Allée Marceline Loridan- Ivens
L'Allée Marceline Loridan-Ivens Alez Marceline Loridan-Ivens borde le groupe scolaire Jules Isaac à l'ouest, depuis la rue du Morbihan jusqu'au chemin Motte Goulven.
Cette allée a été dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes en date du 22 septembre 2025 pour rendre hommage à Marceline Loridan-Ivens
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Marceline Loridan-Ivens
Cinéaste, écrivaine, survivante de la Shoah (1928 - 2018)
Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg le 19 mars 1928 à Épinal et morte le 18 septembre 2018 à Paris 12e, est une scénariste, réalisatrice, productrice et écrivaine française. Elle est une survivante de la Shoah, et compagne de déportation de Simone Veil
.
Marceline Rozenberg est née de parents juifs polonais émigrés en France depuis 1920. Son père Rozenberg Szlama, petit industriel fabricant de textile né à Nowa Słupia
(Pologne) le 7 mars 1901, épouse Frymet Gruszkowicz née à Łódź
le 1er avril 1898, commerçante. Le père s'installe d'abord à Belfort en octobre 1920, puis déménage, en 1925, avec le reste de la famille à Épinal où ils résident jusqu'en 1931, c'est là que naîtra Marcelline le 19 mars 1928.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, sa famille s'installe dans le Vaucluse. La famille vit alors au Domaine de Gourdon à Bollène dans le Vaucluse.
À 15 ans, elle est arrêtée en tant que juive par la Milice française et la Gestapo en même temps que son père, Shloïme Rozenberg.
Elle est déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi 71 du 13 avril 1944, le même que celui de son père, de Simone Veil, à laquelle la liera une amitié « indéfectible », de Ginette Kolinka et de Anne-Lise Stern. Elle est ensuite transférée à Bergen-Belsen, et finalement au camp de concentration de Theresienstadt. Elle recouvre la liberté à la libération du camp, le 10 mai 1945 par l'Armée rouge.
À son retour en France, elle adhère au Parti communiste français en 1955 et le quitte un an plus tard. Elle croise alors des « déviationnistes », comme le philosophe Henri Lefebvre ou le sociologue Edgar Morin
, tape des manuscrits pour des intellectuels dont Roland Barthes
, travaille au service reprographie d'un institut de sondage, est « porteuse de valises » pour le FLN
et fréquente les nuits parisiennes de Saint-Germain-des-Prés. En 1971, elle est signataire du Manifeste des 343
pour la dépénalisation de l'avortement.
En 1961, Jean Rouch et Edgar Morin la filment dans Chronique d'un été ; elle y apparaît dans des plans devenus célèbres par un monologue sur sa déportation et le vide laissé par la disparition de son père. Elle entre par le biais de ce film dans le monde du cinéma.
Elle se consacre initialement à des documentaires sur des peuples en lutte. En 1962, elle réalise avec Jean-Pierre Sergent un premier documentaire, Algérie année zéro, sur les premiers pas du pays après l'indépendance. Le film est interdit en France et en Algérie, et reçoit le Grand Prix du festival de Leipzig en 1965.
En 1963, elle rencontre et épouse le réalisateur de documentaires Joris Ivens, de trente ans son aîné. Ils forment ensemble un couple de cinéastes soudés. En fonction des films, elle l'assiste ou coréalise avec lui. Ils réalisent notamment ensemble Le 17e parallèle en 1968, pour lequel ils s'immergent dans les combats de la guerre du Vietnam. Au Vietnam, ils sont reçus par Hô Chi Minh
, qui leur donne l'autorisation de se déplacer sur les lignes de front.
De 1972 à 1976, pendant la révolution culturelle déclenchée par Mao Zedong
, elle travaille en Chine et réalise avec son époux Joris Ivens la série de douze documentaires Comment Yukong déplaça les montagnes, ayant obtenu un laisser-passer du Premier Ministre Zhou En-lai
pour circuler librement. Critiqués par Jiang Qing, épouse de Mao, ils doivent quitter précipitamment la Chine. Les deux réalisateurs résistent aux demandes de coupes formulées par le gouvernement chinois. À sa sortie en France, le film est largement critiqué comme un support de propagande, dans le contexte d'une prise de distance occidentale avec la Chine maoïste.
Elle prend plus tard de la distance avec cette démarche cinématographique, la qualifiant de « simpliste et naïve » et parlant d'« héroïsation de la révolution ».
En 2003, à 75 ans, elle réalise son premier film de fiction, La Petite Prairie aux bouleaux, avec Anouk Aimée
, très inspiré de son parcours dans les camps, qui évoque aussi les différentes facettes de sa mémoire en tant que survivante. Le titre est la traduction du nom polonais Brzezinka, germanisé en Birkenau.
Elle écrit plusieurs essais autobiographiques, avec l'appui de journalistes, où son expérience de la déportation apparaît perpétuellement en toile de fond. Elle affirme que « on ne vit pas après Auschwitz, on vit avec en permanence (...) La vie quotidienne vous confronte tout le temps au souvenir. Cela pénètre profondément votre vie. (...) Et je me suis souvent comportée après les camps comme si j’y étais encore. ». [1]