« Émile Schwaller, à la LVF puis milicien criminel » : différence entre les versions

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[[Fichier:Schwaller.jpg|right|150px|thumb|Émile Schwaller]]
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Deux mois et demi plus tard, voici Schwaller (présenté comme permissionnaire alors qu'il est réformé) à Rennes, le 23 juin 1943, pour participer au cinéma l'Excelsior,<ref>[[ Anciennes salles de cinéma de Rennes]]</ref>  [[rue Leperdit]],  à la commémoration du 2e anniversaire de l'entrée en guerre de l'Allemagne contre la Russie bolchevique "comme cela se fit dans toute la France et dans toute l'Europe" annonce le journal. Schwaller vanta son engagement précoce  comme n° 76 à la  L.V.F., Légion des Volontaires français contre le Bolchevisme  et ses actions contre les partisans, "des bandits composés à 90% de Juifs qui attaquent dans le dos les soldats ». Un grand article dans  l’''Ouest-Eclair'' s’étend sur les propos de de Saint-Méloir<ref>[[De Saint Méloir, chantre de la LVF]]</ref>  et de  « Schweller » (sic) ,  ce croisé d’un nouveau genre venu prêcher la bonne parole.
Deux mois et demi plus tard, voici Schwaller (présenté comme permissionnaire alors qu'il est réformé) à Rennes, le 23 juin 1943, pour participer au cinéma l'Excelsior,<ref>[[ Anciennes salles de cinéma de Rennes]]</ref>  [[rue Leperdit]],  à la commémoration du 2e anniversaire de l'entrée en guerre de l'Allemagne contre la Russie bolchevique "comme cela se fit dans toute la France et dans toute l'Europe" annonce le journal. Schwaller vanta son engagement précoce  comme n° 76 à la  L.V.F., Légion des Volontaires français contre le Bolchevisme  et ses actions contre les partisans, "des bandits composés à 90% de Juifs qui attaquent dans le dos les soldats ». Un grand article dans  l’''Ouest-Eclair'' s’étend sur les propos de de Saint-Méloir<ref>[[De Saint Méloir, chantre de la LVF]]</ref>  et de  « Schweller » (sic) ,  ce croisé d’un nouveau genre venu prêcher la bonne parole.
Il adhère au Cercle d'études national socialiste  fondé par Raymond Du Perron de Maurin,  où l’on compte une vingtaine d'adhérents au château d'Apigné, dont celles d’ Alain de Saint-Méloir , d’Alan Louarn, et de Joseph Le Ruyer, militants du PNB et de  Guy Vissault <ref> [[  Un Rennais, agent actif de la Gestapo, Guy Vissault]]</ref>   
Il adhère au Cercle d'études national socialiste  fondé par Raymond Du Perron de Maurin <ref>,  où l’on compte une vingtaine d'adhérents au château d'Apigné, dont celles d’ Alain de Saint-Méloir , d’Alan Louarn, et de Joseph Le Ruyer, militants du PNB et de  Guy Vissault <ref> [[  Un Rennais, agent actif de la Gestapo, Guy Vissault]]</ref>   
Il vient s’installer à Rennes où on lui confie le secrétariat départemental de la  LVF, au 9, [[rue Nationale]].
Il vient s’installer à Rennes où on lui confie le secrétariat départemental de la  LVF, au 9, [[rue Nationale]].
Volontaire à la L.V.F.
Volontaire à la L.V.F.
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=== Chef milicien à Rennes ===
=== Chef milicien à Rennes ===


La Milice française est implantée à Rennes en avril 1944 par Raymond du Perron de Maurin,   et Schwaller entre, avec une dizaine d'individus, dans cet organisme d’État qui correspond bien  à ses vues : lutte contre le bolchevisme, les Juifs et les terroristes, il est nommé instructeur de la Milice et, à l’arrivée des recrues qui se sont laissés prendre au mirage de la croisade prêchée par Darnand, il prendra, le 15 mai 1944,  le commandement de son  « groupe de Bretagne »  en qualité de chef de centaine, au salair emensuel de 4200 F.
La Milice française est implantée à Rennes en avril 1944 par Raymond du Perron de Maurin,<ref>[[ À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien]]</ref>  et Schwaller entre, avec une dizaine d'individus, dans cet organisme d’État qui correspond bien  à ses vues : lutte contre le bolchevisme, les Juifs et les terroristes, il est nommé instructeur de la Milice et, à l’arrivée des recrues qui se sont laissés prendre au mirage de la croisade prêchée par Darnand, il prendra, le 15 mai 1944,  le commandement de son  « groupe de Bretagne »  en qualité de chef de centaine, au salaire mensuel de 4200 F.
Le groupe est cantonné presque à hauteur du lieu-dit « La Croix-Rouge » (entre route de Saint-Brieuc et route de Vezin) en rive est, au n° 110 de la rue de Saint-Brieuc, où l’on torture dans les caves et son siège est [[rue Le Bastard]].  Schwaller torturait des résistants comme Ginette Lion, agent de liaison de la Résistance, arrêtée en [[gare de Rennes]]. Il passe chef de cohorte. Craignant la Résistance, il ne se déplace qu’accompagné de gardes du corps.
Le groupe est cantonné presque à hauteur du lieu-dit « La Croix-Rouge » (entre route de Saint-Brieuc et route de Vezin) en rive est, au n° 110 de la rue de Saint-Brieuc, où l’on torture dans les caves et son siège est [[rue Le Bastard]].  Schwaller torturait des résistants comme Ginette Lion, agent de liaison de la Résistance, arrêtée en [[gare de Rennes]]. Il passe chef de cohorte. Craignant la Résistance, il ne se déplace qu’accompagné de gardes du corps.
Après le débarquement du 6 juin, arriva à Rennes la 2e unité de marche des francs-gardes de la Milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord rue du Griffon puis à l'asile de Saint-Méen, et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  la Milice s'active contre les résistants en arrêtant, torturant et pillant. En Ille-et-Vilaine, les miliciens participent à des opérations à Rennes, Fougères, Talensac, Saint Hilaire des Landes,  Vieux-Vy- sur- Couesnon, Broualan, à La Lopinière, à Saint-Rémy du Plain où huit membres du maquis de Broualan sont torturés et fusillés, à la Roche aux Merles, à Mordelles.
Après le débarquement du 6 juin, arriva à Rennes la 2e unité de marche des francs-gardes de la Milice, forte de 250 francs-gardes, cantonnée d'abord [[rue du Griffon]] puis à l'asile de Saint-Méen, et commandée par le capitaine Joseph Di Costanzo.  la Milice s'active contre les résistants en arrêtant, torturant et pillant. En Ille-et-Vilaine, les miliciens participent à des opérations à Rennes, Fougères, Talensac, Saint Hilaire des Landes,  Vieux-Vy- sur- Couesnon, Broualan, à La Lopinière, à Saint-Rémy du Plain où huit membres du maquis de Broualan sont torturés et fusillés, à la Roche aux Merles, à Mordelles.


Le 1er août, la Milice quitta Rennes, forfaits et crimes accomplis, Émile Schwaller,  avec sa femme et son fils, en compagnie de membres du Bezen Perrot à bord d'un convoi du SD formé le long de l'hôpital de l'EPS Jean Macé.
Le 1er août, la Milice quitta Rennes, forfaits et crimes accomplis, Émile Schwaller,  avec sa femme et son fils, en compagnie de membres du Bezen Perrot à bord d'un convoi du SD formé le long de l'hôpital de l'EPS Jean Macé.
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Le 6 juillet le journal  ''Ouest- France'' titre :A LA COUR DE JUSTICE, TRAITRE, VOLEUR ET ASSASSIN, EMILE SCHWALLER, CHEF DE CENTAINE A LA MILICE VA REPONDRE DE SES CRIMES
Le 6 juillet le journal  ''Ouest- France'' titre :A LA COUR DE JUSTICE, TRAITRE, VOLEUR ET ASSASSIN, EMILE SCHWALLER, CHEF DE CENTAINE A LA MILICE VA REPONDRE DE SES CRIMES


Le journaliste Jehan Tholomé annonce que Rennes aura, au cours de la semaine, son " grand procès" car   les deux inculpés qui vont comparaître lundi 8 juillet au début de l’après-midi, devant la cour de justice de Rennes sont " des clients " de marque, les crimes qui leur sont reprochés sont si nombreux et d’une telle gravité que  « l’on se pose la question de savoir comment des hommes, des Français, ont pu tomber si bas. »  Inculpés tous deux d’intelligence avec l’ennemi et de port d’arme contre la France, Emile Schwaller et du Perron du Maurin sont présentés comme des voleurs, des bourreaux et des assassins.  
Le journaliste Jehan Tholomé annonce que Rennes aura, au cours de la semaine, son " grand procès" car les deux inculpés qui vont comparaître lundi 8 juillet au début de l’après-midi, devant la cour de justice de Rennes sont " des clients " de marque, les crimes qui leur sont reprochés sont si nombreux et d’une telle gravité que  « l’on se pose la question de savoir comment des hommes, des Français, ont pu tomber si bas. »  Inculpés tous deux d’intelligence avec l’ennemi et de port d’arme contre la France, Emile Schwaller et du Perron de Maurin sont présentés comme des voleurs, des bourreaux et des assassins.  


==== Voleur ====
==== Voleur ====
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====Tortionnaire====
====Tortionnaire====


Mais c’est surtout  la longue série des arrestations, des tortures et des vols dont sont victimes : MM Pierre Larre et Marchand à [[Vern-sur-Seiche]] ; Désiré Faludi et Marcel Glasmau à Bourg-des-Comptes,  tous deux brûlés avec des cigares et des cigarettes allumées ; Auffret, marchand de grains à Rennes ; Joseph Maret et Pierre Louis, Marcel Lodiais à Rennes; André Leclerc qui fut assassiné route de Saint-Brieuc ; Henri Gloux et Clément Villoury de Talensac ; Jean Trémintin restaurateur route de Lorient à Rennes ; Auguste Thouin jardinier à Rennes ; André Roullier ; Charles Jaffrenou et Lucien Lagoutte qui connurent le supplice de la tête plongée dans une bassine d’eau ; Marie Rousseau et Roger Pignel, de  [[ Pacé]], qui furent abattus sans motif sur la route et dont les enfants de Schwaller se partagèrent les dépouilles ; Henri Berthelot inspecteur aux renseignements généraux ; Fernand Brionne dont le cadavre atrocement mutilé ne fut retrouvé que plusieurs semaines après la libération ; Huchet-Chouan épicier à Rennes qui fut torturé malgré ses 64 ans; les frères Hyppolyte et Roger Bruchet, commerçants 50 [[Rue d'Antrain]] à Rennes, dont le second Roger devait mourir des suites des tortures; les frères Georges et Armand Guihard et Toussaint Langlament de [[Chartres-de-Bretagne]] etc <ref>''Ouest-France'' 6 juillet 1946. Jehan Tholomé </ref> Émile Schwaller  torture des résistants comme Ginette Lion, agent de liaison de la Résistance, arrêtée en gare de Rennes. À en croire le jeune milicien Émile Savoye, jugé le 3 octobre 1945, disant n'avoir agi que dans des opérations contre le marché noir, Schwaller se faisaient obéir à la cravache de ses miliciens car "on le craignait comme le feu".  <ref> ''Ouest-France'' 4.10.1945</ref> Il  fait arrêter et déporter Mme Louis Nuss et Mme Toullec [[rue Gütemberg]] à Rennes, qui servaient  le réseau " Blavet ". Les ordres de Schwaller ne se discutaient pas. Savoye raconte que les époux Cancouët et leurs deux filles, voisins de la Milice au 106 rue de Saint-Brieuc,  furent terrorisés par une perquisition car ils étaient témoins d'atrocités journalières dans les locaux de la Milice qu'ils apercevaient de chez eux, entendant chaque nuit les cris d'agonie et de souffrance des victimes.
Mais c’est surtout  la longue série des arrestations, des tortures et des vols dont sont victimes : MM Pierre Larre et Marchand à [[Vern-sur-Seiche]] ; Désiré Faludi et Marcel Glasmau à Bourg-des-Comptes,  tous deux brûlés avec des cigares et des cigarettes allumées ; Auffret, marchand de grains à Rennes ; Joseph Maret et Pierre Louis, [[Marcel Lodiais]] à Rennes; André Leclerc qui fut assassiné route de Saint-Brieuc ; Henri Gloux et Clément Villoury de Talensac ; Jean Trémintin restaurateur route de Lorient à Rennes ; Auguste Thouin jardinier à Rennes ; André Roullier ; Charles Jaffrenou et Lucien Lagoutte qui connurent le supplice de la tête plongée dans une bassine d’eau ; Marie Rousseau et Roger Pignel, de  [[ Pacé]], qui furent abattus sans motif sur la route et dont les enfants de Schwaller se partagèrent les dépouilles ; Henri Berthelot inspecteur aux renseignements généraux ; Fernand Brionne dont le cadavre atrocement mutilé ne fut retrouvé que plusieurs semaines après la libération ; Huchet-Chouan épicier à Rennes qui fut torturé malgré ses 64 ans; les frères Hyppolite et Roger Bruchet, commerçants 50 [[Rue d'Antrain]] à Rennes, dont le second Roger, 33 ans, torturé fut exécuté le 18 ou19 juillet; les frères Georges et Armand Guihard et Toussaint Langlament de [[Chartres-de-Bretagne]] etc <ref>''Ouest-France'' 6 juillet 1946. Jehan Tholomé </ref> Émile Schwaller  torture des résistants comme Ginette Lion, agent de liaison de la Résistance, arrêtée en gare de Rennes. À en croire le jeune milicien Émile Savoye, jugé le 3 octobre 1945, disant n'avoir agi que dans des opérations contre le marché noir, Schwaller se faisaient obéir à la cravache de ses miliciens car "on le craignait comme le feu".  <ref> ''Ouest-France'' 4.10.1945</ref> Il  fait arrêter et déporter Mme Louis Nuss et Mme Toullec [[rue Gütemberg]] à Rennes, qui servaient  le réseau " Blavet ". Les ordres de Schwaller ne se discutaient pas. Savoye raconte que les époux Cancouët et leurs deux filles, voisins de la Milice au 106 rue de Saint-Brieuc,  furent terrorisés par une perquisition car ils étaient témoins d'atrocités journalières dans les locaux de la Milice qu'ils apercevaient de chez eux, entendant chaque nuit les cris d'agonie et de souffrance des victimes.


==== Assassin de résistants ====
==== Assassin de résistants ====
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