« Amand Bazillon résistant » : différence entre les versions

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Des convois de véhicules et de blindés couverts de branchages circulent sans cesse sur cet axe Rennes-Brest. Une importante activité des troupes allemandes règne suite au récent débarquement des Alliés en Normandie. Les interventions aériennes des Anglo-américains, déjà fréquentes, s’intensifient sur les routes et sur les lignes de chemin de fer en cette fin du mois de juin 1944. L’énervement de la Milice et de la Gestapo se manifeste par une recherche plus intense et une répression encore plus vive envers les personnes suspectées d’être des résistants ou sympathisants.  
Des convois de véhicules et de blindés couverts de branchages circulent sans cesse sur cet axe Rennes-Brest. Une importante activité des troupes allemandes règne suite au récent débarquement des Alliés en Normandie. Les interventions aériennes des Anglo-américains, déjà fréquentes, s’intensifient sur les routes et sur les lignes de chemin de fer en cette fin du mois de juin 1944. L’énervement de la Milice et de la Gestapo se manifeste par une recherche plus intense et une répression encore plus vive envers les personnes suspectées d’être des résistants ou sympathisants.  


Un cultivateur (1) trouve dans un de ses champs à ''Pont-Lagot'', (le certificat de décès désigne  ''Bel Air''), commune de Vezin-le-Coquet, un homme sans vie, celui d’Amand Bazillon, 20 ans. Il charge le corps sur une charrette et le transporte à la mairie-école, l’unique endroit public qui offre une place pour déposer provisoirement le défunt. Du haut de mes six ans et demi je regarde avec une grande curiosité ce cadavre qui ne m’effraie ni ne m’impressionne. Je le regarde comme un événement du moment, que la guerre produit. Depuis cinq années que cette guerre durait, depuis quasiment toujours pour moi, curieux, j’écoute les conversations des adultes avec beaucoup d’attention, elles emplissent ma tête d’informations sur les événements de la guerre, j’essaie de les concrétiser en les imaginant avec tous les fantasmes que peut produire l’esprit d’un enfant. Je les mets en scène sans en avoir vu l’authentique déroulement. La vie me conditionne. Ainsi les événements qui se produisent, les situations, les conversations des adultes participent progressivement sans doute à me préparer afin d’affronter sans émotion la vue du premier mort que ma jeune existence rencontre.
Un cultivateur (1) trouve dans un de ses champs à ''Pont-Lagot'', (le certificat de décès désigne  ''Bel Air''), commune de [[Vezin-le-Coquet]], un homme sans vie, celui d’Amand Bazillon, 20 ans. Il charge le corps sur une charrette et le transporte à la mairie-école, l’unique endroit public qui offre une place pour déposer provisoirement le défunt. Du haut de mes six ans et demi je regarde avec une grande curiosité ce cadavre qui ne m’effraie ni ne m’impressionne. Je le regarde comme un événement du moment, que la guerre produit. Depuis cinq années que cette guerre durait, depuis quasiment toujours pour moi, curieux, j’écoute les conversations des adultes avec beaucoup d’attention, elles emplissent ma tête d’informations sur les événements de la guerre, j’essaie de les concrétiser en les imaginant avec tous les fantasmes que peut produire l’esprit d’un enfant. Je les mets en scène sans en avoir vu l’authentique déroulement. La vie me conditionne. Ainsi les événements qui se produisent, les situations, les conversations des adultes participent progressivement sans doute à me préparer afin d’affronter sans émotion la vue du premier mort que ma jeune existence rencontre.


[[Fichier:Acte de deces d'Amand Bazillon Vezin le Coquet.jpg]]
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