« 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée » : différence entre les versions

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Deux témoins se sont exprimés par écrit détaillé sur le 18 juin [[1940]] à  Rennes : Mme Valentine Ladam dans ''[[Les Heures douloureuses de Rennes]]'' et le docteur René Patay dans  ses ''[[Mémoires d’un Français moyen]]'' . Ce document polycopié méconnu comporte un récit saisissant de l’arrivée des troupes allemandes à Rennes, traumatisée par le bombardement allemand, la veille sur la plaine de Baud, où des trains de militaires français et britanniques, et de réfugiés aux côtés d’un train de munitions ont sauté  occasionnant près d’un millier de victimes. Rennes était déclarée ville ouverte.
Deux témoins se sont exprimés par écrit détaillé sur le 18 juin [[1940]] à  Rennes : Mme Valentine Ladam dans ''[[Les Heures douloureuses de Rennes]]'' et le docteur René Patay dans  ses ''[[Mémoires d’un Français moyen]]'' . Ce document polycopié méconnu comporte un récit saisissant de l’arrivée des troupes allemandes à Rennes, traumatisée par le bombardement allemand, la veille sur la plaine de Baud, où des trains de militaires français et britanniques, et de réfugiés aux côtés d’un train de munitions ont sauté  occasionnant près d’un millier de victimes. Rennes était déclarée ville ouverte.


Au petit matin du mardi 18 juin, des chars arrivent par la [[rue de Fougères]], capots ouverts, chef de char debout dans la tourelle, encadrés de fantassins, fusils braqués, et suivis de motocyclistes ; ils descendent les rues du centre et passent la Vilaine au [[pont de Nemours]]. Vers 10 heures, une colonne allemande arrive par la route de Paris et se scinde au carrefour avec le [[boulevardd de Metz]], un  tronçon prenant la [[rue de Paris]] et passant devant la préfecture pendant des heures, avec des bus parisiens bondés de prisonniers,  l’autre descendant le [[boulevard de Strasbourg]] et empruntant les quais.  Alors qu’un dernier  train à vapeur des T.I.V. achève l’évacuation  des 4000 ou 5000 réfugiés affolés qui restaient encore en ville, le docteur Patay voit arriver, un peu après 10 heures, des motocyclistes allemands à l’[[Hôtel Moderne]], [[quai Lamennais]],  et passer [[quai Duguay-Trouin]] des chars, capots ouverts dont les chefs saluent des officiers français « errant sur le trottoir et quelque peu médusés » .
Au petit matin du mardi 18 juin, des chars arrivent par la [[rue de Fougères]], écoutilles ouvertes, chef de char debout dans la tourelle, encadrés de fantassins, fusils braqués, et suivis de motocyclistes ; ils descendent les rues du centre et passent la Vilaine au [[pont de Nemours]]. Vers 10 heures, une colonne allemande arrive par la route de Paris et se scinde au carrefour avec le [[boulevardd de Metz]], un  tronçon prenant la [[rue de Paris]] et passant devant la préfecture pendant des heures, avec des bus parisiens bondés de prisonniers,  l’autre descendant le [[boulevard de Strasbourg]] et empruntant les quais.  Alors qu’un dernier  train à vapeur des T.I.V. achève l’évacuation  des 4000 ou 5000 réfugiés affolés qui restaient encore en ville, le docteur Patay voit arriver, un peu après 10 heures, des motocyclistes allemands à l’[[Hôtel Moderne]], [[quai Lamennais]],  et passer [[quai Duguay-Trouin]] des chars, capots ouverts dont les chefs saluent des officiers français « errant sur le trottoir et quelque peu médusés » .


Vers 13 heures, il répond  à l’appel téléphonique du maire [[François Château]] qui souhaite l’avoir à ses côtés, en sa qualité de président de l’Union des Combattants, car il attend l’arrivée des Allemands à l’hôtel de ville d’un moment à l’autre. Vers 16 heures, le maire, les adjoints MM. Bourgot et Bourdin, M. Loiseleux, conseiller, et le docteur Patay voient arriver  « un capitaine allemand flanqué de deux motocyclistes vêtus de longs manteaux de cuir, mitraillette en travers de la poitrine. » Le capitaine, après s’être présenté en français,  va droit vers un petit tableau représentant le monument  de la niche de l’hôtel de ville détruit par les autonomistes en [[1932]], figurant l’union de la Bretagne à la France. Puis, ayant demandé une machine à écrire, il dicte des consignes à un motocycliste transformé en dactylo : livraison d’armes, couvre-feu etc.  L’après-midi,  des soldats prisonniers sont requis pour creuser au [[cimetière de l’Est]] des tranchées dans lesquelles on aligne des  corps de victimes du bombardement de la veille.  Radio-Bretagne, les imprimeries de l’[[Ouest-Éclair]] et du [[Le Nouvelliste|Nouvelliste]] sont  occupées en priorité. Dès 17 heures à la caserne du Colombier sont faits prisonniers tous les officiers d’active et de réserves et les soldats qui n’avaient pas fui.  Le feldkommandant  major Kruger tient une première réunion à la mairie à 18 heures. «  À ce moment, on voit du cabinet du maire, d’assez nombreux badauds fraternisant avec des détachements allemands » observe le docteur Patay.  Le maire envoie des agents  faire circuler ces Rennais. En revanche, Mme Ladam observe des Rennais atterrés aux visages crispés, certains les larmes aux yeux.
Vers 13 heures, il répond  à l’appel téléphonique du maire [[François Château]] qui souhaite l’avoir à ses côtés, en sa qualité de président de l’Union des Combattants, car il attend l’arrivée des Allemands à l’hôtel de ville d’un moment à l’autre. Vers 16 heures, le maire, les adjoints MM. Bourgot et Bourdin, M. Loiseleux, conseiller, et le docteur Patay voient arriver  « un capitaine allemand flanqué de deux motocyclistes vêtus de longs manteaux de cuir, mitraillette en travers de la poitrine. » Le capitaine, après s’être présenté en français,  va droit vers un petit tableau représentant le monument  de la niche de l’hôtel de ville détruit par les autonomistes en [[1932]], figurant l’union de la Bretagne à la France. Puis, ayant demandé une machine à écrire, il dicte des consignes à un motocycliste transformé en dactylo : livraison d’armes, couvre-feu etc.  L’après-midi,  des soldats prisonniers sont requis pour creuser au [[cimetière de l’Est]] des tranchées dans lesquelles on aligne des  corps de victimes du bombardement de la veille.  Radio-Bretagne, les imprimeries de l’[[Ouest-Éclair]] et du [[Le Nouvelliste|Nouvelliste]] sont  occupées en priorité. Dès 17 heures à la caserne du Colombier sont faits prisonniers tous les officiers d’active et de réserves et les soldats qui n’avaient pas fui.  Le feldkommandant  major Kruger tient une première réunion à la mairie à 18 heures. «  À ce moment, on voit du cabinet du maire, d’assez nombreux badauds fraternisant avec des détachements allemands » observe le docteur Patay.  Le maire envoie des agents  faire circuler ces Rennais. En revanche, Mme Ladam observe des Rennais atterrés aux visages crispés, certains les larmes aux yeux.
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