« Di Costanzo, féroce chef de milice » : différence entre les versions

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Le 8 juin 1944, en renfort de la dizaine d'hommes d'Émile Schwaller <ref> [[Émile Schwaller, à la LVF puis milicien criminel]]</ref>, premier élément armé de [[La  Milice à Rennes]], arriva dans la capitale de la Bretagne la 2e unité de marche des francs-gardes de la milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord [[rue du Griffon]] puis à l’ [[asile de Saint-Méen]], et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  Trois jours plus tard, André R  <ref> Arch. dép. I&V. : 43W34, note de renseignements concernant André R. </ref> qui  avait dirigé  la propagande de la Milice à Vichy et était arrivé à Rennes au mois de mars 1944 en tant que délégué régional, fuit Rennes après le bombardement du 11 juin.
Le 8 juin 1944, en renfort de la dizaine d'hommes d'Émile Schwaller <ref> [[Émile Schwaller, à la LVF puis milicien criminel]]</ref>, premier élément armé de [[La  Milice à Rennes]], arriva dans la capitale de la Bretagne la 2e unité de marche des francs-gardes de la milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord [[rue du Griffon]] puis à l’ [[asile de Saint-Méen]], et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  Trois jours plus tard, André R  <ref> Arch. dép. I&V. : 43W34, note de renseignements concernant André R. </ref> qui  avait dirigé  la propagande de la Milice à Vichy et était arrivé à Rennes au mois de mars 1944 en tant que délégué régional, fuit Rennes après le bombardement du 11 juin.


Ancien chef de cohorte SOL (Service d'ordre légionnaire, créé à l'été 1941, prémice de la milice française, créée en janvier 1943) du Rhône puis chef régional des groupes spéciaux de sécurité, avant de venir à Rennes, Di Costanzo avait sévi en mars contre le maquis des Glières en Haute-Savoie, où la villa Marten, à Annecy, était le lieu d’interrogatoires musclés, où lui et son chauffeur torturèrent et battirent à mort des prisonniers des Glières. Le 12 avril un maquisard l'avait blessé, lui tirant une balle emportant l'index de la main gauche et se logeant sous le cœur. <ref>''Histoire de la Milice et des forces de maintien de l'ordre en Haute-Savoie'',p. 324 Michel Germain .Éd. La Fontaine de Siloë  - 1997</ref>  Le préfet de Haute-Savoie Marion écrivit le 27 avril à {{w|Joseph Darnand}} que "Le chef Di Constanzo est plein de bravoure mais il cède trop souvent à son impulsivité naturelle et porte ainsi préjudice à l'ordre, à la légalité, au calme des esprits et à l'autorité que je détiens". <ref> ''Histoire de la Milice'' p. 330. Michel Germain. Éd. La Fontaine de Siloë - 1997</ref>  C'est un tableau de la même huile que brosse le journaliste milicien Pierre-Antoine Cousteau écrivant :"On commence par le redouter parce qu'il paraît dur, cassant, brutal même parfois. Et puis lorsqu'on le voit à l'œuvre on comprend que c'est un seigneur. Ensuite on le suit aveuglément."  <ref>  ''Au bout de la terre. Nos collaborateurs P.A. Cousteau en Bretagne.'' dans ''Je Suis Partout'' - 7. 07. 1944</ref>  Tel était décrit, en termes choisis édulcorés, l'homme arrivé à Rennes fin mai.  Et, en application d'une loi n° 185 du 19 avril 1944, le chef de la milice  a été nommé intendant du maintien de l'ordre en Bretagne "ayant autorité sur l'ensemble des forces de police, corps et services qui assurent la sécurité publique et la sûreté intérieure de l'État," <ref> ''Histoire de la milice'' t.2.,  J. Delperrie de Bayac, éd. Arthème Fayard,  p. 61 - 1969 </ref>  hormis le Bezen Perrot sous les ordres directs des Allemands et sous leur uniforme, ce pourquoi Di Costanzo  détestait ces Bretons fourvoyés. Mais Di Costanzo n'était pas qu'un fort en gueule, mais souvent un nerf de bœuf à la main, il était une brute sauvage; parlant des "terroristes"  il disait: " Nous n'en tuerons jamais assez" et lors d'interrogatoires de suspects, il ordonnait volontiers des tortures dans un langage grossier; Ginette Lion, <ref>{{w| Ginette Lion-Clément}}</ref> résistante agent de liaison arrêtée à Rennes début juin, témoigne :" dirigée rapidement dans le bureau du commandant, le lieutenant Di Constanzo, je suis dévêtue, et l'on découvre sur moi les précieux documents que je transportais et que je n'avais pu dissimuler. Je ne pouvais donc à ses yeux qu'être l'agent de liaison d'un réseau de résistance. Commencent alors les interrogatoires, suivis bientôt des premières tortures, qui furent menées en particulier par Di Constanzo lui-même, par Schwaller, l'ancien métallo communiste de Suresnes, et par le sanguinaire Daigre. Le lieutenant Di Constanzo hurlait avec des expressions telles que « me faire pisser le sang », « vomir mes boyaux » et d'autres encore bien plus imagées."  Ginette ne donnera que son nom et sera déportée.  Lors de l'attaque du maquis de Broualan, Fernand Rollin, membre du groupe Action du PPF, avait fait déshabiller l’adjudant Lambert devant les autres résistants prisonniers et l'avait rué de coups de ceinturon puis Di Costanzo et Schwaller s’étaient acharnés à leur tour sur Lambert pendant un quart d’heure. <ref> Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne
Ancien chef de cohorte SOL (Service d'ordre légionnaire, créé à l'été 1941, prémice de la milice française, créée en janvier 1943) du Rhône puis chef régional des groupes spéciaux de sécurité, avant de venir à Rennes, Di Costanzo avait sévi en mars contre le maquis des Glières en Haute-Savoie, où la villa Marten, à Annecy, était le lieu d’interrogatoires musclés, où lui et son chauffeur torturèrent et battirent à mort des prisonniers des Glières. Le 12 avril un maquisard l'avait blessé, lui tirant une balle emportant l'index de la main gauche et se logeant sous le cœur. <ref>''Histoire de la Milice et des forces de maintien de l'ordre en Haute-Savoie'',p. 324 Michel Germain .Éd. La Fontaine de Siloë  - 1997</ref>  Le préfet de Haute-Savoie Marion écrivit le 27 avril à {{w|Joseph Darnand}} que "Le chef Di Constanzo est plein de bravoure mais il cède trop souvent à son impulsivité naturelle et porte ainsi préjudice à l'ordre, à la légalité, au calme des esprits et à l'autorité que je détiens". <ref> ''Histoire de la Milice'' p. 330. Michel Germain. Éd. La Fontaine de Siloë - 1997</ref>  C'est un tableau de la même huile que brosse le journaliste milicien Pierre-Antoine Cousteau écrivant :"On commence par le redouter parce qu'il paraît dur, cassant, brutal même parfois. Et puis lorsqu'on le voit à l'œuvre on comprend que c'est un seigneur. Ensuite on le suit aveuglément."  <ref>  ''Au bout de la terre. Nos collaborateurs P.A. Cousteau en Bretagne.'' dans ''Je Suis Partout'' - 7. 07. 1944</ref>   
[[Fichier:Di_costanso_et_r%C3%A9sistants.jpg|left|350px|thumb|Di Costanzo interrogeant des suspects. ''Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne''. @resistance.bretagne.WW2]]
Tel était décrit, en termes choisis édulcorés, l'homme arrivé à Rennes fin mai.  Et, en application d'une loi n° 185 du 19 avril 1944, le chef de la milice  a été nommé intendant du maintien de l'ordre en Bretagne "ayant autorité sur l'ensemble des forces de police, corps et services qui assurent la sécurité publique et la sûreté intérieure de l'État," <ref> ''Histoire de la milice'' t.2.,  J. Delperrie de Bayac, éd. Arthème Fayard,  p. 61 - 1969 </ref>  hormis le Bezen Perrot sous les ordres directs des Allemands et sous leur uniforme, ce pourquoi Di Costanzo  détestait ces Bretons fourvoyés. Mais Di Costanzo n'était pas qu'un fort en gueule, mais souvent un nerf de bœuf à la main, il était une brute sauvage; parlant des "terroristes"  il disait: " Nous n'en tuerons jamais assez" et lors d'interrogatoires de suspects, il ordonnait volontiers des tortures dans un langage grossier; Ginette Lion, <ref>{{w| Ginette Lion-Clément}}</ref> résistante agent de liaison arrêtée à Rennes début juin, témoigne :" dirigée rapidement dans le bureau du commandant, le lieutenant Di Constanzo, je suis dévêtue, et l'on découvre sur moi les précieux documents que je transportais et que je n'avais pu dissimuler. Je ne pouvais donc à ses yeux qu'être l'agent de liaison d'un réseau de résistance. Commencent alors les interrogatoires, suivis bientôt des premières tortures, qui furent menées en particulier par Di Constanzo lui-même, par Schwaller, l'ancien métallo communiste de Suresnes, et par le sanguinaire Daigre. Le lieutenant Di Constanzo hurlait avec des expressions telles que « me faire pisser le sang », « vomir mes boyaux » et d'autres encore bien plus imagées."  Ginette ne donnera que son nom et sera déportée.  Lors de l'attaque du maquis de Broualan, Fernand Rollin, membre du groupe Action du PPF, avait fait déshabiller l’adjudant Lambert devant les autres résistants prisonniers et l'avait rué de coups de ceinturon puis Di Costanzo et Schwaller s’étaient acharnés à leur tour sur Lambert pendant un quart d’heure. <ref> Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne
@resistance.bretagne.WW </ref>
@resistance.bretagne.WW </ref>
D'ailleurs le journaliste de ''Je Suis Partout'', après avoir vanté l'engagement des  miliciens, est-il bien obligé de reconnaître que "La Milice n'a pas pu en un mois devenir populaire, mais elle s'est imposée et elle a ressuscité la notion d'autorité."
D'ailleurs le journaliste de ''Je Suis Partout'', après avoir vanté l'engagement des  miliciens, est-il bien obligé de reconnaître que "La Milice n'a pas pu en un mois devenir populaire, mais elle s'est imposée et elle a ressuscité la notion d'autorité."
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<ref>  Libération de Rennes  Témoignages recueillis par les élèves du collège de [[ Chartres-de-Bretagne]].Témoignage d’Émile Favennec  p.48. Media graphic – Juillet 1989</ref>
<ref>  Libération de Rennes  Témoignages recueillis par les élèves du collège de [[ Chartres-de-Bretagne]].Témoignage d’Émile Favennec  p.48. Media graphic – Juillet 1989</ref>
Comme partout ailleurs, en Bretagne, les rapports de la Milice avec la Gendarmerie sont particulièrement mauvais. Di Costanzo, qui n’obtient d’elle aucune information, accuse les gendarmes « de lâcheté, d’imbécillité et de trahison ». Le 27 juillet, 200 de ses hommes prennent d’assaut la caserne de Saint-Aubin-d’Aubigné. <ref> ''La gendarmerie sous l'occupation''. Colonel Cazals </ref>
Comme partout ailleurs, en Bretagne, les rapports de la Milice avec la Gendarmerie sont particulièrement mauvais. Di Costanzo, qui n’obtient d’elle aucune information, accuse les gendarmes « de lâcheté, d’imbécillité et de trahison ». Le 27 juillet, 200 de ses hommes prennent d’assaut la caserne de Saint-Aubin-d’Aubigné. <ref> ''La gendarmerie sous l'occupation''. Colonel Cazals </ref>
[[Fichier:Di_costanso_et_r%C3%A9sistants.jpg|left|350px|thumb|Di Costanzo interrogeant des suspects. ''Mémoire de Guerre - La Résistance en Bretagne''. @resistance.bretagne.WW2]]
 
[[Fichier:Di_Costanzo_interrogeant.png|350px|left|thumb|Di Costanzo interrogeant un "terroriste"]]
Impression bien différente donnée au docteur [[ René Patay]]. Nommé maire de Rennes, il est informé qu'un contremaître de l'entreprise Château avait été arrêté et, menottes aux mains, conduit au P.C de la Milice, un pavillon de l'[[asile de Saint-Méen ]] et avait été menacé d'être fusillé s'il n'indiquait pas où son patron, [[François Château]], était caché. Relâché, on lui avait interdit l'entreprise et sa bicyclette avait été confisquée. Patay se fait aussitôt conduire au P.C. de la Milice et demande à voir son chef, le capitaine Di Costanzo. Il est reçu par "un officier à la tenue impeccable". Voyant le genre, Patay se présente en déclinant tous ses titres militaires, sans oublier sa citation au 2e mixte Zouaves et Tirailleurs. Voyant que cela porte, il en profite pour rouspéter, disant que leur pillage est inadmissible, qu'il a pris le poste de Château à la mairie et qu'il fait justement récupérer chez lui des objets appartenant à la ville. L'affaire en resta là et Patay note que son intervention permit à l'entreprise de continuer et de sauver beaucoup de matériel. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 161. René Patay - 1974</ref>  
Impression bien différente donnée au docteur [[ René Patay]]. Nommé maire de Rennes, il est informé qu'un contremaître de l'entreprise Château avait été arrêté et, menottes aux mains, conduit au P.C de la Milice, un pavillon de l'[[asile de Saint-Méen ]] et avait été menacé d'être fusillé s'il n'indiquait pas où son patron, [[François Château]], était caché. Relâché, on lui avait interdit l'entreprise et sa bicyclette avait été confisquée. Patay se fait aussitôt conduire au P.C. de la Milice et demande à voir son chef, le capitaine Di Costanzo. Il est reçu par "un officier à la tenue impeccable". Voyant le genre, Patay se présente en déclinant tous ses titres militaires, sans oublier sa citation au 2e mixte Zouaves et Tirailleurs. Voyant que cela porte, il en profite pour rouspéter, disant que leur pillage est inadmissible, qu'il a pris le poste de Château à la mairie et qu'il fait justement récupérer chez lui des objets appartenant à la ville. L'affaire en resta là et Patay note que son intervention permit à l'entreprise de continuer et de sauver beaucoup de matériel. <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 161. René Patay - 1974</ref>  


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