« À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien » : différence entre les versions

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Du Perron de Maurin est arrêté début octobre 1945. Jugé en France par la cour de justice de Rennes, le 10 janvier 1946, défendu par Me Jean Poret, la personnalité du délégué régional du commissariat aux questions juives et les preuves accablantes recueillies dans les archives de la délégation allaient permettre un procès exemplaire et M. Jacques Douegnas, secrétaire de la Fédération des Sociétés Juives de France, fit une déposition dans laquelle il déclara avoir reçu « de nombreuses plaintes de familles juives qui avaient été spoliées à l’occasion des persécutions qui eurent lieu à Rennes et en Bretagne à la diligence du commissariat aux questions juives.
Du Perron de Maurin est arrêté début octobre 1945. Jugé en France par la cour de justice de Rennes, le 10 janvier 1946, défendu par Me Jean Poret, la personnalité du délégué régional du commissariat aux questions juives et les preuves accablantes recueillies dans les archives de la délégation allaient permettre un procès exemplaire et M. Jacques Douegnas, secrétaire de la Fédération des Sociétés Juives de France, fit une déposition dans laquelle il déclara avoir reçu « de nombreuses plaintes de familles juives qui avaient été spoliées à l’occasion des persécutions qui eurent lieu à Rennes et en Bretagne à la diligence du commissariat aux questions juives.


L’acte d’accusation de 1946 lui imputait la responsabilité de 36 arrestations, ramenées à 34 mais on ignorait alors son implication dans la déportation de deux autres familles, soit 4 adultes et 4 enfants et adolescents. En rendant leur arrêt au vu des témoignages dont ils disposaient, les magistrats de la cour de Justice de Rennes ignoraient qu’ils n’avaient jugé qu’un peu plus de la moitié des « affaires » traitées, en dix-huit mois, par la délégation régionale du CGQJ. Devant les juges, la défense de Du Perron de Maurin consista à se présenter comme un fonctionnaire consciencieux qui n’avait fait qu’établir des rapports, activités inhérentes à la fonction qu’il devait assumer.
Ainsi Herman Avran, arrêté avecsa femme et son fils de 18 mois,le 16 décembre 1942, ils furent déportés le 13 février 1943. Seul, Herman Avran, rédacteur à L’Ouest-Éclair, survécut et  témoigna le 13 novembre 1945 :
 
« Dans les premiers jours de décembre 1942, Du Perron de Maurin est venu chez moi […] il m’a reproché de ne pas porter l’étoile. Je lui ai exhibé mon certificat de baptême datant de 1928 ainsi que celui de mes trois enfants. Il refusa d’admettre mes explications […]. J’avais supplié Du Perron de fermer les yeux à cause de mon enfant […]. Nous fûmes déportés au camp d’Auschwitz, là, ma femme et son bébé de 18 mois furent certainement emmenés à la chambre à gaz car ils partirent en camion, “c’était l’usage”. »  L’arrestation de la famille Avran, à son domicile, 5 quai de la Prévalaye à Rennes, par la police française, survint quelques jours après la visite du délégué régional. À son retour, M. Avran apprit « que deux ou trois jours après mon arrestation, Du Perron s’était installé dans mon appartement où il resta jusqu’au débarquement».
 
L’acte d’accusation de 1946 citait : avoir « porté les armes contre la France ou ses alliés », avoir exercé les fonctions de chef régional de la milice,  avoir « en temps de guerre, entretenu des intelligences avec l’Allemagne, puissance étrangère, ou avec ses agents, en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France, en dénonçant aux autorités allemandes, en arrêtant ou en faisant arrêter comme étant d’origine israélite les personnes ci-après désignées », suivait une liste de 36 noms, , ramenée à 34 mais on ignorait alors son implication dans la déportation de deux autres familles, soit 4 adultes et 4 enfants et adolescents. En rendant leur arrêt au vu des témoignages dont ils disposaient, les magistrats de la cour de Justice de Rennes ignoraient qu’ils n’avaient jugé qu’un peu plus de la moitié des « affaires » traitées, en dix-huit mois, par la délégation régionale du CGQJ. La défense de Du Perron de Maurin consista à se présenter comme un fonctionnaire consciencieux qui n’avait fait qu’établir des rapports, activités inhérentes à la fonction qu’il devait assumer.


Il fut condamné à mort et fusillé le 5 novembre 1946 à Rennes au stand de tir de Coëtlogon. ''Ouest-France'', en rendant compte de l’exécution, passa sous silence son rôle à la tête de la Milice, à partir d’avril 1944, ne retenant que sa participation au génocide : il « fit arrêter par les Allemands et déporter vers les bagnes nazis et leurs chambres à gaz de nombreux Israélites dont beaucoup ne sont pas revenus ». <ref>''Les Juifs en Bretagne''. Claude Toczé, Annie Lambert. Presses universitaires de Rennes – 2006  </ref>
Il fut condamné à mort et fusillé le 5 novembre 1946 à Rennes au stand de tir de Coëtlogon. ''Ouest-France'', en rendant compte de l’exécution, passa sous silence son rôle à la tête de la Milice, à partir d’avril 1944, ne retenant que sa participation au génocide : il « fit arrêter par les Allemands et déporter vers les bagnes nazis et leurs chambres à gaz de nombreux Israélites dont beaucoup ne sont pas revenus ». <ref>''Les Juifs en Bretagne''. Claude Toczé, Annie Lambert. Presses universitaires de Rennes – 2006  </ref>
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