« Di Costanzo, féroce chef de milice » : différence entre les versions

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Le 8 juin 1944, en renfort de la dizaine d'hommes d'Émile Schwaller <ref> [[Émile Schwaller, à la LVF puis milicien criminel]]</ref>, premier élément armé de [[La  Milice à Rennes]], arriva dans la capitale de la Bretagne la 2e unité de marche des francs-gardes de la Milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord [[rue du Griffon]] puis à l’ [[asile de Saint-Méen]], et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  
Le 8 juin 1944, en renfort de la dizaine d'hommes d'Émile Schwaller <ref> [[Émile Schwaller, à la LVF puis milicien criminel]]</ref>, premier élément armé de [[La  Milice à Rennes]], arriva dans la capitale de la Bretagne la 2e unité de marche des francs-gardes de la Milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord [[rue du Griffon]] puis à l’ [[asile de Saint-Méen]], et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  


Ancien chef de cohorte SOL du Rhône puis chef régional des groupes spéciaux de sécurité, avant de venir à Rennes, il avait sévi en mars contre le maquis des Glières en Haute-Savoie, où la villa Marten, à Annecy, était le lieu d’interrogatoires musclés, où lui et son chauffeur torturèrent et battirent à mort des prisonniers des Glières. Le 12 avril un maquisard l'avait blessé, lui tirant une balle emportant l'index de la main gauche et se logeant sous le cœur. Le préfet de Haute-Savoie Marion écrivit le 27 avril à {{w|Joseph Darnand}} que "Le chef Di Constanzo est plein de bravoure mais il cède trop souvent à son impulsivité naturelle et porte ainsi préjudice à l'ordre, à la légalité, au calme des esprits et à l'autorité que je détiens". <ref> ''Histoire de la Milice'' p. 330. Michel Germain. Éd. La Fontaine de Siloë - 1997</ref>  C'est un tableau de la même huile que brosse le journaliste milicien Pierre-Antoine Cousteau écrivant :"On commence par le redouter parce qu'il paraît dur, cassant, brutal même parfois. Et puis lorsqu'on le voit à l'œuvre on comprend que c'est un seigneur. Ensuite on le suit aveuglément."  <ref>  ''Au bout de la terre. Nos collaborateurs P.A. Cousteau en Bretagne.'' dans ''Je Suis Partout'' - 7. 07. 1944</ref>  Tel était décrit, en termes choisis édulcorés, l'homme arrivé à Rennes fin mai car Di Costanzo n'était pas qu'un fort en gueule, mais souvent un nerf de bœuf à la main, il était une brute sauvage; parlant des "terroristes"  il disait: " Nous n'en tuerons jamais assez" et lors d'interrogatoires de suspects, il ordonnait volontiers des tortures dans un langage grossier; Ginette Lion, résistante arrêtée à Rennes le 31 mai, témoigne :" dirigée rapidement dans le bureau du commandant, le lieutenant Di Constanzo, je suis dévêtue, et l'on découvre sur moi les précieux documents que je transportais et que je n'avais pu dissimuler. Je ne pouvais donc à ses yeux qu'être l'agent de liaison d'un réseau de résistance. Commencent alors les interrogatoires, suivis bientôt des premières tortures, qui furent menées en particulier par Di Constanzo lui-même, par Schwaller, l'ancien métallo communiste de Suresnes, et par le sanguinaire Daigre. Le lieutenant Di Constanzo hurlait avec des expressions telles que « me faire pisser le sang », « vomir mes boyaux » et d'autres encore bien plus imagées." Lors de l'attaque du maquis de Broualan, Fernand Rollin, membre du groupe Action du PPF, avait fait déshabiller l’adjudant Lambert devant les autres résistants prisonniers et l'avait rué de coups de ceinturon puis Di Costanzo et Schwaller s’étaient acharnés à leur tour sur Lambert pendant un quart d’heure. <ref> Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne
Ancien chef de cohorte SOL du Rhône puis chef régional des groupes spéciaux de sécurité, avant de venir à Rennes, il avait sévi en mars contre le maquis des Glières en Haute-Savoie, où la villa Marten, à Annecy, était le lieu d’interrogatoires musclés, où lui et son chauffeur torturèrent et battirent à mort des prisonniers des Glières. Le 12 avril un maquisard l'avait blessé, lui tirant une balle emportant l'index de la main gauche et se logeant sous le cœur. Le préfet de Haute-Savoie Marion écrivit le 27 avril à {{w|Joseph Darnand}} que "Le chef Di Constanzo est plein de bravoure mais il cède trop souvent à son impulsivité naturelle et porte ainsi préjudice à l'ordre, à la légalité, au calme des esprits et à l'autorité que je détiens". <ref> ''Histoire de la Milice'' p. 330. Michel Germain. Éd. La Fontaine de Siloë - 1997</ref>  C'est un tableau de la même huile que brosse le journaliste milicien Pierre-Antoine Cousteau écrivant :"On commence par le redouter parce qu'il paraît dur, cassant, brutal même parfois. Et puis lorsqu'on le voit à l'œuvre on comprend que c'est un seigneur. Ensuite on le suit aveuglément."  <ref>  ''Au bout de la terre. Nos collaborateurs P.A. Cousteau en Bretagne.'' dans ''Je Suis Partout'' - 7. 07. 1944</ref>  Tel était décrit, en termes choisis édulcorés, l'homme arrivé à Rennes fin mai car Di Costanzo n'était pas qu'un fort en gueule, mais souvent un nerf de bœuf à la main, il était une brute sauvage; parlant des "terroristes"  il disait: " Nous n'en tuerons jamais assez" et lors d'interrogatoires de suspects, il ordonnait volontiers des tortures dans un langage grossier; Ginette Lion, résistante arrêtée à Rennes début juin, témoigne :" dirigée rapidement dans le bureau du commandant, le lieutenant Di Constanzo, je suis dévêtue, et l'on découvre sur moi les précieux documents que je transportais et que je n'avais pu dissimuler. Je ne pouvais donc à ses yeux qu'être l'agent de liaison d'un réseau de résistance. Commencent alors les interrogatoires, suivis bientôt des premières tortures, qui furent menées en particulier par Di Constanzo lui-même, par Schwaller, l'ancien métallo communiste de Suresnes, et par le sanguinaire Daigre. Le lieutenant Di Constanzo hurlait avec des expressions telles que « me faire pisser le sang », « vomir mes boyaux » et d'autres encore bien plus imagées." Lors de l'attaque du maquis de Broualan, Fernand Rollin, membre du groupe Action du PPF, avait fait déshabiller l’adjudant Lambert devant les autres résistants prisonniers et l'avait rué de coups de ceinturon puis Di Costanzo et Schwaller s’étaient acharnés à leur tour sur Lambert pendant un quart d’heure. <ref> Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne
@resistance.bretagne.WW </ref>
@resistance.bretagne.WW </ref>
D'ailleurs le journaliste de ''Je Suis Partout'', après avoir vanté l'engagement des  miliciens, est-il bien obligé de reconnaître que "La Milice n'a pas pu en un mois devenir populaire, mais elle s'est imposée et elle a ressuscité la notion d'autorité."
D'ailleurs le journaliste de ''Je Suis Partout'', après avoir vanté l'engagement des  miliciens, est-il bien obligé de reconnaître que "La Milice n'a pas pu en un mois devenir populaire, mais elle s'est imposée et elle a ressuscité la notion d'autorité."
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Comme partout ailleurs, en Bretagne, les rapports de la Milice avec la Gendarmerie sont particulièrement mauvais. Di Costanzo, qui n’obtient d’elle aucune information, accuse les gendarmes « de lâcheté, d’imbécillité et de trahison ». Le 27 juillet, 200 de ses hommes prennent d’assaut la caserne de Saint-Aubin-d’Aubigné. <ref> ''La gendarmerie sous l'occupation''. Colonel Cazals </ref>
Comme partout ailleurs, en Bretagne, les rapports de la Milice avec la Gendarmerie sont particulièrement mauvais. Di Costanzo, qui n’obtient d’elle aucune information, accuse les gendarmes « de lâcheté, d’imbécillité et de trahison ». Le 27 juillet, 200 de ses hommes prennent d’assaut la caserne de Saint-Aubin-d’Aubigné. <ref> ''La gendarmerie sous l'occupation''. Colonel Cazals </ref>
[[Fichier:Di_costanso_et_r%C3%A9sistants.jpg|left|350px|thumb|Di Costanzo interrogeant des suspects. ''Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne''. @resistance.bretagne.WW2]]
[[Fichier:Di_costanso_et_r%C3%A9sistants.jpg|left|350px|thumb|Di Costanzo interrogeant des suspects. ''Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne''. @resistance.bretagne.WW2]]
Le docteur [[ René Patay]], nommé maire de Rennes, est informé qu'un contremaître de l'entreprise Château avait été arrêté et, menottes aux mains, conduit au P.C de la Milice, un pavillon de l'[[asile de Saint-Méen ]] et avait éyé menacé d'être fusillé s'il n'indiquait pas où son patron, [[François Château]],  était caché. Relâché, on lui avait interdit l'entreprise et sa bicyclette avait été confisquée. Patay se fait aussitôt conduire au P.C. de la Milice et demande à voir son chef, le capitaine Di Costanzo. Il est reçu par "un officier à la tenue impeccable". Voyant le genre, Patay se présente en déclinant tous ses titres militaires, sans oublier sa citation au 2e mixte Zouaves et Tirailleurs. Voyant que cela porte, il en profite pour rouspéter, disant que leur pillage est inadmissible, qu'il a pris le poste de Château à la mairie et qu'il fait justement récupérer chez lui des objets appartenant à la ville. L'affaire en resta là et l'intervention de Patay permit à l'entreprise  de continuer et de sauver beaucoup de matériel. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 161. René Patay - 1974</ref>  
Impression bien différente donnée au docteur [[ René Patay]]. Nommé maire de Rennes, il est informé qu'un contremaître de l'entreprise Château avait été arrêté et, menottes aux mains, conduit au P.C de la Milice, un pavillon de l'[[asile de Saint-Méen ]] et avait été menacé d'être fusillé s'il n'indiquait pas où son patron, [[François Château]],  était caché. Relâché, on lui avait interdit l'entreprise et sa bicyclette avait été confisquée. Patay se fait aussitôt conduire au P.C. de la Milice et demande à voir son chef, le capitaine Di Costanzo. Il est reçu par "un officier à la tenue impeccable". Voyant le genre, Patay se présente en déclinant tous ses titres militaires, sans oublier sa citation au 2e mixte Zouaves et Tirailleurs. Voyant que cela porte, il en profite pour rouspéter, disant que leur pillage est inadmissible, qu'il a pris le poste de Château à la mairie et qu'il fait justement récupérer chez lui des objets appartenant à la ville. L'affaire en resta là et Patay  note que son intervention permit à l'entreprise  de continuer et de sauver beaucoup de matériel. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 161. René Patay - 1974</ref>  


Après sa fuite de Rennes, Di Costanzo, qui disposait d’une garçonnière près de l’Étoile,  était resté à Paris avec son groupe, une trentaine d’hommes et 20 millions pour faire de l’agitation. La majorité de ces hommes étaient des Lyonnais et des Parisiens qu’il avait recrutés dans un milieu « spécial ». Deux étaient connus : Mogourt de la Milice de Lyon et Roustand de la Milice de Nice.
Après sa fuite de Rennes, Di Costanzo, qui disposait d’une garçonnière près de l’Étoile,  était resté à Paris avec son groupe, une trentaine d’hommes et 20 millions pour faire de l’agitation. La majorité de ces hommes étaient des Lyonnais et des Parisiens qu’il avait recrutés dans un milieu « spécial ». Deux étaient connus : Mogourt de la Milice de Lyon et Roustand de la Milice de Nice.
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