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[[Fichier:Rennes Motte Fablet etai 2011.jpg|thumb|Consolidation temporaire d'une façade.]]
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Chacun sait qu'au nom de l'intérêt public, toutes les initiatives affectant l'immobilier sont encadrées légalement, à l'échelle nationale comme à des échelles moindres à l'aide d'instruments qui ont eux-mêmes une histoire (cadastre et autres plans et documents d'urbanisme). La création de ces instruments et leur déploiement portent sur plusieurs années et jouent d'une large palette de démarches ou d'intentions : ''Anticiper, programmer, structure, renouveler, préserver, composer, aménager, requalifier'' pour reprendre les mots de la page de couverture de l'édition 2005 du Projet Urbain 2015 prévu pour Rennes. Ensuite, la ville comme collectivité, et parfois certains de ses habitants ou partenaires, modulent, au moyen de priorités et projets spécifiques, ces cadres réglementaires et veillent à leur respect au cas par cas. La loi montre pourtant ses limites à travers des questions de compétences géographiques, mais aussi de délais. L'autorité publique ne peut porter le regard et le bras partout où cela paraît judicieux : il faut ''faire avec'' les périmètres une fois qu'ils ont été tracés et laisser au bon vouloir du privé ce qui aurait été plus loin l'objet d'une attention collective sourcilleuse. A l'intérieur des périmètres, cette fois et particulièrement dans le centre historique, la politique peut moduler ses ambitions, la concentrant en pratique sur des zones prioritaires (îlots) en termes d'urgence ou d'intérêt patrimonial. Des arrêtés de péril ou des arrêtés d'insalubrité pris, respectivement par le maire ou le préfet, rendent des bâtiments inhabitables en droit une fois qu'ils sont reconnus comme inhabitables de fait. Pour les cas où les moyens de conviction des propriétaires s'avèrent vains, un ''volet coercitif'' a été échafaudé ces dernières années en particulier en soutien des réhabilitations les plus lourdes de ces îlots.
Chacun sait qu'au nom de l'intérêt public, toutes les initiatives affectant l'immobilier sont encadrées légalement, à l'échelle nationale comme à des échelles moindres à l'aide d'instruments qui ont eux-mêmes une histoire (cadastre et autres plans et documents d'urbanisme). La création de ces instruments et leur déploiement portent sur plusieurs années et jouent d'une large palette de démarches ou d'intentions : ''Anticiper, programmer, structure, renouveler, préserver, composer, aménager, requalifier'' pour reprendre les mots de la page de couverture de l'édition 2005 du Projet Urbain 2015 prévu pour Rennes. Ensuite, la ville comme collectivité, et parfois certains de ses habitants ou partenaires, modulent, au moyen de priorités et projets spécifiques, ces cadres réglementaires et veillent à leur respect au cas par cas. La loi montre pourtant ses limites à travers des questions de compétences géographiques, mais aussi de délais. L'autorité publique ne peut porter le regard et le bras partout où cela paraît judicieux : il faut ''faire avec'' les périmètres une fois qu'ils ont été tracés et laisser au bon vouloir du privé ce qui aurait été plus loin l'objet d'une attention collective sourcilleuse. A l'intérieur des périmètres, cette fois et particulièrement dans le centre historique, la politique peut moduler ses ambitions, la concentrant en pratique sur des zones prioritaires (îlots) en termes d'urgence ou d'intérêt patrimonial. Des arrêtés de péril ou des arrêtés d'insalubrité pris, respectivement par le maire ou le préfet, rendent des bâtiments inhabitables en droit une fois qu'ils sont reconnus comme inhabitables de fait. Branche de la Direction générale des services techniques, la Direction des risques gère les procédures IMR (Immeubles Menaçant Ruines). Pour les cas où les moyens de conviction des propriétaires s'avèrent vains, un ''volet coercitif'' a été échafaudé ces dernières années en particulier en soutien des réhabilitations les plus lourdes de ces îlots.


Le propriétaire doit donc insérer son projet dans le flux continu de toutes les initiatives apparentées sur la ville. Il comprendra les ressorts d'arrière-plan et pourra éventuellement apprivoiser une complexité apparente. Il peut d'ailleurs être bénéfique selon le projet de ne pas suivre le chemin le plus direct, le plus classique. Dans cet ordre, ce n'est pas parce que son bien n'est grevé d'aucune obligation d'ordre patrimonial, qu'il n'est pas pertinent de considérer et prendre en compte leurs fondements et recommandations. Pour le succès de sa démarche, il doit se renseigner très en amont auprès de services d'urbanisme concernés. Situé en plein coeur de Rennes, au 14 [[rue Le Bastard]], le [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] a été conçu comme la première porte d'entrée. Plus à l'ouest du centre ville, au 6 [[rue du Chapitre]], la D.R.A.C. propose dans le cadre de l'[[Hôtel de Blossac]] les ressources de son ''Centre de Documentation sur le Patrimoine'', pour l'ensemble de la Bretagne.
Le propriétaire doit donc insérer son projet dans le flux continu de toutes les initiatives apparentées sur la ville. Il comprendra les ressorts d'arrière-plan et pourra éventuellement apprivoiser une complexité apparente. Il peut d'ailleurs être bénéfique selon le projet de ne pas suivre le chemin le plus direct, le plus classique. Dans cet ordre, ce n'est pas parce que son bien n'est grevé d'aucune obligation d'ordre patrimonial, qu'il n'est pas pertinent de considérer et prendre en compte leurs fondements et recommandations. Pour le succès de sa démarche, il doit se renseigner très en amont auprès de services d'urbanisme concernés. Situé en plein coeur de Rennes, au 14 [[rue Le Bastard]], le [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] a été conçu comme la première porte d'entrée. Plus à l'ouest du centre ville, au 6 [[rue du Chapitre]], la D.R.A.C. propose dans le cadre de l'[[Hôtel de Blossac]] les ressources de son ''Centre de Documentation sur le Patrimoine'', pour l'ensemble de la Bretagne.
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Parmi les opérations publiques notoires localement, émergent l'attention aux parties communes des immeubles du centre-ville et le ravalement de leurs façades, imposé ou fortement encouragé. La ville a pris un nouveau visage sous cet effort soutenu. D'autres incidents et mêmes des drames, réactivent depuis quelque temps les préoccupations sur l'état des cages d'escalier du point de vue de la sécurité incendie ; préoccupations partagées par les occupants et propriétaires.
Parmi les opérations publiques notoires localement, émergent l'attention aux parties communes des immeubles du centre-ville et le ravalement de leurs façades, imposé ou fortement encouragé. La ville a pris un nouveau visage sous cet effort soutenu. D'autres incidents et mêmes des drames, réactivent depuis quelque temps les préoccupations sur l'état des cages d'escalier du point de vue de la sécurité incendie ; préoccupations partagées par les occupants et propriétaires.


Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les architectes des bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux même à l'intérieur du logement.</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement. Bien qu'encadrées de longue date par la loi, les divers changements d'affectation de locaux sont potentiellement les atteintes les plus graves aux bâtiments, occupation des combles, morcellement des pièces et dégradation des bases par les activités commerciales en rez-de-chaussée.
Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les Architectes des Bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux, même à l'intérieur du logement, au Service [''départemental''] des Bâtiments de France, [[avenue de Cucillé]].</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement. Bien qu'encadrées de longue date par la loi, les divers changements d'affectation de locaux sont potentiellement les atteintes les plus graves aux bâtiments, occupation des combles, morcellement des pièces et dégradation des bases par les activités commerciales en rez-de-chaussée.


De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, "produits miracles" ''irréversibles'' s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elle en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement. Une culture du systémique et du global semble devoir être favorablement substituée à la culture du "prêt-à-porter, prêt-à-jeter (à la décharge)", et des approches sans dialogue entre elles.
De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, "produits miracles" ''irréversibles'' s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elle en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement. Une culture du systémique et du global semble devoir être favorablement substituée à la culture du "prêt-à-porter, prêt-à-jeter (à la décharge)", et des approches sans dialogue entre elles.