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Le texte à l’abri du grand V était : '''V'''oyez ces bons amis, John Bull, l’ours moscovite,l’Angleterre et l’U.R.S.S.'''
Le texte à l’abri du grand V était : '''V'''oyez ces bons amis, John Bull, l’ours moscovite,l’Angleterre et l’U.R.S.S.'''
 
[[Fichier:Parade_des_v116.jpg|250px|left|thumb|Au sol, devant la gare de Rennes : Victoire pour les Allemands. <ref> ''Rennes pendant la guerre'', p. 91. Étienne Maignen.  Éditions Ouest-France - 2013 </ref>]]
Bien sûr, on m’expliqua que John Bull personnifiait l’Anglais et l’Ours moscovite, la Russie soviétique avec laquelle l’Allemagne venait d’entrer en guerre, le mois dernier, en juin de cette année [[1941]].
Bien sûr, on m’expliqua que John Bull personnifiait l’Anglais et l’Ours moscovite, la Russie soviétique avec laquelle l’Allemagne venait d’entrer en guerre, le mois dernier, en juin de cette année [[1941]].


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===le contexte===
===le contexte===


Le V, à l’évidence, était une réplique aux V pour victory, victoire, que commençait à faire Winston Churchill avec deux doigts, et qui venait d’apparaître tracé à la craie sur les murs et ailleurs, dans les toilettes. En fait, la B.B.C.( radio britannique de Londres), suivant une initiative de sa section belge remontant à janvier 1941 venait de lancer, le 22 mars, une campagne  en francepour populariser ce V symbolique. La réplique allemande sous forme de récupération de la lettre V dans sa propagande n’avait donc pas tardé, preuve qu’ ''Ici Londres'' était très écouté.  Mais le reste du texte ne me semble pas une  réussite de marketing politique à la hauteur de la vitesse de répartie, contrairement à des affiches de l’époque, visuellement percutantes. La propagande de Vichy visait à rameuter les anglophobes et les anticommunistes.
Le V, à l’évidence, était une réplique aux V pour victory, victoire, que commençait à faire Winston Churchill avec deux doigts, et qui venait d’apparaître tracé à la craie sur les murs et ailleurs, dans les toilettes. En fait, la B.B.C.( radio britannique de Londres), suivant une initiative de sa section belge remontant à janvier 1941 venait de lancer, le 22 mars, une campagne  en France pour populariser ce V symbolique. La réplique allemande sous forme de récupération de la lettre V dans sa propagande n’avait donc pas tardé, preuve qu’ ''Ici Londres'' était très écouté.  Mais le reste du texte ne me semble pas une  réussite de marketing politique à la hauteur de la vitesse de répartie, contrairement à des affiches de l’époque, visuellement percutantes. La propagande de Vichy visait à rameuter les anglophobes et les anticommunistes.




Dès le 17 juillet 1941, on pouvait voir sur le sol de la place de la gare un grand panneau portant l'inscription : '''Victoire pour les Allemands. "V"''' et le journal du lendemain en présentait la photo sous le titre "La parade des "V" en ironisant sur les "crédules auditeurs" de la radio gaulliste de Londres qui "tracent éperdument des "V" sur les murs.<ref> ''L'Ouest-Eclair'' du 18 juillet 1941</ref> On voyait le marquage "Voyez ces bons amis..." jusque sur les colonnes de la rotonde du théâtre.
Dès le 17 juillet 1941, on pouvait voir sur le sol de la place de la gare un grand panneau portant l'inscription : '''Victoire pour les Allemands. "V"''' et le journal du lendemain en présentait la photo sous le titre "La parade des "V" en ironisant sur les "crédules auditeurs" de la radio gaulliste de Londres qui "tracent éperdument des "V" sur les murs.<ref> ''L'Ouest-Eclair'' du 18 juillet 1941</ref> On voyait le marquage "Voyez ces bons amis..." jusque sur les colonnes de la rotonde du théâtre.  
On peut penser que, deux ans plus tard, en [[1943]], avec les  grands bombardements alliés anglo-américains sur Rennes, les termes «  bons amis » prirent une connotation ironique pour certains, mais en [[1941]] et [[1942]], cette conjoncture n’était pas…
On peut penser que, deux ans plus tard, en [[1943]], avec les  grands bombardements alliés anglo-américains sur Rennes, les termes «  bons amis » prirent une connotation ironique pour certains, mais en [[1941]] et [[1942]], cette conjoncture n’était pas… Dans la soirée du 25 juillet 1941, un père de famille, Jules B., mécanicien à la SNCF, est sermonné par des agents de police au sujet d'inscriptions faites par son fils de 12 ans et il s'emporte : " D'ailleurs vous êtes grands, forts et bêtes, c'est sans doute les qualités pour faire un agent de police [...] ce sont des enfants, ils n'ont pas fait grand mal. Il y en  a partout des  V , aux chemins de fer, sur les journaux et d'ailleurs les Allemands en portent" <ref> ADIV 234 W. N° 684  juillet 1941 </ref>
[[Fichier:Parade_des_v116.jpg|250px|left|thumb|Au sol, devant la gare de Rennes : Victoire pour les Allemands. <ref> ''Rennes pendant la guerre'', p. 91. Étienne Maignen.  Éditions Ouest-France - 2013 </ref>]]


[[Fichier:Devant_le_th%C3%A9%C3%A2tre_ao%C3%BBt_1944.jpg|400px|left|thumb|Sur une colonne du théâtre "Voyez ces bons amis" et les Rennais en voient : c'est le 4 août 1944]]<ref>[[Libération de Rennes]]</ref>
===toujours sur le mur des années après===
===toujours sur le mur des années après===


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