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Coût de la vie à Rennes au 18e siècle
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Cet article donne quelques échantillons de dépenses, plus ou moins habituelles, permettant d'apprécier le coût de la vie pour un Rennais avant la Révolution.
Aliments
- En 1787, un vol est constaté chez Joseph Simon, couvreur à Montgermont. Un témoin raconte parlant d'un inculpé qu'il resta chez lui temoin à raison de neuf sols par jour... la somme de quarante cinq sols qu'il fut à Rennes prendre un pain de douze livres...[1].
Soif
- En 1751, un litige devant le présidial de Rennes est l'occasion pour un habitant de dire en parlant de Jean Larcheveque, fermier à la métairie du Petit Cordel : Il doit à ce dernier six sols pour deux bouteilles de cidre qu'il a bu chez lui.[2].
- En 1775, un témoin dans une affaire de meurtre à Rieux parle des deux accusés quand il précise : ayant bu deux bouteilles de vin chés la Bescomte avec lesdits Fablet et Framois qui furent payé par luy deposant une somme de douze sols...[3].
- En 1776, Jeanne Levigouroux, 52 ans, revendeuse, à Lorient, avoue dans une affaire de vol : ayant trouvé du cidre à un sol la chopinne dans cette foire [de Rennes], elle en but beaucoup et au point qu'elle s'enyvra...[4].
Loisirs
- En 1774, les inquiétudes d'une femme concernant les dépenses de son mari donnent une idée des mises aux rares jeux populaires, ici chez François Baconnais, 54 ans, tenant billard et jeu de boules près le bas des Lices : Jean Baptiste Martin, 52 ans, ingénieur, rue Nantaise, dépose avoir fait plusieurs parties de boule chez Baconnais, rue des Lices, avec le Sr. Amiral, qu'ils jouaient douze sols par partie... qu'il l'a vu egalement jouer au billard douze sols, quelquefois vingt quatre sols et jusqu'à trente par partie.... D'autres témoins parlent de parties intéressantes, déplorant leur absence vue la modicité des mises, parlant même de mises de six sols. Bien entendu, ces mises dépendaient de la fortune des joueurs, sans limite donc de montant en dépit d'interdictions[5].
- En 1787, dans une tonnelle de l'auberge de la nommée la Bouilly près la Paillette, des joueurs de brelan en viennent aux mains dans des jeux à 24 ou 48 sols le "coup".[6].
- En 1756, Jean Bertier, mari de Michelle Gicquel, rue de la Perrière du bourg Levêque, est tué à Vezin dans le conflit l'opposant à François Letort, mari d'Helene Bohuon, cabaretier à la Cochardière. La semaine précédant le dimanche d'avant, l'inculpé avait fortement pressé la victime de venir jouer des hautbois ou vezes chez luy le dimanche quinze aoust dernier à cause d'une foullerie qu'il avait dans son aire, et un reste de cydre qu'il voullait vendre et debitter bien vite. Ayant touché 20 sols d'avance, soit la moitié, Jean Bertier "oublie" un des cornets de ses haubois, n'ayant pas l'intention de jouer comme c'etait une grande feste. En périphérie de ce crime, l'homme engagé comme aide de justice, pour la vente des meubles de l'accusé, touche deux livres par jour[7].
- En 1773, le dossier d'une affaire tumultueuse impliquant trois personnes fortunées contient le détail de leurs frais de bouche lors d'un bon repas pris dans une auberge de Saint-Grégoire : soupe (12 sols) ; canard (2 livres) (La seule canne a été tuée en avertissant qu'elle était chère !) ; salade (10 sols) ; pain (une livre) ; châtaignes (6 sols) ; cidre (4,5 sols) ; vin (3 livres) ; biscuits (24 sols) ; eau de vie (12 sols) ; "feux" (12 sols ; probablement le feu allumé spécialement)[8].
- En 1788, un client d'une "fille du monde" paye le tarif de 24 sols pour la nuit : il aurait pu offrir 5 à 6 mouchoirs à quatre sols[9].
Salaires et gages
Le salaire d'un homme qualifié (maître) est ordinairement d'une livre par jour, le double de celui qui travaille surtout de sa force et habileté naturelles (manoeuvre, journalier).
- En 1766, des travaux sur une maison de Rennes sont rétribués ainsi : quatre journées de maître charpentier et compagnon à raison de 20 sols par jour chacun, 18 sols pour le couvreur (18 journées)[10].
- En mai 1755, le meurtre d'Ollivier Desloges, journalier, est l'occasion de propos sur l'emploi local : Nous sommes bien sots de rester ici [une ferme] à gagner quatre f[outus] sols par jour. Il nous faut plustôt aller travailler à la mine, ou bien chez Monsieur de la Chalotais, nous gagnerons bien davantage ! ; mine où ils pourraient gagner 20 sols selon l'allégation rapportée par un des témoins[11].
- En 1775, Guillemette Jolivet, 34 ans, femme de Jean Trotoux, regratière rue Vasselot, est condamnée au fouet pour des vols. Elle s'explique en disant : que n'ayant pas mangé depuis trois jours ni ses trois enfans dont elle allaite encore un âgé de dis mois, le besoin la pressant, elle emprunta un cizeau d'avec un particulier de la rue Vasselot... Elle gagna deux sols sur de la sardinne qu'elle acheta et revendit en détail.[12].
Aumônes et gratifications
- En 1777, un fragment de témoignage dans une affaire de vols dit qu'un particulier avait demandé l'aumône à une demoiselle qui lui donna trois sols[13].
- En 1768, soupçonné d'un vol de chemises, le jeune Louis Limeul, 15 ans, raconte qu'il fut jusqu'à Maurepard pour voir ariver le regiment de la Couronne, avec lequel il revint sur la place [Neuve] où un officier luy donna son cheval à conduire à l'image Saint Joseph ; que cet officier luy ayant donné six sols pour sa penne, il s'en fut chez Ollive où il couche ordinnairement.[14].
Marchandages
- En mai 1726, le ton monte au Champ Jacquet et Jacquette Lancelot, femme d'un maréchal, en vient à frapper Jeanne Regnault, 70 ans, veuve de Julien Legault (tonnelier), marchande d'oeufs, près de la barrière du pont Saint-Martin, l'une demandant 3 sols 6 deniers à l'inculpée (par le présidial de Rennes) qui ne voulait payer que 3 sols 3 deniers bien qu'ayant choisi les oeufs les plus beaux parmi les 36 douzaines que la victime proposait à la vente[15].
Situations particulières
- En 1725, Jeanne Auffray, 33 ans, femme de Julien Robert, journalière, à Melesse, se voit incarcérée comme inculpée de vols dans cette paroisse, par le présidial. Le procureur du roi est contraint de demander que l'économe de l'hôpital Saint Yves décharge la mère du soin de Mathurin, son enfant qu'elle allaite, sachant que la retribution de trois sols que lad. Auffray a par chaque jour ne suffit pas pour sa nourriture et celle de son enfant ; le lieu même de la prison, qui est destiné pour la detention des femmes, est fort obscur et malsain, cet enfant est en peril de perdre la vie. Elle est renvoyée hors procès en juillet 1726.[16].
- En octobre 1754, dans un billet laissé par la mère de l'enfant trouvé mort au bas de l'église Saint Sauveur, actuellement sur la table où on coupe le pain béni, elle indique qu'elle n'avait pas les moyens de donner cent sols au porte-corps et que l'enfant a été baptisé à la maison seulement étant mort comme prématuré[17].
Notes et références
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1031.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 472.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1292.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1112.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 496.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1200.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1223.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1088.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1203.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 487.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1223.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1102.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1124.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1244.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1043.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1221.
- ↑ Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 2B 1046.