« Quartier 9 : du passé ouvrier ne faisons pas table rase » : différence entre les versions

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Je commence par un site à la limite du quartier, aujourd’hui complètement disparu. Il se situe entre la rue de la Motte-Piquet et le Boulevard de la Tour d’Auvergne. La plupart se souviennent certainement que s’y trouvaient plusieurs services administratifs de feu l’entreprise publique EDF-GDF. L’entreprise d’origine, la Société Lyonnaise « L’Union » y a fait construire sa première usine à gaz  à partir de 1838 quand elle a obtenu l’affermage de l’éclairage public de la Ville de Rennes. L’usine produisait du gaz hydrogéné à partir du cracking de la vapeur d’eau et adjonction de vapeurs d’huile de schiste. Ce procédé n’étant pas viable, la société fut reprise par la Société Provinciale du gaz qui transforma l’usine afin de produire du gaz de houille. L’entreprise fut ensuite rachetée par la Société pour l’Éclairage des Villes dont le siège était aussi situé à Lyon. Elle en restera propriétaire jusqu’à la nationalisation en 1946. Tout a donc débuté par l’affermage de l’éclairage public. Les réverbères à gaz sont alors allumés le soir un par un puis éteints le matin. On trouve dans les archives les constats des dégradations qu’ils subissent régulièrement et des verres de protection brisés. Cette période a vu la Société pour l’éclairage de villes être régulièrement en conflit avec la Municipalité rennaise. L’entreprise grandit et les conflits apparaissent aussi en son sein. Je ne peux m’empêcher de reproduire cette lettre trouvée aux Archives Municipales. C’est un courrier de monsieur Kuentz directeur de la Compagnie du Gaz au sénateur maire de Rennes en date du 23 juillet 1885 :
Je commence par un site à la limite du quartier, aujourd’hui complètement disparu. Il se situe entre la rue de la Motte-Piquet et le Boulevard de la Tour d’Auvergne. La plupart se souviennent certainement que s’y trouvaient plusieurs services administratifs de feu l’entreprise publique EDF-GDF. L’entreprise d’origine, la Société Lyonnaise « L’Union » y a fait construire sa première usine à gaz  à partir de 1838 quand elle a obtenu l’affermage de l’éclairage public de la Ville de Rennes. L’usine produisait du gaz hydrogéné à partir du cracking de la vapeur d’eau et adjonction de vapeurs d’huile de schiste. Ce procédé n’étant pas viable, la société fut reprise par la Société Provinciale du gaz qui transforma l’usine afin de produire du gaz de houille. L’entreprise fut ensuite rachetée par la Société pour l’Éclairage des Villes dont le siège était aussi situé à Lyon. Elle en restera propriétaire jusqu’à la nationalisation en 1946. Tout a donc débuté par l’affermage de l’éclairage public. Les réverbères à gaz sont alors allumés le soir un par un puis éteints le matin. On trouve dans les archives les constats des dégradations qu’ils subissent régulièrement et des verres de protection brisés. Cette période a vu la Société pour l’éclairage de villes être régulièrement en conflit avec la Municipalité rennaise. L’entreprise grandit et les conflits apparaissent aussi en son sein. Je ne peux m’empêcher de reproduire cette lettre trouvée aux Archives Municipales. C’est un courrier de monsieur Kuentz directeur de la Compagnie du Gaz au sénateur maire de Rennes en date du 23 juillet 1885 :


''Il est exact que dans la nuit du 15 au 16 juillet quelques uns de nos allumeurs se sont rendus coupables d’un délit d’entrave à la liberté du travail en empêchant, même par des voies de fait, leurs camarades de faire leur service. Mais l’exaltation de ces hommes provenait plutôt des libations auxquelles ils s’étaient livrés, que des retenues faites par la suite des amendes infligées, soit par l’Administration Municipale, soit par nous. Vous voudrez bien remarquer en effet que nous avons payé pour le dernier trimestre 1884 comme amendes la somme de 169 fr. 75 et pour le premier trimestre 1885 la somme de 32 fr. 25. Cette dernière somme seule a été retenue le 15 juillet avec les amendes infligées par nous qui s’élevaient à fr. 800.
''Il est exact que dans la nuit du 15 au 16 juillet quelques uns de nos allumeurs se sont rendus coupables d’un délit d’entrave à la liberté du travail en empêchant, même par des voies de fait, leurs camarades de faire leur service. Mais l’exaltation de ces hommes provenait plutôt des libations auxquelles ils s’étaient livrés, que des retenues faites par la suite des amendes infligées, soit par l’Administration Municipale, soit par nous. Vous voudrez bien remarquer en effet que nous avons payé pour le dernier trimestre 1884 comme amendes la somme de 169 fr. 75 et pour le premier trimestre 1885 la somme de 32 fr. 25. Cette dernière somme seule a été retenue le 15 juillet avec les amendes infligées par nous qui s’élevaient à fr. 800.''
Huit hommes ont été renvoyés malgré les démarches faites par eux, leur mère ou leur femme pour conserver leur place, ils n’avaient donc aucune raison pour se plaindre.
''Huit hommes ont été renvoyés malgré les démarches faites par eux, leur mère ou leur femme pour conserver leur place,'' ''ils n’avaient donc aucune raison pour se plaindre.''
Nous attendons que l’égout collecteur en cours d’exécution soit terminé pour passer nos tuyaux sous le pont de la Mabilais.
''Nous attendons que l’égout collecteur en cours d’exécution soit terminé pour passer nos tuyaux sous le pont de la Mabilais.''
Veuillez agréer  ….''
''Veuillez agréer  ….''


Plus tard les choses s’organisent, plus syndicalement. En 1888, une pétition signée d’une quarantaine de signatures est envoyée au maire de Rennes pour lui demander son soutien afin de conserver la prime annuelle variant de 100 à 150 Francs qui a été ramenée à 50 Francs et revenir sur la suppression de distribution de cidre effectuée gratuitement sur les heures de travail. Si le maire ne reçut pas le personnel, il soutint cependant leurs revendications. Les premières tentatives d’organisation syndicale apparaissent vers 1891 suite à une nouvelle suppression de primes. Voici ce qu’en dit le directeur de l’usine :
Plus tard les choses s’organisent, plus syndicalement. En 1888, une pétition signée d’une quarantaine de signatures est envoyée au maire de Rennes pour lui demander son soutien afin de conserver la prime annuelle variant de 100 à 150 Francs qui a été ramenée à 50 Francs et revenir sur la suppression de distribution de cidre effectuée gratuitement sur les heures de travail. Si le maire ne reçut pas le personnel, il soutint cependant leurs revendications. Les premières tentatives d’organisation syndicale apparaissent vers 1891 suite à une nouvelle suppression de primes. Voici ce qu’en dit le directeur de l’usine :
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De là je peux partir par la rue de la Santé, en souvenir de l’Hôpital des Indigents qui s’y trouvait ? Je passe devant l’agence Panhard et Levassor aux numéros 7 et 10, présente en 1928, puis en continuant vers les quais, j’y croise en 1925 une usine de forgeage et taillage de limes : l’atelier de forge et taillanderie Panhaleux. Plus loin, en 1904, se trouve une usine  de conserves alimentaires : Binda et compagnie. Mais, je retourne vers la rue de la Motte Piquet pour arriver place de la Rotonde, sur ma droite j’aperçois à l’angle du boulevard Sébastopol et du quai de la Prévalaye, au numéro 21, la belle façade des cycles Sparting dont la construction a été autorisée en 1941 pour l’implantation de machines destinées à l’usinage, au brasage et à la soudure.
De là je peux partir par la rue de la Santé, en souvenir de l’Hôpital des Indigents qui s’y trouvait ? Je passe devant l’agence Panhard et Levassor aux numéros 7 et 10, présente en 1928, puis en continuant vers les quais, j’y croise en 1925 une usine de forgeage et taillage de limes : l’atelier de forge et taillanderie Panhaleux. Plus loin, en 1904, se trouve une usine  de conserves alimentaires : Binda et compagnie. Mais, je retourne vers la rue de la Motte Piquet pour arriver place de la Rotonde, sur ma droite j’aperçois à l’angle du boulevard Sébastopol et du quai de la Prévalaye, au numéro 21, la belle façade des cycles Sparting dont la construction a été autorisée en 1941 pour l’implantation de machines destinées à l’usinage, au brasage et à la soudure.


== De la place de la Rotonde vers le boulevard Voltaire ==
== De la place de la Rotonde vers le boulevard Voltaire ==
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