Immigration rennaise et jersiaise vers l'Australie
L'immigration rennaise et jersiaise vers l'Australie est un travail de recensement mené en partenariat croisé avec les ressources de WikiRennes et Jerripedia - The Islandwiki[1], wiki insulaire des îles Anglo-Normandes.
Au cours du XIXe siècle, des milliers d'hommes et de femmes rennais et jersiais, tels que les familles Mauger, Noel, Amy, Renouf, Le Cornu, Nicolle, Cabot, Le Gros, de la Haye, Romeril, de Gruchy et Le Quesne, quittèrent l'Europe pour commencer une nouvelle vie en Australie. Un petit nombre d'entre eux étaient des condamnés déportés de Jersey, mais la grande majorité cherchait à s'installer et à posséder leurs propres terres suite à la crise économique des années 1870 et 1880.
L’effet au XIXe siècle du commerce de la laine et du Gold rush
L'immmigration rennaise et jersiaise est stimulée en outre du traité de libre-échange signé entre la France et l’Angleterre en janvier 1860, qui ouvre les portes de l’Empire britannique au commerce français.
Les acheteurs de laine constituaient le cœur actif de la colonie française locale, et leur prestige et leur influence continuèrent de croître au XXe siècle. Si Melbourne fut initialement le principal centre de vente de laine, Sydney prit progressivement le dessus. L'activité commerciale française se concentra également autour des lieux de rencontre fréquentés par les expatriés.
Les habitants de Rennes et de Jersey participèrent également à la ruée vers l'or australienne des années 1850, et on estime que jusqu'à 6 000 personnes auraient quitté le pays de Rennes et les îles Anglo-Normandes pour l'Australie entre 1852 et 1855. À cette époque, l’industrie européenne est à la recherche de quantités croissantes de matières premières.
Dans les années 1850, plusieurs annonces de navires partant pour l'Australie parurent dans les journaux locaux. Parmi celles-ci, l'armateur Esnouf et Mauger, qui souhaitait informer les lecteurs que le brick « Charles » de Jersey quittait l'île le 2 avril pour Melbourne et les régions aurifères d'Australie.
Le prix du passage était de 25 guinées en deuxième classe et de 30 guinées en première. L'annonce précisait également qu'ils vendaient du matériel adapté aux chercheurs d'or.
L'Australie « cinquième continent » dont les richesses dorment, selon les archives de l'Ouest Éclair
L'Australie est la plus grande productrice de laine et elle se place presque en tête de la liste des pays exportateurs de blé[2].
En raison de l'expansion rapide de la communauté française en Australie, le consulat de France fut élevé au rang de consulat général en 1892 et un journal en français, Le Courrier australien, fut lancé.
Bond Street et les acheteurs de laine à Sydney
Les entreprises textiles françaises et belges souhaitaient organiser des ventes directes avec les producteurs de laine australiens et, dès 1852, elles commencèrent à envoyer des représentants dans les colonies. Des sociétés de négoce de laine telles que Leroux, Masurel, Caulliez et Mathon-Bertrand finirent par établir des bureaux permanents en Australie. D'autres acteurs comme la Maison Chanvril, Auguste Jeanneau & Compagnie s'y intéressent. Elles furent bientôt rejointes par une banque française (1881)[3] et une compagnie maritime (1882)[4].
Afin de consolider l'infrastructure de la communauté française, le consulat général déménagea au Bond Street Chambers de Sydney, qui abritait également d'autres associations françaises locales, telles que la French Benevolent Society (1891), l'Alliance française et la Chambre de commerce française (1899). Toutes ces associations sont toujours en activité aujourd'hui.
Histoire du Consulat général de France à Sydney
Le premier Consulat étranger créé en Australie en 1839 par une ordonnance du roi Louis-Philippe
Le Consulat de France à Sydney crée en 1839 par une ordonnance du roi Louis-Philippe est le premier Consulat étranger créé en Australie. Le premier agent consulaire nommé en août 1839 ne sera toutefois effectivement en poste à Sydney qu’à partir de 1842. Jean-Marie Faramond occupera ses fonctions pendant une décennie. A cette période, les relations commerciales entre la France et l’Australie sont quasi inexistantes. L’ouverture d’un Consulat correspond à la volonté du gouvernement français en place de développer des liens commerciaux avec les colonies britanniques mais aussi d’avoir une présence officielle sur le continent australien au moment où la France tente de se constituer un empire colonial dans le Pacifique avec notamment la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie en 1853 (sources : archives du Ministère des Affaires Etrangères). En parallèle, dès 1854 sera également créé un consulat de France à Melbourne. L’Ambassade de France à Canberra sera, elle, officiellement créée en 1944.
Un travail d’organisation et d’assistance de la communauté française en Australie, qui s’est développée sous l’effet du commerce de la laine et du Gold rush
La création la Société Française de Bienfaisance en 1891
De 1890 à 1893, Henri-Léon Verleye, le Consul de Sydney amorce un travail d’organisation et d’assistance de la communauté française en Australie, qui s’est développée sous l’effet du commerce de la laine et du Gold rush avec la création la Société Française de Bienfaisance en 1891 qui permet d’aider les français en difficulté installés en Australie dans un contexte de crise économique.
Création de l’Alliance Française de Sydney (1899), le Courrier Australien (1892) et la Chambre de commerce Franco-Australienne
Le Consulat devient un Consulat Général en 1893 dans le cadre de la création d’une trentaine de Consulats Généraux correspondants à l’évolution des courants commerciaux de la France mais surtout aux intérêts qu’elle entend renforcer.
En 1893, Georges Biard d’Aunet est nommé premier Consul Général de France à Sydney, il est un acteur majeur du développement des relations commerciales franco-australiennes et du rayonnement français en Australie. Le Consul Général restera en poste pendant sept années. Son exercice permet de faire évoluer considérablement la dynamique de la présence française grâce notamment à la participation active à la création d’institutions aujourd’hui indépendantes comme l’Alliance Française de Sydney (1899), le Courrier Australien (1892) et la Chambre de commerce Franco-Australienne.
Impact de la guerre franco-prussienne de 1870
Après la dévastatrice guerre franco-prussienne (1870-1871), l'augmentation progressive du commerce franco-australien attira un nombre croissant de colons français dans la colonie.
Au début des années 1890, on comptait plus de 4 000 résidents français en Australie, dont près de la moitié en Nouvelle-Galles du Sud. Des années 1880 à nos jours, la Nouvelle-Galles du Sud a attiré plus de 40 % des migrants français d'Australie.
Impact de la Grande Guerre (1914-1918)
En 1914, un nombre important de ressortissants français résidant en Australie s’engagent pour prendre part à la 1ère guerre mondiale. Si la mémoire de ceux qui s’engagent volontairement dans le cadre de l’AIF (Australian Imperial Force) reste, le Consulat général conserve quant à lui la mémoire de ceux qui seront enrôlés dans les forces françaises sur une plaque commémorative à l’entrée du Consulat général.
Gestes patriotiques : 14 juillet et service militaire
À partir de 1889, la communauté française de Sydney célébra sa Fête nationale par un pique-nique annuel. Cette journée commémore la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, qui marqua le début de la Révolution française. Initialement organisée à l'hôtel Sir Joseph Banks de Botany, la cérémonie fut transférée en 1907 à Clifton Gardens, sur la rive nord de Sydney.
La loi oblige tous les citoyens français à servir leur patrie en temps de guerre. Les hommes rentrent en France pour s'engager, tandis que les épouses et les mères collectent des fonds et préparent des colis de réconfort pour les soldats et leurs familles. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, sept membres de la famille Playoust, acheteurs de laine, partirent combattre pour la France ; trois ne revinrent pas.
La Ligue franco-australienne de secours fut fondée par Marie-Thérèse Playoust en décembre 1914 pour apporter du réconfort aux soldats français et à leurs familles. Les activités de secours comprenaient la fabrication de vêtements et l'organisation d'expéditions bimensuelles de marchandises vers la France, ainsi que des collectes de fonds comme la Fête de la France de 1917.
Impact de la Seconde guerre mondiale (1939-1945) et de la France libre
Pendant la seconde guerre mondiale, durant laquelle les Français d’Océanie se rallient rapidement à la France libre (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Hébrides), et où le bataillon français du Pacifique vient se former à Sydney dès 1941, le Consulat général de France, sous les ordres du régime de Vichy est délaissé par la communauté française et par les autorités australiennes qui développent des contacts avec André Brenac, représentant de la France libre et du Général de Gaulle en Australie. La France retrouvera sa représentation unique en 1944.
Brenac est né en 1902 à Mazamet, petite ville du Languedoc réputée pour son industrie de la fourrure de mouton. Après une formation d'agronomie, un service militaire et de nombreux voyages avec un cousin, Brenac rejoignit son frère George à Sydney pour travailler comme acheteur de peaux de mouton. Il avait vingt-cinq ans. Deux ans plus tard, il épousa Henriette Segaert, fille du consul général de Belgique, et s'intégra dans l'atmosphère conviviale de la communauté française de Sydney ; quatre de leurs six enfants naquirent ensuite à Sydney.
Œuvres
- Souvenirs d'un voyage à Sydney fait pendant l'année 1845, 1847
- Voyage dans les deux océans, 1848
- Notre câble transatlantique (France aux États-Unis) ? Notes et Projet, 1867
- Épisodes pendant la Commune, souvenirs d'un délégué de la Société de secours aux blessés militaires des armées de terre et de mer, 1872
Bibliographie
- Numa Broc, Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.4, Océanie, CTHS, 2003