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Depuis quelques temps des feuilles rennaises attisent l'opinion : la ''Sentinelle du Peuple'' de Volney monte le tiers état contre la noblesse et ses privilèges et le ''Hérault de la Nation'' vise à rallier les ruraux à la bourgeoisie patriote rennaise. Le 31 décembre 1788, noblesse et clergé ordres refusent d'obtempérer aux injonctions royales, veulent maintenir un vote séparé des trois ordres avec influence égale dans les délibérations et refusent de délibérer sur les réclamations des députés du tiers; ils occupent la salle de délibérations des Etats que le tiers déserte. Une conciliation de l'évêque Bareau de Girac ayant échoué, le 7 janvier, le gouverneur Henri de Thiard communique un arrêt du Conseil, en date du 3, qui suspend la tenue des Etats, le roi ayant été informé du refus que font les députés du tiers état de Bretagne de délibérer sur aucune affaire, et l'arrêt ajourne la tenue au 3 février. Il impose aux membres du tiers de retourner dans leurs villes afin de recevoir de leurs commettants de nouveaux pouvoirs. Les membres du clergé et de la noblesse, craignant pour les franchises des Etats et les "lois constitutionnelles de la province", et devant le refus du tiers de continuer à sièger avant renouvellement des mandats, dirent qu'ils ne siègeraient pas dans une assemblée autre que celles en vigueur. | Depuis quelques temps des feuilles rennaises attisent l'opinion : la ''Sentinelle du Peuple'' de Volney monte le tiers état contre la noblesse et ses privilèges et le ''Hérault de la Nation'' vise à rallier les ruraux à la bourgeoisie patriote rennaise. Le 31 décembre 1788, noblesse et clergé ordres refusent d'obtempérer aux injonctions royales, veulent maintenir un vote séparé des trois ordres avec influence égale dans les délibérations et refusent de délibérer sur les réclamations des députés du tiers; ils occupent la salle de délibérations des Etats que le tiers déserte. Une conciliation de l'évêque Bareau de Girac ayant échoué, le 7 janvier, le gouverneur Henri de Thiard communique un arrêt du Conseil, en date du 3, qui suspend la tenue des Etats, le roi ayant été informé du refus que font les députés du tiers état de Bretagne de délibérer sur aucune affaire, et l'arrêt ajourne la tenue au 3 février. Il impose aux membres du tiers de retourner dans leurs villes afin de recevoir de leurs commettants de nouveaux pouvoirs. Les membres du clergé et de la noblesse, craignant pour les franchises des Etats et les "lois constitutionnelles de la province", et devant le refus du tiers de continuer à sièger avant renouvellement des mandats, dirent qu'ils ne siègeraient pas dans une assemblée autre que celles en vigueur. | ||
Un nouvel arrêt royal du 20 janvier vient favoriser le tiers contre la noblesse, en satisfaisant sa revendication d'un nombre de députés du tiers égal à celui des deux autres ordres réunis. Mais le tiers reste ferme sur ses revendications, poussé par les étudiants en droit qui avaient proclamé "infâmes et traîtres à la patrie ceux des membres du tiers qui auraient la hardiesse de braver les décisions sacrées du peuple". Ils se référaient au cahier des charges établi fin décembre par cent-cinquante députés du tiers assemblés à l'hôtel-de-ville, retenant notamment l'attribution d'un député par 10 000 habitants, l'extinction de la corvée, la répartition égale des impôts entre les trois ordres, l'égalité d'honneurs entre dignitaires du tiers et ceux des deux autres ordres, l'admissibilité du tiers dans les tribunaux et offices, la création d'un fonds pour le passage des troupes dans les villes, exonérant les pauvres du logement des troupes. Le parlement, venant à l'aide du clergé et de la noblesse, décréta d'ajournement à sa barre les syndics des communautés, arrêt qui opposa encore plus le peuple à la noblesse. | Un nouvel arrêt royal du 20 janvier vient favoriser le tiers contre la noblesse, en satisfaisant sa revendication d'un nombre de députés du tiers égal à celui des deux autres ordres réunis. Mais le tiers reste ferme sur ses revendications, poussé par les étudiants en droit qui avaient proclamé "infâmes et traîtres à la patrie ceux des membres du tiers qui auraient la hardiesse de braver les décisions sacrées du peuple". Ils se référaient au cahier des charges établi fin décembre par cent-cinquante députés du tiers assemblés à l'hôtel-de-ville, retenant notamment l'abolition du tirage au sort pour les milices, l'attribution d'un député par 10 000 habitants, l'extinction de la corvée, la répartition égale des impôts entre les trois ordres, l'égalité d'honneurs entre dignitaires du tiers et ceux des deux autres ordres, l'admissibilité du tiers dans les tribunaux et offices, la création d'un fonds pour le passage des troupes dans les villes, exonérant les pauvres du logement des troupes. Le parlement, venant à l'aide du clergé et de la noblesse, décréta d'ajournement à sa barre les syndics des communautés, arrêt qui opposa encore plus le peuple à la noblesse. | ||
==Lundi 26 janvier 1790 : la journée des "bricoles"== | ==Lundi 26 janvier 1790 : la journée des "bricoles"== | ||
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