« Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages » : différence entre les versions

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"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 rue de Châteaugiron, près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. je m'xtrais à quatre pates de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de coûture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé.. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles." dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé rue de vern. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, viellards, des gens tout nus."
"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 rue de Châteaugiron, près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. Je m'extrais à quatre pattes de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de couture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles". Dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé [[rue de Vern]]. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, vieillards, des gens tout nus."


'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
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NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
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Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arribé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d(ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...
'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>




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"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.
"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.


Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a noté sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc...
Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a notés sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc. [...] Une centaine de soldats, de femmes et d'enfants lui doivent la vie.  


Rennes, le 18 septembre 1945"
Rennes, le 18 septembre 1945"


'''''François Limeul'''''  
'''''François Limeul''''' sergent à la 5e Cie du 42e régiment régional, chef des secouristes de la défense passive




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Joseph Le Borgne, 38 ans, habitant à Kerdivez, gendarme de carrière, blessé en Belgique, devait être évacué évacué sanitaire par train sur Lorient. Le train étant à l'arrêt en gare de Rennes, à proximité d'un autre train transportant des munitions, les voyageurs, tous des blessés de guerre, vu le danger au moment du bombardement, prirent l'initiative de quitter le train et de sortir des voies ferrées.
Joseph Le Borgne, 38 ans, habitant à Kerdivez, gendarme de carrière, blessé en Belgique, devait être évacué évacué sanitaire par train sur Lorient. Le train étant à l'arrêt en gare de Rennes, à proximité d'un autre train transportant des munitions, les voyageurs, tous des blessés de guerre, vu le danger au moment du bombardement, prirent l'initiative de quitter le train et de sortir des voies ferrées.
Joseph Le Borgne, ne pouvant marcher, se traîna hors de la gare mais, en traversant une rue, fut percuté par un véhicule ''allemand'' '''*''' et tué sur le coup.
Joseph Le Borgne, ne pouvant marcher, se traîna hors de la gare mais, en traversant une rue, fut percuté par un véhicule ''allemand'' '''*''' et tué sur le coup.


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'''''Marcel Corre'''''
'''''Marcel Corre'''''
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Lundi 17 - De 10 à 12 h nous entendons le formidable bombardement de Rennes et toute la journée les explosions des trains de munitions. Il y a 800 morts paraît-il.
'''''Marcel Gibert''''', ''Carnet de route'',  caporal-chef stationné au village Le Crouais, à La Brohinière, 38 km à l'ouest de Rennes. 


'''*''' NB : Le véhicule ne pouvait être allemand, les troupes allemandes n'étant arrivées à Rennes que le lendemain 18.
'''*''' NB : Le véhicule ne pouvait être allemand, les troupes allemandes n'étant arrivées à Rennes que le lendemain 18.
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