« Carrier à Rennes » : différence entre les versions

aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 5 : Ligne 5 :
==Une mission bien préparée==
==Une mission bien préparée==


" ''Rennes a été la ville sur laquelle toutes celles de la ci-devant bretagne ont modelé leur conduite politique. Il faut donc que là se porte le grand coup de l'organisation civique et la punition des traîtres'' " expliquera Carrier. Le but est de purger la ville de ses éléments girondins et fédéralistes qui avait voulu lancer, via Caen, une force départementale contre Paris. Carrier s'était fait précéder, en juillet et août, du policier Rousseville, ancien prêtre, qui lui remet son rapport le 5 septembre avec des listes : quinze Rennais bons à être guillotinés, quinze autres à déporter comme incorrigibles, sept à ôter vite de la place (dont l'évêque Le Coz "récalcitrant à la loi sur le costume et fanatisant les campagnes..." et à tous ces mauvais citoyens il ajoute tous les membres des corps constitués, à quelques exceptions près. Puis suit une liste de dix patriotes à porter aux premières places et une autre de douze  à placer. Voici un bon programme pour Carrier en matière de personnes à traiter. Et pourtant il se plaindra qu'il lui aura fallu près de huit jours pour choisir les patriotes appelés à remplir les fonctions administratives, tant les bons principes ne sont pas appliqués par la population, les sans-culotte mis à part.
" ''Rennes a été la ville sur laquelle toutes celles de la ci-devant bretagne ont modelé leur conduite politique. Il faut donc que là se porte le grand coup de l'organisation civique et la punition des traîtres'' " expliquera Carrier. Le but est de purger la ville de ses éléments girondins et fédéralistes qui avait voulu lancer, via Caen, une force départementale contre Paris. Carrier s'était fait précéder, en juillet et août, du policier Rousseville, ancien prêtre, qui lui remet son rapport le 5 septembre avec des listes : quinze Rennais bons à être guillotinés, quinze autres à déporter comme incorrigibles, sept à ôter vite de la place (dont l'évêque Le Coz "récalcitrant à la loi sur le costume et fanatisant les campagnes..." et à tous ces mauvais citoyens il ajoute tous les membres des corps constitués, à quelques exceptions près. Puis suit une liste de dix patriotes à porter aux premières places (dont Joseph Blin, dit Blin jeune, directeur de la poste aux lettres) et une autre de douze  à placer. Voici un bon programme pour Carrier en matière de personnes à traiter. Et pourtant il se plaindra qu'il lui aura fallu près de huit jours pour choisir les patriotes appelés à remplir les fonctions administratives, tant les bons principes ne sont pas appliqués par la population, les sans-culotte mis à part.


==Un Carrier populaire==
==Un Carrier populaire==
Ligne 19 : Ligne 19 :
== Le traitement des suspects et ennemis du peuple et... un projet de noyades==
== Le traitement des suspects et ennemis du peuple et... un projet de noyades==


En application de la loi des suspects du 17 septembre, la mission principale de la municipalité est de détecter les ennemis du régime, souvent objets de dénonciations, et d'aider à leur détention. On l'invite aussi à combattre les accapareurs. Les suspects sont nombreux, à commencer par les étrangers dont Carrier prend directement la surveillance par le biais du comité du même nom renouvelé lui aussi avec trente hommes à sa dévotion. On envoie les réputés dangereux au Mont-Saint-Michel, faute de place dans les prisons de la porte Saint-Michel, de la tour Lebat et du refuge de la Trinité, les suspectes étant détenues au refuge du [[Bon Pasteur]] où le comité refusera l'élargissement de deux soeurs et d'une belle-soeur de l'émigré [[Chateaubriand]]. Dans une lettre au comité de Salut public du 27 septembre, il suggère de tranférer les coupables de fédéralisme hors de Rennes, car "''quelques patriotes commencent déjà à sentir une fausse humanité pour eux''", et nul doute qu'il mette en tête de ces patriotes l'officier public Leperdit désigné par la municipalité comme commissaire aux prisons.<ref>''Histoire de Rennes'', sous la direction de Jean Meyer, Privat éditeur. 1972</ref>
En application de la loi des suspects du 17 septembre, la mission principale de la municipalité est de détecter les ennemis du régime, souvent objets de dénonciations, et d'aider à leur détention. Dès le 14 septembre, se méfiant de Blin jeune, directeur de la poste aux lettres, Carrier et Pocholle suppriment la surveillance des lettres adressées aux autorités et rendent responsable le directeur  de toute infraction à cette mesure. On l'invite aussi à combattre les accapareurs. Les suspects sont nombreux, à commencer par les étrangers dont Carrier prend directement la surveillance par le biais du comité du même nom renouvelé lui aussi avec trente hommes à sa dévotion. On envoie les réputés dangereux au Mont-Saint-Michel, faute de place dans les prisons de la porte Saint-Michel, de la tour Lebat et du refuge de la Trinité, les suspectes étant détenues au refuge du [[Bon Pasteur]] où le comité refusera l'élargissement de deux soeurs et d'une belle-soeur de l'émigré [[Chateaubriand]]. Dans une lettre au comité de Salut public du 27 septembre, il suggère de tranférer les coupables de fédéralisme hors de Rennes, car "''quelques patriotes commencent déjà à sentir une fausse humanité pour eux''", et nul doute qu'il mette en tête de ces patriotes l'officier public Leperdit désigné par la municipalité comme commissaire aux prisons.<ref>''Histoire de Rennes'', sous la direction de Jean Meyer, Privat éditeur. 1972</ref>


Carrier en a particulièrement contre l'évêque constitutionnel Le Coz, "contre-révolutionnaire et fanatique au dernier période, ce malheureux attise dans toute la ci-devant Bretagne le feu du fanatisme" et il s'emploie à la déportation des prêtres déguisés en paysans et annonce :" ''Je me propose de faire bientôt des cargaisons de prêtres insermentés amoncelés dans les prisons et d'en donner la conduite à un marin de Saint-Servan connu pour son patriotisme''". Il enjoint au district de rassembler à Rennes tous ces prêtres réfractaires, en fait des sexagénaires ou des infirmes ( les valides ont déjà été déportés). Il fait appeler un officier de marine de Saint-Malo qui lui fit observer qu'il lui était impossible de sortir de la rade de Saint-Malo sans s'exposer à une capture par les bâtiments anglais. Aussi fait-il conduire Le Coz et ces êtres "malfaisants" au Mont-Saint-Michel mais n'abandonne pas l'intention de mettre son projet à exécution. On peut penser que l'histoire a failli enregistrer les noyades de Saint-Malo avant celles de Nantes !
Carrier en a particulièrement contre l'évêque constitutionnel Le Coz, "contre-révolutionnaire et fanatique au dernier période, ce malheureux attise dans toute la ci-devant Bretagne le feu du fanatisme" et il s'emploie à la déportation des prêtres déguisés en paysans et annonce :" ''Je me propose de faire bientôt des cargaisons de prêtres insermentés amoncelés dans les prisons et d'en donner la conduite à un marin de Saint-Servan connu pour son patriotisme''". Il enjoint au district de rassembler à Rennes tous ces prêtres réfractaires, en fait des sexagénaires ou des infirmes ( les valides ont déjà été déportés). Il fait appeler un officier de marine de Saint-Malo qui lui fit observer qu'il lui était impossible de sortir de la rade de Saint-Malo sans s'exposer à une capture par les bâtiments anglais. Aussi fait-il conduire Le Coz et ces êtres "malfaisants" au Mont-Saint-Michel mais n'abandonne pas l'intention de mettre son projet à exécution. On peut penser que l'histoire a failli enregistrer les noyades de Saint-Malo avant celles de Nantes !
24 203

modifications