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L'ancienne Caisse d'épargne de la [[rue Martenot]] abrite la ''Kreiskommandantur'' des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise : "renseignements sans obligation". Dès juin 1941, la Kreiskommandantur publiait une demande pour l'Allemagne de techniciens et ouvriers de tout genre pour des emplois de 6 mois à un an au plus avec des salaires conformes aux tarifs allemands, voyage payé et alimentation suffisante<ref>''Ouest-Eclair'' du 22 juin 1941</ref>.
L'ancienne Caisse d'épargne de la [[rue Martenot]] abrite la ''Kreiskommandantur'' des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise : "renseignements sans obligation". Dès juin 1941, la Kreiskommandantur publiait une demande pour l'Allemagne de techniciens et ouvriers de tout genre pour des emplois de 6 mois à un an au plus avec des salaires conformes aux tarifs allemands, voyage payé et alimentation suffisante<ref>''Ouest-Eclair'' du 22 juin 1941</ref>.


Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, la relève est d'abord facultative. En Ille-et-Vilaine , le contingent imposé est de 1 112 volontaires, or
Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, la relève est d'abord facultative. En Ille-et-Vilaine, le contingent imposé est de 1 112 volontaires, or on ne décompte que 622 départs vers l’Allemagne<ref>''La Bretagne dans la guerre, 1939-1945,'' p.42 Jacqueline Sainclivier, Rennes, Ouest-France -
on ne décompte que 622 départs vers l’Allemagne. <ref> ''La Bretagne dans la guerre, 1939-1945,'' p.42 Jacqueline Sainclivier, Rennes, Ouest-France -
1994 </ref>. Le 11 août Laval accueille à Compiègne le premier contingent de prisonniers ainsi libérés. Pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont envoyés travailler en Allemagne. Du 6 août au 22 octobre, désigné par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires et ceux qu'il envoie à l'hôpital pour traitement ne sont pas contents. Mais il semble bien qu'au-delà de la propagande sur les bonnes conditions de vie en Allemagne, celles-ci n'étaient pas aussi roses : un ingénieur rennais et sa jolie femme partent ainsi en Allemagne, celle-ci ayant eu la promesse qu'elle ne quitterait pas son époux mais, venue en permission, elle indique qu'elle en a été séparée tout de suite et astreinte à travailler dans un atelier de femmes dans une promiscuité peu agréable, aussi le docteur obtint-il qu'elle ne repartît pas. Cette activité de contrôle sanitaire - pour laquelle il avait demandé sans succès une rémunération en libération de prisonniers - il la cesse en décembre à la suite d'une fracture du col du fémur<ref>Mémoire d'un Français moyen, par [[René Patay]] - 1994</ref>. En Ille-et-Vilaine, Jean Quenette préfet régional et préfet d'Ille-et-Vilaine,  évoque même un « malaise grave » dans la
1994 </ref> Le 11 août Laval accueille à Compiègne le premier contingent de prisonniers ainsi libérés. Pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont envoyés travailler en Allemagne. Du 6 août au 22 octobre, désigné par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires et ceux qu'il envoie à l'hôpital pour traitement ne sont pas contents. Mais il semble bien qu'au-delà de la propagande sur les bonnes conditions de vie en Allemagne, celles-ci n'étaient pas aussi roses : un ingénieur rennais et sa jolie femme partent ainsi en Allemagne, celle-ci ayant eu la promesse qu'elle ne quitterait pas son époux mais, venue en permission, elle indique qu'elle en a été séparée tout de suite et astreinte à travailler dans un atelier de femmes dans une promiscuité peu agréable, aussi le docteur obtint-il qu'elle ne repartît pas. Cette activité de contrôle sanitaire - pour laquelle il avait demandé sans succès une rémunération en libération de prisonniers - il la cesse en décembre à la suite d'une fracture du col du fémur<ref>Mémoire d'un Français moyen, par [[René Patay]] - 1994</ref>. En Ille-et-Vilaine, Jean Quenette préfet régional et préfet d'Ille-et-Vilaine,  évoque même un « malaise grave » dans la
mesure où elle est perçue comme « une conscription pure et simple des
mesure où elle est perçue comme « une conscription pure et simple des
ouvriers .<ref>Arch. dép. I&V. : 43W5, rapport bimensuel d’Information, pour l’Ille-et-Vilaine,
ouvriers .<ref>Arch. dép. I&V. : 43W5, rapport bimensuel d’Information, pour l’Ille-et-Vilaine,
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[[Fichier:Listes_pour_le_STO.png|right|250px|thumb|Appel des directeurs d'établissement à collaborer (''Ouest-Eclair'' 17 juillet 1943)]]
[[Fichier:Listes_pour_le_STO.png|right|250px|thumb|Appel des directeurs d'établissement à collaborer (''Ouest-Eclair'' 17 juillet 1943)]]


Constant Allain <ref> [[Rue Lieutenant-Colonel Constant Allain]]</ref> qui, à 18 ans, à l'arrivée des troupes allemandes en juin 1940, sur la route de Rennes près de Saint-Aubin-du-Cormier, avait abattu à la mitrailleuse deux officiers supérieurs ennemis et pris des papiers importants, réussit à devenir secrétaire au commissariat à la main-d'œuvre pour l'Allemagne, [[rue des Dames]] à Rennes, où il fit entrer plusieurs membres de son réseau. Fiches égarées, fausses annotations, identités changées, permirent à des milliers de jeunes Bretons requis d'échapper au S.T.O. mais, en janvier 1944, Radio-Londres ayant décerné un "prix d'honneur du sabotage" à l'administration qui l'employait, il fut arrêté dans son bureau par la Gestapo, 48 heures plus tard, le 20 janvier 1944<ref>http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/biogr/allain-lt-c.htm</ref>. Le Rennais Paul Cirrode, 23 ans, employé dans les bureaux de la direction régionale du S.T.O. à Rennes,  établissait de fausses cartes d'identité mais sera arrêté et déporté le 3 août <ref>[[ Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération]]</ref> et libéré à Belfort le 26 août.(Décédé 8 mars 2014).
Constant Allain <ref> [[Rue Lieutenant-Colonel Constant Allain]]</ref> qui, à 18 ans, à l'arrivée des troupes allemandes en juin 1940, sur la route de Rennes près de Saint-Aubin-du-Cormier, avait abattu à la mitrailleuse deux officiers supérieurs ennemis et pris des papiers importants, réussit à devenir secrétaire au commissariat à la main-d'œuvre pour l'Allemagne, [[rue des Dames]] à Rennes, où il fit entrer plusieurs membres de son réseau. Fiches égarées, fausses annotations, identités changées, permirent à des milliers de jeunes Bretons requis d'échapper au S.T.O. mais, en janvier 1944, Radio-Londres ayant décerné un "prix d'honneur du sabotage" à l'administration qui l'employait, il fut arrêté dans son bureau par la Gestapo, 48 heures plus tard, le 20 janvier 1944<ref>http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/biogr/allain-lt-c.htm</ref>. Le Rennais Paul Cirrode, 23 ans, employé dans les bureaux de la direction régionale du S.T.O. à Rennes,  établissait de fausses cartes d'identité mais sera arrêté et déporté le 3 août<ref>[[Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération]]</ref> et libéré à Belfort le 26 août.(Décédé 8 mars 2014).
[[Fichier:Appel_aux_travailleurs.gif|300px|left|thumb|Les travailleurs sont récalcitrants : le Feldkommandant menace dans l'''Ouest-Eclair'' du 27 février et du 1er mars 1943]]
[[Fichier:Appel_aux_travailleurs.gif|300px|left|thumb|Les travailleurs sont récalcitrants : le Feldkommandant menace dans l'''Ouest-Eclair'' du 27 février et du 1er mars 1943]]
[[Fichier:Gros_salaires.png|center|250px|thumb|La promesse de gros salaires pour pallier les absences de requis au STO (''Ouest-Eclair'' du 1er décembre 1943)]]
[[Fichier:Gros_salaires.png|center|250px|thumb|La promesse de gros salaires pour pallier les absences de requis au STO (''Ouest-Eclair'' du 1er décembre 1943)]]
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