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=== Comptes-rendus de mission ===
=== Comptes-rendus de mission ===


La mission du 8 mars pour les 91e, 303e, 305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Elle a été présentée à des équipages comme une opération simultanée de diversion au bombardement du triage de Sotteville-les-Rouen.<ref> témoignage d'un pilote de B 24 Liberator de la 67e escadrille du 67e groupe de bombardement</ref> Les forteresses volantes, arrivant par la partie ouest de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à 6000 mètres d'altitude. Le 303e groupe, pour sa mission 021, a 12 B-17 sur 19 efficaces sur site, la 322e escadrille en a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg et trouve une Flak intense et forte. Les 16 B-17 du 305e groupe subirent de lourdes attaques de 25 Focke-Wulf 190 de la chasse allemande avant d'atteindre le point de départ du vol de bombardement et un appareil de sa 422e escadrille, touché et harcelé réussit néanmoins à regagner un terrain anglais. La 323e escadrille a trois appareils engagés et revendique un Focke-Wulf abattu et un autre probablement. La 324e a quatre appareils engagés <ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e escadrilles</ref>. Pour sa part la 401e escadrille a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m; son rapport fait état d'une Flak légère  
La mission du 8 mars pour les 91e, 303e, <ref> http://www.303rdbg.com/missionreports/021.pdf </ref>  305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Elle a été présentée à des équipages comme une opération simultanée de diversion au bombardement du triage de Sotteville-les-Rouen.<ref> témoignage d'un pilote de B 24 Liberator de la 67e escadrille du 67e groupe de bombardement</ref> Les forteresses volantes, arrivant par la partie ouest de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à 6000 mètres d'altitude. Le 303e groupe, pour sa mission 021, a 12 B-17 sur 19 efficaces sur site, la 322e escadrille en a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg et trouve une Flak intense et forte. Les 16 B-17 du 305e groupe subirent de lourdes attaques de 25 Focke-Wulf 190 de la chasse allemande avant d'atteindre le point de départ du vol de bombardement et un appareil de sa 422e escadrille, touché et harcelé réussit néanmoins à regagner un terrain anglais. La 323e escadrille a trois appareils engagés et revendique un Focke-Wulf abattu et un autre probablement. La 324e a quatre appareils engagés <ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e escadrilles</ref>. Pour sa part la 401e escadrille a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m; son rapport fait état d'une Flak légère  
et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais tout aussi imprécise tant au retour qu'aller. <ref> 91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943 </ref> Il en est de même pour le 306e groupe de bombardement, qui a eu un appareil abattu à l'aller sur Trébry, <ref>http://evasions.par.mer.carantec.filiere.sibiril.over-blog.com/pages/Le_bombardier_americain_B17_n4124514-6433573.html</ref> annonce avoir abattu 3 appareils ennemis et fait rapport d'un bon résultat de son  
et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais tout aussi imprécise tant au retour qu'aller. <ref> 91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943 </ref> Il en est de même pour le 306e groupe de bombardement, qui a eu un appareil abattu à l'aller sur Trébry, <ref>http://evasions.par.mer.carantec.filiere.sibiril.over-blog.com/pages/Le_bombardier_americain_B17_n4124514-6433573.html</ref> annonce avoir abattu 3 appareils ennemis et fait rapport d'un bon résultat de son  
bombardement à vue avec une Flak et une opposition faible de la chasse ennemie. Au total, six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de  25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées, dont certaines incendiaires et d'autres à retardement qui frapperont des sauveteurs. Les conditions étaient bonnes,
bombardement à vue avec une Flak et une opposition faible de la chasse ennemie. Au total, six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de  25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées, dont certaines incendiaires et d'autres à retardement qui frapperont des sauveteurs. Les conditions étaient bonnes,
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Les '''rapports des 7 et 30 avril 1943''' ont qualifié les résultats de spectaculaires :" ''Les bombardiers frappèrent la gare de triage, la coupant aux deux extrémités et bloquant le trafic pendant trois ou quatre jours. Il fallut encore plusieurs jours, voire deux semaines avant une reprise normale du trafic. Entre-temps, les communications ferroviaires avec la péninsule de Brest, et en particulier avec les bases sous-marines, furent sérieusement désorganisées, car Rennes constituait la clé stratégique de tout le réseau ferroviaire de Bretagne''."<ref> ''The Army Air Force in World War II- Europe : Torch to Pointblank. August 1942 to december 194''3. chap. 10 éditeur W. F. Craven et J. L. Cate</ref> Sur une photo aérienne de l'U.S.A.F., sont cerclés et numérotés les neuf emplacements ferroviaires atteints, des voies longeant le [[boulevard du Colombier]] à l'ouest, jusqu'aux trains stationnés sur le triage de la [[plaine de Baud]], à l'est.<ref> photo dans ''Rennes sous l'occupation'', par François Bertin, éditions Ouest-France- 1979 </ref> Au 91e groupe de bombardement, on fait état d'un "résultat très bon, la Flak ayant été légère et imprécise. Le N° 337 lâcha ses dix bombes de 50 kg sur la cible.
Les '''rapports des 7 et 30 avril 1943''' ont qualifié les résultats de spectaculaires :" ''Les bombardiers frappèrent la gare de triage, la coupant aux deux extrémités et bloquant le trafic pendant trois ou quatre jours. Il fallut encore plusieurs jours, voire deux semaines avant une reprise normale du trafic. Entre-temps, les communications ferroviaires avec la péninsule de Brest, et en particulier avec les bases sous-marines, furent sérieusement désorganisées, car Rennes constituait la clé stratégique de tout le réseau ferroviaire de Bretagne''."<ref> ''The Army Air Force in World War II- Europe : Torch to Pointblank. August 1942 to december 194''3. chap. 10 éditeur W. F. Craven et J. L. Cate</ref> Sur une photo aérienne de l'U.S.A.F., sont cerclés et numérotés les neuf emplacements ferroviaires atteints, des voies longeant le [[boulevard du Colombier]] à l'ouest, jusqu'aux trains stationnés sur le triage de la [[plaine de Baud]], à l'est.<ref> photo dans ''Rennes sous l'occupation'', par François Bertin, éditions Ouest-France- 1979 </ref> Au 91e groupe de bombardement, on fait état d'un "résultat très bon, la Flak ayant été légère et imprécise. Le N° 337 lâcha ses dix bombes de 50 kg sur la cible.
[[Fichier:Gare_de_rennes_9_mars_1943.jpeg|400px|right|thumb|Après le bombardement du 8 mars 1943 : au premier plan, le secteur engins-moteurs, salle du banc d'essai et, de l'autre côté des voies ferrées, la gare de voyageurs - Photo de Robert Caillard]]
[[Fichier:Gare_de_rennes_9_mars_1943.jpeg|400px|right|thumb|Après le bombardement du 8 mars 1943 : au premier plan, le secteur engins-moteurs, salle du banc d'essai et, de l'autre côté des voies ferrées, la gare de voyageurs - Photo de Robert Caillard]]
Le 323e squadron qualifie le résultat "excellent" avec une Flak légère. et le 324e coclue :mission réussie avec de bons résultats de bombardement. Tant l'interrogation des équipages de combat que les photos des attaques de frappe indiquent qu'une majorité de nos bombes tomba à quelques centaines de yards du point visé. On observa plusieurs gros incendies à la gare de triage et à des bâtiments industriels adjacents * <ref> note : il s'agit des bâtiments de l'Economique !</ref> alors que la formation quittait la zone ciblée." <ref> Dailies of th 91st bomb group</ref> Le rapport de l'escadrille 463 note que l'opposition de la Flak a été considérable mais que de bonnes photographies ont été ramenées qui révèlent une excellente concentration de bombardement et le constat est le même pour la 59e escadrille qui indique que la cible a été balisée avec succès par des feux rouges et verts, que le bombardement a été bien concentré. <ref> history of the 463th and 467th squadrons</ref> A l'époque ce bombardement ainsi que celui de la gare de triage de Hamm, dans la Rhur, le 4 mars, sont présentés à l'opinion américaine comme des exemples prometteurs dans ce mois de mars qui fera date dans l'histoire du bombardement de précision en haute altitude. <ref> ''The Army Air forces' official story of th VIII bomber command's first year over Europe'' - Magazine ''Life'' N° 29 novembre 1943, p. 80 </ref> Il est vrai que ce bombardement du 8 mars est considéré d'une précision globale remarquable supérieure à la moyenne, 30 à 40% des points de chute des bombes identifiables par reconnaissance photographique étant situés à une distance inférieure au rayon de 305 mètres (1000 pieds) de la cible assignée, alors qu'en février un groupe considérait son résultat comme au-dessus de la moyenne si ce pourcentage atteignait 20%.<ref> The Army Air Forces in World War II . Vol. 2 ''Europe Torch to Pointblank''. Office of Air Force History. Washington, D.C., 1983</ref>
Le 323e squadron qualifie le résultat "excellent" avec une Flak légère. Et le 324e conclue : mission réussie avec de bons résultats de bombardement. Tant l'interrogation des équipages de combat que les photos des attaques de frappe indiquent qu'une majorité de nos bombes tomba à quelques centaines de yards du point visé. On observa plusieurs gros incendies à la gare de triage et à des bâtiments industriels adjacents * <ref> note : il s'agit des bâtiments de l'Economique !</ref> alors que la formation quittait la zone ciblée." <ref> Dailies of th 91st bomb group</ref> Le rapport de l'escadrille 463 note que l'opposition de la Flak a été considérable mais que de bonnes photographies ont été ramenées qui révèlent une excellente concentration de bombardement et le constat est le même pour la 59e escadrille qui indique que la cible a été balisée avec succès par des feux rouges et verts, que le bombardement a été bien concentré. <ref> history of the 463th and 467th squadrons</ref> Le rapport de mission du 423 e squadron note que "les résultats du raid sur Rennes donnent l'image la meilleure jamais reçue d'un triage mis nettement et complétement hors service." A l'époque ce bombardement ainsi que celui de la gare de triage de Hamm, dans la Rhur, le 4 mars, sont présentés à l'opinion américaine comme des exemples prometteurs dans ce mois de mars qui fera date dans l'histoire du bombardement de précision en haute altitude. <ref> ''The Army Air forces' official story of th VIII bomber command's first year over Europe'' - Magazine ''Life'' N° 29 novembre 1943, p. 80 </ref> Il est vrai que ce bombardement du 8 mars est considéré d'une précision globale remarquable supérieure à la moyenne, 30 à 40% des points de chute des bombes identifiables par reconnaissance photographique étant situés à une distance inférieure au rayon de 305 mètres (1000 pieds) de la cible assignée, alors qu'en février un groupe considérait son résultat comme au-dessus de la moyenne si ce pourcentage atteignait 20%.<ref> The Army Air Forces in World War II . Vol. 2 ''Europe Torch to Pointblank''. Office of Air Force History. Washington, D.C., 1983</ref>
[[Fichier:8_mars_1943_points_de_chute.png|400px|left|thumb|Pour les Rennais près des 2/3 des bombes sont hors cible. Pour l'aviation américaine, plus d'un tiers des bombes est sur cible et, au total, près des 3/4 sont dans un rayon de 300 mètres de part et d'autre des bords de la cible : résultat excellent <ref>{{CP}}</ref>]]  
[[Fichier:Impacts_8_mars_1943.jpg|650px|left|thumb||Pour les Rennais près des 2/3 des bombes sont hors cible. Pour l'aviation américaine, au total, près des 3/4 sont dans un rayon de 300 mètres de part et d'autre des bords de la cible : résultat excellent]]  
 




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'''''Des bombardiers américains sur des centres ferroviaires français'''''
'''''Des bombardiers américains sur des centres ferroviaires français'''''
''Deux chasseurs de Toronto ont abattu deux des cinq chasseurs nazis dans le raid sur Rennes. Londres, 8 mars 1943. Des bombardiers lourds américains escortés de chasseurs canadiens et britanniques ont repris l'offensive contre la menace des sous-marins allemands, en plein jour aujourd'hui, en martelant les points clés ferroviaires de Rennes et de Rouen et en abattant une vingtaine de chasseurs ennemis dans les premières opérations aériennes concentrées menées par les unités alliées depuis samedi[...] cinquième raid mené de jour par l'U.S.A.F. en onze jours. Rennes est un important centre de fournitures pour les sous-marins et un noeud ferroviaire des lignes menant aux bases sous-marines de Hitler à Lorient, Saint-Nazaire et Brest ainsi qu'au port de Cherbourg.[...] Un communiqué publié conjointement par l'U.S. Air Force et le ministère de l'air britannique dit que les bombardiers ont attaqué Rennes "avec succès" en dépit d'une forte opposition ennemie.''''
''Deux chasseurs de Toronto ont abattu deux des cinq chasseurs nazis dans le raid sur Rennes. Londres, 8 mars 1943. Des bombardiers lourds américains escortés de chasseurs canadiens et britanniques ont repris l'offensive contre la menace des sous-marins allemands, en plein jour aujourd'hui, en martelant les points clés ferroviaires de Rennes et de Rouen et en abattant une vingtaine de chasseurs ennemis dans les premières opérations aériennes concentrées menées par les unités alliées depuis samedi[...] cinquième raid mené de jour par l'U.S.A.F. en onze jours. Rennes est un important centre de fournitures pour les sous-marins et un nœud ferroviaire des lignes menant aux bases sous-marines de Hitler à Lorient, Saint-Nazaire et Brest ainsi qu'au port de Cherbourg.[...] Un communiqué publié conjointement par l'U.S. Air Force et le ministère de l'air britannique dit que les bombardiers ont attaqué Rennes "avec succès" en dépit d'une forte opposition ennemie.''''


Le résumé hebdomadaire du cabinet de guerre britannique retient :
Le résumé hebdomadaire du cabinet de guerre britannique retient :
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''L'interprétation immédiate de photos prises le 8 mars après l'attaque diurne menée par l'USAF le même jour montre une grande concentration de cratères (au moins 43) sur les voies de triage [[rue Saint-Hélier]]. Au moins 50 wagons ont été détruits ou endommagés et 13 sont encore en feu. Un grand hangar à 3 portes de l'unité de réparation de voitures et wagons a été détruit et un grand hangar adjacent a été détruit sur le quart de sa longueur. La gare principale a subi des dommages considérables d'un coup direct.
''L'interprétation immédiate de photos prises le 8 mars après l'attaque diurne menée par l'USAF le même jour montre une grande concentration de cratères (au moins 43) sur les voies de triage [[rue Saint-Hélier]]. Au moins 50 wagons ont été détruits ou endommagés et 13 sont encore en feu. Un grand hangar à 3 portes de l'unité de réparation de voitures et wagons a été détruit et un grand hangar adjacent a été détruit sur le quart de sa longueur. La gare principale a subi des dommages considérables d'un coup direct.
 
[[Fichier:L%27Economique_apr%C3%A8s_le_bombardement.png|350px|left|thumb|"Deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la rue Sain-Hélier..."]]
''En outre il ne reste que les murs d'un nouveau hangar au sud de la Caserne du Colombier et deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la [[rue Saint-Hélier]] brûlent encore violemment.'' "<ref> ''A garder sous clé''. Cabinet de guerre. Résumé hebdomadaire n°184 de la situation navale, militaire et aérienne du 4 mars 1943 à 7h00 au 11 mars à 7h00. Appendice VI, attaques aériennes sur le territoire ennemi en Europe</ref>
''En outre il ne reste que les murs d'un nouveau hangar au sud de la Caserne du Colombier et deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la [[rue Saint-Hélier]] brûlent encore violemment.'' "<ref> ''A garder sous clé''. Cabinet de guerre. Résumé hebdomadaire n°184 de la situation navale, militaire et aérienne du 4 mars 1943 à 7h00 au 11 mars à 7h00. Appendice VI, attaques aériennes sur le territoire ennemi en Europe</ref>


Le "nouveau hangar au sud de la caserne du Colombier" ne correspond à rien et les "deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la rue Saint-Hélier" sont ceux de ''l'Economique''.
Le "nouveau hangar au sud de la caserne du Colombier" ne correspond à rien et les "deux grands bâtiments industriels au bout des voies ferrées de la rue Saint-Hélier" sont ceux de ''l'Economique''.


Le général américain Haywood S. Hansell, qui prônait le bombardement stratégique diurne, et était alors chef du ''1rst Bombardment Wing'', en avait dirigé la mission du 8 mars sur Rennes, à bord d'un B 17. Il reçut, pour sa bonne gestion de la mission, la Distinguished Flying Cross. <ref> ''The Quest'', Haywood Hansell and American strategic Bombing in World War II, par Charles Griffith; Air University Press - sept. 1999</ref> Le second lieutenant Raymond M. Rahner, navigateur à bord d'un B.17 de la 422e escadrille du 305e groupe de bombardement la reçut aussi pour "héroïsme extraordinaire" lors de cette mission : le B 17 commandé par le lieutenant Albert Kuehl ayant été sévèrement touché par des chasseurs allemands et de nombreux membres d'équipage étant blessés, le lieutenant Rahner, lui-même atteint de blessures douloureuses, déplaça le bombardier blessé et inconscient hors de son poste, appliqua rapidement des compresses pour arrêter l'hémorragie, prit son poste juste avant l'ordre de largage et put lâcher les bombes au signal, tandis que pendant le vol de retour hors formation un tireur de l'équipage abattit un Messerschmitt  BF-109 (victoire confirmée).</ref><ref>http://www.homeofheroes.com</ref>  <ref>''Victory from the Jaws of Defeat'', par John L. Frisbee. Air Force Magazine, p.129. Septembre 1994</ref><ref>http://www.homeofheroes.com</ref>
Le général américain Haywood S. Hansell, qui prônait le bombardement stratégique diurne, et était alors chef du ''1rst Bombardment Wing'', en avait dirigé la mission du 8 mars sur Rennes, à bord d'un B 17. Il reçut, pour sa bonne gestion de la mission, la Distinguished Flying Cross. <ref> ''The Quest'', Haywood Hansell and American strategic Bombing in World War II, par Charles Griffith; Air University Press - sept. 1999</ref> Le second lieutenant Raymond M. Rahner, navigateur à bord d'un B.17 de la 422e escadrille du 305e groupe de bombardement la reçut aussi pour "héroïsme extraordinaire" lors de cette mission : le B 17 commandé par le lieutenant Albert Kuehl ayant été sévèrement touché par des chasseurs allemands et de nombreux membres d'équipage étant blessés, le lieutenant Rahner, lui-même atteint de blessures douloureuses, déplaça le bombardier blessé et inconscient hors de son poste, appliqua rapidement des compresses pour arrêter l'hémorragie, prit son poste juste avant l'ordre de largage et put lâcher les bombes au signal, tandis que pendant le vol de retour hors formation un tireur de l'équipage abattit un Messerschmitt  BF-109 (victoire confirmée).</ref><ref>http://www.homeofheroes.com</ref>  <ref>''Victory from the Jaws of Defeat'', par John L. Frisbee. Air Force Magazine, p.129. Septembre 1994</ref><ref>http://www.homeofheroes.com</ref>


[[Fichier:Impacts_est_de_Rennes.png|left|350px|thumb|Impacts de bombes en partie hors cible, au nord de la rue de Châteaugiron et de l'avenue du cimetière de l'Est le 8 mars 1943]]
[[Fichier:Impacts_est_de_Rennes.png|left|350px|thumb|Impacts de bombes en partie hors cible, au nord de la rue de Châteaugiron et de l'avenue du cimetière de l'Est le 8 mars 1943]]
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=== Les lieux touchés ===
=== Les lieux touchés ===


La gare de triage est bien touchée, malgré la chasse allemande des Messerschmitt Bf 109, <ref> ''Victory from the jaws of Defeat'' par John L. Frisbee. Air Force Magazine - septembre 1994</ref>, mais aussi et surtout différents points de la capitale bretonne qui sont perçus, au sol, assez éloignés, tant au nord qu'au sud, des installations ferroviaires.  
La gare de triage de Saint-Hélier est bien touchée, malgré la chasse allemande des Messerschmitt Bf 109, <ref> ''Victory from the jaws of Defeat'' par John L. Frisbee. Air Force Magazine - septembre 1994</ref>, mais aussi et surtout différents points de la capitale bretonne qui sont perçus, au sol, assez éloignés, tant au nord qu'au sud, des installations ferroviaires.  


Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionne que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familes furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été "Le Foyer rennais", les Sacrés-Cœurs, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]],(immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb| ''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes.  
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]], les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
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===Les résultats d'un bombardement de haute altitude===
===Les résultats d'un bombardement de haute altitude===
[[Fichier:Rapport_SNCF_bombardement_du_8;03.1943.png|350px|left|thumb|Début du rapport de la SNCF<ref> Centre des Archives historiques de la SNCF</ref>]]
[[Fichier:Rapport_SNCF_bombardement_du_8;03.1943.png|350px|left|thumb|Début du rapport de la SNCF<ref> Centre des Archives historiques de la SNCF</ref>]]
Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant La SNCF qui comptabilise d'abord 16 agents tués et 27 blessés, fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Le personnel allemand des chemins de fer disposait sur l'ensemble des installations ferroviaires de 13 abris "Reichsbahn" et d'un abri anti-bombardement bétonnés.<ref> Atlanticwall Superforum. Le Mur de l'Atlantique en France. Bretagne nord - juin 2011</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors<ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref> Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contre-productrice. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''. Mais l'étude constate que globalement, "aux yeux des Français, les raids sur les gares de triage ont répandu trop de sang français en regard des retards et des ralentissements aussi courts causés au trafic". <ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>
Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant La SNCF qui comptabilise d'abord 16 agents tués et 27 blessés, fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Le personnel allemand des chemins de fer disposait sur l'ensemble des installations ferroviaires de 13 abris "Reichsbahn" et d'un abri anti-bombardement bétonnés.<ref> Atlanticwall Superforum. Le Mur de l'Atlantique en France. Bretagne nord - juin 2011</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors<ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref>. Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contre-productrice. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''. Mais l'étude constate que globalement, "aux yeux des Français, les raids sur les gares de triage ont répandu trop de sang français en regard des retards et des ralentissements aussi courts causés au trafic"<ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>.


Un rapport du maire fait état d'environ 400 bombes lâchées, de 274 civils tués, de 172 civils blessés, de 137 immeubles détruits et de 2568 endommagés.<ref> ''Rapport du maire de Rennes au directeur des services techniques du ministère de l'information'', 10, rue de Solférino, Paris - 18 décembre 1943</ref> 21 corps ne peuvent être identifiés et, répertoriés avec une description succincte, sont mis dans des cercueils numérotés de 185 à 205, les deux suivants contenant des restes humains. <ref> archives départementales d'Ille-et-Vilaine (502/w4/19)</ref>
Un rapport du maire fait état d'environ 400 bombes lâchées, de 274 civils tués, de 172 civils blessés, de 137 immeubles détruits et de 2568 endommagés.<ref> ''Rapport du maire de Rennes au directeur des services techniques du ministère de l'information'', 10, rue de Solférino, Paris - 18 décembre 1943</ref> 21 corps ne peuvent être identifiés et, répertoriés avec une description succincte, sont mis dans des cercueils numérotés de 185 à 205, les deux suivants contenant des restes humains. <ref> archives départementales d'Ille-et-Vilaine (502/w4/19)</ref>
[[Fichier:Obseques_des_victimes_le_15_mars_1943.jpeg|250px|right|thumb|obsèques nationales, place de la Mairie, le 11 mars 1943 <ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam</ref>]]
[[Fichier:Obseques_des_victimes_le_15_mars_1943.jpeg|250px|right|thumb|obsèques nationales, place de la Mairie, le 11 mars 1943 <ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam</ref>]]
Les secours aux survivants interviennent au plus tôt : "Je suis à la Faculté lorsque les sirènes mugissent. Je vois presque aussitôt les bombes tomber vers la [[rue Dupont des Loges]] et, plus loin, du côté de la gare.[...] Notre personnel et nos véhicules (''du Secours national'') s'y rendent immédiatement (''au sud de la gare'') mais nous constatons, comme nous le reverrons par la suite, qu'on ne peut guère agir sur le moment car les sinistrés ont fui. Ce n'est que le lendemain que nous pouvons leur distribuer des repas chauds avec nos cuisines roulantes et des vêtements, lorsqu'ils reviennent sur les ruines de leur foyer. En quelques jours nous distribuons 4000 pièces de vêtements, 2450 repas chauds et autant de repas froids. 300 mètres de Vitrex permettent aux sinistrés partiels de se reloger dans une ou deux pièces de leur maison. Nous hébergeons les autres dans le foyer de la [[rue Victor Rault]] et à l’École d'Agriculture."<ref>'' Mémoires d'un Français moyen'' par René Patay - 1974</ref>
Les secours aux survivants interviennent au plus tôt : "Je suis à la Faculté lorsque les sirènes mugissent. Je vois presque aussitôt les bombes tomber vers la [[rue Dupont des Loges]] et, plus loin, du côté de la gare.[...] Notre personnel et nos véhicules (''du Secours national'') s'y rendent immédiatement (''au sud de la gare'') mais nous constatons, comme nous le reverrons par la suite, qu'on ne peut guère agir sur le moment car les sinistrés ont fui. Ce n'est que le lendemain que nous pouvons leur distribuer des repas chauds avec nos cuisines roulantes et des vêtements, lorsqu'ils reviennent sur les ruines de leur foyer. En quelques jours nous distribuons 4000 pièces de vêtements, 2450 repas chauds et autant de repas froids. 300 mètres de Vitrex permettent aux sinistrés partiels de se reloger dans une ou deux pièces de leur maison. Nous hébergeons les autres dans le foyer de la [[rue Victor Rault]] et à l’École d'Agriculture."<ref>'' Mémoires d'un Français moyen'' par René Patay - 1974</ref>
[[Fichier:Obs%C3%A8ques_victimes_8_mars_1943.jpg|350px|left|thumb| Dans la nef de la cathédrale]]
[[Fichier:Obseques_des_victimes_du_8_mars_1943.jpeg|250px|right|thumb|Un des nombreux camions de cercueils des victimes du 8 mars 1943, entouré d'assistantes du Devoir national. Suivent les autorités]].<ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam</ref>]] [[Fichier:Bombing-of-Rennes0001.jpg|250px|left|thumb|Le ministre Cathala et le préfet Quénette derrière un camion transportant des cercueils, entouré des assistantes du Devoir national]]
[[Fichier:Obseques_des_victimes_du_8_mars_1943.jpeg|250px|right|thumb|Un des nombreux camions de cercueils des victimes du 8 mars 1943, entouré d'assistantes du Devoir national. Suivent les autorités]].<ref> ''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam</ref>]] [[Fichier:Bombing-of-Rennes0001.jpg|250px|left|thumb|Le ministre Cathala et le préfet Quénette derrière un camion transportant des cercueils, entouré des assistantes du Devoir national]]
[[Fichier:Cimeti%C3%A8re_mars_1943.jpg|350px|center|thumb|Au cimetière de l'Est, le 11 mars]]
[[Fichier:Cimeti%C3%A8re_mars_1943.jpg|350px|center|thumb|Au cimetière de l'Est, le 11 mars]]
[[Fichier:Obs%C3%A8ques_8_mars_1943.png|300px|thumb|En 1re page de l'''Ouest-Eclair'' du 12 mars 1943]]
[[Fichier:Obs%C3%A8ques_8_mars_1943.png|300px|thumb|En 1re page de l'''Ouest-Eclair'' du 12 mars 1943]]
[[Fichier:Discours_de_Cathala.png|300px|right|thumb|Le discours du ministre Cathale, en présence des autorités françaises et militaires allemandes]]
[[Fichier:Discours_de_Cathala.png|300px|right|thumb|Le discours du ministre Cathala, en présence des autorités françaises et militaires allemandes]]
Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref> Les jours suivants eurent lieu d'autres obsèques de victimes découvertes ultérieurement dans les ruines et nombreux furent les avis d'obsèques de personnes "décédées accidentellement".
Lors des obsèques, l'autorité religieuse fait chorus avec l'autorité civile : Mgr Roques dit "''sa réprobation et son indignation de toutes ces horreurs que la guerre a créées sur notre sol, car les procédés de la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, ne justifient pas ni n'autorisent le massacre des innocents et des populations civiles''."<ref> ''L'Ouest-Eclair'' - 12 mars 1943</ref> Les jours suivants eurent lieu d'autres obsèques de victimes découvertes ultérieurement dans les ruines et nombreux furent les avis d'obsèques de personnes "décédées accidentellement".


L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le [[cimetière de l'Est]] entre des Rennais stationnant sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, ministre secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances, originaire de Montfort-sur-Meu, a fait le déplacement.<ref> ''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref> Les préfets régional et départemental et l'archevêque de Rennes verront au cinéma ''Le Celtic'', 10 [[rue Saint-Louis]] , les actualités cinématographiques relatant les cérémonies des obsèques nationales à Rennes.
L'hebdomadaire ''l'Illustration'' fera sa couverture des funérailles nationales des victimes : sur le [[quai Chateaubriand]], une longue file de camions avec plateau portant les cercueils se dirige vers le [[cimetière de l'Est]] entre des Rennais stationnant sur les trottoirs, et un ministre du gouvernement de Vichy, Pierre Cathala, ministre secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances, originaire de Montfort-sur-Meu, a fait le déplacement<ref>''L'Illustration'', n° 5819, du 20 mars 1943</ref>. Les préfets régional et départemental et l'archevêque de Rennes verront au cinéma ''Le Celtic'', 10 [[rue Saint-Louis]], les actualités cinématographiques relatant les cérémonies des obsèques nationales à Rennes. Pendant des semaines l'''Ouest-Eclair'' publie en colonne des listes de donateurs, noms et adresses et des montants des dons pour les sinistrés.
[[Fichier:Rue du Plélo.jpg|left|250px|thumb|8 mars 1943  Rennes rue de Plélo]]
 
[[Fichier:Rue du Plélo.jpg|left|250px|thumb|8 mars 1943  Rennes rue de Plélo
Numéro d'inventaire  : 977.0030.131
Numéro d'inventaire  : 977.0030.131
 
Collections Musée de Bretagne]]
Collections Musée de Bretagne
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[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|center|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|center|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]


--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)




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===Au jardin Saint-Georges===
Il est 2 heures et demi et il fait beau et, soudain, c'est le bombardement. Ça tombe du côté de la gare. Après, je vois tomber du ciel devenu gris des billets d'accès à des manèges du Champ de Mars, puis un peu plus tard ce sont des corps qui sont transportés sur des volets rue Gambetta en direction de la caserne des pompiers.
'''Jean-Yves Janvier''', 11 ans en 1943 (Entretien avec Étienne Maignen le 26 février 2024)


=== "Au bout du pied, l'horreur" ===
=== "Au bout du pied, l'horreur" ===
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"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. [[Place de Bretagne]], devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."
"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. [[Place de Bretagne]], devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."


'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 14 juin 2012
'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943. (Entretien avec Étienne Maignen le 14 juin 2012)


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'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 21 juin 2012
'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 21 juin 2012


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===Les visages ensanglantés===
" Je suis descendu à la pharmacie *. Des centaines de gens débouchaient, affluaient par le pont Châteaudun venant des environs de la gare, les visages ensanglantés, blessés par les carreaux des glaces, ça faisait un spectacle ! Pendant deux heures peut-être, on a fait des pansements"
* N°1 [[rue de Châteaudun]]
''''' Joseph  Gastard''''', 20 ans en 1944. (Témoignage filmé dans le documentaire ''La vie à Rennes sous les bombardements'', de Yves Borne - 2024)
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[[Fichier:Tract_conseils_aux_Fran%C3%A7ais.png|300px|right|thumb|Tract anti-alliés, ramassé le 9 mai 1943, faisant allusion au bombardement du 8 mars, présentation reprenant celle d'un tract des alliés lancé le 6 mai]]
===  Tonton Raoul  arrive de la gare ===
===  Tonton Raoul  arrive de la gare ===
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
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(témoignage de '''Christine Garel''', sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Étienne Maignen)
(témoignage de '''Christine Garel''', sa nièce. Entretien du 14 mars 2013 avec Étienne Maignen)


=== Prendre son désir pour une réalité ===
Ammour Ramdane, 32 ans, né à Fort National à Alger, pour avoir manifesté une joie déplacée après le bombardement de la plaine de Baud à Rennes, croyant fort prématurément au débarquement allié, est arrêté par des officiers allemands sur [[la passerelle de Quineleu]] qui enjambait les voies ferrées. Il est interné du 8 mars au 16 mars 1943 à Rennes puis est transféré 6 mois à Compiègne, et est déporté ZKZ (prisonniers nord-africains) dans un camp de travail de l'île d'Aurigny le 6 septembre 1943. Il fut libéré le 6 mai 1945. Il ne fut pas intégré dans le mémorial des déportés de France. Revenu le 6 mai 1944. Source: AC 1.10405.819


==Vidéos==
==Vidéos==
[http://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00201/rennes-apres-le-bombardement.html Rennes après le bombardement], actualités filmées diffusées le 19 mars 1943.
[http://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00201/rennes-apres-le-bombardement.html Rennes après le bombardement], actualités filmées diffusées le 19 mars 1943.
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==Notes et références==
==Notes et références==
<references/>
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