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Émile Riaudel, engagé à 15 ans dans la défense passive

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Émile Riaudel

Émile Riaudel, 22 ans

Engagé à 15 ans dans la Dédense passive

(7 janv. 1927, Cesson-Sévigné - 12 avril 2018, Rennes)


Émile Riaudel, devenu rennais après quelques semaines, d’abord rue des Ateliers puis au n° 121, rue de Châteaugiron, âgé de 13 ans, est témoin du Bombardement du 17 juin 1940 sur les triages ferroviaires de Rennes [1] et c’est l’un des rares Rennais à avoir identifié les bombardiers allemands au long fuselage: des bimoteurs Dornier, non pas des Stukas ou des Messerschmitt comme on le croyait. À 14 ans le voici en apprentissage chez un carrossier, boulevard Villebois-Mareuil qui, après le bombardement du 29 mai 1943 ferme et ouvre une annexe dans un hangar à Chantepie.

Émile Riaudel, à l'hôtel de ville, le 11 mai 2015, porte-drapeau reçoit la médaille de la ville de Rennes

La Défense passive

 15 ans, en 1942, ce jeune adolescent entre dans la Défense passive. Le rôle des agents de la « DP » se borne d'abord à contribuer au respect des occultations des lumières le soir et la nuit, et au respect des règles à suivre lors des alertes. ». Émile, équipé de son casque Adrian blanc, d’un brassard jaune, d’un masque à gaz et d’un sifflet, à chaque alerte sonore de la sirène, courait sur plus d’un kilomètre de la rue de Châteaugiron au point de rendez-vous. Le responsable du secteur 3 tenait le magasin de l’Economique, rue de Vern , et les brancards étaient stockés dans les réserves du bâtiment côté « Cour ».

Casques et brassards : jeunes Rennais dans la D.P
29 mai 1943, Émile Ruaudel est rue Nantaise sous l'un des casques blancs de la DP

Il va en être tout autrement, les deux années suivantes, quand les avions alliés ne vont pas que survoler Rennes et ses environs . [2] C’est, à partir de février 1943, le temps des bombes ; à la DP une équipe de surveillance veillait à l’extinction des feux et une autre se chargeait du secours aux blessés. Émile entre alors de plain-pied dans l’horreur: « Il nous fallait protéger, soutenir, aider à travers les «  mares » de sang, relever les cadavres parmi les fracas et les ruines. » Le Bombardement du 8 mars 1943 est le premier d’une série qui causa morts, blessures et ruines à Rennes. La DP, avec d’autres organismes telle la Croix-Rouge, les pompiers, est passée de la prévention aux secours immédiats. À chaque bombardement recommence l’action éprouvante, traumatisante, épuisante. « Pour tenir le coup nous buvions de la blanche (du calva). » À 16 ans, la carte d’identité est devenue obligatoire et il faut aller chercher les Ausweis, à un service de la kommandantur, place Saint-Melaine. Lors du Bombardement du 29 mai 1943 l'après-midi, Émile est rue de Dinan, à la carrosserie Colsy quand une bombe tombe devant l’entrée mais Émile file vers le centre et, dans la rue Nantaise, affreusement touchée, il participe aux secours. Et le voici sans emploi : son jeune patron, requis pour le STO, préfère prendre le maquis à la Fontenelle –Antrain . [3]

Le Secours national

Sans travail, il entre au Secours National où l’on récupère du ravitaillement bloqué en gare dans des wagons de marchandises, des colis seront stockés et des nourritures amenées aux prisonniers du camp Margueritte dans des marmites norvégiennes avec, parfois, du courrier collé au fond de la marmite vide. Le 9 mai 1944, il est parmi les sauveteurs qui s’activent dans les ruines du village de Bruz après le bombardement britannique raté. [4] « On se met au travail pour découvrir sous les décombres quelques rescapés, et dans quel état ! ». Alors que collégiens et lycéens ont été envoyés à la campagne en mai 1943, Émile, adhérent à la J.O.C, sensible aux notions d’entraide et de dévouement, est resté sur place.

Mettre à l’abri les enfants

En juillet 1944, la Ville de Rennes demande au Secours national de déplacer des petits rennais réfugiés à Antrain, lieu qu’elle suppute bientôt en zone de combat. Un camion Panhard part vers 9 heures le lundi 12 juillet, un homme assis sur une aile du camion, regardant vers l’avant, l’autre sur l'autre aile, regardant vers l’arrière en cas d’apparition d’un avion. C’est le cas à la sortie de Betton, les occupants quittent le véhicule qui, mitraillé, prend feu. Le lendemain Émile est volontaire et se trouve à bord d’un Citroën U 23 à gazogène, à bord duquel sont embarqués à Antrain une trentaine d’enfants de 8 à 10 ans avec nécessaires de toilette, direction une propriété à Dingé, 23 km au sud-ouest d’Antrain. Sur le toit une cocarde tricolore du Secours national mais Émile en a confectionné une autre qu’il a placé sur le radiateur… Trois voyages auront lieu ainsi sans heureusement qu’un autre avion vienne mitrailler car il eut été impossible de faire descendre à temps trente enfants ; des voyages ont lieu aussi pour le transfert des matériels. Le jeudi matin 15 juillet, à la sortie d’un virage, deux camions allemands renversés, et des draps blancs allongés au sol, des tués ; arrêt du camion sous la menace des armes, contrôle des papiers par des soldats excités, fouilles à corps et fouille du véhicule, les quatre occupants mains sur la tête, braqués par des mitraillettes, sont soupçonnés d’être des « terroristes » et craignent d'être fusillés. Enfin, « Raoust ! », retour à Rennes par la route de Saint-Malo où de nombreux véhicules ont été mitraillés, certains encore fumant.

Le 3 août, Émile constate que les Allemands creusent des trous sur le bord du canal d’Ille-et-Rance, devant le siège du Secours National, boulevard de Chézy et des soldats marins âgés s’installent derrière des mitrailleuses à refroidissement par eau. Le soir, des Allemands fuient avec leur barda à vélo, à pied ou en charrette. C'est, le lendemain, la Libération de Rennes. Émile rentre à la maison et trouve du travail comme électricien automobile, Boulevard de la Tour d'Auvergne. Il travaillera aux « Amitiés sociales » œuvre de Robert Hem.

Il est marqué à vie par les horreurs résultant des bombardements. Après avoir suivi la préparation militaire, il est appelé sous les drapeaux et entre au 3e bataillon du 2e régiment des Chasseurs parachutistes qui le mènera en Afrique. Puis ne trouvant pas de travail sur Rennes, il passera avec sa famille trois décennies en région parisienne avant de revenir dans la capitale bretonne. [5].

Émile Riaudel était titulaire de la médaille commémorative 1939-1945, barrette « Défense passive », du titre « Reconnaissance de la Nation avec barrette Défense passive de la médaille du Mérite, échelon bronze de l’Union nationale des parachutistes, de la médaille de la Ville de Rennes.

Références