« Combat du bois de Clerville » : différence entre les versions

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Le '''combat du bois de Clerville''' est une embuscade tendue le 9 nivôse [[an 4]] sur la route de [[Rennes]] à [[Mordelles]], au niveau de [[Moigné]], au cours de laquelle environ cinq cents chouans en partie à cheval mettent en déroute environ quatre vingt soldats de la République qui escortaient un convoi civil jusqu'à Plélan. Cet événement que certains témoins appellent ''l'affaire de Mordelles'' est relaté dans l'''Histoire de la Vendée militaire'' par Crétineaux-Joly, tome III.
Le '''combat du bois de Clerville''' est une embuscade tendue le 9 nivôse [[an 4]] sur la route de [[Rennes]] à [[Mordelles]], au niveau de [[Moigné]], au cours de laquelle environ cinq cents chouans en partie à cheval mettent en déroute environ quatre-vingt soldats de la République qui escortaient un convoi civil jusqu'à Plélan. Cet événement que certains témoins appellent ''l'affaire de Mordelles'' est relaté dans l'''Histoire de la Vendée militaire'' par Crétineaux-Joly, tome III.


Le ''Registre des déclarations relatives aux conspirateurs'' tenu par la municipalité du canton de Plélan le Grand entre l'an 4 et l'[[an 8]] comporte plusieurs récits faits par certains des civils escortés (déclarations 70-72-73-76-80-100-112). Ce registre unique en son genre aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine y est conservé sous la cote L 1573.
Le ''Registre des déclarations relatives aux conspirateurs'' tenu par la municipalité du canton de Plélan le Grand entre l'an 4 et l'[[an 8]] comporte plusieurs récits faits par certains des civils escortés (déclarations 70-72-73-76-80-100-112). Ce registre unique en son genre aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine y est conservé sous la cote L 1573.
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Joseph Hamelin, de la Lande du Gué en Plélan, qui revenait son cheval chargé de poterie et de tabac, raconte qu'un des cinq gendarmes de Plélan, le nommé Buisson « fut tué près de lui ; qu'étant entré dans le grand chemin à Bas Courtil avec deux volontaires et le nommé Jean Danion du Cannée, ils furent suivis par un chouan monté sur le cheval d'un des gendarmes qui leur criait 'Rends-toi patault' ; qu'un des volontaires lui ayant tiré un coup de fusil, il tourna bride et emmena avec lui Danion qu'il forçait de le suivre à coups de plats de sabre ; que lui declarant fut jusqu'aux portes de Rennes où ayant rencontré la troupe qui était sortie au bruit de l'attaque qui venait d'avoir lieu, il retrogada avec elle et s'en vint à Mordelles dont il partit l'onze pour se rendre à Plélan... ».
Joseph Hamelin, de la Lande du Gué en Plélan, qui revenait son cheval chargé de poterie et de tabac, raconte qu'un des cinq gendarmes de Plélan, le nommé Buisson « fut tué près de lui ; qu'étant entré dans le grand chemin à Bas Courtil avec deux volontaires et le nommé Jean Danion du Cannée, ils furent suivis par un chouan monté sur le cheval d'un des gendarmes qui leur criait 'Rends-toi patault' ; qu'un des volontaires lui ayant tiré un coup de fusil, il tourna bride et emmena avec lui Danion qu'il forçait de le suivre à coups de plats de sabre ; que lui declarant fut jusqu'aux portes de Rennes où ayant rencontré la troupe qui était sortie au bruit de l'attaque qui venait d'avoir lieu, il retrogada avec elle et s'en vint à Mordelles dont il partit l'onze pour se rendre à Plélan... ».
Joseph Piquenot, sergent major au premier bataillon de la Seine Inférieure, rapporte les dire d'un chouan, Joseph Dumesnil de Monterfil, notamment que « les bleux avaient perdu trente hommes ; qu'eux au contraire n'avaient eu que trois tués, mais qu'ils regrettaient particulièrement un hussard déserteur des troupes de la république », il fait également état de quinze cents fusils fournis par les habitants de la Rue Haute de Rennes et dit que les cartouches sont données par les généraux républiquains contre de l'argent, la république ne les payant pas.
Joseph Piquenot, sergent major au premier bataillon de la Seine Inférieure, rapporte les dires d'un chouan, Joseph Dumesnil de Monterfil, notamment que « les bleux avaient perdu trente hommes ; qu'eux au contraire n'avaient eu que trois tués, mais qu'ils regrettaient particulièrement un hussard déserteur des troupes de la république », il fait également état de quinze cents fusils fournis par les habitants de la Rue Haute de Rennes et dit que les cartouches sont données par les généraux républiquains contre de l'argent, la république ne les payant pas.


Déclaration 80 : « Du dix huit pluviose, quatrième année républiquaine, devant l'administration municipale du canton de Plélan, s'est presentée la Citoyenne Eon, femme de Julien Simon, demeurante au Gué en Paimpont ; laquelle a déclaré que la veille de l'affaire près Mordelles, environ midi, elle fut arrêtée près Bellevue par une colonne de chouans composée d'environ cinq à six cents hommes dont environ cent à cheval qui la forcèrent de les suivre ; qu'elle passa par devant le château d'Artois et de là fut conduite à un autre château proche de Mordelles où est une chapelle et le tout fermé d'une cour close par un portail de fer ; qu'ils la firent aussitôt entrer au corps de garde, l'assurant qu'il ne lui arriverait pas de mal, l'invitant à boire et à manger, lui disant que  les royalistes étaient des bonnes gens et que les patteaux au contraire étaient des coquins ; qu'elle passa la nuit au corps de garde et que le lendemain elle y fut gardée par six de ces chouans ; que le reste partit le matin vers dix heures pour aller, disaient-ils, attendre les bleux sur le grand chemin ; que pendant l'action qui eut lieu, ses gardes lui disaient 'Voilà nos gens qui se battent, nous entendons la fusillade ; cherchons un endroit par où nous sauver, car si les bleux étaient les maîtres, nous sommes ici en petit nombre et nous ne pourrions nous defendre !' ; que vers les quatre heures de l'après midi, elle vit arriver la troupe de chouans qui avait parti le matin, en criant qu'ils avaient battu les bleux ; qu'à la nuit fermante, elle vit arriver les voitures qu'ils avaient prises à nos gens avec un de leurs chefs blessés qu'ils descendirent de cheval ; et qu'elle leur entendit dire quelque temps après qu'ils l'avaient conduit dans la chapelle, soupçonnant qu'il était mort ; que deux des soldats qui s'étaient enfuis lors de la déroute ayant été d'abord saisis par les gens de la campagne, une femme vint au château chercher les chouans pour en arrêter un d'eux qui s'était echappé ; qu'elle vit bientôt arriver ces deux prisonniers, lesquels ayant demandé du service parmi les chouans, ceux ci répondirent qu'ils avaient été trop de fois trompés par les déserteurs et qu'ils allaient mourir ; ce qui fut exécuté de suite à coups de bayonnette ; que le lendemain matin, les chouans étant parti vers le point du jour, ils lui dirent de s'en retourner, lui deffendant de passer par Mordelles. Ajoute enfin la déclarante qu'elle a perdu en cette occasion vingt pains de neuf livres chaque qu'elle conduisait à Rennes, deux sacs, un pollet et une berne ; laquelle perte elle estime au total valoir quarante cinq livres en numéraire. ».
Déclaration 80 : « Du dix huit pluviose, quatrième année républiquaine, devant l'administration municipale du canton de Plélan, s'est presentée la Citoyenne Eon, femme de Julien Simon, demeurante au Gué en Paimpont ; laquelle a déclaré que la veille de l'affaire près Mordelles, environ midi, elle fut arrêtée près Bellevue par une colonne de chouans composée d'environ cinq à six cents hommes dont environ cent à cheval qui la forcèrent de les suivre ; qu'elle passa par devant le château d'Artois et de là fut conduite à un autre château proche de Mordelles où est une chapelle et le tout fermé d'une cour close par un portail de fer ; qu'ils la firent aussitôt entrer au corps de garde, l'assurant qu'il ne lui arriverait pas de mal, l'invitant à boire et à manger, lui disant que  les royalistes étaient des bonnes gens et que les patteaux au contraire étaient des coquins ; qu'elle passa la nuit au corps de garde et que le lendemain elle y fut gardée par six de ces chouans ; que le reste partit le matin vers dix heures pour aller, disaient-ils, attendre les bleux sur le grand chemin ; que pendant l'action qui eut lieu, ses gardes lui disaient 'Voilà nos gens qui se battent, nous entendons la fusillade ; cherchons un endroit par où nous sauver, car si les bleux étaient les maîtres, nous sommes ici en petit nombre et nous ne pourrions nous defendre !' ; que vers les quatre heures de l'après midi, elle vit arriver la troupe de chouans qui avait parti le matin, en criant qu'ils avaient battu les bleux ; qu'à la nuit fermante, elle vit arriver les voitures qu'ils avaient prises à nos gens avec un de leurs chefs blessés qu'ils descendirent de cheval ; et qu'elle leur entendit dire quelque temps après qu'ils l'avaient conduit dans la chapelle, soupçonnant qu'il était mort ; que deux des soldats qui s'étaient enfuis lors de la déroute ayant été d'abord saisis par les gens de la campagne, une femme vint au château chercher les chouans pour en arrêter un d'eux qui s'était echappé ; qu'elle vit bientôt arriver ces deux prisonniers, lesquels ayant demandé du service parmi les chouans, ceux ci répondirent qu'ils avaient été trop de fois trompés par les déserteurs et qu'ils allaient mourir ; ce qui fut exécuté de suite à coups de bayonnette ; que le lendemain matin, les chouans étant parti vers le point du jour, ils lui dirent de s'en retourner, lui deffendant de passer par Mordelles. Ajoute enfin la déclarante qu'elle a perdu en cette occasion vingt pains de neuf livres chaque qu'elle conduisait à Rennes, deux sacs, un pollet et une berne ; laquelle perte elle estime au total valoir quarante cinq livres en numéraire. ».
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[[Catégorie:Révolution française]]
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