« Libération de Rennes » : différence entre les versions

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Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=Efls_bS_81E&t=89s </ref>
Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=Efls_bS_81E&t=89s </ref>


[[Fichier:M_B_chars_et_%C3%A9clats.png|700px|right|thumb|Combat de Maison-Blanche : Les blindés américains, venant de Betton en direction de Saint-Laurent, font face aux canons de Flak allemands, après l'échec de l'entrevue (à l'endroit marqué par une étoile. Schéma Étienne Maignen{{CP}}</ref>]]         
[[Fichier:M_B_chars_et_%C3%A9clats.png|700px|right|thumb|Combat de Maison-Blanche : Les blindés américains, venant de Betton en direction de Saint-Laurent, font face aux canons de Flak allemands, après l'échec de l'entrevue (à l'endroit marqué par une étoile)<ref>Schéma Étienne Maignen{{CP}}</ref>]]         
                                                                                                                        
                                                                                                                        
[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|300px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|300px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
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Et c'est [[le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]. Vers 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars du 35e bataillon avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 semi chenillés touchés par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et, tardivement, des P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'', retenus par le mauvais temps dans le Cotentin, atteindront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.
Et c'est [[le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]. Vers 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars du 35e bataillon avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 semi chenillés touchés par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et, tardivement, des P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'', retenus par le mauvais temps dans le Cotentin, atteindront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.


Les Allemands accentuent leur replis le 1er août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> Cependant le colonel Eugen König y commande deux bataillons de marche amenés du Mans dans la nuit du 1er au 2 août, soit 1900 hommes équipés de mitrailleuses et de lance-roquette antichar (Panzerfaust)<ref> ''Retreat to the Reich'', ''The German Defeat in France 1944'' par Samuel W. Mitcham, Jr. dans Stackpole Military History Series - 2007 </ref>, dont un grand nombre sont envoyés par le chemin de la Motte-Brûlon en renfort à la batterie le 2 vers 4 heures. Ces deux bataillons s'ajoutent aux restes de la 9Ie division d'infanterie (91.Luftlande-Infanterie Division) amenés par le général Fahrmbacher "''pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays''" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son ''North-Western France'' Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Étienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008 </ref> D'autres Américains pensent que Rennes est encore pleine de gens en costumes noirs et aux cols de dentelle familiers aux touristes américains avant la guerre" !<ref> ''Patton and his Third Army'', par Gen. Benton G. Wallace; Stackpole books - 2000</ref>
Les Allemands ont accentué leur replis de Rennes le 1er août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> Cependant le colonel Eugen König y commande deux bataillons de marche amenés du Mans dans la nuit du 1er au 2 août, Losgar Marsch Bataillon et Man Marsch Bataillon, soit 1900 hommes équipés de mitrailleuses et de lance-roquette antichar (Panzerfaust)<ref>''Retreat to the Reich'', ''The German Defeat in France 1944'' par Samuel W. Mitcham, Jr. dans Stackpole Military History Series - 2007 </ref>, par l’Oberst Karl Bartel, Kommandeur du Sicherungs-Regiment 195 à Rennes, dont un grand nombre sont envoyés par le chemin de la Motte-Brûlon en renfort à la batterie le 2 août vers 4 heures. Ces deux bataillons s'ajoutent aux restes de la 9Ie division d'infanterie (91.Luftlande-Infanterie Division) amenés par le général Fahrmbacher "''pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays''" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son ''North-Western France'' Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Étienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008 </ref> D'autres Américains pensent que Rennes est encore pleine de gens en costumes noirs et aux cols de dentelle familiers aux touristes américains avant la guerre" !<ref> ''Patton and his Third Army'', par Gen. Benton G. Wallace; Stackpole books - 2000</ref>
   
   
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====


« ... ''Puis, à Ducey, je fus rattaché au 10e bataillon d’infanterie blindé, ils étaient bien équipés et on poussa sur Rennes. Ils me mirent un chalumeau au cul pour me bouger et ceux du 53e il fallait aussi leur bouger le cul. En arrivant sur Rennes, il y avait deux buttes par ici sur le côté et des baraquements au pied de ces buttes. On appelle ça « exploitation et poursuite » : vous foncez dans l’ennemi à l’occasion mais vous n’êtes pas censé engager le combat avec l’ennemi latéral, on tire dessus mais on continue de rouler. Donc on passait à côté et je tire sur ces soldats qui sortaient des baraques et couraient vers ces buttes. Eh bien, ces buttes étaient des emplacements de canons de 88 mm antiaériens, des vrais, tous les deux. Alors je leur tire dessus et je fonce parce qu’on était en tête et qu’on devait foncer et j’étais chef de section, Tiegs capitaine, et nous voilà dans les haies de Rennes, notre colonne en arrière sur la route et voilà ces canons de 88 mm qui tirent sur la colonne le long de la route : pchi, pchi [...] Je me souviens de ce chef de section de mortiers du 10e qui grimpa sur un arbre pour diriger les tirs de mortier et alors qu’il était en haut sur l’arbre les Allemands descendirent l’arbre sous lui et il tomba par terre. On s’est foutu de lui pendant longtemps. Finalement la 35e blindée l’emporta et les neutralisa''." Jimmie Leach'' <ref> James Herbert "Jimmie" Leach, lieutenant d'infanterie blindée, de ''Breakout'' (traduction Étienne Maignen)</ref>. ''Ce témoignage est "arrangé" quant à sa chute au vu du déroulement du combat''.
« ... ''Puis, à Ducey, je fus rattaché au 10e bataillon d’infanterie blindé, ils étaient bien équipés et on poussa sur Rennes. Ils me mirent un chalumeau au cul pour me bouger et ceux du 53e il fallait aussi leur bouger le cul. En arrivant sur Rennes, il y avait deux buttes par ici sur le côté et des baraquements au pied de ces buttes. On appelle ça « exploitation et poursuite » : vous foncez dans l’ennemi à l’occasion mais vous n’êtes pas censé engager le combat avec l’ennemi latéral, on tire dessus mais on continue de rouler. Donc on passait à côté et je tire sur ces soldats qui sortaient des baraques et couraient vers ces buttes. Eh bien, ces buttes étaient des emplacements de canons de 88 mm antiaériens, des vrais, tous les deux. Alors je leur tire dessus et je fonce parce qu’on était en tête et qu’on devait foncer et j’étais chef de section, Tiegs capitaine, et nous voilà dans les haies de Rennes, notre colonne en arrière sur la route et voilà ces canons de 88 mm qui tirent sur la colonne le long de la route : pchi, pchi [...] Je me souviens de ce chef de section de mortiers du 10e qui grimpa sur un arbre pour diriger les tirs de mortier et alors qu’il était en haut sur l’arbre les Allemands descendirent l’arbre sous lui et il tomba par terre. On s’est foutu de lui pendant longtemps. Finalement la 35e blindée l’emporta et les neutralisa''."<ref> James Herbert "Jimmie" Leach, lieutenant d'infanterie blindée, de ''Breakout'' (traduction Étienne Maignen)</ref>. ''Ce témoignage est "arrangé" quant à sa chute au vu du déroulement du combat''.


En réalité, il apparut bien ultérieurement que les commandants des compagnies B et C du 35e bataillon de chars n'avaient pas eu connaissance de l'importance de la batterie mixte et, ayant reçu l'ordre de la réduire, avancèrent leurs chars et les exposèrent aux tirs directs des canons de 88 mm. Lors d'entretiens d'évaluation de ce combat consignés deux mois plus tard, ils employèrent les termes de "fiasco" et de "défaite" pour le qualifier, dévoilant la réalité du déroulement catastrophique de l'affrontement sans toutefois en citer les causes et les responsables<ref>''Collection d'entretiens d'officiers de la 4e division blindée américaine'', déclassés par la National Archives and Records Administration (NARA) en novembre 1987</ref>.
En réalité, il apparut bien ultérieurement que les commandants des compagnies B et C du 35e bataillon de chars n'avaient pas eu connaissance de l'importance de la batterie mixte et, ayant reçu l'ordre de la réduire, avancèrent leurs chars et les exposèrent aux tirs directs des canons de 88 mm. Lors d'entretiens d'évaluation de ce combat consignés deux mois plus tard, ils employèrent les termes de "fiasco" et de "défaite" pour le qualifier, dévoilant la réalité du déroulement catastrophique de l'affrontement sans toutefois en citer les causes et les responsables<ref>''Collection d'entretiens d'officiers de la 4e division blindée américaine'', déclassés par la National Archives and Records Administration (NARA) en novembre 1987</ref>.
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Dès minuit, le [[pont Pasteur]] est dynamité. De son domicile du 22 [[Quai Lamennais|quai Lamennais]], René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le [[pont de la Mission]] s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chaussée pour prendre un petit déjeuner, le [[pont de Nemours]] saute. D’après Mme Ladam, il est 5 h 20, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le [[quai Lamartine]] sont détruits ou fortement endommagés.  
Dès minuit, le [[pont Pasteur]] est dynamité. De son domicile du 22 [[Quai Lamennais|quai Lamennais]], René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le [[pont de la Mission]] s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chaussée pour prendre un petit déjeuner, le [[pont de Nemours]] saute. D’après Mme Ladam, il est 5 h 20, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le [[quai Lamartine]] sont détruits ou fortement endommagés.  
Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le [[pont Jean Jaurès]] et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.
Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le [[pont Jean Jaurès]] et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.
https://www.wiki-rennes.fr/Fichier:Devant_les_d%C3%A9g%C3%A2ts.png
Seuls les ponts [[Pont Legraverend|Legraverend]] et de [[Pont Saint-Martin|Saint-Martin]] subsistent grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal. Au n° 3 de la [[rue de Châteaudun]], les Allemands se débarrassent d'un surplus de dynamite en le plaçant sous le porche et allument, détruisant toute l'entrée de cette rue <ref> Témoignage de Joseph Gastard tiré du film ''La vie à Rennes sous les bombardements'' de Yves Borne - 2024</ref>Au numéro 3 de la [[rue Saint-Yves]] s'élevait l'hôtel de Palys, construction tardive de style moyen-âge dont la façade sud était précédée d'un jardin donnant sur le [[quai Duguay-Trouin]]. Les Allemands y avaient installé un important central téléphonique et de radio qu'ils décidèrent de faire sauter en même temps que les ponts, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Deux Rennais, François Mahuas et Pierre Parthenay, munis d'un extincteur et d'un sac de sable pris dans l'ancienne [[chapelle Saint-Yves]] voisine, éteignirent à temps les mèches ajustées aux explosifs, épargnant ainsi de lourds dégâts à cette rue.
Seuls les ponts [[Pont Legraverend|Legraverend]] et de [[Pont Saint-Martin|Saint-Martin]] subsistent grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal. Au n° 3 de la [[rue de Châteaudun]], les Allemands se débarrassent d'un surplus de dynamite en le plaçant sous le porche et allument, détruisant toute l'entrée de cette rue <ref> Témoignage de Joseph Gastard tiré du film ''La vie à Rennes sous les bombardements'' de Yves Borne - 2024</ref>Au numéro 3 de la [[rue Saint-Yves]] s'élevait l'hôtel de Palys, construction tardive de style moyen-âge dont la façade sud était précédée d'un jardin donnant sur le [[quai Duguay-Trouin]]. Les Allemands y avaient installé un important central téléphonique et de radio qu'ils décidèrent de faire sauter en même temps que les ponts, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Deux Rennais, François Mahuas et Pierre Parthenay, munis d'un extincteur et d'un sac de sable pris dans l'ancienne [[chapelle Saint-Yves]] voisine, éteignirent à temps les mèches ajustées aux explosifs, épargnant ainsi de lourds dégâts à cette rue.


Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref> "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT<ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref>, un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>). De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes<ref>''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>.
Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref> "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT<ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref>, un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>). De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes<ref>''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>.
[[Fichier:Soldats_et_Rennaises.png|300px|right|thumb|GIs et Rennaises, place de la mairie, le 4 août.(166th SIG. Photo Co. O.S. Halberg)]]
[[Fichier:Soldats_et_Rennaises.png|300px|right|thumb|GIs et Rennaises, place de la mairie, le 4 août.(166th SIG. Photo Co. O.S. Halberg)]]
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|300px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|300px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|300px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref> L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|300px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref> L. Riordan]]<ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]


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[[Fichier:Prisonniers_dans_Rennes.png|300px|thumb|Des prisonniers allemands au début de la rue d'Orléans (''War Pictorial News'')]]
[[Fichier:Prisonniers_dans_Rennes.png|300px|thumb|Des prisonniers allemands au début de la rue d'Orléans (''War Pictorial News'')]]
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]
[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]


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[[Fichier:Batterie_place_du_Parlement.png|400px|right|thumb|Batterie place du Parlement, au cas où...]]
[[Fichier:Batterie_place_du_Parlement.png|400px|right|thumb|Batterie place du Parlement, au cas où...]]
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
Jean Marin, homme d'''Ici Londres, les Français parlent aux Français'', maintenant de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA), en tenue d'officier de marine, entré dans Rennes avec les Américains par les Gayeulles et la [[rue de Fougères]] les avait laissés pour gagner à vélo la place de la Mairie, avait pris à 9 h 15 le siège de la radio au Palais du Commerce et allait se rendre [[rue du Pré-Botté]], au siège de l' ''Ouest-Éclair''.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin, éd. Fayard -1994</ref>
Jean Marin, homme d'''Ici Londres, les Français parlent aux Français'', maintenant de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA), en tenue d'officier de marine, entré dans Rennes avec les Américains par les Gayeulles et la [[rue de Fougères]] les avait laissés pour gagner à vélo la place de la Mairie, avait pris à 9 h 15 le siège de la radio au Palais du Commerce et allait se rendre [[rue du Pré-Botté]], au siège de l' ''Ouest-Éclair''.<ref>''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin, éd. Fayard -1994</ref>
Un grand drapeau américain est accroché au balcon nord de la mairie, flanqué de deux drapeaux tricolores. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=246OhcIyo5A </ref>
Un grand drapeau américain est accroché au balcon nord de la mairie, flanqué de deux drapeaux tricolores. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=246OhcIyo5A </ref>


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[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
[[Fichier:Baltimore_news_post.png|250px|center|thumb|Rennes prise, les Américains à mi-chemin de Saint-Nazaire]]
<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule<ref>[[Libération : le 4 août d'un Rennais]]</ref>   "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait  <ref>[[Libération : le 4 août une Rennaise écrit :]]</ref> : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule<ref>[[Libération : le 4 août d'un Rennais]]</ref>. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait  <ref>[[Libération : le 4 août une Rennaise écrit :]]</ref> : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref>''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".


Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine '' The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats. "La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" titre le journal de l'armée américaine ''The Stars ans Stripes'' en date du 4 août.


[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
[[Fichier:Stars_and_stripes.jpg|200px|center|thumb|"La chute de Rennes couronne une percée américaine de 55 km" ]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]


Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé, édité par le War Department en juin 1943, à la prononciation phonétique adéquate : " ''juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY''" pour "Je ne comprends pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".<ref> ''French language guide''- War department Washington, June 21, 1943</ref> [[Fichier:Pour_parler_francais.jpeg|350px|right|thumb|French language guide : guide du français parlé]]  
Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé, édité par le War Department en juin 1943, à la prononciation phonétique adéquate : " ''juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY''" pour "Je ne comprends pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".<ref>''French language guide''- War department Washington, June 21, 1943</ref> [[Fichier:Pour_parler_francais.jpeg|350px|right|thumb|French language guide : guide du français parlé]]  
Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]
Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]


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La nuit du 4 au 5 août se passa malgré quelques alertes <ref> [[Soir et nuit du 4 au 5 août 1944]]</ref>
La nuit du 4 au 5 août se passa malgré quelques alertes <ref> [[Soir et nuit du 4 au 5 août 1944]]</ref>
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]] sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]] sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne) ]]
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne)]]
En application d'une ordonnance du 22 juin 1944 de mise sous séquestre des entreprises de presse après le débarquement, un comité régional de presse se réunit dès le 6 août, à la préfecture, présidé par [[Henri Fréville]], composé de deux membres du Comité départemental de libération d'Ille-et-Vilaine et de deux journalistes représentant les organisations syndicales, pour prendre acte de la suppression du journal l'''Ouest-Eclair'', approuver la création du quotidien ''Ouest-France'', dont le directeur serait Paul Hutin, et l'impression à Rennes du journal clandestin ''Défense de la France'', devenu public le 8 août dont 32 autres numéros sortiront à Rennes.
En application d'une ordonnance du 22 juin 1944 de mise sous séquestre des entreprises de presse après le débarquement, un comité régional de presse se réunit dès le 6 août, à la préfecture, présidé par [[Henri Fréville]], composé de deux membres du Comité départemental de libération d'Ille-et-Vilaine et de deux journalistes représentant les organisations syndicales, pour prendre acte de la suppression du journal l'''Ouest-Eclair'', approuver la création du quotidien ''Ouest-France'', dont le directeur serait Paul Hutin, et l'impression à Rennes du journal clandestin ''Défense de la France'', devenu public le 8 août dont 32 autres numéros sortiront à Rennes.


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[[Fichier:Ru%C3%A9e_place_de_la_mairie.png|500px[left|thumb|Place de la mairie des Rennais se ruent vers un camion où l'on embarque un collaborateur (Credit ACME) ]]
[[Fichier:Ru%C3%A9e_place_de_la_mairie.png|500px[left|thumb|Place de la mairie des Rennais se ruent vers un camion où l'on embarque un collaborateur (Credit ACME) ]]
[[Fichier:Ma%C3%AEtris%C3%A9_par_des_GI413.jpg|300px|center|thumb|Cet homme furieux n'est pas un collaborateur, il est retenu par des GI car il voulait s'en prendre à des prisonniers allemands assis sur les marches du théâtre <ref> Hebdomadaire illustré britannique ''The Sphere'', London, 19 août 1944</ref>]]
[[Fichier:Ma%C3%AEtris%C3%A9_par_des_GI413.jpg|300px|center|thumb|Cet homme furieux n'est pas un collaborateur, il est retenu par des GI car il voulait s'en prendre à des prisonniers allemands assis sur les marches du théâtre <ref> Hebdomadaire illustré britannique ''The Sphere'', London, 19 août 1944</ref>]]
[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|center|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. derrière eux Victor le Gorgeu]]
[[Fichier:Milon_et_Patton.png|300px|center|thumb|27 octobre 1945: le maire de Rennes, Yves Milon, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la ville. Derrière eux Victor le Gorgeu]]
[[Fichier:Diplome_Patton.jpg|right|250px|thumb|Diplôme de citoyen d'honneur de la Ville de Rennes remis, le 27 octobre 1945, au général Patton, commandant en chef des troupes américaines ayant libéré Rennes]]
[[Fichier:Diplome_Patton.jpg|right|250px|thumb|Diplôme de citoyen d'honneur de la Ville de Rennes remis, le 27 octobre 1945, au général Patton, commandant en chef des troupes américaines ayant libéré Rennes]]


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Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes à partir du 21 août pendant plusieurs semaines.
Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes à partir du 21 août pendant plusieurs semaines.
Il faudra attendre le samedi 19 août pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". La radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'I kw<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref>. Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
Il faudra attendre le samedi 19 août pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". La radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'1 kW<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref>. Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
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