« 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée » : différence entre les versions

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===vers 16 heures, à la mairie===
===vers 16 heures, à la mairie===


Vers 13 heures, il répond  à l’appel téléphonique du maire [[François Château]] qui souhaite l’avoir à ses côtés, en sa qualité de président de l’Union des Combattants, car il attend l’arrivée des Allemands à l’hôtel de ville d’un moment à l’autre. Vers 16 heures, le maire, les adjoints MM. Bourgot et Bourdin, M. Loiseleux, conseiller, et le docteur Patay voient arriver  « un capitaine allemand flanqué de deux motocyclistes vêtus de longs manteaux de cuir, mitraillette en travers de la poitrine. » Le capitaine, après s’être présenté en français,  va droit vers un petit tableau représentant le monument  de la niche de l’hôtel de ville détruit par les autonomistes en [[1932]], figurant l’union de la Bretagne à la France. Puis, ayant demandé une machine à écrire, il dicte des consignes à un motocycliste transformé en dactylo : livraison d’armes, couvre-feu etc.  L’après-midi, des soldats prisonniers sont requis pour creuser au [[cimetière de l’Est]] des tranchées dans lesquelles on aligne des  corps de victimes du bombardement de la veille.  Radio-Bretagne, les imprimeries de l’[[Ouest-Éclair]] et du [[Le Nouvelliste|Nouvelliste]] sont  occupées en priorité. Dès 17 heures à la caserne du Colombier sont faits prisonniers tous les officiers d’active et de réserves et les soldats qui n’avaient pas fui.  Le feldkommandant  major Kruger tient une première réunion à la mairie à 18 heures. « À ce moment, on voit du cabinet du maire, d’assez nombreux badauds fraternisant avec des détachements allemands » observe le docteur Patay.  Le maire envoie des agents  faire circuler ces Rennais. En revanche, Mme Ladam observe des Rennais atterrés aux visages crispés, certains les larmes aux yeux.
Vers 13 heures, il répond  à l’appel téléphonique du maire [[François Château]] qui souhaite l’avoir à ses côtés, en sa qualité de président de l’Union des Combattants, car il attend l’arrivée des Allemands à l’hôtel de ville d’un moment à l’autre. Vers 16 heures, le maire, les adjoints MM. Bourgot et Bourdin, M. Loiseleux, conseiller, et le docteur Patay voient arriver  « un capitaine allemand flanqué de deux motocyclistes vêtus de longs manteaux de cuir, mitraillette en travers de la poitrine. » Le capitaine, après s’être présenté en français,  va droit vers un petit tableau représentant le monument  de la niche de l’hôtel de ville détruit par les autonomistes en [[1932]], figurant l’union de la Bretagne à la France. Puis, ayant demandé une machine à écrire, il dicte des consignes à un motocycliste transformé en dactylo : livraison d’armes, couvre-feu etc.  L’après-midi, des soldats prisonniers sont requis pour creuser au [[cimetière de l’Est]] deux longues tranchées dans la 18e section, au sud du carré militaire 1914-18, dans lesquelles on aligne 269 corps de victimes du bombardement de la veille.  Radio-Bretagne, les imprimeries de l’[[Ouest-Éclair]] et du [[Le Nouvelliste|Nouvelliste]] sont  occupées en priorité. Dès 17 heures à la caserne du Colombier sont faits prisonniers tous les officiers d’active et de réserves et les soldats qui n’avaient pas fui.  Le feldkommandant  major Kruger tient une première réunion à la mairie à 18 heures. « À ce moment, on voit du cabinet du maire, d’assez nombreux badauds fraternisant avec des détachements allemands » observe le docteur Patay.  Le maire envoie des agents  faire circuler ces Rennais. En revanche, Mme Ladam observe des Rennais atterrés aux visages crispés, certains les larmes aux yeux.


===dans la soirée, au Thabor, un général et ses officiers désemparés===
===dans la soirée, au Thabor, un général et ses officiers désemparés===
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Vers 20 heures 30, un sous-officier remet un billet du préfet Jouany demandant au docteur Patay de se rendre  d’urgence au 61 [[boulevard de Sévigné]]. Le docteur y va à vélo pour ne pas  risquer de se faire confisquer son auto. Il y trouve, avec Me Bourrut-Lacouture,  le général René Altmayer, encore chargé il y a quelques jours de l’aménagement d’un impossible « réduit breton ». Celui-ci ne veut pas se rendre, mais refuse de mettre des vêtements civils et veut partir avec son état-major, ce qui paraît difficile car des colonnes allemandes passent sans arrêt.  S’étant posté  au coin du [[boulevard de la Duchesse Anne]], guettant en vain une interruption, le docteur Patay voit le général et ses officiers, en uniformes mais képis à la main, couper une colonne allemande pour gagner la [[rue Saint-Alphonse]], mais les chauffeurs ont disparu et les voitures ont été sabotées. Les officiers et le général font les cent pas dans la roseraie du[[Thabor]], attendant le docteur Patay parti chercher sa Panhard mais quand il revient, il n’y a plus personne. Malgré les Allemands gardant les ponts, ils avaient pu gagner, dans la voiture de Me Bourrut-Lacouture, le château de la Prévalaye où existait un parc militaire français.
Vers 20 heures 30, un sous-officier remet un billet du préfet Jouany demandant au docteur Patay de se rendre  d’urgence au 61 [[boulevard de Sévigné]]. Le docteur y va à vélo pour ne pas  risquer de se faire confisquer son auto. Il y trouve, avec Me Bourrut-Lacouture,  le général René Altmayer, encore chargé il y a quelques jours de l’aménagement d’un impossible « réduit breton ». Celui-ci ne veut pas se rendre, mais refuse de mettre des vêtements civils et veut partir avec son état-major, ce qui paraît difficile car des colonnes allemandes passent sans arrêt.  S’étant posté  au coin du [[boulevard de la Duchesse Anne]], guettant en vain une interruption, le docteur Patay voit le général et ses officiers, en uniformes mais képis à la main, couper une colonne allemande pour gagner la [[rue Saint-Alphonse]], mais les chauffeurs ont disparu et les voitures ont été sabotées. Les officiers et le général font les cent pas dans la roseraie du[[Thabor]], attendant le docteur Patay parti chercher sa Panhard mais quand il revient, il n’y a plus personne. Malgré les Allemands gardant les ponts, ils avaient pu gagner, dans la voiture de Me Bourrut-Lacouture, le château de la Prévalaye où existait un parc militaire français.


Alors que, la veille à 12 heures 30, bon nombre de Rennais ont pu entendre sur leur poste de T.S.F la voix chevrotante du maréchal Pétain annoncer qu’il faut cesser le combat, ce soir du 18 juin, rares sont ceux qui entendront à la BBC celle d’un général de Gaulle affirmant d’une voix décidée que «  quoi qu’il arrive la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Les horloges sont avancées d'une heure pour être à l'heure allemande.
Alors que, la veille à 12 heures 30, bon nombre de Rennais ont pu entendre sur leur poste de T.S.F la voix chevrotante du maréchal Pétain annoncer qu’il faut cesser le combat, ce soir du 18 juin, rares sont ceux qui entendront à la BBC celle d’un général de Gaulle affirmant d’une voix décidée que «  quoi qu’il arrive la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Les horloges sont avancées d'une heure pour être à l'heure allemande.


Le lendemain et les jours suivants, le journal ne paraît plus. A part un ''Bulletin d'information d'Ille-et-Vilaine'' paru les 28,29 et 30 juin, il faudra attendre le 5 juillet pour retrouver ''L'Ouest-Eclair'' désormais soumis à la censure allemande. Dès le 9, le journal annoncera que par ordre de la Kommandantur de Rennes, en raison de manifestations de quelques uns lors de  laprojection des actualités allemandes, la population civile est interdite de cinéma du 8 au 14 juillet...
Le lendemain et les jours suivants, le journal ne paraît plus. A part un ''Bulletin d'information d'Ille-et-Vilaine'' paru les 28,29 et 30 juin, il faudra attendre le 5 juillet pour retrouver ''L'Ouest-Eclair'' désormais soumis à la censure allemande. Dès le 9, le journal annoncera que par ordre de la Kommandantur de Rennes, en raison de manifestations de quelques uns lors de  laprojection des actualités allemandes, la population civile est interdite de cinéma du 8 au 14 juillet...
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