« Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°15 » : différence entre les versions

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Le soir à la maison nous avons droit à un compte rendu succinct de cette rencontre. ''«  Ce sont des Canadiennes françaises, elles sont très gentilles, elles parlent bien français. Elles nous ont donné des conseils de prudence »''  
Le soir à la maison nous avons droit à un compte rendu succinct de cette rencontre. ''«  Ce sont des Canadiennes françaises, elles sont très gentilles, elles parlent bien français. Elles nous ont donné des conseils de prudence »''  


'''''Un village tout à coup, débordant d'animation'''''
'''''Un village débordant tout à coup d'animation'''''


Le village s'est soudainement transformé. Je n’ai jamais vu une telle animation aussi  empreinte de joie dans notre village. Les soldats arrivent à jet continu. Je me suis faufilé derrière une colonne de chars Sherman, qui roulent au pas en grondant et en grinçant des chenilles, les engins se touchent presque. Ils nous arrivent de la route de Rennes, ils tournent à droite en direction de ''la Belle Epine''  en longeant les jardins maraîchers Mainguené. Ils se dirigent ensuite sur la gauche empruntant le chemin qui mène à la ferme Lebastard ''(actuelle rue des Rosais)''. Je m'accroche à l’un d’eux, pour ne plus le lâcher jusqu'à son point de stationnement.  Je découvre des odeurs inconnues, celle des gaz d’essence du pot d'échappement des chars, une odeur nouvelle forte, celle aussi de l’apprêt des bâches des véhicules, odeurs très particulières, odeurs de neuf. Je les aime toutes ces nouvelles odeurs ! Elles symbolisent pour moi l’abondance et la disparition de mes craintes de la guerre.
Le village s'est soudainement transformé. Je n’ai jamais vu une telle animation aussi  empreinte de joie dans notre village. Les soldats arrivent à jet continu. Je me suis faufilé derrière une colonne de chars Sherman, qui roulent au pas en grondant et en grinçant des chenilles, les engins se touchent presque. Ils nous arrivent de la route de Rennes, ils tournent à droite en direction de ''la Belle Epine''  en longeant les jardins maraîchers Mainguené. Ils se dirigent ensuite sur la gauche empruntant le chemin qui mène à la ferme Lebastard ''(actuelle rue des Rosais)''. Je m'accroche à l’un d’eux, pour ne plus le lâcher jusqu'à son point de stationnement.  Je découvre des odeurs inconnues, celle des gaz d’essence du pot d'échappement des chars, une odeur nouvelle forte, celle aussi de l’apprêt des bâches des véhicules, odeurs très particulières, odeurs de neuf. Je les aime toutes ces nouvelles odeurs ! Elles symbolisent pour moi l’abondance et la disparition de mes craintes de la guerre.
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Nous traversons la route, nous nous apprêtons à nous en approcher, quand deux dames viennent à notre rencontre alors même que nous sommes déjà sur le talus. Ces  dames sont vêtues d'un uniforme américain. L’une d’elles nous interpelle en français, haut et clair. Ce sont des Canadiennes, celles qui ont discuté avec nos sœurs dans le bourg ''« les enfants »'' nous dit elle ''« restez bien sur la route, ne venez pas dans ce champ, c’est très dangereux, il y a partout, quantité de mines et d'explosifs....regardez ».''  Elle nous montre alors, dans l’herbe des traces fraîches de sang. ''« Vous voyez...une personne a été très gravement blessée aujourd'hui ».'' Courageux mais pas téméraires, cette mise en garde nous suffit, nous rejoignons le bourg afin de faire connaissance avec nos nouveaux amis qui  finissent de s’installer.  
Nous traversons la route, nous nous apprêtons à nous en approcher, quand deux dames viennent à notre rencontre alors même que nous sommes déjà sur le talus. Ces  dames sont vêtues d'un uniforme américain. L’une d’elles nous interpelle en français, haut et clair. Ce sont des Canadiennes, celles qui ont discuté avec nos sœurs dans le bourg ''« les enfants »'' nous dit elle ''« restez bien sur la route, ne venez pas dans ce champ, c’est très dangereux, il y a partout, quantité de mines et d'explosifs....regardez ».''  Elle nous montre alors, dans l’herbe des traces fraîches de sang. ''« Vous voyez...une personne a été très gravement blessée aujourd'hui ».'' Courageux mais pas téméraires, cette mise en garde nous suffit, nous rejoignons le bourg afin de faire connaissance avec nos nouveaux amis qui  finissent de s’installer.  


Une des entrées du pré se trouve entre le potager de chez Letort et l’extrémité du mur de chez Touffet. Il y aune petite barrière toujours ouverte devant laquelle stationnent en permanence des sentinelles. Quand nous franchissons la barrière, les sentinelles qui nous laissent volontiers entrer, lancent à notre adresse cette phrase en riant bien fort  ''« cigarettes pour papa !…cigarettes pour papa ! »''. Ce sont sans doute les premiers mots français qu’ils auront appris de la bouche des enfants. Ils ne se privent pas de nous imiter, ils y prennent grand plaisir, c'est certain.
Une des entrées du pré se trouve entre le potager de chez Letort et l’extrémité du mur de chez Touffet. Il y a une petite barrière toujours ouverte devant laquelle stationnent en permanence des sentinelles. Quand nous franchissons la barrière, les sentinelles qui nous laissent volontiers entrer, lancent à notre adresse cette phrase en riant bien fort  ''« cigarettes pour papa !…cigarettes pour papa ! »''. Ce sont sans doute les premiers mots français qu’ils auront appris de la bouche des enfants. Ils ne se privent pas de nous imiter, ils y prennent grand plaisir, c'est certain.
Au cours de cette période, dans ce pré, un avion survole le village à basse altitude et passe au dessus du cantonnement. J'ai très peur, je suis à côté d’un soldat et je lui désigne l'avion. Le soldat comprend immédiatement le motif de ma peur, Il me rassure alors. Il me fait comprendre que c’est un avion ami. Je suis rassuré parce que je sais maintenant que cet avion ne nous bombardera pas.
Au cours de cette période, dans ce pré, un avion survole le village à basse altitude et passe au dessus du cantonnement. J'ai très peur, je suis à côté d’un soldat et je lui désigne l'avion. Le soldat comprend immédiatement le motif de ma peur, Il me rassure alors. Il me fait comprendre que c’est un avion ami. Je suis rassuré parce que je sais maintenant que cet avion ne nous bombardera pas.


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