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La foule, ravie, se répand en ville et des heurts ont lieu entre porte-chaises et jeunes bourgeois, déçus de la position du Parlement et qui pensent qu'il y a des valets des nobles et des membres nobles des États déguisés en laquais et porte-chaises. Des étudiants menés par [[Jean-Victor Moreau]], ("type d'étudiant perpétuel, ayant mis huit ans à conquérir la licence et qu'on voyait moins souvent à la faculté qu'au café, surnommé "général du Parlement") <ref> ''Histoire ancienne de notre université'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé - Annales de Bretagne 1948. n°55-1) </ref> commencent à parcourir les rues, armés de sabres, de pistolets et, le 27, au café de l'Union, [[rue de Bertrand]], leur "p.c.", un teinturier qui avait, la veille, assisté à une réunion à l'école de droit, arrive, agitant une main ensanglantée par le coup de couteau d'un laquais et s'évanouit après avoir demandé que l'on protège sa famille si on l'assassine. | La foule, ravie, se répand en ville et des heurts ont lieu entre porte-chaises et jeunes bourgeois, déçus de la position du Parlement et qui pensent qu'il y a des valets des nobles et des membres nobles des États déguisés en laquais et porte-chaises. Des étudiants menés par [[Jean-Victor Moreau]], ("type d'étudiant perpétuel, ayant mis huit ans à conquérir la licence et qu'on voyait moins souvent à la faculté qu'au café, surnommé "général du Parlement") <ref> ''Histoire ancienne de notre université'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé - Annales de Bretagne 1948. n°55-1) </ref> commencent à parcourir les rues, armés de sabres, de pistolets et, le 27, au café de l'Union, [[rue de Bertrand]], leur "p.c.", un teinturier qui avait, la veille, assisté à une réunion à l'école de droit, arrive, agitant une main ensanglantée par le coup de couteau d'un laquais et s'évanouit après avoir demandé que l'on protège sa famille si on l'assassine. | ||
Éconduits par M. de Thiard, commandant de la province, auquel ils étaient venus se plaindre, les étudiants, aile marchante de la contestation des bourgeois "patriotes", se rendent au Parlement et demandent des poursuites contre l'agresseur et qu'on leur livre le concierge orateur de la veille mais n'obtiennent pas de réponse claire. Aussi se retournent-ils contre la noblesse qui siège tout près, au couvent des Cordeliers, et cognent aux portes du couvent. Celles-ci s'ouvrent pour une décharge de coups de pistolets sur les groupes et une mêlée commence entre nobles armés de fusils doubles et les jeunes gens munis d'épées ou de pistolets et se répand sur la place du Palais. Deux jeunes nobles sont tués, MM.de Saint-Riveul et de Boishüe, "premières gouttes de sang versé par la Révolution" écrira François-René de Chateaubriand, présent, qui donnera une autre version des faits. | |||
==Le 28, essai de réunion des inconciliables== | ==Le 28, essai de réunion des inconciliables== | ||
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Mais l'on apprend que le roi venait de suspendre indéfiniment la tenue des États, en fait sur incitation du comte de Thiard, en considération de l'excitation des esprits, alors qu'ils devaient se réunir le 3 février. Les gentilshommes voient dans cette mesure le dernier coup porté à la province; six d'entre eux se rendent à une réunion des étudiants rennais et nantais à l'école de droit et supplient la jeunesse du tiers de s'unir à eux pour tenter de faire rapporter l'arrêt de suspension, mais celle-ci refuse et les renvoie vers les communes qui siègent à l'hôtel-de-ville où le tiers ne voit aucun intérêt à soutenir une constitution si favorable aux nobles et si défavorable pour lui-même. Les étudiants nantais ne quittèrent Rennes que le 6 février après avoir signé un pacte d'entraide avec leurs condisciples rennais. En définitive, noblesse et clergé se soumirent tout en protestant contre les perspectives de réforme élaborées à Versailles et à Paris et votèrent les impôts, ce que firent plus tard les députés du Tiers tout en persistant dans des revendications qui allaient bien au-delà des réformes envisagées. | Mais l'on apprend que le roi venait de suspendre indéfiniment la tenue des États, en fait sur incitation du comte de Thiard, en considération de l'excitation des esprits, alors qu'ils devaient se réunir le 3 février. Les gentilshommes voient dans cette mesure le dernier coup porté à la province; six d'entre eux se rendent à une réunion des étudiants rennais et nantais à l'école de droit et supplient la jeunesse du tiers de s'unir à eux pour tenter de faire rapporter l'arrêt de suspension, mais celle-ci refuse et les renvoie vers les communes qui siègent à l'hôtel-de-ville où le tiers ne voit aucun intérêt à soutenir une constitution si favorable aux nobles et si défavorable pour lui-même. Les étudiants nantais ne quittèrent Rennes que le 6 février après avoir signé un pacte d'entraide avec leurs condisciples rennais. En définitive, noblesse et clergé se soumirent tout en protestant contre les perspectives de réforme élaborées à Versailles et à Paris et votèrent les impôts, ce que firent plus tard les députés du Tiers tout en persistant dans des revendications qui allaient bien au-delà des réformes envisagées. | ||
La fracture politique entre les ordres privilégiés et le tiers était désormais irréparable. | La fracture politique entre les ordres privilégiés et le tiers était désormais irréparable. À Rennes avait été donné le premier signal de la Révolution à venir. | ||
==Interrogatoire au présidial de Rennes== | ==Interrogatoire au présidial de Rennes== | ||
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