« Révolte du papier timbré » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 30 : Ligne 30 :
=== La révolte===
=== La révolte===


Comme à Bordeaux fin mars, le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim : « ''Le jeudy 18e auril 1675, environ les deux heures de Japres midy, certaine canaille incogneue et gens ramassez, qui nestoint point du pais, s'estans esmeuz seroint allez au bureau où se vendoit le tabac, sittué au Champ-Jacquet, en la maison de Me Jacques Hervagault, huissier, qui rend du costé des halles (3), auroint enfoncé les portes et fenêtres, pillé et emporté tout le tabac, mesme les meubles qui estoint dans le parembas, et fouillé dans les caves, pillé le vin et cildres y estans, jetté plusieurs Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais.'' <ref> Journal d'un bourgeois de Rennes au VIIe siècle </ref> Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent. Les injures fusent, le [[duc de Chaulnes]] est traité de "gros cochon"et est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé.
''Comme à Bordeaux fin mars, le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim : «Le jeudy 18e auril 1675, environ les deux heures de Japres midy, certaine canaille incogneue et gens ramassez, qui nestoint point du pais, s'estans esmeuz seroint allez au bureau où se vendoit le tabac, sittué au Champ-Jacquet, en la maison de Me Jacques Hervagault, huissier, qui rend du costé des halles (3), auroint enfoncé les portes et fenêtres, pillé et emporté tout le tabac, mesme les meubles qui estoint dans le parembas, et fouillé dans les caves, pillé le vin et cildres y estans, jetté plusieurs pierres et cassé touttes les vittres et fenestres du hault en bas; puis seroint allez à l'autre bureau du Controlle et affirmations sittué audict Champ Jacquet, dans la maison de Mr de Tizé, rompu aussy les portes et fenestres, pillé ce qui estoit dans les salles basses, jetté les registres et cahiers dans un feu par eux allumé au Champ Jacquet, mesme bruslé quelques uns des registres du Greffe des Insinuations qui estoint dans les mesmes en bas, et pillé plusieurs meubles dans les étages d'en hault; et voulant les sieurs Du Margat Cochet et De La Chauvelière Louvel, connestables de cette ville, empescher ces mutins, ilz les auroint fort maltraictez.
Cette canaille seroint ensuitte allée au haut de la Fillandrie à un autre bureau du Domainne où ilz auroint encor faict plusieurs désordres; lors de quoy un nommé Jan Bernier, tourneur et vandeur d'oranges, fut tué d'un coup de fuzil, dans ladicte rue, le valet de la petitte Harpe aussy tué, et cinq autres blessez à mort, depuis décedez et plusieurs autres encor blessez.
 
''<< De plus, cette populasse aveugle estant allée dans la rue aux Foulons, à dessein de piller le grand bureau des Debvoirs, ilz y furent tellement repoussez qu'il y en a esté tué; et seroint aussy allez au Palais, au bureau du Timbré, et auroint rompu touttes les presses et pillé tout le papier et parchemin timbré.'''' <ref> Journal d'un bourgeois de Rennes au VIIe siècle </ref>
 
Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent. Les injures fusent, le [[duc de Chaulnes]] est traité de "gros cochon"et est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé.
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
La colère explose à nouveau en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le duc a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne.  Se dirigeant vers l’hôtel de ville pour y prendre leur quartier,à une centaine de mètres du palais épiscopal où le duc de Chaulnes résidait, mais ces  compagnies  se heurtent à la compagnie milicienne de garde qui refuse de céder la place et de leur remettre la garde et la défense de la ville. Les Rennais voient là une mesure insultante. La foule s’assemble, des enfants jettent des pierres sur la troupe insultée. Le duc intervient et cède. Le 20 juin, le duc aurait obtenu des capitaines le retour au calme en échange de la promesse de surseoir aux taxes jusqu’à la prochaine tenue des états provinciaux. <ref> ''La prise d’armes rennaise de juin 1675 : une révolte civique ?'' Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest. Gaithier Aubert - 2011 </ref>  
La colère explose à nouveau en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le duc a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne.  Se dirigeant vers l’hôtel de ville pour y prendre leur quartier,à une centaine de mètres du palais épiscopal où le duc de Chaulnes résidait, mais ces  compagnies  se heurtent à la compagnie milicienne de garde qui refuse de céder la place et de leur remettre la garde et la défense de la ville. Les Rennais voient là une mesure insultante. La foule s’assemble, des enfants jettent des pierres sur la troupe insultée. Le duc intervient et cède. Le 20 juin, le duc aurait obtenu des capitaines le retour au calme en échange de la promesse de surseoir aux taxes jusqu’à la prochaine tenue des états provinciaux. <ref> ''La prise d’armes rennaise de juin 1675 : une révolte civique ?'' Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest. Gaithier Aubert - 2011 </ref>  
24 045

modifications

Menu de navigation