« Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages » : différence entre les versions

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Des témoignages de Rennais et d'autres personnes ayant vécu les journées des dimanche 16 et lundi 17 juin 1940 à Rennes ont apporté des précisions et des impressions personnelles sur cet événement dramatique qui fit un millier de morts. Les témoignages marqués de '''*''' ont été recueillis par Étienne Maignen, auteur de ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', aux  éditions Ouest-France - 2013.
Des témoignages de Rennais et d'autres personnes ayant vécu les journées des dimanche 16 et lundi 17 juin 1940 à Rennes ont apporté des précisions et des impressions personnelles sur cet événement dramatique qui fit un millier de morts. Les témoignages marqués de '''*''' ont été recueillis par Étienne Maignen, auteur de ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', aux  éditions Ouest-France - 2013.


[[Fichier:Dornier_17_Z.png|300px|right|thumb|Des bombardiers Do 17 Z, tels qu'ils ont pu apparaître dans le ciel de Rennes le 17 juin 1940]]
[[Fichier:Dornier_17_Z.png|450px|right|thumb|Des bombardiers Do 17 Z, tels qu'ils ont pu apparaître dans le ciel de Rennes le 17 juin 1940]]
==témoignages==
==témoignages==


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"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 rue de Châteaugiron, près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. je m'xtrais à quatre pates de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de coûture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé.. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles." dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé rue de vern. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, viellards, des gens tout nus."
"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 rue de Châteaugiron, près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. Je m'extrais à quatre pattes de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de couture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles". Dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé [[rue de Vern]]. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, vieillards, des gens tout nus."


'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
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'''''Émile Riaudel''''', 13 ans en juin 1940 <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
'''''Émile Riaudel''''', 13 ans en juin 1940 <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>


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"J'habitais impasse Joseph Durocher<ref>[[rue Joseph Durocher]]</ref> et je m'apprêtais à faire mon petit tour sur le chemin de halage derrière le vélodrome. Du haut de l'escalier, une violente déflagration m'a projeté en bas. Je suis sorti et j'ai vu alors un avion qui me semblait très bas, à hauteur des toits, à croire qu'il allait les toucher, passant au-dessus de l'impasse sur toute sa longueur. Il avait des croix noires sous les ailes."




'''''Julien Loton''''', 18 ans en 1940,  '''*''' <ref> entretien de Julien Noton avec Étienne Maignen le 21 juin 2012</ref>




"J'habitais impasse Joseph Durocher<ref>[[rue Joseph Durocher]]</ref> et je m'apprêtais à faire mon petit tour sur le chemin de halage derrière le vélodrome. Du haut de l'escalier, une violente déflagration m'a projeté en bas. Je suis sorti et j'ai vu alors un avion qui me semblait très bas, à hauteur des toits, à croire qu'il allait les toucher, passant au-dessus de l'impasse sur toute sa longueur. Il avait des croix noires sous les ailes."
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" Je travaillais aux ateliers SNCF. Rennes était un centre ferroviaire important, avec 3000 cheminots. Les réfugiés du Nord nous racontaient déjà des horreurs sur l'avance allemande. Ce jour-là, le 17 juin, il y avait précisément plusieurs trains de réfugiés dans la gare de triage de la plaine de baud, à côté d'un train de soldats et de convois de munitions. Vers 10 heures du matin, 5 Dornier allemands sont venus bombarder la gare de triage. On n'a pas pu évaluer les morts : sûrement plus de 2000 […] Les Espagnols, réquisitionnés pour déblayer, nous disaient:" Vous voyez, ça arrive maintenant chez vous, le fascisme ! Ils gardaient une certaine rancœur contre la république française qui ne les avait pas aidés contre Franco. Ils ramassaient des boîtes de conserve parmi les cadavres; on en rigolait. Seulement, un an plus tard, on a compris, à notre tour ! des gars rampaient sur les corps pour récupérer montres, objets divers. Il y avait même un gars qui ouvrait les vannes d'un wagon de vin, et repartait 'les bombes explosaient toujours) ses deux seaux de vin rouge à la main ! Risquer sa vie pour du pinard, c'est bête."


'''''Julien Loton''''', 18 ans en 1940,  '''*''' <ref> entretien de Julien Noton avec Étienne Maignen le 21 juin 2012</ref>


'''''Jean Courcier''''', 19 ans en 1940 <ref>Témoignages recueillis par des éléèves du collège de Chartres-de-Bretagne dans ''Libération de Rennes'', p. 10. Media-Graphic - Juillet 1989 </ref>




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NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
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Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de Rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de Nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arrivé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d'ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...
'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>




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[[Fichier:Voies_ferr%C3%A9es_17_06_1940.png|400px|left|thumb|Au fond la locomotive dont sauta  le cheminot Nouyou disparu, triage Saint-hélier (au loin, à gauche, les deux immeubles de la rue Villebois-Mareuil) Archives de Rennes, cote 10Z91, don Lecomte]]
[[Fichier:Voies_ferr%C3%A9es_17_06_1940.png|400px|left|thumb|Au fond une locomotive du type dont sauta  le cheminot Nouyou disparu, triage Saint-Hélier <ref>[[ Disparu dans l’enfer des voies de triage de Rennes, le 17 juin 1940]]</ref> (au loin, à gauche, les deux immeubles de la rue Villebois-Mareuil) Archives de Rennes, cote 10Z91, don Lecomte]]


" Le 17 juin 1940 vers dix heures, j'étais en gare de Rennes, plaine Saint-Hélier dans un wagon-dortoir lorsque j'entendis et vis trois avions allemands qui bombardèrent et mitraillèrent où je me trouvais. A la tête du train et sur la machine qui refoulait le wagon au dépôt, se trouvait M. Nouyou, chauffeur. Très rapidement, tout fut en feu et je m'échappai comme je pus; quant à Nouyou, personne ne l'a revu et je suis persuadé qu'il fut tué, comme le fut d'ailleurs son mécanicien Leroux qui fut retrouvé carbonisé."
" Le 17 juin 1940 vers dix heures, j'étais en gare de Rennes, plaine Saint-Hélier dans un wagon-dortoir lorsque j'entendis et vis trois avions allemands qui bombardèrent et mitraillèrent où je me trouvais. A la tête du train et sur la machine qui refoulait le wagon au dépôt, se trouvait M. Nouyou, chauffeur. Très rapidement, tout fut en feu et je m'échappai comme je pus; quant à Nouyou, personne ne l'a revu et je suis persuadé qu'il fut tué, comme le fut d'ailleurs son mécanicien Leroux qui fut retrouvé carbonisé."
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Je me trouvai seul témoin, juste derrière l'[[église Sainte-Jeanne d'Arc]], quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la [[rue Guillaume Lejean]] où se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l’Église. Peu après, on vit arriver des Anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.
Je me trouvai seul témoin, juste derrière l'[[église Sainte-Jeanne d'Arc]], quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la [[rue Guillaume Lejean]] où se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l’Église. Peu après, on vit arriver des Anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.


'''''Ar Poulchet'''''<ref>[[Ma jeunesse dans le quartier Jeanne d'Arc]]</ref>
'''''Maxime Le  Poulichet'''''<ref>[[Ma jeunesse dans le quartier Jeanne d'Arc]]</ref>




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"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.
"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.


Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a noté sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc...
Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a notés sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc. [...] Une centaine de soldats, de femmes et d'enfants lui doivent la vie.  


Rennes, le 18 septembre 1945"
Rennes, le 18 septembre 1945"


'''''François Limeul'''''  
'''''François Limeul''''' sergent à la 5e Cie du 42e régiment régional, chef des secouristes de la défense passive




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Joseph Le Borgne, 38 ans, habitant à Kerdivez, gendarme de carrière, blessé en Belgique, devait être évacué évacué sanitaire par train sur Lorient. Le train étant à l'arrêt en gare de Rennes, à proximité d'un autre train transportant des munitions, les voyageurs, tous des blessés de guerre, vu le danger au moment du bombardement, prirent l'initiative de quitter le train et de sortir des voies ferrées.
Joseph Le Borgne, 38 ans, habitant à Kerdivez, gendarme de carrière, blessé en Belgique, devait être évacué évacué sanitaire par train sur Lorient. Le train étant à l'arrêt en gare de Rennes, à proximité d'un autre train transportant des munitions, les voyageurs, tous des blessés de guerre, vu le danger au moment du bombardement, prirent l'initiative de quitter le train et de sortir des voies ferrées.
Joseph Le Borgne, ne pouvant marcher, se traîna hors de la gare mais, en traversant une rue, fut percuté par un véhicule ''allemand'' '''*''' et tué sur le coup.
Joseph Le Borgne, ne pouvant marcher, se traîna hors de la gare mais, en traversant une rue, fut percuté par un véhicule ''allemand'' '''*''' et tué sur le coup.


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'''''Marcel Corre'''''
'''''Marcel Corre'''''


'''*''' NB : Le véhicule ne pouvait être allemand, les troupes allemandes n'étant arrivées à Rennes que le lendemain 18.
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Lundi 17 - De 10 à 12 h nous entendons le formidable bombardement de Rennes et toute la journée les explosions des trains de munitions. Il y a 800 morts paraît-il.
 
 
'''''Marcel Gibert''''', ''Carnet de route'',  caporal-chef stationné au village Le Crouais, à La Brohinière, 38 km à l'ouest de Rennes. 
 
 
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"Ah !Les vilains moineaux !"
 
Deux ou trois jours après le bombardement, rentré d'Evran où ma famille s'était réfugiée sur le conseil d'un capitaine logé chez nous
par réquisition de l'armée,je retrouvai notre appartement du 1, contour de la Motte, mais les vitres étaient toutes cassées et un battant d'un grand volet en bois avait même atterri sur mon lit. Un peintre en bâtiment, en tenue blanche, était venu poser des vitres neuves.
Je le regardais travailler, il était debout sur la rambarde  et posait du mastic sur les pourtours. Je me souviens qu'il répétait, par intermittence :"Ah! Les vilains moineaux !". Les vilains moineaux, je l'ai compris, étaient les avions allemands venus sur Rennes.
 
'''''Michel Jacques Gauvain''''', 5 ans en 1940 (entretien avec Étienne Maignen le 7 mars 2020)
 
 
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"Le lundi matin, nous nous promenions de long en large pour passer le temps  quand, vers 10 heures, des avions ennemis nous bombardèrent, nous n'eûmes que le temps de nous glisser sous un train chargé de bois, parallèle au nôtre pour éviter la mitraille [...] Ils ont non seulement mitraillé mais bombardé des trains de munitions et c'est ce qui fit le plus de désastre après leur passage [...], la chance, pour nous,  c'est que le train qui était contre le nôtre fut bombardé à la tête, car il était rempli d'obus et de balles.  Aussi, te décrire le spectacle de cette journée me serait impossible, il tombait des éclats d'obus tout autour de nous."
 
''''' Eugène  Bouttier ''''' qui était dans un convoi arrivé la veille de Rouen et dans l'attente d'un départ vers Cholet.(''lettre à sa famille'' Ouest-France. 17.06.2020)
 
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« Je jouais dans le jardin derrière la petite maison où la famille louait un appartement rue de Paris, face à la fac Beaulieu maintenant. Devant coulait la Vilaine et sur l’autre rive : la plaine de Baud, le grand lieu de triage de la gare de Rennes. Maman était rentrée dans la maison, pour changer ses vêtements afin de se préparer pour partir livrer à vélo son travail de couture faite à domicile : des musettes militaires. Elle me laisserait en garde chez la propriétaire des lieux. Soudain, le bruit des bombes, les vitres volaient en éclat près de moi. Par chance, je n'ai pas été blessée. Maman comprit tout de suite ce qui se passait. Elle tenta, me tenant par la main, de traverser la route qui séparait la maison de la campagne afin de trouver refuge dans un fossé. Je me souviens que l'on courait, mais après je ne me rappelle que d'une chose : j'étais sous une couverture (une capote militaire) et un monsieur me protégeait. Ce monsieur, me dira Maman après, était un militaire et il pleurait. Elle, s'était évanouie en traversant la route et avait été secourue puis transportée là. En le voyant pleurer, et pensant tout de suite à sa fille, elle crut un moment que j'étais morte ; il pleurait car il avait un enfant du même âge et ne savait pas où il était. J'ai le souvenir d'avoir vu des blessés, un en particulier qui semblait n'avoir plus de nez et qui avait le visage ensanglanté, ça frappe une petite fille !
 
Notre mère nous a raconté qu’elle courut à la maison détériorée. Plus de fenêtres, les portes arrachées. Elle se précipita pour prendre ses petits billets dans le tiroir de l'armoire. Nouveau drame : tout l'argent avait disparu ! Quelqu’un avait profité de son absence pour piller ses maigres ressources. Et, plus de nouvelles du papa sur le front « On part chez Grand-Mère ! Je me revois très bien derrière maman, sur la petite selle de son vélo. Nous avons traversé la voie ferrée à Cesson et là encore j'ai vu des blessés, du sang. Maman m'a dit : « Ferme les yeux ! »
 
Georges Ploteau a transmis ce témoignage écrit par sa sœur Marie-Huguette (3 ans et demi en 1940)
 
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'''*''' NB : Nombreux furent les Français ayant cru voir des avions italiens en mai-juin 1940
[[Fichier:Maisons_touch%C3%A9es_le_17_juin_1940.gif|right|250px|thumb|Deux maisons touchées dans le quartier du "Cabinet Vert". Sur celle au 1er plan, une bombe arrivée par le toit a atteint le sous-sol]]
[[Fichier:Maisons_touch%C3%A9es_le_17_juin_1940.gif|right|250px|thumb|Deux maisons touchées dans le quartier du "Cabinet Vert". Sur celle au 1er plan, une bombe arrivée par le toit a atteint le sous-sol]]


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'''*''' NB : Le véhicule ne pouvait être allemand, les troupes allemandes n'étant arrivées à Rennes que le lendemain 18.
'''*''' NB : Nombreux furent les Français ayant cru voir des avions italiens en mai-juin 1940, alors qu'aucun ne survola l'ouest.




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