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Les Rennais défavorisés de 1850

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Lors du 16e congrès scientifique de France, tenu à Rennes en septembre 1849, [1] le docteur rennais Adolphe Toulmouche trace le sombre tableau des classes rennaises populaires vivant dans la basse ville ou dans les faubourgs populeux de la rue Saint-Malo, de la rue de Brest ou de la rue de Nantes.

Telle est la situation sanitaire, notamment dans ces quartiers de la ville. "Les maladies les plus fréquentes à Rennes dans la classe ouvrière, sont les affections catarrhales, les scrophules, principalement dans toute la partie de la ville qui avoisine la rivière, quoique cet état de chose ait diminué par la canalisation de cette dernière. C'est surtout de 0 à 10 ans qu'elles se développent ensuite de 10 a 15. La phthisie pulmonaire est au moms dans la proportion du quart dans ]es causes générales de mort. Les autres maladies communes sont les rhumatismes, les phlegmasius des organes pulmonaires les irritations ou inflammations chroniques de ceux de la digestion à la suite de fréquents excès de boissons, tes fièvres intermittentes, les maladies de la peau, enfin. les varices et les ulcères variqueux ou autres, aux extrémités inférieures, chez les gens de peine."[...]

"Lorsque les maladies régnantes prennent un caractère épidémique, elles sévissent surtout dans les quartiers t~rs 011 la population est misérable et trop pressée, et dont les conditions hygiéniques sont vicieuses. C'est ce que j'ai pu observer dans les deux épidémies de choléra-morbus qui ont affligé la ville pendant les années 1832 et 1834 et également dans celle qui vient de la frapper de nouveau, dans une autre de dothinentèrite qui régna en 1828,et enfin dans une cinquième de variole, qui eut lieu en 1825. Celle-ci dans l'espace de trois mois, fit périr plus de douze cents individus. Le peuple, dans son ignorance et dans l'espèce de fatalisme qui le portait à refuser toute vaccination, et à ne pas même réclamer les secours de la médecine se contentait de gorger les enfanta qui étaient atteints de la maladie de lait de beurre ou lait baratté.

Dans la classe aisée, qui recherche les plaisirs de la table, les dérangements des fonctions de l'estomac son frequents. de même que les menaces de congestions cérébrales, l'apoplexie, la goutte.


L'alimentation des pauvres est difficile, la galette trop chère.

"La nourriture du peuple ou de la classe ouvrière, dans la ville, se compose habituellement de laitages, de beurre, de fromage, de lard, de pain, de sardines, de harengs pressés, de soupe à la graisse ou au beurre, de galette et, le dimanche, de viande. Sa boisson est le cidre. La nourriture du paysan consiste en pain de seigle, d'avoine et d'orge, souvent cuit depuis quinze jours à un mois, mais surtout en galette, mangée, soit dans le lait, soit avec le porc salé le beurre, le miel ou le lohon, qui est une marmelade de merises écrasées et cuites, et quelquefois en châtaignes. Il y ajoute du cidre. · L'alimentation est une chose si importante au point de tue de l’hygiène, qu'on me permettra de m'arrêter quelques instants sur l'influence qu'elle exerce sur la population rennaise. La nourriture étant trop exclusivement végétale, elle ne répare pas suffisamment la perte ou la dépense de force exigée par des travaux rudes, en sorte que dans un temps donné, il est fait moins de travail que par un ouvrier mieux nourri. Chez l'habitant de Rennes les mouvements sont plus lents, les formes plus empâtées, la constitution plus lymphatique; le cerveau, moins excité, ne produit que des conceptions plus lentes. Ici, il faut remarquer que beaucoup de pauvres gens lorsque le cidre est cher, sont réduits à boire de l'eau."

"La classe ouvrière à raison de la cherté actuelle des vivres à Rennes, surtout de la viande, ne peut se procurer, pour lutter contre l'épuisement ou la dépense de force qu'exige tout travail prolongé et fatigant, une nourriture suffisamment réparatrice. Les droits d'entrée, qui pèsent principalement sur les objets de consommation, l'atteignent même dans les plus petites choses. Ainsi, la galette, dont elle fait en grande partie sa nourriture, y revient à 0 fr.135 m. le kilogramme, puisque les marchandes la lui vendent à raison de 5 c. chacune, tandis que dans les fermes le kilogramme ne coûte que 0 fr, 135 m. Il serait donc à désirer que les administrations, dans les villes, s'efforçassent d'adoucir le plus possible les droits pesant spécialement sur les objets de première nécessité pour le peuple. Avant de songer au luxe et aux embellissements de celles-ci, il faudrait aviser à rendre meilleure la condition des classes ouvrières. Serait-il plus difficile, également, de construire pour elles, en vue d'une bonne hygiène, des habitations ou quartiers plus salubres ? Ces bâtiments, loués à un prix raisonnable, ne seraient-ils pas, pour le moins, aussi utiles que le percement d'un chemin ou d'une rue dans l'intérêt d'un faubourg, ou que l'édification d'un monument de luxe? On bâtit pour la classe aisée et jamais pour la classe ouvrière. qui cependant aurait besoin d'être convenablement logée."

Références

  1. Congrès scientifique de France, 16e session, p. 346-350 BNF Gallica