« Le S.T.O. pour des Rennais » : différence entre les versions

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'''Le Service du travail obligatoire ou S.T.O.'''
===D'abord le volontariat===


A Rennes, à partir du 25 novembre 1942 commence la « relève » : pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont réquisitionnés dans les entreprises et les administrations et envoyés travailler en Allemagne. L'ancienne Caisse d'épargne de la [[rue Martenot]] abrite la ''Kreiskommandantur'' des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise :"renseignements sans obligation".
L'ancienne Caisse d'épargne de la [[rue Martenot]] abrite la ''Kreiskommandantur'' des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise :"renseignements sans obligation".
Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, la relève est d'abord facultative. Du 6 août au 22 octobre, mandaté par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires.<ref> Mémoire d'un Français moyen, par René Patay - 1994</ref> Mais à partir du 25 novembre commence la « relève ». L'ancienne Caisse d'épargne de la [[rue Martenot]] abrite la ''Kreiskommandantur'' des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise :"renseignements sans obligation". Elle prend un caractère officiel en application d’une loi du 4 septembre 1942.
 
[[Fichier:Francais_au_sto_travaillant_pour_une_usine_d_aviation.jpeg|250px|left|thumb| Des Français contribuent à la fabrication d'avions allemands<ref> propagande nazie :''Europa arbeitet in Deutchsland'' - Berlin 1943. L'Europe travaille en Allemagne -</ref>]]
Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, la relève est d'abord facultative. Le 11 août il accueille à Compiègne le premier contingent de prisonniers ainsi libérés. Pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont envoyés travailler en Allemagne. Du 6 août au 22 octobre, désigné par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires et ceux qu'il envoie à l'hôpital pour traitement ne sont pas contents. Mais il semble bien qu'au-delà de la propagande sur les bonnes conditions de vie en Allemagne, celles-ci n'étaient pas aussi roses : un ingénieur rennais et sa jolie femme partent ainsi en Allemagne, celle-ci ayant eu la promesse qu'elle ne quitterait pas son époux mais, venue en permission, elle indique qu'elle en a été séparée tout de suite et astreinte à travailler dans un atelier de femmes dans une promiscuité peu agréable, aussi le docteur obtint-il qu'elle ne  repartît pas. Cette activité de contrôle sanitaire - pour laquelle il avait demandé  sans succès une rémunération en libération de prisonniers - il la cesse en décembre à la suite d'une fracture du col du fémur.<ref> Mémoire d'un Français moyen, par René Patay - 1994</ref>  
Répondant aux exigences de Fritz Sauckel, nommé plénipotentiaire pour l'emploi de la main-d'oeuvre, Laval instaure le 16 février 1943 le S.O.T, service obligatoire du travail, acronyme vite ridiculisé et vite renommé S.T.O.  Un deuxième contingent part le 26 mars 1943 et le 21 mai on recense les jeunes  nés en 1920, 21 et 22 et, le 20 octobre ceux de la classe 43. Le 12 juillet est parti un nouveau contingent.
 
 
===Puis la coercition : le service du travail obligatoire===
 
Mais à partir du 25 novembre la « relève » prend un caractère officiel en application d’une loi du 4 septembre 1942 qui stipule que  tout homme de plus de 18 ans et de moins de 50 ans, et toute femme célibataire, de plus de 21 ans et de moins de 35 ans, peuvent être assujettis à effectuer "tous travaux que le Gouvernement jugera utiles dans l'intérêt supérieur de la nation". En fait peude femmes seront envoyées en Allemagne.
[[Fichier:Francais_au_sto_travaillant_pour_une_usine_d_aviation.jpeg|250px|left|thumb| Des Français contribuent à la fabrication d'avions allemands<ref> propagande nazie :''Europa arbeitet in Deutchsland'' - Berlin 1943. L'Europe travaille en Allemagne -</ref>]] Puis, répondant aux exigences de Fritz Sauckel, le plénipotentiaire nazi pour l'emploi de la main-d'oeuvre, Laval instaure, le 16 février 1943, le "S.O.T", service obligatoire du travail, acronyme vite ridiculisé et vite renommé "S.T.O".  Un deuxième contingent part le 26 mars 1943 et le 21 mai on recense les jeunes  nés en 1920, 21 et 22 et, le 20 octobre ceux de la classe 43. Le 12 juillet est parti un nouveau contingent.


[[Marcel Callo]], né à Rennes en 1921, dans une famille nombreuse, ouvrière et catholique, élève de 1927 à 1934 dans une école de la rue de Dinan, entre apprenti à l'imprimerie Simon et devient ouvrier typographe. Il adhère en 1935 à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) après avoir été scout. Il se fiance. Il est réquisitionné au titre du STO  le 19 mars 1943. Il est envoyé à Zella-Mehlis, en Thuringe où il continue l'action jociste. Il est arrêté le 19 avril 1944, emprisonné et déporté à Mauthausen le 24 octobre 1944 où il trouve Jean Courcier, jeune résistant communiste jugé à Rennes le 13 septembre 1941. Marcel meurt d'épuisement le 19 avril 1945. Il est béatifié en 1987 par le pape Jean-Paul II.
[[Marcel Callo]], né à Rennes en 1921, dans une famille nombreuse, ouvrière et catholique, élève de 1927 à 1934 dans une école de la rue de Dinan, entre apprenti à l'imprimerie Simon et devient ouvrier typographe. Il adhère en 1935 à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) après avoir été scout. Il se fiance. Il est réquisitionné au titre du STO  le 19 mars 1943. Il est envoyé à Zella-Mehlis, en Thuringe où il continue l'action jociste. Il est arrêté le 19 avril 1944, emprisonné et déporté à Mauthausen le 24 octobre 1944 où il trouve Jean Courcier, jeune résistant communiste jugé à Rennes le 13 septembre 1941. Marcel meurt d'épuisement le 19 avril 1945. Il est béatifié en 1987 par le pape Jean-Paul II.

Version du 5 décembre 2012 à 08:19

Le prisonnier : monnaie d'échange proposée pour la "relève"[1]
En Allemagne, installation d'un Français au poste de fraiseur[2]


D'abord le volontariat

L'ancienne Caisse d'épargne de la rue Martenot abrite la Kreiskommandantur des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise :"renseignements sans obligation".

Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, la relève est d'abord facultative. Le 11 août il accueille à Compiègne le premier contingent de prisonniers ainsi libérés. Pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont envoyés travailler en Allemagne. Du 6 août au 22 octobre, désigné par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires et ceux qu'il envoie à l'hôpital pour traitement ne sont pas contents. Mais il semble bien qu'au-delà de la propagande sur les bonnes conditions de vie en Allemagne, celles-ci n'étaient pas aussi roses : un ingénieur rennais et sa jolie femme partent ainsi en Allemagne, celle-ci ayant eu la promesse qu'elle ne quitterait pas son époux mais, venue en permission, elle indique qu'elle en a été séparée tout de suite et astreinte à travailler dans un atelier de femmes dans une promiscuité peu agréable, aussi le docteur obtint-il qu'elle ne repartît pas. Cette activité de contrôle sanitaire - pour laquelle il avait demandé sans succès une rémunération en libération de prisonniers - il la cesse en décembre à la suite d'une fracture du col du fémur.[3]


Puis la coercition : le service du travail obligatoire

Mais à partir du 25 novembre la « relève » prend un caractère officiel en application d’une loi du 4 septembre 1942 qui stipule que tout homme de plus de 18 ans et de moins de 50 ans, et toute femme célibataire, de plus de 21 ans et de moins de 35 ans, peuvent être assujettis à effectuer "tous travaux que le Gouvernement jugera utiles dans l'intérêt supérieur de la nation". En fait peude femmes seront envoyées en Allemagne.

Des Français contribuent à la fabrication d'avions allemands[4]

Puis, répondant aux exigences de Fritz Sauckel, le plénipotentiaire nazi pour l'emploi de la main-d'oeuvre, Laval instaure, le 16 février 1943, le "S.O.T", service obligatoire du travail, acronyme vite ridiculisé et vite renommé "S.T.O". Un deuxième contingent part le 26 mars 1943 et le 21 mai on recense les jeunes nés en 1920, 21 et 22 et, le 20 octobre ceux de la classe 43. Le 12 juillet est parti un nouveau contingent.

Marcel Callo, né à Rennes en 1921, dans une famille nombreuse, ouvrière et catholique, élève de 1927 à 1934 dans une école de la rue de Dinan, entre apprenti à l'imprimerie Simon et devient ouvrier typographe. Il adhère en 1935 à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) après avoir été scout. Il se fiance. Il est réquisitionné au titre du STO le 19 mars 1943. Il est envoyé à Zella-Mehlis, en Thuringe où il continue l'action jociste. Il est arrêté le 19 avril 1944, emprisonné et déporté à Mauthausen le 24 octobre 1944 où il trouve Jean Courcier, jeune résistant communiste jugé à Rennes le 13 septembre 1941. Marcel meurt d'épuisement le 19 avril 1945. Il est béatifié en 1987 par le pape Jean-Paul II.

Au total 800 jeunes gens rennais ont été déportés pour travailler en Allemagne.

références

  1. Dessin de X. de Langlais, dans La Bretagne dans la France du Maréchal, pages écrites pour les prisonniers de guerre bretons. préfecture régionale de Bretagne.visa de la P. Staffel du 19 décembre 1942
  2. Propagande nazie : Europa arbeitet in Deutschland - Sauckel mobilisiert die Leistungsreserven- Berlin 1943 :"l'Europe travaille en Allemagne"
  3. Mémoire d'un Français moyen, par René Patay - 1994
  4. propagande nazie :Europa arbeitet in Deutchsland - Berlin 1943. L'Europe travaille en Allemagne -