Juin-juillet 1940, pour certains avec l'occupant la lueur d'une Bretagne indépendante

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Les indépendantistes bretons, Olier Mordrel et le Rennais Fransez Debauvais qui, en 1939, avaient choisi l'exil à Berlin, avaient publié, en janvier 1940 une lettre affirmant qu'un vrai Breton ne doit pas mourir pour la France et monté un simulacre de gouvernement breton à Berlin.

Le 18 juin 1940, les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée [1] par le bombardement de la veille,[2] vont amener dans leur sillage à Rennes, le 22, jour de la signature de l'armistice, Debauvais qui arrive cependant 4 jours trop tard pour mettre la main sur le quotidien L'Ouest-Eclair et le drapeau Gwenn ha Du sur l'hôtel de ville. Cependant la crainte de menées séparatistes est bien réelle chez les responsables, au point que le préfet d'Ille-et-Vilaine, Désiré Joigny qui craignait le 29 une attaque d'autonomistes avec l'aide de 150 prisonniers bretons arrivant à Rennes, élargis d'Allemagne et censés volontaires pour libérer la Bretagne.

Déjà, les 25 et 28 juin, ont paru à Brest, les deux premiers numéros, en allemand et en français, d'un journal officiel du gouverneur de Bretagne, le terme "gouverneur" ayant été retenu par les Allemands pour traduire Befehlshaber", alors que, dans le même temps, sort sur le territoire national un journal signé du "gouverneur militaire en France". le préfet Jouany envoie un émissaire officieux, le docteur René Patay, faire un "Tro Breiz" pour mettre en garde les autorités civiles et religieuses contre les indépendantistes. Bien plus, le n° 4, en date du 4 juillet, indique qu'à dater du 1er, c'est le général commandant Weyer qui assume les fonctions de gouverneur de la Bretagne ( et une Bretagne à 5 départements, Loire-Inférieure incluse). C'est bien la première fois depuis 1790 qu'est établie une administration commune aux cinq départements qui recouvrent l'ancienne province.

La veille, le 3 juillet, s'était réuni, au château des Rohan, à Pontivy, le comité national breton créé par Debauvais, Guieysse, Laîné et Mordrel qui, malgré les consignes de leurs conseillers allemands publient un manifeste en 18 points visant à doter la Bretagne d'un état national. A Pontivy des habitants huent les indépendantistes. Le 7 juillet, Mgr Duparc, de sa chaire de Quimper, mettra vigoureusement en garde clergé et fidèles contre "une campagne des séparatistes bretons qu'organisent en ce moment des hommes déjà condamnés par les tribunaux français" et d'invoquer quatre siècles d'histoire nationale commune avec la France.

Le préfet d'Ille-et-Vilaine, sans consigne gouvernementale, se sentant investi d'une responsabilité régionale, prend l'initiative d'envoyer une délégation le 6 ou le 7, à M. Budes de Guébriant, président de l'office cental agricole de Landerneau, le sollicitant pour une candidature à un poste de gouverneur civil de la Bretagne, mais celui-ci réserve sa réponse et, le 11 juillet, le maréchal Pétain annonce que des gouverneurs seront placés à la tête de grandes provinces françaises.

Le dimanche 14, L'Heure Bretonne, hebdomadaire indépendantiste, dont le calicot ornera la ((rue d'Estrées]], sort son premier numéro avec le titre

"La Bretagne existe désormais officiellement"

réparant le dédain dont la Bretagne fut pendant 150 ans l'objet de la part de l'administration française, les autorités allemandes ont reconnu officiellement notre pays

1° en créant un poste de gouverneur de la Bretagne

2° en groupant les 5 départements sous son autorité.

Le général gouverneur Weyer s'est installé à la préfecture de Rennes''

Et ce texte, à l'allure de communiqué officiel, est repris par une agence de presse allemande, le Deutsches Nachrichten Büro, Der Sieg titre " la Bretagne proclame son indépendance", ainsi que le New-York Times, et la B.B.C. annonce une fois "La Bretagne en état de sécession". le 26 juillet, le Berliner Lokal Anzeiger titre : "La Bretagne veut devenir un état indépendant".

Et le même jour, arrive de Berlin dans une voiture allemande conduite par un sergent, l'épouse de Debauvais, Anna Youenou, accompagnée de son fils, qui retrouve son mari au siège du Comité natinal breton, le C.N.B., installé dans une maison réquisitionnée, 20 rue Waldeck Rousseau.

Las, pour les indépendantistes, la tentation allemande d'une Bretagne indépendante et la tentative des séparatistes vont faire long feu.[3]



références

  1. 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée
  2. bombardement du 17 juin 1940
  3. De 1940 à 1941, réapparition d'une Bretagne provisoirement incomplète, un provisoire destiné à durer, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXIV- 2010