« Bombardement du 17 juin 1940 » : différence entre les versions

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S'agissait-il d'un bombardement sur « cible d'opportunité », sur une cible trouvée par hasard, ou de la poursuite de la recherche d'un train de munitions de 12 wagons de mélinite commencée la veille du côté de Sillé-le-Guillaume ? La présence d'un avion allemand au-dessus de Rennes le 16 incline à accréditer cette hypothèse. Ce même jour vers 15 heures, après le survol par un avion d'observation, la gare de Folligny, à l'est de Granville (Manche), fut aussi bombardée avec destruction d'un train de munitions et d'un train d'intendance comportant des wagons de ...brodequins militaires.  
S'agissait-il d'un bombardement sur « cible d'opportunité », sur une cible trouvée par hasard, ou de la poursuite de la recherche d'un train de munitions de 12 wagons de mélinite commencée la veille du côté de Sillé-le-Guillaume ? La présence d'un avion allemand au-dessus de Rennes le 16 incline à accréditer cette hypothèse. Ce même jour vers 15 heures, après le survol par un avion d'observation, la gare de Folligny, à l'est de Granville (Manche), fut aussi bombardée avec destruction d'un train de munitions et d'un train d'intendance comportant des wagons de ...brodequins militaires.  
[[Fichier:1KG76-1_(1).JPG|left|thumb|Marque du groupe 1 du Kampfgeswader 76, humoristique comme souvent chez les aviateurs]]  
[[File:KG76.jpg|KG76|150px|left|thumb|Emblème du KG 76]]
[[Fichier:1KG76-1_(1).JPG|left|150px|thumb|Marque du groupe 1 du Kampfgeswader 76, humoristique comme souvent chez les aviateurs]]  


Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de 300 km, de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, ou de celui de Beauvais-Tillé, des bimoteurs bombardiers Dornier DO 17Z de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) 1/KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude, ont survolé les quais <ref>Témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les « crayons volants » (''Fliegender Bleistift'' comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions), se présentèrent au-dessus de Cesson-Sévigné, dans l'axe du triage ferroviaire de la [[plaine de Baud]] où stationnaient parallèlement une dizaine de trains, dont un train de munitions, sur lesquels ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55 kg, puis sur les voies ferrées de Saint-Hélier où était stationné un autre train chargé de cheddite près d'un train d'artilleurs. <ref>  ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 123. R. Patay - 1974</ref>  <ref> Procès-verbaux d'enquête des 20 septembre et 22 octobre 1940, extraits des minutes du greffe de la Justice de Paix du canton sud-est de Rennes, concernant deux cheminots tués, deux agents de la SNCF témoins attestant la présence d'un train de munitions "plaine Saint-Hélier"</ref> (''voir le schéma du parcours probable''). " ''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. Quinze trains de marchandises et de passagers étaient en gare et les avions n'eurent pas besoin de lâcher leurs 120 bombes SC50 car celles qu'ils larguèrent explosèrent sur la cible avec des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre (ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa.''  
Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de 300 km, de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, ou de celui de Beauvais-Tillé, des bimoteurs bombardiers Dornier DO 17Z de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) I./KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude, ont survolé les quais <ref>Témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les « crayons volants » (''Fliegender Bleistift'' comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions), se présentèrent au-dessus de Cesson-Sévigné, dans l'axe du triage ferroviaire de la [[plaine de Baud]] où stationnaient parallèlement une dizaine de trains, dont un train de munitions, sur lesquels ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55 kg, puis sur les voies ferrées de Saint-Hélier où était stationné un autre train chargé de cheddite près d'un train d'artilleurs. <ref>  ''Mémoires d'un Français moyen'', p. 123. R. Patay - 1974</ref>  <ref> Procès-verbaux d'enquête des 20 septembre et 22 octobre 1940, extraits des minutes du greffe de la Justice de Paix du canton sud-est de Rennes, concernant deux cheminots tués, deux agents de la SNCF témoins attestant la présence d'un train de munitions "plaine Saint-Hélier"</ref> (''voir le schéma du parcours probable''). " ''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. Quinze trains de marchandises et de passagers étaient en gare et les avions n'eurent pas besoin de lâcher leurs 120 bombes SC50 car celles qu'ils larguèrent explosèrent sur la cible eurent des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre (ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa.''  


[[File:17_juin_1940cr.jpg|350px|right|thumb|Parcours des avions allemands constaté pour le bombardement du 17 juin 1940. (''Schéma par Etienne Maignen'')</ref> <ref> {{CP}}</ref>]]
[[File:17_juin_1940cr.jpg|350px|right|thumb|Parcours des avions allemands constaté pour le bombardement du 17 juin 1940. (''Schéma par Etienne Maignen'')</ref> <ref> {{CP}}</ref>]]
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[[Fichier:Trou_de_bombe_17_juin_1940.jpeg|350px|thumb|17 juin 1940 : le cratère à l'emplacement d'un wagon de munitions. La "haie" au-dessus est constituée d'une ligne de ferrailles de wagons aux bogies et roues en l'air - photo de Robert Caillard]]
[[Fichier:Trou_de_bombe_17_juin_1940.jpeg|350px|thumb|17 juin 1940 : le cratère à l'emplacement d'un wagon de munitions. La "haie" au-dessus est constituée d'une ligne de ferrailles de wagons aux bogies et roues en l'air - photo de Robert Caillard]]


Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ('''*''' ''note'') d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''<ref>Axis History Forum; View topic RKT Oberst (LW) Lindmayr, Alois</ref>. ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref>  
Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ('''*''' ''note'') d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''<ref>Axis History Forum; View topic RKT Oberst (LW) Lindmayr, Alois</ref>. ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref> <ref>https://www.tracesofwar.com/persons/69482/Lindmayr-Alois.htm </ref>
[[Fichier:Wagon_et_etuis_17_juin_1940_rennes.jpeg|left|thumb|Des wagons de munitions touchés : un amas d'étuis d'obus au sol- (Südd Verlag)]]
[[Fichier:Wagon_et_etuis_17_juin_1940_rennes.jpeg|left|thumb|Des wagons de munitions touchés : un amas d'étuis d'obus au sol- (Südd Verlag)]]
[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|right|thumb|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours - photo de Robert Caillard, prise de l'[[avenue Aristide Briand]].]]
[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|right|400px|thumb|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours - photo de Robert Caillard, prise de l'[[avenue Aristide Briand]]]]
[[Fichier:Triage_bombard%C3%A9.jpg|right|400px|thumb|Vue prise du N-E vers le S-O secteur rue Auguste-Pavie]]


===Des dégâts matériels===
===Des dégâts matériels===


"En plus des dégâts causés par les éclatements, des bombes incendiaires ont allumé immédiatement de nombreux foyers d'incendie et la présence sur nos voies d"un grand nombre de wagons d'explosifs et munitions a entraîné de violentes explosions. Les 3 plus fortes semblent s'être produites : à Baud, sur le nouveau faisceau W, et sur le plateau de débranchement, côté faisceau de Châteaubriant où se trouvait sur voie 3 une rame de poudre et où une excavation de 80 m de long sur 8 à 10 m de large et 3 m de profondeur a été creusée. Ces explosions ont entraîné de violentes déflagrations qui ont renversé, soulevé et projeté des wagons à plus de 100 mètres de distance.[...] La situation était très lourde au triage depuis quelques jours en raison de la convergence des repliements massifs militaires et civils et des difficultés d'évacuation que nous éprouvions vers le Sud. Au moment du bombardement seules étaient libres la voie 22 sur les 32 voies du faisceau du débranchement et la voie 9 de Baud sur les 12 voies de ce plateau et il en découle qu'il y avait alors plus de 2000 wagons sur les voies du triage. Sur ce nombre nous estimons que plus de 1500 ont été avariés dont la moitié au moins avec perte totale du chargement."<ref>Gare de Rennes. Rapport spécial du chef de gare principal. Archives nationales</ref>. La SNCF estimera à quelques jours le temps nécessaire pour déblayer et exécuter les travaux indispensables pour rétablir la circulation et la signalisation sur les voies principales mais ne prévoit que pour fin août l'utilisation de l'ensemble des installations de triage. Dès le 1er juillet, les trains circulent entre Paris et Rennes et, fin août, les 22 kilomètres de longueur de voies détruites sont remis en état.
"En plus des dégâts causés par les éclatements, des bombes incendiaires ont allumé immédiatement de nombreux foyers d'incendie et la présence sur nos voies d"un grand nombre de wagons d'explosifs et munitions a entraîné de violentes explosions. Les 3 plus fortes semblent s'être produites : à Baud, sur le nouveau faisceau W, et sur le plateau de débranchement, côté faisceau de Châteaubriant, plateau Saint-Hélier, où se trouvait sur voie 3 une rame de poudre et où une excavation de 80 m de long sur 8 à 10 m de large et 3 m de profondeur a été creusée. Ces explosions ont entraîné de violentes déflagrations qui ont renversé, soulevé et projeté des wagons à plus de 100 mètres de distance.[...] La situation était très lourde au triage depuis quelques jours en raison de la convergence des repliements massifs militaires et civils et des difficultés d'évacuation que nous éprouvions vers le Sud. Au moment du bombardement seules étaient libres la voie 22 sur les 32 voies du faisceau du débranchement et la voie 9 de Baud sur les 12 voies de ce plateau et il en découle qu'il y avait alors plus de 2000 wagons sur les voies du triage. Sur ce nombre nous estimons que plus de 1500 ont été avariés dont la moitié au moins avec perte totale du chargement."<ref>Gare de Rennes. Rapport spécial du chef de gare principal. Archives nationales</ref>. La SNCF estimera à quelques jours le temps nécessaire pour déblayer et exécuter les travaux indispensables pour rétablir la circulation et la signalisation sur les voies principales mais ne prévoit que pour fin août l'utilisation de l'ensemble des installations de triage. Dès le 1er juillet, les trains circulent entre Paris et Rennes et, fin août, les 22 kilomètres de longueur de voies détruites sont remis en état.


===Une catastrophe humaine disproportionnée===
===Une catastrophe humaine disproportionnée===
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[[Fichier:Ferrailles_et_v%C3%AAtements.jpg|400px|left|thumb|Dans les carcasses de wagon, vêtements et linge de passagers. (''Coll. part''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}</ref>.)]]
[[Fichier:Ferrailles_et_v%C3%AAtements.jpg|400px|left|thumb|Dans les carcasses de wagon, vêtements et linge de passagers. (''Coll. part''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}</ref>.)]]


Avaient été atteints d’abord un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203e et 212e d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton » mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où 206 artilleurs du 222e R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64e R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Aussitôt, une dizaine de pompiers, et quelques cheminots et courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet.
Avaient été atteints d’abord un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203e et 212e d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton » mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, 3 aviateurs britanniques, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où 206 artilleurs du 222e R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64e R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Aussitôt, une dizaine de pompiers, et quelques cheminots et courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. Les survivants du 212e sont regroupés dans une caserne de la ville et détruisent les derniers matériels sauvés à Dunkerque. Dans la soirée, ils embarquent avec des éléments du 203e R.A.L.D. et du 233e R.A.L.D. Dans la nuit, le train quitte Rennes pour Angoulême.
 
À 12h30 la TSF diffusa le discours du maréchal Pétain : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… », accentuant l'effet de panique et de démission chez les militaires. Les troupes perdent ce qui pouvait leur rester de moral et elles vont se débander. Des officiers sont vus jeter leur revolvers, aux Trois-Croix, à plusieurs kilomètres des explosions et au bois des Ormes, des officiers français et britanniques qui y avaient caché , depuis plusieurs semaines, des voitures Peugeot et Citroën réquisitionnées, les prirent pour fuir vers des ports de la côte sud bretonne, pour tenter d’échapper à l’invasion ou, après le 18 juin, rallier l'Angleterre.


" Nous avons à déplorer plus d'un millier de victimes militaires et réfugiés car depuis plusieurs jours les civils prenaient place dans tous les trains quels qu'ils soient...". [...] Du fait que les plus violentes explosions se sont produites vers le milieu des plateaux, le personnel SNCF occupé en tête des faisceaux n'a pas été atteint."<ref>Gare de Rennes. Rapport spécial du chef de gare principal. Archives nationales </ref>. La SNCF enregistre trois agents tués, trois blessés et deux agents de traction portés disparus. La SNCF constata que 12 000 mètres de voies étaient détruites au triage de Baud et 8000 à celui de Saint-Hélier.
" Nous avons à déplorer plus d'un millier de victimes militaires et réfugiés car depuis plusieurs jours les civils prenaient place dans tous les trains quels qu'ils soient...". [...] Du fait que les plus violentes explosions se sont produites vers le milieu des plateaux, le personnel SNCF occupé en tête des faisceaux n'a pas été atteint."<ref>Gare de Rennes. Rapport spécial du chef de gare principal. Archives nationales </ref>. La SNCF enregistre trois agents tués, trois blessés et deux agents de traction portés disparus. La SNCF constata que 12 000 mètres de voies étaient détruites au triage de Baud et 8000 à celui de Saint-Hélier.
À 12h30 la TSF diffusa le discours du maréchal Pétain : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… »


Malgré l’interdiction du général Bazoche, commandant de la place de Rennes, qui avait constaté la catastrophe du haut du pont Saint-Hélier, et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures, les sauveteurs, dont le sportif futur résistant {{w|Auguste Delaune}}, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, des pompiers héroïques, menés par le lieutenant Lebastard et le sergent Limeul, arrachèrent aux flammes et aux ferrailles des wagons des blessés vivants et des corps mutilés qu'on allongea sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. À 17 heures, le lieutenant d'un groupe de la 4e S.I.M (section d'infirmiers militaires) refusa de descendre dans la gare de triage déclarant qu'il ne voulait pas "envoyer ses hommes à la mort"<ref>Déclaration écrite, certifiée sur l'honneur, de François Limeul, en date du 18/09/1945</ref>. Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques, telle la [[clinique La Sagesse]] et l'[[centre hospitalier universitaire (CHU)|hôpital de Pontchaillou]] où œuvrait l'académicien major Georges Duhamel.  
Malgré l’interdiction du général Bazoche, commandant de la place de Rennes, qui avait constaté la catastrophe du haut du pont Saint-Hélier, et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures, les sauveteurs, dont le sportif futur résistant {{w|Auguste Delaune}}, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, des pompiers héroïques, menés par le lieutenant Lebastard et le sergent Limeul, arrachèrent aux flammes et aux ferrailles des wagons des blessés vivants et des corps mutilés qu'on allongea sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. À 17 heures, le lieutenant d'un groupe de la 4e S.I.M (section d'infirmiers militaires) refusa de descendre dans la gare de triage déclarant qu'il ne voulait pas "envoyer ses hommes à la mort"<ref>Déclaration écrite, certifiée sur l'honneur, de François Limeul, en date du 18/09/1945</ref>. Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques, telle la [[clinique La Sagesse]] et l'[[centre hospitalier universitaire (CHU)|hôpital de Pontchaillou]] où œuvrait l'académicien major Georges Duhamel.  
[[Fichier:Voies_triage_17_06_1940.png|300px|center|thumb|Les voies de triage dévastées où fument les wagons déchiquetés <ref> Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes</ref>]]
[[Fichier:Voies_triage_17_06_1940.png|300px|center|thumb|Les voies de triage dévastées où fument les wagons déchiquetés <ref> Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes</ref>]]
[[Fichier:17_juin_1940.png|300px|center|thumb|"Des hommes du génie des chemins de fer allemands vont procéder à la remise en état".<ref> Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes</ref>]]
[[Fichier:17_juin_1940.png|300px|center|thumb|"Des hommes du génie des chemins de fer allemands vont procéder à la remise en état".<ref> Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes</ref>]]
Le nombre des victimes, hors de proportion avec l’importance des bombes larguées, vient d’une négligence des services de la gare de Rennes ou d'un ordre des autorités militaires qui, plaine Saint-Hélier, ont laissé le train d’artilleurs contre un train de munitions avec des wagons de cheddite qui, en sautant, ont broyé et enflammé les trains voisins et les corps ont été très déchiquetés par l'explosion des wagons <ref> ''Mémoires d'un Français moyen''. René Patay - polycopié p. 134 - 1974 </ref>, et à Baud, ont mis un train de munitions entre le train des Anglais et celui des artilleurs français. À ces victimes, il faut ajouter quelques civils et militaires tués par éclats ou matériaux projetés. Ce sont donc bien deux trains de munitions qui stationnaient sur le triage de Rennes. Traumatisée aux deux sens du terme, la ville se vide d'une partie de sa population qui, en voiture, à bicyclette ou à pied prend les routes de l'ouest ou du sud<ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladan. Impr. Les Nouvelles</ref>. Les évacués ont abandonné des bagages et des voitures d'enfant qui seront stockés plus tard à la gare et classés par ordre alphabétique pour une recherche rapide<ref>Deux photos de ''L'Ouest-Éclair'' du 8 juillet 1940</ref>. Quant aux troupes, elles perdent ce qui pouvait leur rester de moral et elles vont se débander. Des officiers sont vus jeter leur revolvers, aux Trois-Croix, à plusieurs kilomètres des explosions et au bois des Ormes, des officiers français et britanniques qui y avaient caché , depuis plusieurs semaines, des voitures Peugeot et Citroën réquisitionnées, les prirent pour fuir vers des ports de la côte sud bretonne, pour tenter d’échapper à l’invasion ou rallier l'Angleterre. Certains prennent de dérisoires mesures administratives. 34 personnes s'évadèrent de l'asile psychiatrique de Saint-Méen et étaient encore recherchées le 10 juillet.
Le nombre des victimes, hors de proportion avec l’importance des bombes larguées, vient d’une négligence des services de la gare de Rennes ou d'un ordre des autorités militaires qui, plaine Saint-Hélier, ont laissé le train d’artilleurs contre un train de munitions avec des wagons de cheddite qui, en sautant, ont broyé et enflammé les trains voisins et les corps ont été très déchiquetés par l'explosion des wagons <ref> ''Mémoires d'un Français moyen''. René Patay - polycopié p. 134 - 1974 </ref>, et à Baud, ont mis un train de munitions entre le train des Anglais et celui des artilleurs français. À ces victimes, il faut ajouter quelques civils et militaires tués par éclats ou matériaux projetés. Ce sont donc bien deux trains de munitions qui stationnaient sur le triage de Rennes. Traumatisée aux deux sens du terme, la ville se vide d'une partie de sa population qui, en voiture, à bicyclette ou à pied prend les routes de l'ouest ou du sud<ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladan. Impr. Les Nouvelles</ref>. Les évacués ont abandonné des bagages et des voitures d'enfant qui seront stockés plus tard à la gare et classés par ordre alphabétique pour une recherche rapide<ref>Deux photos de ''L'Ouest-Éclair'' du 8 juillet 1940</ref>. Certains prennent de dérisoires mesures administratives. 34 personnes s'évadèrent de l'asile psychiatrique de Saint-Méen et étaient encore recherchées le 10 juillet.
[[Fichier:Administration_17_juin_1940.jpg|300px|left|thumb|De dérisoires mesures administratives]]
[[Fichier:Administration_17_juin_1940.jpg|300px|left|thumb|De dérisoires mesures administratives]]
[[Fichier:Prairie_devant_St_helier_juin_1940.jpeg|thumb|En bordure du triage, un train détruit et renversé par l'explosion au bas du remblai, avec débris sur les prairies de la Motte Baril. Au fond, le couvent de la Solitude et l'église Saint-Hélier au dessus de laquelle on aperçoit un peu des superstructures de la brasserie Graff. Photo de Robert Caillard.]]
[[Fichier:Prairie_devant_St_helier_juin_1940.jpeg|thumb|En bordure du triage, un train détruit et renversé par l'explosion au bas du remblai, avec débris sur les prairies de la Motte Baril. Au fond, le couvent de la Solitude et l'église Saint-Hélier au dessus de laquelle on aperçoit un peu des superstructures de la brasserie Graff. Photo de Robert Caillard.]]
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En page 2, comme si rien n'était survenu, sous la rubrique Rennes, l'état civil n'indique que 8 décès, dont 3 soldats aux armées. On trouve aussi un billet "en passant... le ravitaillement", faisant allusion à "ce qui s'est passé hier à Rennes" mais il s'agit de mesures de réouverture d'office de commerces alimentaires, restaurants, garages et stations services fermés par le propriétaire, et un article intitulé "Un homme se pend" concernant un Rennais de 87 ans, habitant avenue du cimetière de l'est.
En page 2, comme si rien n'était survenu, sous la rubrique Rennes, l'état civil n'indique que 8 décès, dont 3 soldats aux armées. On trouve aussi un billet "en passant... le ravitaillement", faisant allusion à "ce qui s'est passé hier à Rennes" mais il s'agit de mesures de réouverture d'office de commerces alimentaires, restaurants, garages et stations services fermés par le propriétaire, et un article intitulé "Un homme se pend" concernant un Rennais de 87 ans, habitant avenue du cimetière de l'est.


Mais ce bombardement de Rennes prît une proportion d’autant plus exagérée que l’éloignement était plus grand. À Toulouse on lut dans « La Dépêche » qu’il y avait eu 4500 morts et que l’hôtel de ville de Rennes était détruit. À Beyrouth, où le professeur Burloud était en tournée de conférences, on annonça 20 000 morts ! Deux ans après un correspondant de guerre, Jacques-Henri Lefebvre, écrira qu'un seul avion allemand lâcha deux ou trois bombes sur quatre trains de munitions insérés dans quatre trains de troupe françaises et anglaises tuant 3500 à 4000 soldats<ref>''1939-1940 Le Suicide. Notes d'un Correspondant de guerre''. G. Durassié & Cie, éditeurs - 1942</ref>.
Mais les résultats de ce bombardement de Rennes prirent une proportion d’autant plus exagérée que l’éloignement était plus grand. À Toulouse on lut dans ''La Dépêche''  qu’il y avait eu 4500 morts et que l’hôtel de ville de Rennes était détruit. Deux ans après, un correspondant de guerre, Jacques-Henri Lefebvre, écrira qu'un seul avion allemand lâcha deux ou trois bombes sur quatre trains de munitions insérés dans quatre trains de troupe françaises et anglaises tuant 3500 à 4000 soldats<ref>''1939-1940 Le Suicide. Notes d'un Correspondant de guerre''. G. Durassié & Cie, éditeurs - 1942</ref>.Le ''Bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' du 28 juin, premier journal provisoire paru pendant l'occupation, fait état de la préoccupation du conseil municipal de reconstruire les quartiers endommagés et celui du 2 juillet titre sur  "la reconstruction du quartier Saint-Hélier".
 
Dans ''l'Ouest-Éclair'' du 5 juillet, premier numéro à reparaître mais sous censure allemande, on voit, en page 2, sous la rubrique Rennes, « Images de la ville », le marché aux fleurs de la [[place de la République]], une sœur conduisant une carriole « en tournée pour les pauvres », et la toilette classique des rues par des employés avec pelle et arrosoir ; en fait divers est relaté un incendie à Noyal-sur-Seiche à la ferme de la Boisardière. Il faut aller en page 3 pour trouver trace de la catastrophe survenue 17 jours plus tôt : la mairie donne la liste des 29 architectes affectés aux constats d'évaluation des dommages aux immeubles d'une trentaine de rues du canton sud-est sinistrées lors de « l'explosion du 17 juin », terme gommant le bombardement allemand, repris dans un entretien du comédien Pierre Bertin, de la Comédie française qui fait état de "la douloureuse atmosphère du désastre que vint, hélas, aggraver l'effroyable explosion du 17 juin"<ref>''Ouest-Eclair'' du 6 août 1940</ref> - terme toujours employé un an plus tard dans la presse contrôlée par l'occupant lors de la célébration du premier anniversaire.('''*'''). Le journal du 10 juillet 1940 publie la liste des noms de 32 hommes et 2 femmes évadés de l'asile de Saint-Méen à l'occasion du bombardement du 17 juin. Une dizaine de décès de militaires est mentionnée à l'état-civil du journal, sans rapport évidemment avec le nombre inconnu des blessés qui décédèrent dans les jours suivant le bombardement. L'Ouest-Eclair du 17 juillet, sous le titre "Des précisions sur le bombardement de Rennes du 17 juin", démentit la durée de  2 h 30 du bombardement et qualifia de tout-à-fait exagéré le chiffre de 4200 victimes.
 
Mais, parallèlement, un déni perdure : dans un article intitulé "Un regard sur la vie de la cité rennaise au cours du 1er semestre 1940", sous la rubrique "Transport de malades et blessés" on a enregistré pour le mois de juin : 29 transports de malades et 9 transports de blessés ! <ref> ''Ouest-Eclair'', 29 octobre 1940 </ref> Cependant, le 17 juin 1942, deuxième anniversaire de "la journée tragiques du 17 juin", les autorités civiles et religieuses rendirent hommage aux victimes de la guerre, au cimetière de l'Est.
 
====L'information de l'étranger====


Le ''Bulletin d'informatios d'Ille-et-Vilaine'' du 28 juin, premier journal provisoire paru pendant l'occupation, fait état de la préoccupation du conseil municipal de reconstruire les quartiers endommagés et celui du 2 juillet titre sur  "la reconstruction du quartier Saint-Hélier". Dans ''l'Ouest-Éclair'' du 5 juillet, premier numéro à reparaître mais sous censure allemande, on voit, en page 2, sous la rubrique Rennes, « Images de la ville », le marché aux fleurs de la [[place de la République]], une sœur conduisant une carriole « en tournée pour les pauvres », et la toilette classique des rues par des employés avec pelle et arrosoir ; en fait divers est relaté un incendie à Noyal-sur-Seiche à la ferme de la Boisardière. Il faut aller en page 3 pour trouver trace de la catastrophe survenue 17 jours plus tôt : la mairie donne la liste des 29 architectes affectés aux constats d'évaluation des dommages aux immeubles d'une trentaine de rues du canton sud-est sinistrées lors de « l'explosion du 17 juin », terme gommant le bombardement allemand, repris dans un entretien du comédien Pierre Bertin, de la Comédie française qui fait état de "la douloureuse atmosphère du désastre que vint, hélas, aggraver l'effroyable explosion du 17 juin"<ref>''Ouest-Eclair'' du 6 août 1940</ref> - terme toujours employé un an plus tard dans la presse contrôlée par l'occupant lors de la célébration du premier anniversaire.('''*'''). Le journal du 10 juillet 1940 publie la liste des noms de 32 hommes et 2 femmes évadés de l'asile de Saint-Méen à l'occasion du bombardement du 17 juin.
L’édition du 11 juillet 1940 du ''Dundeee Evening Telegraph'', reprenant une dépêche de l'agence Havas, annonce, en page 6 : « Les bombardiers allemands ont tué 4200 personnes dans un raid de 2 h 30  (!)sur la ville française de Rennes le 5 juin" et plusieurs journaux britanniques reprennent l'information. À Beyrouth, où le professeur Burloud était en tournée de conférences, on annonça 20 000 morts ! Ce sont 4500 tués à Rennes qu'annonce le ''New York Times'' le 14 juillet.


Et le déni perdure : dans un article intitulé "Un regard sur la vie de la cité rennaise au cours du 1er semestre 1940", sous la rubrique "Transport de malades et blessés" on a enregistré pour le mois de juin : 29 transports de malades et 9 transports de blessés ! <ref> ''Ouest-Eclair'', 29 octobre 1940 </ref> Cependant, le 17 juin 1942, deuxième anniversaire de "la journée tragiques du 17 juin", les autorités civiles et religieuses rendirent hommage aux victimes de la guerre, au cimetière de l"Est.
Tardivement, le ''Belfast Telegraph'' du 16 juillet reprendra une information du ''Temps'' imprimé à Vichy, avec le titre : '''La pire explosion de la guerre''' '''Les Allemands font sauter des trains de munitions. 4200 corps relevés''' et il en est ainsi donné connaissance  en anglais :
 
"Vichy - (Retardé par censure) Quatre chargements de trains de munitions ont sauté au cours d'un raid aérien allemand dans la province (sic) d'Ille-et-Vilaine le 17 juin, a révélé ''Le Temps'' à Vichy, lundi. Les explosions ont été si violentes qu'elles ont rasé le quartier voisin. ''Le Temps le décrit comme le raid le plus sévère de la guerre. Les corps de 4200 personnes ont été retirés des décombres. 'British United Press)"
''


====Des communiqués allemands laconiques====
====Des communiqués allemands laconiques====
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== Une pénible mission de ré-inhumation==
== Une pénible mission de réinhumation==


En septembre, le docteur Patay recevra une mission d’officier d’état civil militaire bénévole avec des crédits pour l’exhumation, l’identification, la mise en bière et la ré-inhumation au cimetière de l’Est des corps provisoirement mis en fosses communes le long des voies ferrées : prairie de Saint-Hélier, plaine de Baud et passage à niveau de Bray, en Cesson-Sévigné... " "En effet, les rails tordus, la profondeur des trous de bombe et le manque de moyens de transport ne permettaient pas de dégager rapidement l'ensemble des corps de la plaine de Baud, les 300 derniers furent inhumés provisoirement, dans une vaste prairie en bordure du ballast''<ref> témoignage de M. Aymeric Simon</ref>. Dès le début de septembre nous attaquons le plus urgent, à savoir les fosses communes de la prairie Saint-Hélier.
En septembre, le docteur Patay recevra une mission d’officier d’état civil militaire bénévole avec des crédits pour l’exhumation, l’identification, la mise en bière et la ré-inhumation au cimetière de l’Est des corps provisoirement mis en fosses communes le long des voies ferrées : prairie de Saint-Hélier, plaine de Baud et passage à niveau de Bray, en Cesson-Sévigné... " "En effet, les rails tordus, la profondeur des trous de bombe et le manque de moyens de transport ne permettaient pas de dégager rapidement l'ensemble des corps de la plaine de Baud, les 300 derniers furent inhumés provisoirement, dans une vaste prairie en bordure du ballast''<ref> témoignage de M. Aymeric Simon</ref>. Dès le début de septembre nous attaquons le plus urgent, à savoir les fosses communes de la prairie Saint-Hélier.
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'''2''':[[ Cimetière de l'Est]], '''3''' :bord sud du triage de la [[plaine de Baud]], '''4''': près du passage à niveau de Braye, en [[Cesson-Sévigné]] ]]  
'''2''':[[ Cimetière de l'Est]], '''3''' :bord sud du triage de la [[plaine de Baud]], '''4''': près du passage à niveau de Braye, en [[Cesson-Sévigné]] ]]  


 
En septembre 1941 on procéda à l'identification des victimes directement enterrées au cimetière de l'est en juin 1940, en les exhumant et en les ré-inhumant. En définitive, 805 corps on été mis en bière, sans que l'on puisse compter les corps broyés, calcinés et démembrés, et des blessés graves retirés qui mourront ultérieurement, une douzaine de militaires publiés à l'état civil des jours suivants. On peut estimer le nombre des morts à un millier, chiffre épouvantable, mais la moitié du chiffre de 2000 victimes, lequel est encore couramment repris et cité et qui, en tout cas, ne peut être celui du nombre de morts, ni même celui d'un millier de blessés.  
En septembre 1941 on procéda à l'identification des victimes directement enterrées au cimetière de l'est en juin 1940, en les exhumant et en les ré-inhumant. En définitive, 805 corps on été mis en bière, sans que l'on puisse compter les corps broyés, calcinés et démembrés, et des blessés graves retirés qui mourront ultérieurement. On peut estimer le nombre des morts à un millier, chiffre épouvantable, mais la moitié du chiffre de 2000 victimes, lequel est encore couramment repris et cité et qui, en tout cas, ne peut être celui du nombre de morts.
[[Fichier:Export_(2).jpg|300px|right|thumb|Le ''bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' annonce le 2 juillet l'opération d'éclatement... programmée pour le 1er.]]
[[Fichier:Export_(2).jpg|300px|right|thumb|Le ''bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' annonce le 2 juillet l'opération d'éclatement... programmée pour le 1er.]]
Le ''Bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' publia quelques feuilles de façon sporadique, tel le numéro du 2 juillet dans lequel le "Kommandant de la ville de Rennes" annonça ... pour la veille 1er juillet l'interdiction d'un périmètre entre 19 et 21 heures pour destruction par éclatements de bombes d’avion, entre le moulin de Jouet et le [[cimetière de l'Est]], ainsi délimité : route de Vern, [[rue Saint-Hélier]], [[boulevard Laënnec]], [[rue de Châteaudun]], [[rue de Paris]], [[rue Danton]] et son prolongement jusqu’aux buttes de Coësmes au nord, [[Cesson-Sévigné]] à l’est, Cucé, la Guérinais au sud. Les Rennais du secteur urbain à l'est de la rue Saint-Hélier, du boulevard Laënnec et de la rue de Châteaudun devaient laisser leurs fenêtres ouvertes, ne pas s'y tenir et ne pas circuler dans les rues.
Le ''Bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' publia quelques feuilles de façon sporadique, tel le numéro du 2 juillet dans lequel le "Kommandant de la ville de Rennes" annonça ... pour la veille 1er juillet l'interdiction d'un périmètre entre 19 et 21 heures pour destruction par éclatements de bombes d’avion, entre le moulin de Jouet et le [[cimetière de l'Est]], ainsi délimité : route de Vern, [[rue Saint-Hélier]], [[boulevard Laënnec]], [[rue de Châteaudun]], [[rue de Paris]], [[rue Danton]] et son prolongement jusqu’aux buttes de Coësmes au nord, [[Cesson-Sévigné]] à l’est, Cucé, la Guérinais au sud. Les Rennais du secteur urbain à l'est de la rue Saint-Hélier, du boulevard Laënnec et de la rue de Châteaudun devaient laisser leurs fenêtres ouvertes, ne pas s'y tenir et ne pas circuler dans les rues.
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* [[17 juin 1941 : manifestation rennaise]]
* [[17 juin 1941 : manifestation rennaise]]


* [[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrain 48
* [[Hymne à Rennes ]] quatrain 48


* [[18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée]]
* [[18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée]]


* [[Disparu dans l’enfer des voies de triage de Rennes, le 17 juin 1940]]


===Références===
===Références===


[[Fichier:Alois_Lindmayr.jpg|150px|left|thumb|le chef d'escadrille Alois Lindmayr, portant la Ritterkreuz.]]
[[Fichier:Alois_Lindmayr.jpg|150px|left|thumb|le chef d'escadrille Alois Lindmayr, portant la Ritterkreuz.]]
* Note - '''Alois Lindmayr''' (19 septembre 1901 - 17 juillet 1965, patronyme souvent mal orthographié « Lindeiner ») fut, avant la guerre 1939/45, dirigeant d'une école de pilotage autrichienne. Il fut versé dans l'armée allemande après l'annexion de l'Autriche, participa à la campagne de Pologne comme chef d'escadrille à l'escadron de bombardement 76. Puis, avec son escadrille sur le front de l'ouest, il eut à son actif la destruction de plus de 70 avions ennemis. Il vola jusqu'en avril 1941 comme commandant de groupe au Kampfgeschwader 76, participant au ''Blitz'' de la bataille d'Angleterre, notamment le 15 septembre 1940, lors d'un bombardement sur Londres avec 25 Dornier 17Z, dont 8 du 1/KG 76, au cours duquel 8 appareils furent abattus par la chasse britannique. On le retrouve, en octobre 1944, commandant de l'école de pilotage à Graz-Thalerhof. Prisonnier des Américains en 1945, il est libéré en 1946 et le colonel Lindmayr deviendra conseiller ministériel officiel de l'armée de l'air autrichienne. (''Wirklicher Amtsrat der Luftwaffe'') <ref> ''Wirklicher Amtsrat Oberst der Luftwaffe Alois Lindmayr ''Der ''"Oberstenparagraph" im Bundesheer'', auteur Peter Alexander Barthou, Magister der Philosophie, thèse, p. 123. Universität Wien - Okt. 2007</ref>. Il est étrange de lire que la croix de chevalier (''Ritterkreuz'') de la croix de fer lui fut attribuée, le 21 juillet 1940, » principalement pour avoir détruit 28 appareils « le 16 mai, alors qu'il avait obtenu la croix de fer de 1ère classe le 23 mai et l'on peut se demander si la croix de chevalier ne récompense pas, sans le nommer, le bombardement de Rennes le 17 juin<ref>''Career Summaries of the Luftwaffe officers'' (1935-1945), par Henry L. deZeng et Douglas G. Stankey - version 01/4/2012</ref> <ref>[kampfgeschwader 76@la luftwaffe, 1933-1945</ref> <ref>kampfgeschwader 76@lexikon-der-wehrmacht]</ref>.
* Note - '''Alois Lindmayr''' (19 septembre 1901 - 17 juillet 1965, patronyme souvent mal orthographié « Lindeiner ») fut, avant la guerre 1939/45, dirigeant d'une école de pilotage autrichienne. Il fut versé dans l'armée allemande après l'annexion de l'Autriche, participa à la campagne de Pologne comme chef d'escadrille à l'escadron de bombardement 76. Puis, avec son escadrille sur le front de l'ouest, il eut à son actif la destruction de plus de 70 avions ennemis. Il vola jusqu'en avril 1941 comme commandant de groupe au Kampfgeschwader 76, participant au ''Blitz'' de la bataille d'Angleterre, notamment le 15 septembre 1940, lors d'un bombardement sur Londres avec 25 Dornier 17Z, dont 8 du 1/KG 76, au cours duquel 8 appareils furent abattus par la chasse britannique. On le retrouve, en octobre 1944, commandant de l'école de pilotage à Graz-Thalerhof. Prisonnier des Américains en 1945, il est libéré en 1946 et le colonel Lindmayr deviendra conseiller ministériel officiel de l'armée de l'air autrichienne. (''Wirklicher Amtsrat der Luftwaffe'') <ref> ''Wirklicher Amtsrat Oberst der Luftwaffe Alois Lindmayr ''Der ''"Oberstenparagraph" im Bundesheer'', auteur Peter Alexander Barthou, Magister der Philosophie, thèse, p. 123. Universität Wien - Okt. 2007</ref>. Il est étrange de lire que la croix de chevalier (''Ritterkreuz'') de la croix de fer lui fut attribuée, le 17 juillet 1940, » principalement pour avoir détruit 28 appareils stationnés sur l'aérodrome d'Escarmain (Nord) le 16 mai, alors qu'il avait obtenu la croix de fer de 1ère classe le 23 mai et l'on peut se demander si la croix de chevalier ne récompense pas, sans le nommer, le bombardement de Rennes le 17 juin<ref>''Career Summaries of the Luftwaffe officers'' (1935-1945), par Henry L. deZeng et Douglas G. Stankey - version 01/4/2012</ref> <ref>[kampfgeschwader 76@la luftwaffe, 1933-1945</ref> <ref>kampfgeschwader 76@lexikon-der-wehrmacht]</ref>.


<references/>
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