 (Saint-Fergeux) : ''si j'ai du courage et que je prends gout à la vie, c'est pour toi ma petite Anna, car plus je suis long plus je t'aime, car on se doute bien que l'on est içi pour des années. On n'a pas fini dans voir...''.
La question des allocations revient encore dans deux lettres de la mi-décembre : ''Tu me dis que tu a reçu pour l'impô sur le salaire. Il ne faut pas payer, j'irais m'arrengé avec eu quand je serais en perme. Je leur dirais d'envoyer la note à Baladier ; peut-être qu'il la payra comme je suis mobiliser je ne dois pas payer...'' - ''Tu me dis qu'il t'on renvoyer pour que tu paies l'impôt sur le salaire. Tu peux te rensayller et attendre que je suis venu en perme. J'ai vu sur des journeaux que le salaire d'une femme ne pouvait pas empêcher de toucher l'allocation militaire.''. Il est maintenant content de l'emploi de sa femme : ''Je vois que tu te débrouille bien et que tu vas changer de travaille. Ce sera peut-être moins dure et surtout que tu auras tes nuits. Ce sera moin fatiguant et tes repas mieu réglé.'' - ''... tu dois commencer à t'y faire à ton nouveau métier. Sur ce que je vois, il veulent vous diminuer, il s'y prennent sur tout.''


Vient enfin son tour pour une permission du 29 décembre au 12 janvier, comme pour beaucoup d'autres. Le courrier reprend avec une lettre du 6 février, étant rentré au pays pour une convalescence de grippe du 24 janvier au 5 février.
Vient enfin son tour pour une permission du 29 décembre au 12 janvier, comme pour beaucoup d'autres. Le courrier reprend avec une lettre du 6 février, étant rentré au pays pour une convalescence de grippe du 24 janvier au 5 février.


== L'arsenal au printemps 1940 ==
== L'arsenal au printemps 1940 ==
La première évocation de l'arsenal, dès la première lettre, celle du ''mardi soir'' 6 février 1940, conservée par la réponse du 9, est un peu trop allusive : ''Moi hier, j'ai tiré un peu dure à travailler ; j'avais dormi de 3 h à 4 h 1/2 aussi j'ai trouvé mon lit bon à 7 heures hier soir - et toi tu devais être aussi bien fatigué - moi j'ai repris mon petit boulot, chacun fait le sien. Maintenant, il y a eu des histoires : Leroux m'a dit que je ne serais payé que trois jours ; c'est malheureux à une journée près.'' Le mot fatigue est une des allusions au voyage de retour au front<ref>Saint-Fergeux, petite commune du département des Ardennes. Il neige en ce mois de février : neige toujours au sol, début avril.</ref> après une permission, une autre étant que mon grand-père a oublié sa ''cravate caquis''... Mais, la fatigue pouvait avoir d'autres motifs, notoirement plus doux que les tressautements incessants des wagons de permissionnaires, la séparation s'avérant bien pénible : ''Mon pauvre petit, je n'en suis pas encore revenu ; que c'est tout de meme dure de ce séparer ; il faut y passer pour savoir. Fait attention à ta toux et met toi des ricolo - moi je tousse aussi un peu, j'ai mis un cataplasme.''
La première évocation de l'arsenal par ma grand-mère elle-même, dès la première lettre, celle du ''mardi soir'' 6 février 1940, conservée par la réponse du 9, est un peu trop allusive : ''Moi hier, j'ai tiré un peu dure à travailler ; j'avais dormi de 3 h à 4 h 1/2 aussi j'ai trouvé mon lit bon à 7 heures hier soir - et toi tu devais être aussi bien fatigué - moi j'ai repris mon petit boulot, chacun fait le sien. Maintenant, il y a eu des histoires : Leroux m'a dit que je ne serais payé que trois jours ; c'est malheureux à une journée près.'' Le mot fatigue est une des allusions au voyage de retour au front<ref>Saint-Fergeux, petite commune du département des Ardennes. Il neige en ce mois de février : neige toujours au sol, début avril.</ref> après une permission, une autre étant que mon grand-père a oublié sa ''cravate caquis''... Mais, la fatigue pouvait avoir d'autres motifs, notoirement plus doux que les tressautements incessants des wagons de permissionnaires, la séparation s'avérant bien pénible : ''Mon pauvre petit, je n'en suis pas encore revenu ; que c'est tout de meme dure de ce séparer ; il faut y passer pour savoir. Fait attention à ta toux et met toi des ricolo - moi je tousse aussi un peu, j'ai mis un cataplasme.''


La réponse du 9 montre chez le réserviste mobilisé une certaine aigreur à l'égard de Bretons ou de Rennais : ''Je suis bien content que cela débale par chez nous ; ils en ont profitter assez - cela leur fera un peu voir et les derniers parti ne seront peut être pas mieu que les dernier'' [sic]. Il doit s'agir d'un écho au propos de sa femme : ''M. La---gne a reçu sa feuille de route pour partir ; il va au Mans ; ça va peut etre deguerpir par la, il commence à etre temps''.
La réponse du 9 montre chez le réserviste mobilisé une certaine aigreur à l'égard de Bretons ou de Rennais : ''Je suis bien content que cela débale par chez nous ; ils en ont profitter assez - cela leur fera un peu voir et les derniers parti ne seront peut être pas mieu que les dernier'' [sic]. Il doit s'agir d'un écho au propos de sa femme : ''M. La---gne a reçu sa feuille de route pour partir ; il va au Mans ; ça va peut etre deguerpir par la, il commence à etre temps''.
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