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Cinéma à Rennes pendant la guerre
Pendant la seconde guerre mondiale, les salles obscures furent très fréquentées, dérivatifs aux soucis du temps. "Le Tout-Cinéma", annuaire 1942, paraît avec sa partie officielle et l'organisation du c.o.i.c, ses mémentos téléphoniques des organismes et membres de la corporation, la liste des cinémas, les annonces des nouveaux films, les films présentés, les photos et adresses de 167 acteurs et actrices, des documentations sur la projection et une annexe sur le cinéma italien, document devenu rare ; les salles de la distribution commerciale à Rennes proposent alors 4505 places.
De temps à autre, en représailles d'actions ou de comportements hostiles, l'autorité occupante privait les Rennais de cinéma. Ainsi, dès le 9 juillet 1940, le journal annoncera que par ordre de la Kommandantur de Rennes, qui s'est installée en partie sud de la mairie, en raison de "l'attitude inopportune de quelques spectateurs français" lors de la projection des actualités allemandes, la population civile est interdite de cinéma du 8 au 14 juillet... » Il s'agissait très probablement de réactions dans la salle aux actualités allemandes "Die Deutsche Wochenschau", datées du 3 juillet, présentant brièvement des vues des résultats du bombardement du 17 juin 1940 sur le triage de Saint-Hélier et la plaine de Baud : ferrailles de wagons sur les voies ferrées et hommes du génie allemand. Le préfet adressa une lettre au recteur d'académie le 24 mars 1942, regrettant de : " constater ces temps derniers un laisser-aller et un manque de tenue de certains étudiants à l’occasion d’un certain nombre de réunions. Tous les vendredis soirs, au passage du nouveau film au cinéma Le Royal et des actualités, un certain nombre d’entre eux manifestent bruyamment et avec une vulgarité choquante." Dans une lettre du 3 avril 1942 au préfet, le recteur lui demandait de bien vouloir collaborer avec ses services en lui fournissant les noms des étudiants coupables de manifestations bruyantes qui auraient été relevés par la police et fit part de sa certitude de contraindre, par la peur de la sanction d'être privé du droit de se présenter à tout examen ou concours, l’ensemble des étudiants à adopter une attitude correcte : « Nul étudiant ne voulant risquer de rendre vain, par une manifestation inconsidérée, tout son travail de l’année, je suis persuadé que cette mesure suffira à rétablir l’ordre ». Cette mesure fut efficace : plus aucune manifestation ne fut à déplorer par les autorités jusqu’à la Libération.
Dès l’Occupation, le Royal – qui a un contrat de distribution avec la Tobis – poursuit la diffusion de films allemands comme « La Lutte héroïque » de Hans Steinhoff le 10 avril 1941, « Le président Kruger » du même réalisateur le 18 juillet 1942 ou des films distribué par l’Universum Film AG comme « Le Maître de poste » de Gustav Ucicky le 7 février 1941 ou bien, plus honteux, le film de propagande « Le Juif Süss » de Veit Harlan le 22 mai 1941. Le reste de la programmation est constitué de films français venant majoritairement de ces deux distributeurs[1].
Outre les films programmés, le journal annonce le contenu des actualités aux contenus allemands ou vichyssois.
Les occupants allemands à Rennes avaient une salle de spectacle dédiée : la salle du cinéma Le Select, 20 boulevard de la Liberté, 870 places, devenue Soldatenkino. Il leur avait été aussi réservé des séances dans deux cinémas de Rennes, le Royal et le Français, mais le dimanche 28 février 1941, au début de la séance réservée aux soldats de l'armée d'occupation l'après-midi, une bombe a explosé sans faire de victime et le Feldkommandant ordonne la fermeture des cinémas Royal et Sélect.
Pour la Toussaint de 1941, l'autorité occupante impose aux Rennais dans les grands cinémas de la ville un film vantant la victoire allemande "face au bolchevisme", programme passionnant !
En 1943, le Royal fonctionne avec des séances réservées aux soldats de l’armée d’Occupation le soir, tandis que les matinées sont ouvertes au public français. Le 28 février 1943, alors que le film « Parade en sept nuits » est projeté, une bombe installée dans le balcon du cinéma explose au cours de la soirée réservée aux officiers allemands. Cet acte de résistant qui n’a pas fait de victimes mène, sur une ordonnance émanant du Feldkommandant, à la fermeture des cinémas Royal et Sélect au public français.
Références
- ↑ Anciennes salles de cinéma de Rennes
- ↑ Le Tout-Cinéma annuaire professionnel, organe du Comité d'organisation de l'industrie cinématographique - 1942