Libération de Rennes

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AUBE DU 4 AOÛT 1944 : LA 4è D.B AMÉRICAINE EST À LA PORTE DE RENNES, LES RÉSISTANTS SONT DANS LA PLACE ET POURTANT LES PONTS SAUTENT

Dans la matinée du 7 juillet, l'armée allemande s'était livrée à des tirs d'artillerie à diverse entrées de Rennes : notamment au nord de Saint-Grégoire vers Montgermont ( route de Saint-Malo), de la route de Fougères en direction de Liffré, vers Thorigné, au sud du Rheu et au nord-ouest de Pacé (route de Saint-Brieuc), de Chantepie à Cesson (route de Paris). la population avait été avertie la veille que l'accès à ces terrains serait interdit et qu'il y avait danger de mort à y pénétrer.[1]

Mais trois semaines plus tard, le 1er août, c'est par la route d'Antrain que la 4ème D.B américaine, venue d’Avranches avec 25 Sherman, est arrêtée à Maison-Blanche, au nord de Rennes. Le colonel Eugen Koenig y commande deux bataillons de recrues amenés du Mans, s'ajoutant aux restes de la 9Ie division aéroportée amenés par le général Fahrmbacher "pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son North-Western France Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"[2]

Sont installées là deux batteries de Flak de 88 mm avec une centaine de fantassins disposant de quelques mitrailleuses et lance-roquettes anti-char.[3] La division blindée du général Wood va perdre 15 chars touchés par une batterie de DCA allemande tirant à l'horizontale. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et 30 P.47 Thunderbolts pilonnent les positions de DCA allemande. Wood attend des renforts en hommes, vivres et munitions. La ville reçoit par intermittence des obus, probablement pour tenter de convaincre l'ennemi de la quitter.[4] Il amorce avec une partie de ses troupes un débordement de Rennes par l'ouest. Le 3 août au matin, alors que les Allemands viennent de faire partir nuitamment le dernier train de résistants déportés, * le docteur René Patay constate que l’aile sud de l’hôtel de ville, a été abandonnée par la Standhortkommandantur. Vers 16 h la police commence à arrêter des collaborateurs et des Rennais les conspuent et les houspillent rue Ferdinand Buisson. Vers 19h30, des agents casqués et quelques civils avec brassard tricolore au bras gauche se dirigent vers la mairie. Le docteur René Patay, nommé maire le 14 juin, est contraint de se démettre de ses fonctions en présence de M. Hemeric de Solminiac, représentant du commissaire de la République nommé par le Comité d’Alger, auquel il dit en franchissant la porte : «  Maintenant c’est à vous d’empêcher les ponts de sauter. » [5] En effet, dès la matinée de la veille, les Rennais ont vu des soldats allemands amener des caisses d'explosifs, sur les jardins de la Vilaine et près des ponts.[6] Le colonel Koenig, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, reçoit du général Hausser l’ordre officiel de repli et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 h du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison Blanche. [7]

De son domicile du 22 quai Lamennais, René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le pont de la Mission s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chausssée pour prendre un petit déjeuner, le pont de Nemours saute. D’après Mme Ladam, il est 5h20, puis, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le quai Lamartine sont détruits.

Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le pont Jean-Jaurés et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.

Seuls les ponts Legraverend et de Saint-Martin subsisteront grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal.

Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait –d’empêcher la sentinelle ( il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » [8] En fait, le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter une implantation administrative militaire par les Alliés.(AMGOT : allied military government in occupied territories)

Les GI's du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé à la prononciation phonétique adéquate : " juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY" pour "Je ne comprend pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".[9]

Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal Défense de la France, encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, imprimé provisoirement 38 rue du Pré-Botté à Rennes sur une seule feuille, s'étonne dans son n° 8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."

--Stephanus 6 février 2011 à 21:15 (CET)

Notes et références

  1. L'Ouest-Eclair du 6 juillet 1944
  2. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008
  3. Retreat to the Reich. The German defeat in France, 1944, par Samuel W. Mitcham, Jr. - Praeger 2000
  4. notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes
  5. Mémoires d’un Français moyen par René Patay – 1974
  6. Ouest-France du 7 août 1944
  7. U.S Army in World War II- Breakout and pursuit. chap. 19, par Martin Blumenson
  8. Les Heures douloureuses de Rennes par V. Ladam - imp. Les Nouvelles
  9. French language guide- War department Washington, June 21, 1943


[1]

Lien interne

* Le dernier train de résistants déportés quitte Rennes juste avant la libération


LE 4 AOÛT, à 8 H 30, LES PREMIERS ALLIES DANS RENNES : UN CAPITAINE ANGLAIS AMOUREUX ET SON CHAUFFEUR.

Vers 8 heures 30, ce vendredi matin, les Rennais,réveillés brutalement il y a trois heures par la série d'énormes explosions des ponts dynamités, attendent. La veille et dans la nuit les Allemands quittaient la ville et, dans l'après-midi, on avait vu les premiers F.F.I du côté de la mairie. Les Rennais attendent, chez eux, l'arrivée des troupes américaines, sérieusement accrochées depuis le Ier août, à Maison-Blanche, et qui ont envoyé des obus sur la ville ces derniers jours.

Un étrange véhicule descend le Contour de la Motte et s'arrête devant le porche du bel immeuble faisant le coin avec la rue Victor-Hugo. En descendent deux militaires, aussitôt entourés de quelques civils et de pompiers de la caserne Saint-Georges qui les acclament et auxquels l'officier distribue quelques paquets de cigarettes et du chocolat. Etranges Américains quand même, puisqu'il s'agit d'Anglais non armés ! L'officier se fraye un passage et entre dans l'immeuble et reviendra chercher son chauffeur qui, ayant un fort mal de tête, sera soigné là-haut avec de l'aspirine et quelques compresses d'eau vinaigrée sur la tête. Les voici qui repartent bientôt.

Le captain Alfred-Charles Goss est déçu : la jeune Rennaise dont il était tombé amoureux en 1939, qu'il n'a plus revue depuis juin 1940, qui est l'objet de ce déplacement hasardeux au cours d'une permission exceptionnelle, n'est pas ici, mais est réfugiée à Tresboeuf. Alors direction Tresboeuf, 35 km au sud de Rennes. Il va bien franchir les quais dévastés, à droite du Palais du Commerce. Rennes et ses environs, il les connaît bien et avait bifurqué sans encombre il y a une heure à Saint-Aubin d'Aubigné, sans attendre comme le lui demandaient les Américains, puis avait gagné Rennes par des voies détournées, entrant en ville par la rue de Fougères.

Direction Tresboeuf donc, mais il se trompe de route et, du côté de Pont-Péan, est fait prisonnier ainsi que son ordonnance qui n'avait pas obtempéré à l'ordre de foncer. Le groupe d'Allemands en retraite et à pied est bien content de récupérer ce véhicule.

Pendant ce temps, des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénétrent prudemment dans Rennes, arme à la main, et descendent le contour de la Motte, tournent rue Victor-Hugo et prennent la rue Nationale pour gagner, à gauche, la place de la Mairie. Il est près de 9 h 30 et, en tête un G.I. de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"

Quant au captain Goss, il lui faudra, pour retrouver son Edith, s'évader de la poche de Saint-Nazaire. Il réapparaîtra Contour de la Motte, avec une grande barbe noire sous une casquette civile trouée, pieds nus dans des sabots de bois, entre deux colosses à brassards noirs avec la mention " MP " (Military Police).

Le Ier août 1945, il sortit en uniforme de l'église Saint-Germain, au bras de sa jolie française Edith en longue robe de mariée. Ils vécurent en Angleterre et eurent... sept enfants.

Notes et références

  1. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen. Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII - 2008


  • "Il voulait retrouver sa fiancée à Rennes. L'Anglais devance les Américains" - Le "big" baiser rennais au GI Fred" Ouest-France, édition Rennes du 5 août 1994
  • " Un officier anglais devance les Américains" par Michel-Jacques Gauvain - Mémoire de l'Université du Temps Libre du Pays de Rennes vol. 17 -2004